Le sujet du dou’a (terme arabe faisant référence aux invocations du croyant) est vaste et fascinant. En terminologie islamique, le dou’a est un acte d’invocation. Lorsqu’on fait un dou’a, on fait appel à Dieu, on Lui parle. Le terme dou’a est dérivé de la racine arabe qui signifie appeler ou convoquer.
Le dou’a est exaltant et libérateur et c’est un des actes d’adoration les plus puissants et efficaces qui soit à la portée de l’être humain. Le dou’a, c’est l’arme du croyant. Il confirme la croyance d’une personne en un seul Dieu et son rejet de toute forme d’idolâtrie ou de polythéisme. En faisant un dou’a, le croyant ou la croyante se soumet totalement à Dieu et reconnaît qu’il ou elle a besoin de Lui en toutes circonstances.
Le prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) a dit : « C’est lorsque le serviteur est prosterné devant Dieu qu’il est le plus proche de Lui. Alors faites beaucoup d’invocations lorsque vous êtes prosternés. » (Sahih Mouslim) Il a également dit : « L’invocation de chacun d’entre vous sera accordée si vous ne devenez pas impatient et ne dites pas : « J’ai invoqué mon Seigneur, mais Il ne m’a pas répondu. » (Sahih al-Boukhari, Sahih Mouslim)
Les personnes d’autres religions, comme le christianisme, pourraient être tentées de voir le dou’a comme une prière. Mais en islam, il existe une distinction claire entre le dou’a et la prière rituelle. La prière, ou salat, en arabe, est l’un des piliers de l’islam; et dans le cadre de la prière, le musulman peut aussi faire des dou’as (invocations). Pour le musulman, la prière est un ensemble de mouvements et de paroles rituels, qu’il fait à heures fixes, cinq fois par jour. Dieu dit, dans le Coran : « La prière à heures fixes est une prescription pour les croyants.» (Coran 4:103) Le musulman prie à l’aube, vers midi, au milieu de l’après-midi, au coucher du soleil et en soirée. La prière est un acte d’adoration dans lequel le musulman réaffirme sa croyance en un Dieu unique et démontre sa reconnaissance. C’est une connexion directe entre Dieu et le croyant et il s’agit d’un acte obligatoire.
Le dou’a, toutefois, n’est pas obligatoire et peut être fait en tous lieux et en tout temps. Le musulman sincère invoque Dieu fréquemment, de jour ou de nuit. Il Lui demande Son aide, Le supplie d’être miséricordieux envers lui, Lui demande pardon, etc. Il y a, dans le dou’a, des louanges, de la reconnaissance, de l’espoir et une grande proximité avec Dieu.
Un dou’a peut être fait pour soi-même, pour sa famille, ses amis, des étrangers, des gens traversant une grande épreuve, pour les croyants ou même pour toute l’humanité. Le croyant peut demander, dans ses dou’as, les bonnes choses de la vie d’ici-bas tout comme les bonnes choses de l’au-delà. La personne qui fait des dou’as ne doit pas se retenir de demander et doit se sentir libre de demander à Dieu ce qu’elle désire, que ce soit une toute petite chose ou une chose plus importante.
Le prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) a encouragé les croyants à faire des dou’as. Il a dit : « Le dou’a qu’un musulman fait pour son frère en l’absence de ce dernier est promptement accepté. Un ange est nommé pour se tenir à ses côtés; et chaque fois qu’il fait un dou’a bénéfique pour son frère (en islam), l’ange dit : « Amine! Et puisses-tu recevoir le même bienfait. » » (Sahih Mouslim)
Bien que faire des dou’as ne soit pas une obligation, il y a de nombreux avantages à invoquer Dieu souvent et en totale soumission. Le dou’a sincère procure une grande proximité avec Dieu, il augmente la foi, apporte espoir et soulagement en période de détresse et épargne, à celui qui le fait, les sentiments insupportables du désespoir et de l’isolement. À plusieurs reprises, dans le Coran, Dieu invite le croyant à L’invoquer; Il l’invite à Lui parler de ses rêves, de ses espoirs, de ses craintes et de ses incertitudes et l’assure qu’Il entend tout ce qu’il Lui confie.
« C’est Toi (seul) que nous adorons et c’est Toi (seul) dont nous implorons le secours. » (Coran 1:5)
« Et votre Seigneur dit : « Invoquez-Moi, Je vous répondrai. Ceux qui, par orgueil, se refusent à M’adorer entreront bientôt dans l’Enfer, humiliés. » (Coran 40:60)
« Dis : « Ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment : ne désespérez pas de la miséricorde de Dieu, car Il pardonne tous les péchés. Certes, c’est Lui le Pardonneur, le Miséricordieux. » (Coran 39:53)
« Dis (aux gens) : « Invoquez Dieu ou invoquez le Miséricordieux; quel que soit le nom par lequel vous L’invoquez, Il possède les plus beaux noms. » (Coran 17:110)
« Et quand Mes serviteurs t’interrogent sur Moi, alors Je suis tout proche. Je réponds à la prière de celui qui M’implore quand il M’implore. Qu’ils répondent donc à Mon appel et qu’ils placent leur confiance en Moi; peut-être seront-ils bien guidés. » (Coran 2:186)
Le prophète Mohammed a parlé des dou’as comme de l’essence de l’adoration. (At-Tirmidhi) Il a également conseillé aux croyants de se montrer humbles, mais fermes, lorsqu’ils font des dou’as. Il a dit : « Quand l’un de vous invoque Dieu, il ne doit pas dire « Ô mon Dieu, pardonne-moi s’il-te-plaît »; il doit se montrer ferme, dans sa demande, et ne pas se retenir de demander ce qu’il veut vraiment, car Dieu donne sans que cela ne Lui coûte aucun effort. » (Sahih Mouslim)
Quand nous faisons des dou’as, quand nous invoquons Dieu dans un moment où nous avons besoin de Lui, ou simplement pour le plaisir de L’invoquer et de se sentir proche de Lui, il est important que cela soit fait de manière sincère, avec une bonne intention. Les dou’as ne doivent être adressés qu’à Dieu, de manière exclusive, et nous devons les faire en ayant une confiance tout à fait inébranlable en Dieu.
Quand une personne fait un dou’a, la réponse de Dieu peut être de trois types. Soit Dieu répond à sa demande, soit Il éloigne de la personne un mal plus important que la chose qu’elle avait demandée, soit Il garde sa demande en réserve pour l’au-delà. Dieu nous a invités à L’invoquer et Il a promis de répondre à nos invocations. Dans l’article suivant, nous passerons en revue l’étiquette du dou’a et discuterons des raisons pour lesquelles certains dou’as semblent demeurer sans réponse.
Le dou’a est essentiellement un acte de soumission envers Dieu qui démontre à quel point nous avons besoin de Lui. On fait souvent référence au dou’a comme à l’arme du croyant parce qu’il raffermit la foi, redonne espoir et soulagement aux gens en détresse et épargne au croyant les sentiments de désespoir et d’isolement. Et, plus important encore, Dieu aime qu’on L’invoque et qu’on implore Son aide et Il nous encourage à L’invoquer pour tous nos besoins et désirs.
L’érudit musulman Ibn oul-Qayyim a ainsi décrit le dou’a : « Le dou’a et les prières dans lesquels [le croyant] cherche refuge auprès de Dieu sont comme une arme; et une arme n’est efficace que lorsque la personne qui s’en sert sait s’en servir, peu importe à quel point elle est tranchante. Si l’arme est parfaite et que le bras de la personne qui s’en sert est fort et qu’il n’y a rien pour l’arrêter, alors elle détruira l’ennemi. Mais si l’une de ces trois conditions est manquante, alors l’effet recherché ne sera pas atteint. »
Il est donc essentiel, lorsque nous faisons un dou’a, de le faire de la meilleure manière qui soit. Pour reprendre l’image de l’arme, si nous voulons parfaitement affûter notre sabre, nous devons nous efforcer d’invoquer Dieu comme il se doit, en suivant l’étiquette du dou’a. Respecter cette étiquette, c’est faire preuve de sincérité et de la volonté de maximiser ses chances de voir son dou’a accepté par Dieu, qui dit, dans le Coran : « Je réponds à la prière de celui qui M’implore quand il M’implore. » (Coran 2:186)
Une foi ferme et inébranlable en l’unicité de Dieu est un des ingrédients essentiels du dou’a. Une véritable sincérité et la certitude profonde que Dieu seul est en mesure de modifier le cours des événements ou répondre à nos prières sont également nécessaires. Le croyant doit supplier Dieu avec une certaine vigueur, mais doit aussi demeurer humble, sans jamais céder à l’exaspération ou au découragement. Le prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) aimait répéter trois fois ses dou’as et demander pardon trois fois. (Abou Daoud, An-Nassaï)
Louer Dieu comme Il mérite d’être loué constitue le point de départ pour la personne qui souhaite faire des dou’as. Un jour, alors que le Prophète était assis dans la mosquée, un homme entra, fit sa prière, puis dit, à voix haute : « Ô mon Dieu, pardonne-moi et fais-moi miséricorde. » Le Prophète l’entendit et dit : « Tu t’es trop hâté, ô adorateur! Lorsque tu es assis, après avoir fait ta prière, loue Dieu comme Il mérite d’être loué et envoies-moi des bénédictions, puis fais appel à Dieu. » (At-Tirmidhi) Le Prophète recommanda également de lever les mains au moment de faire des dou’as. Il dit : « Votre Seigneur, béni et exalté soit-Il, est Bon et Très Généreux. Et si Son serviteur lève les mains en L’invoquant, Il est trop bon pour le laisser ramener ses mains vides vers lui. » (Abou Daoud)
Louer Dieu comme il Le mérite signifie reconnaître, d’abord, Son unicité. Il est le Premier, le Dernier, le Début et la Fin. Lui seul détient le Pouvoir et la Force. Il faut donc reconnaître cela et envoyer ses bénédictions au Prophète avant d’invoquer Dieu.
Le croyant doit invoquer Dieu avec humilité. Dieu nous dit, dans le Coran, que l’humilité est une excellente qualité et que le croyant doit invoquer son Seigneur avec, à la fois, crainte et espoir. Crainte que ses actions déplaisent à son Seigneur, mais espoir que Dieu entendra ses dou’as et qu’Il le protègera des épreuves et des tribulations de cette vie.
« (Ô gens!) Invoquez votre Seigneur en toute humilité et avec discrétion. » (Coran 7:55)
« Certes, [les prophètes] rivalisaient en bonnes actions et Nous imploraient par amour et crainte envers Nous. Et ils étaient humbles devant Nous. » (Coran 21:90)
« Et invoque ton Seigneur intérieurement, en toute humilité et crainte, à voix basse, le matin et le soir, et ne sois pas du nombre des insouciants. » (Coran 7:205)
Les meilleurs moments pour faire des dou’as sont, entre autres, tout juste avant la prière du fajr (prière de l’aube), lors du dernier tiers de la nuit; durant la dernière heure avant le coucher du soleil, le vendredi; lorsqu’il pleut; et entre l’appel à la prière et le iqamah (l’appel fait immédiatement avant que la prière ne commence). Un autre excellent moment pour faire des dou’as est lors de la prosternation, durant la prière.
Le croyant doit s’efforcer d’utiliser des termes clairs et concis lorsqu’il invoque Dieu. Les meilleurs dou’as sont ceux que faisait le Prophète, mais il est évidemment permis d’utiliser ses propres mots, selon les besoins du moment. Il existe de nombreux recueils de dou’as authentiques et le croyant doit faire attention à ne faire que des dou’as qui sont permis lorsqu’il invoque Dieu.
Il est bon d’utiliser les dou’as authentiques que l’on trouve dans le Coran ou dans les hadiths, ou bien d’utiliser des paroles qui nous viennent spontanément à l’esprit lorsque nous voulons demander pardon à Dieu ou rechercher Sa protection. Il n’est pas permis d’inventer de nouvelles règles et d’établir, par exemple, ses propres heures, endroits ou nombre de répétitions de dou’as. Cela équivaudrait à un acte d’innovation, ce qui est totalement interdit.
Le dou’a du croyant doit être spontané. Lorsqu’il se tourne vers Dieu, dans un moment de détresse ou dans un moment de grande joie, il parle à Dieu du fond de son cœur et avec beaucoup de sincérité. Le croyant ne doit jamais avoir peur de converser avec Dieu, de se confier à Lui. Mais s’il initie d’étranges rituels, comme réciter tel dou’a trente fois, chaque mercredi, après la prière du ‘Asr, il vient d’apporter une innovation dans la religion. Le dou’a doit être spontané ou provenir d’une narration authentique. Ce n’est pas compliqué : l’islam, dénué de rituels et de superstitions de toutes sortes inventés par les hommes est une religion de pure dévotion à Dieu, une religion facile à suivre et réconfortante.
Parmi les situations où les dou’as sont le plus susceptibles d’être acceptés, mentionnons le dou’a de celui ou celle qui est maltraité ou opprimé, le dou’a du voyageur, le dou’a de celui ou celle qui jeûne, le dou’a de la personne désespérée et le dou’a d’un musulman(e) pour son frère ou sa sœur en son absence.
En tant que croyants, nous savons que Dieu se trouve au-dessus du ciel, au-dessus de Sa création, tout en n’étant restreint par aucune dimension physique. Dieu est proche, très proche de ceux qui croient en Lui et Il répond à leurs invocations. Il connaît tous leurs secrets, leurs rêves, leurs désirs; rien ne Lui est caché. Dieu est avec Sa création par Son savoir et Son pouvoir. Pourquoi, alors, certains dou’as demeurent-ils sans réponse?
Il s’agit d’une question de très grande importance, en fait, et même les premiers musulmans s’en inquiétaient. Abou Hourayrah, un des proches compagnons du Prophète, a rapporté avoir entendu le Prophète dire : « Une personne obtiendra une réponse à ses dou’as tant qu’elle ne prie pas pour quelque chose d’illicite ou pour rompre des liens familiaux. » (Sahih Mouslim) Il faut donc comprendre que si le dou’a est inapproprié, Dieu n’y répondra pas.
Si la personne qui fait le dou’a communique avec Dieu d’une manière arrogante, peut-être en se plaignant ou en élevant la voix sous l’effet de la colère ou de l’irritation, il est fort probable que Dieu ne réponde pas à son invocation. Une autre raison pour laquelle Dieu ne répond pas aux dou’as est lorsque celui qui L’invoque implore Son aide tout en faisant régulièrement usage de biens, de nourriture ou de vêtements illicites. Une personne ne peut avoir quotidiennement des comportements interdits sans éprouver aucun remord et, en même temps, s’attendre à ce que Dieu réponde à ses invocations.
Le Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) a dit : « Dieu est bien au-delà de toute imperfection et n’accepte que ce qui est licite. » Dieu, dans le Coran, commande aux pieux ce qu’Il commande aux messagers :
« Ô messagers! Nourrissez-vous d’aliments licites et agréables, et faites le bien. Je suis certes au courant de tout ce que vous faites. » (Coran 23:51)
« Ô vous qui croyez! Mangez des bonnes choses dont Nous vous avons pourvus et remerciez Dieu si c’est Lui que vous adorez vraiment. » (Coran 2:172)
Le Prophète parla ensuite d’un homme qui avait fait un très long voyage; il était échevelé et couvert de poussière et il leva les mains au ciel, suppliant Dieu : « Ô Seigneur! Ô Seigneur! », mais sa nourriture et sa boisson étaient tous deux illicites; comment pouvait-il espérer que ses dou’as soient acceptés? Cet homme possédait pourtant certaines caractéristiques faisant que les dou’as sont plus facilement acceptés par Dieu. Mais à cause de ses transgressions, ses dou’as n’étaient pas acceptés.
Un autre point important à souligner est qu’il faut éviter de se montrer impatient. Le croyant ne doit jamais laisser tomber. Il ne doit jamais dire : « Je prie, encore et encore, je fais dou’a après dou’a, mais Dieu ne m’entend pas, ne me répond pas! » Au moment où une personne se sent prête à laisser tomber, elle doit persister et faire encore plus de dou’as, car toute la force et tout le pouvoir se trouvent entre les mains de Dieu. Nul ne peut trouver de solution ni d’issue à un problème en dehors de Dieu. Alors quand une personne invoque Dieu, elle doit le faire avec conviction, de manière résolue et sincère.
Le Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) a dit: « Vos dou’as seront exaucés tant que vous ne vous montrerez pas impatients et ne direz pas : « Je fais des dou’as, mais ils ne sont jamais exaucés. » (Sahih Mouslim, Sahih Boukhari)
Il a également dit : « Que nul d’entre vous ne dise : « Ô Dieu, pardonne-moi si Tu veux. Ô Dieu, soit miséricordieux, envers moi, si Tu veux. » Qu’il soit déterminé, tout en gardant à l’esprit que nul ne peux forcer Dieu à faire quoi que ce soit. » (Sahih Mouslim, Sahih Boukhari)
Il importe également de comprendre que la réponse que l’on reçoit à un dou’a peut ne pas être exactement celle que l’on souhaitait. Dieu peut décider d’exaucer le souhait d’une personne sur-le-champ ou très rapidement. Mais il arrive que Dieu réponde différemment aux invocations; Il peut écarter du croyant un mal qui venait vers lui ou le rétribuer avec une bonne chose qui n’est pas exactement celle que le croyant avait demandée. Il faut toujours garder à l’esprit que Dieu connaît l’avenir de chaque personne et sait donc mieux que quiconque ce qui est bon pour chaque personne.
« Mais il se peut que vous détestiez une chose alors qu’elle est bonne pour vous, et il se peut que vous aimiez une chose alors qu’elle est mauvaise pour vous. Dieu sait, tandis que vous ne savez pas. » (Coran 2:216)
Parfois, aussi, Dieu choisira de ne répondre au dou’a qu’au Jour de la Résurrection, quand la personne en aura plus que jamais besoin.
Il y a, dans le dou’a, un pouvoir illimité; il peut modifier le cours des choses et c’est un acte d’adoration qui permet de garder espoir. Faire des dou’as est un acte qui démontre à quel point nous avons besoin de Dieu et une reconnaissance de Sa Toute-Puissance. C’est Lui qui donne ou qui retient, mais quand nous faisons entièrement confiance à Dieu, nous savons que Son décret est juste et sage.
Faites des dou’as et soyez patients; Dieu vous répondra, de la meilleure manière et au meilleur moment possible. Ne désespérez jamais, ne cessez jamais de demander et de demander encore. Demandez les bonnes choses de ce monde et de l’au-delà. Le dou’a est l’arme du croyant.
« Nous l’exauçâmes et le délivrâmes de son angoisse. Et c’est ainsi que Nous sauvons les croyants. » (Coran 21:88)
« Il exauce ceux qui croient et font de bonnes œuvres, et accroît Sa grâce envers eux. » (Coran 42:26)
Dans les trois articles précédents, nous avons appris que le dou’a est l’arme du croyant et qu’il est donc inutile de se laisser sombrer dans le désespoir ou la colère, car partager nos sentiments avec Dieu est un moyen de soulager notre cœur et de surmonter les épreuves qui nous semblent trop lourdes. Le dou’a est l’essence de l’adoration et il existe une étiquette pour invoquer Dieu, autant dans les moments de détresse que dans les moments de bonheur où nous souhaitons Le remercier. Nous avons également parlé du fait que certains dou’as semblent ne jamais être exaucés et des raisons pour cela. Enfin, aujourd’hui, dans cette quatrième et dernière partie, nous parlerons de la façon dont les prophètes faisaient des dou’as.
Comme nous le savons, les prophètes avaient une relation particulière et très étroite avec Dieu. Ils se tournaient vers Lui en temps de détresse et de besoin, mais ils n’oubliaient jamais de Le louer et de Le remercier pour les innombrables bénédictions dans leurs vies. Les prophètes comprenaient l’importance de la patience et de la gratitude. Et, par-dessus tout, leur relation avec Dieu en était une de totale soumission à Sa volonté. Mais même avec une telle confiance en Dieu et un tel amour pour Lui, il leur arrivait, comme à tout le monde, d’avoir peur ou de ressentir de l’angoisse, de se sentir seuls au monde ou totalement dépassés. C’est pourquoi ils se tournaient vers Dieu pour Lui demander de leur donner de la patience et de la détermination ou encore de les aider en ce monde comme dans l’au-delà. Ils invoquaient Dieu pour qu’il guide leur famille et leurs compagnons, pour qu’Il en fasse des gens vertueux, patients et reconnaissants. Bien que Dieu aime que l’on se tourne vers Lui et qu’on Lui parle en utilisant les mots que nous inspirent nos émotions, nous pouvons également utiliser les paroles utilisées par les prophètes pour nous adresser à Dieu. Invoquer Dieu avec les dou’as que l’on trouve dans le Coran et dans la sounnah est une pratique reconnue en islam.
Quand Adam et Ève furent expulsés du paradis, Ils se tournèrent vers Dieu, repentants :
« Ils dirent : « Seigneur! Nous nous sommes fait du tort à nous-mêmes. Et si Tu ne nous pardonnes pas et ne nous fais pas miséricorde, nous serons certainement du nombre des perdants. » (Coran 7:23)
L’être humain continue de commettre des erreurs et des péchés, mais il ne se fait de tort qu’à lui-même. Nos péchés et nos erreurs ne causent pas de tort à Dieu. Mais si Dieu ne nous pardonne pas et ne nous fait pas miséricorde, nous serons certainement du nombre des perdants.
Quand le prophète Jonas se retrouva dans le ventre de la baleine, il crut d’abord qu’il était mort et qu’il était étendu dans l’obscurité de sa tombe. Mais il tâta autour de lui et réalisa qu’il n’était pas dans sa tombe, mais dans le ventre d’une énorme baleine. Il fut pris d’une peur intense et invoqua Dieu à voix haute :
« Nul ne doit être adoré à part Toi! Gloire à Toi! J’ai vraiment été injuste! » (Coran 21:87)
Durant toute sa vie, le prophète Job fut durement éprouvé et testé par Dieu, mais il demeura fidèle et patient, se tournant constamment vers Dieu pour Lui demander pardon. Même lorsqu’il fut au plus bas, jamais il ne se plaignit, mais se tourna vers Dieu et implora Son pardon. Il dit :
« Certes, la souffrance m’a touché. Mais Toi, Tu es le plus Miséricordieux des miséricordieux. » (Coran 21:83)
Le Coran nous relate les histoires des prophètes afin que nous apprenions de ces récits. Les prophètes étaient des exemples à suivre, mais leurs vies, en tant qu’êtres humains, demeurent proches des nôtres. Combien de fois nous sommes-nous laissés tomber sur une chaise, en proie au désespoir? Combien de fois nous sommes-nous sentis si épuisés, physiquement et mentalement, qu’il nous a semblé que nous n’avions plus d’énergie pour aller de l’avant, pas même une seconde de plus?
Le prophète Moïse fut forcé de quitter l’Égypte et de traverser le désert sans savoir ce qui l’attendait. Après avoir marché plus d’une semaine durant à travers le sable brûlant, il trouva une oasis. C’est là que cet homme d’honneur prit la peine d’aller aider deux femmes à abreuver leur troupeau, près d’une source d’eau, avant de s’effondrer au pied d’un arbre et d’invoquer le secours de Dieu.
Moïse savait que Dieu était le Seul qui pouvait le sortir de la difficile situation dans laquelle il se trouvait. Il se tourna donc vers Lui et avant même qu’il ne termine son invocation, Dieu lui envoyait de l’aide. À cet instant précis, Moïse espérait probablement une tranche de pain ou une poignée de dattes, mais Dieu lui envoya cent fois mieux, c’est-à-dire la sécurité, des provisions et une famille.
« Seigneur! J’ai grand besoin de tout le bien que tu pourrais faire descendre sur moi. » (Coran 28: 24)
Il y a plusieurs leçons, pour l’humanité, dans l’histoire du prophète Moïse. Lorsqu’il fut envoyé, par Dieu, pour confronter Pharaon, il craignit d’être incapable de mener à bien sa mission. Mais plutôt que de se plaindre ou de désespérer, il se tourna vers Dieu et fit un dou’a.
« Moïse dit : « Seigneur! Fais que ma poitrine s’ouvre à Ta révélation et facilite ma mission. Débarrasse-moi de mon défaut d’élocution afin qu’ils comprennent mes paroles. » (Coran 20:25)
Après que Moïse eut pris connaissance du grand péché qu’avait fait son peuple en érigeant un veau d’or, il fut pris d’une intense colère. Mais même dans cet état, il se tourna vers Dieu et Lui demanda de Se montrer miséricordieux envers eux.
« Tu es notre Gardien (et Protecteur), alors pardonne-nous et sois miséricordieux envers nous, car il n’est point de pardon qui vaille le Tien. Et prescris le bien, pour nous, ici-bas comme dans l’au-delà. » (Coran 7:155-156)
Le roi (et prophète) Salomon était très conscient de la toute-puissance de Dieu. Peu importe la situation dans laquelle il se trouvait, il prenait toujours la peine de louer Dieu. Il comprenait également qu’aucune force ni pouvoir ne lui appartenaient et qu’il ne pouvait les obtenir qu’en les demandant à Dieu. Il fit un dou’a et demanda un royaume que nul ne surpasserait jamais. Dieu acquiesça à sa demande et le prophète Salomon régna sur un empire dont nous pouvons à peine imaginer la grandeur.
« Il dit : « Seigneur, pardonne-moi. Et accorde-moi un royaume que nul ne possédera après moi. Tu es, certes, Celui qui donne sans compter. » (Coran 38:35)
Ces dou’as ne sont que quelques exemples de la façon dont les prophètes invoquaient Dieu. On trouve leurs histoires et leurs dou’as un peu partout à travers le Coran. Lorsque nous lisons l’histoire de prophètes tels que Salomon, Joseph, Jacob ou Abraham (entre autres), nous constatons qu’ils étaient tous totalement soumis à Dieu. Ils se tournaient vers Dieu et ne demandaient d’aide qu’à Lui et Lui seul.