Comment Allah a protégé son Prophète ()
Allah, (), a dit : Ô messager, transmets ce qui t’a été descendu de
la part de ton Seigneur. Si tu ne le fais pas, alors tu n’auras pas
communiqué Son message. Et Allah te protégera des gens1 .
Ibn Kathîr a interprété ce verset de la façon suivante : « Transmets Mon
message, Je te protégerai, te défendrai et te secourrai contre tes ennemis et
te ferai l’emporter sur eux. Alors n’aie pas peur et ne t’attriste pas. Aucun
d’entre eux ne t’atteindra par quelque mal ». Le prophète () disposait,
avant la descente de ce verset, un veilleur qui faisait le guet pour le protéger,
[mais s’en remit ensuite totalement à Allah] ».
Pour illustrer la manière dont Allah a protégé Son prophète (), Abû
Hurayrah () relate le récit suivant :
« Abû Jahl dit :
- « Est-ce que Muhammad [continue à] trainer son visage par terre2
lorsqu’il est avec vous ? »
- « Oui », lui dit-on.
- Il ajouta : « Par Al-Lât et par Al-cUzzâ ! Si je le revois faire, je lui
piétinerai le cou et enfouirai son visage sous la terre ! »
Il s’en alla alors vers le prophète, afin de lui piétiner le cou – comme il le
prétendait – et le trouva en prière.
Mais ils furent surpris de voir soudainement qu’il faisait volte-face, tout
en se protégeant avec son bras. Ils lui dirent :
- « Que t’arrive-t-il ? »
- Il répondit : « Il y a un fossé de feu entre lui et moi ! Des choses
effrayantes ! Des ailes ! » ».
Le prophète () dira par la suite au sujet de cet évènement : « S’il s’était
rapproché de moi, les anges l’auraient saisi violemment, membre
par membre3 ».
Dans une version similaire, Ibn cAbbâs () relate qu’Abû Jahl a dit : « Si
je vois prier Muhammad près de la Kacbah, j’irai lui piétiner le cou ! ». Et
1 S. 5, v. 67.
2 Abû Jahl signifiait par cela : « Se prosterne-t-il ? ».
3 Rapporté par Muslim.
2
lorsque ceci parvint au messager d’Allah (), il dit : « S’il avait fait cela,
les anges l’auraient saisi4 ».
Jâbir Ibn cAbdillah () relate : « Le messager d’Allah () a combattu
Khasfah et, lorsqu’ils constatèrent un manque de lucidité de la part des
musulmans, un homme appelé Ghawrath Ibn Al-Hârith surprit le messager
d’Allah et une fois sur lui, il lui dit :
- « Qui te protège de moi ? »
- Le prophète () dit : « Allah ».
Son épée tomba sitôt de sa main et le prophète s’en empara puis lui dit :
- « Qui te protège de moi ? »
- Il dit « Sois clément ! »
Le prophète () dit : « Atteste que rien ne mérite adoration autre
qu’Allah, et que je suis le messager d’Allah ! »
- Il dit « Non, mais je te fais la promesse sincère de ne pas te combattre,
ni ne m’associer à un peuple qui te combat ».
Sur quoi il fut libéré. Il repartit alors à son peuple et leur dit : « Je reviens
du meilleur d’entre les hommes !5 »
Par ailleurs, Anas () relate :
« Il y avait un homme chrétien qui s’était converti à l’Islam. Il lisait les
sourates « La vache » et « Ali cImrân », et était scribe pour le prophète ().
Il redevint ensuite chrétien puis prétendit :
- « Muhammad ne sait rien d’autre que ce que je lui ai écrit ».
Puis, Allah () lui reprit la vie et ils l’enterrèrent. Mais le lendemain, la
terre l’avait rejeté, ils dirent alors : « Ceci est l’oeuvre de Muhammad et ses
compagnons, comme il s’est enfui de chez eux, ils ont déterré notre ami et
l’ont jeté ».
Ils creusèrent à nouveau plus profondément, mais le lendemain, la terre
l’avait encore rejeté, ils dirent alors : « Ceci est l’oeuvre de Muhammad et
ses compagnons, ils l’ont déterré ».
Ils creusèrent à nouveau du plus profond qu’ils purent, mais le lendemain,
la terre l’avait rejeté. Ils surent alors que cela n’avait pas une origine
humaine, et le jetèrent6 ».
4 Rapporté par Al-Bukhârî.
5 Rapporté et jugé authentique par Al-Hâkim.
6 Rapporté par Al-Bukhârî.
3
Parmi les exemples de la protection d’Allah envers son prophète (), on
compte le fait qu’Il l’ait sauvé de la tentative d’assassinat qu’avaient
préparée les Qurayshites. Ceux-ci s’étaient accordés, de nuit, à choisir, de
chaque tribu, un jeune homme robuste et à confier à chacun d’entre eux une
épée tranchante pour qu’ils attaquent le messager d’Allah () et lui tombent
dessus tous en même temps. Ainsi, ils le tueraient et son sang se répandrait
dans les différentes tribus, sans que les Banû Manaf [puissent le venger]
puisqu’ils n’avaient pas la capacité de déclarer la guerre à l’ensemble des
Arabes. Alors, Jibrîl () vint au prophète (), par l’ordre d’Allah, et l’alerta
du stratagème que préparaient les associateurs, il lui ordonna de ne pas
dormir dans son lit cette nuit et l’informa du fait qu’Allah lui avait ordonné7
d’émigrer [à Médine].
Parmi cela aussi, on trouve la protection qu’Allah () a accordée à Son
prophète () contre la ruse de Surâqah Ibn Mâlik, alors qu’il était sur le
chemin de l’émigration.
Egalement, on retrouve la protection qu’Allah à accordée son prophète
() lorsqu’il se trouvait dans la grotte, et que « Le Véridique8 » lui dit :
- « Ô messager d’Allah ! Si l’un d’entre eux observait à l’endroit où il
pose ses pieds, il nous verrait ! »
- Ce à quoi il répondit : « Ô Abû Bakr ! Que penses-tu de deux
personnes à qui Allah tient compagnie ! ».
Ibn Kathîr a dit : « Parmi les manières dont Allah a sauvegardé Son
messager (), on retrouve le fait qu’il l’ait protégé des gens de la Mecque,
de ses nobles, ses vaniteux, ses opulents ; malgré l’extrême haine et
animosité qu’ils lui manifestaient, et malgré la guerre qu’ils lui ont livrée
nuit et jour. Et ceci grâce aux grands moyens qu’Allah crée par Sa puissance
et Sa sagesse grandiose. Ainsi, Il l’a protégé au début de la révélation par le
biais son oncle Abû Tâlib – qui était un digne respecté et obéi chez les
Quraysh – et a engendré dans son coeur de l’affection naturelle, non
7 Ou « permis ».
8 Vient de l’arabe « As-Siddîq » qui désigne une personne qui est honnête et qui atteste de la véracité
des autres. Notons qu’il existe d’autres sens pour ce mot. (Cf. chapitre 18, récit du voyage nocturne).
4
religieuse, pour le messager d’Allah (). Et s’il s’était converti, les
mécréants et notables lui seraient tombés dessus, mais puisqu’ils avaient
cette part commune de polythéisme, ils l’avaient craint et respecté. Lorsqu’il
mourut, les associateurs lui firent subir toutefois quelques sévices. Puis,
Allah lui assigna les Ansars9, qui lui prêtèrent allégeance à l’Islam et il ()
[leur fit le pacte] de rester vivre avec eux, c’est-à-dire à Médine. Lorsqu’il
s’y installa, il le protégèrent contre tout mal, et chaque fois qu’une personne
parmi les polythéistes ou les gens du Livre projeta de lui faire du mal, c’est
Allah qui rusa [contre leur ruse] et retourna leur manigance contre euxmêmes10
».
9 Les « Ansars », parfois appelés auxiliaires, sont les habitants de Médine qui ont accueilli le messager
d’Allah (), lui ont prêté allégeance puis l’ont secouru.
10 Cf. « Tafsîr Ibn Kathîr ».