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Al-Boukhari a rapporté, d'après Anas, qu'Allah soit satisfait de lui, que le Prophète () a dit : « Celui qui me voit dans un rêve m'a effectivement vu, car le diable ne peut paraître sous mon aspect, de même la vision du croyant correspond à une partie des quarante-six parties de la Prophétie ».





 





Al-Boukhari a également rapporté, d'après Abû Sa'îd al-Khudarî, qu’il a entendu le Prophète () dire : « Quiconque me voit dans un rêve, véridique est sa vision, car le diable ne peut prendre ma forme ».








Quant à Mouslim il a rapporté, d’après Jâbir, que le Messager d'Allah a dit : « Celui qui m’a vu dans le sommeil m’a vu effectivement, car le diable ne peut prendre ma forme ».





 


Al-Qurtubî, l’auteur du livre Al-Mufhim qui est un excellent commentaire du Sahîh de Mouslim, a dit : « Il y a une divergence de vues au sujet du sens du hadith. Certains ont dit qu’il doit être interprété au sens apparent et donc dire que celui qui voit le Prophète () dans le sommeil est considéré comme l’ayant vu en réalité, en plein éveil. Pour lui cette interprétation est aussi superficielle qu’erronée, car elle suppose que le Prophète () ne peut être vu que dans la vraie et propre forme dans laquelle il a quitté ce monde, que deux rêveurs ne sauraient le voir simultanément à deux endroits différents, qu’il doit être présentement en vie, pouvoir sortir de sa tombe, marcher dans les rues, parler avec les gens qui, eux aussi, lui adressent la parole. Cela suppose également que sa tombe soit vide de son corps de sorte que celui qui visite sa tombe pour le saluer () en fait ne salue qu’une tombe vide. Aussi, les prières généralement adressées au Prophète seront, dans ce cas, adressées à un absent, car, par déduction de cette interprétation, il est possible de le voir nuit et jour sans interruption hors de sa tombe et dans sa forme réelle. Il s’agit donc là d’une interprétation fallacieuse que seul un esprit faible peut oser faire.





 





Un autre groupe a dit que le hadith signifie que celui qui, dans un rêve, a vu le Prophète () doit l’avoir vu dans la propre image qui est la sienne, ce qui suppose que celui qui prétend l’avoir vu dans une image qui n’est pas la sienne n’a eu qu’un cauchemar. Il est bien connu qu'on peut, durant le sommeil, le voir sous une forme qui n’a rien à voir avec celle qu’il avait dans ce monde et que celle-ci soit une réalité. Si, par exemple, on rêve qu’on l’a vu remplir une maison de son corps, cela indique la plénitude de cette maison en bien. Aussi, si satan arrive à faire une représentation de quelque caractère ou acte qu’on lui attribuait, cela irait à l’encontre du sens général du hadith : «Le diable ne peut prendre ma forme ». Il est préférable de considérer sa vision ou celle de tout ce qui le concerne comme étant au dessus de tout cela, ce qui cadre mieux avec sa révérence et son infaillibilité, car, comme dans son éveil, le Prophète () est protégé contre le diable.








Pour al-Qurtubî, l’interprétation la plus correcte de ce hadith est qu'il veut dire que la vision du Prophète (), dans chaque situation, n’est ni impossible ni un cauchemar. Il s’agit d’une vision qui est juste en soi. Même si le Prophète () est vu sous une forme qui n’est pas la sienne, la représentation d’une telle image ne procède pas de satan mais d’Allah même, ce qui est corroboré par le hadith : « véridique est sa vision », c'est-à-dire celle dont le rêveur a informé les autres. Si donc la vision est interprétable sous sa forme apparente, il s’y limite et s’en suffit, sinon il devra activement chercher son interprétation, car il pourrait s’agir soit d’une bonne nouvelle, soit d’un avertissement contre un mal qu’il devra éviter et s’en éloigner, soit d’une disposition relative à ses affaires religieuses ou mondaines à laquelle son attention est attirée.








Il est possible, selon al-Qâdî 'Iyâdh, que le sens du hadith soit le suivant : le rêve n’est valable que si celui qui le fait voit le Prophète () dans la forme dans laquelle il était dans sa vie et non dans une forme contraire qui, elle, indique qu’il s’agirait d’une vision qui, n’étant pas une réalité, est sujette à l’interprétation. Cela est d’autant plus vrai qu’il y a des visions qui sont claires et nettes et d’autres qui le sont beaucoup moins et qui donc doivent être interprétées





 





Commentant ce qu’a avancé al-Qâdî 'Iyâdh, Ibn Hadjar a dit: « C’est une bonne interprétation qui privilégie le suivi d’un chemin intermédiaire et que l’on peut combiner avec celle d’al-Mâzirî afin que la vision dans les deux formes soit une réalité. Et alors si le Prophète () est vu en sa propre image il n’est pas nécessaire de recourir à une interprétation. Mais au cas où l'image n’est pas la sienne, le défaut est attribuable au rêveur lui-même qui a imaginé le Prophète () de façon différente de ce qu'il est en réalité. C’est l’approche privilégiée par les spécialistes dans le domaine de l’interprétation des rêves. Pour eux, quand un ignorant dit qu’il a vu le Prophète (), on doit lui demander de nous en faire la description. S’il nous en donne une qui correspond à celle bien connue et relatée on l’accepte autrement on doit la rejeter. Ils ont aussi parlé du cas où il a vu le Prophète () dans une attitude contraire à la sienne malgré le fait que l'image est telle qu'elle.





Abû Sa'd Ahmad ibn Muhammad ibn Nasîr a dit : « Quiconque voit dans un rêve le Prophète () tel qu’il est, avec son apparence et son état, cela indique qu’il s’agit d’un rêveur vertueux et honorable qui vaincra son adversaire alors que celui qui, par exemple, voit le Prophète () dans un état incommode et crispé cela indique que c’est le rêveur qui est dans un mauvais état.








Ibn Hadjar a dit : « Il me semble que ce qui est envisagé est que quiconque me voit dans un rêve, à quelque titre que ce soit, c’est une bonne nouvelle pour luiet qu'il sache que c'est la vérité, celle qui vient d’Allah même et non du mensonge qui est le rêve, car le diable "ne peut prendre ma forme".








Al-Qarâfî a dit que les oulémas ont raison, car ce qui compte : « C’est l’image et non la réalité et que le sens du hadith : « Quiconque me voit dans un rêve, véridique est sa vision, car le diable ne peut prendre ma forme. » est le suivant : Quiconque a vu mon image est considéré comme m’ayant vu vraiment, car le diable ne fait pas de représentation de moi et que le hadith n’atteste que de l’infaillibilité de la représentation du Prophète () par rapport au diable. A part cette image, les autres peuvent être vraies comme elles peuvent être inspirées par le diable.





Les savants font valoir que la vision du Prophète () n'est valable et incontestable que pour l’un de deux hommes : un des Compagnons du Prophète ou un homme qui, pour avoir tellement entendu parlé du Prophète (), est arrivé à le connaître comme le connaît celui qui l’a déjà vu et retenu au point de ne plus le confondre avec qui que se soit, qu’il lui apparaisse noir, blanc, vieux ou jeune et autres attributs des visionnaires qui, tel un miroir, reflètent les conditions de ces derniers, alors que ces conditions sont un attribut des visionnaires et non du miroir.








J'ai posé la question suivante à l’un de mes cheikhs (puisse Allah leur accorder à tous Sa miséricorde) : « Comment se peut il que l’image reste dans ces conditions opposées ? ». 





Il m'a répondu ainsi : « Si tu as un père jeune, et s’il t’arrive de le quitter pour une longue période et que, à ton retour, tu le trouves vieilli ou malade atteint d’un ictère qui l’a rendu jaune ou noir, est-ce que tu doutes que c'est bien lui quand tu le revoies ?». J'ai répondu que non. Il me dit alors : «Cette certitude est une conséquence de son image figée dans ton esprit. On peut en dire autant de celui dans l’esprit duquel l’image du Messager d'Allah () s’est figée. Il n’en doute jamais quels que soient les changements qui y interviennent au fil du temps. Au cas où il y a le moindre doute il ne fait pas confiance à ce qu'il a vu même si, après tout, il pourrait s’agir du Prophète (), comme il pourrait s’agir de quelqu'un d'autre. Mais à supposer qu’il s’agit bien de lui on peut dire que le noir dans la vision est le signe de l'injustice de l'opinion alors que la cécité est le symbole d’un manque de foi, parce que la perception n’y est plus, que la coupure de la main indique que l’intéressé a non seulement empêché la Charia d’apparaître et de se manifester, mais aussi l’a affaiblie, que le fait qu’il soit imberbe montre qu’il se moque de la prophétie ; car le jeune homme est généralement méprisé, alors que s’il s’agit d’un vieil homme cela pourrait vouloir dire qu’il vénère la prophétie, car le vieux est habituellement vénéré et ainsi de suite.





La religion de l'Islam est depuis longtemps complète et achevée et dans sa forme définitive en matière de croyance et de législation. Il n’est, en conséquence, plus possible d’y apporter le





moindre changement ou amendement. Aussi, toute innovation est rejetée, car elle équivaut à la négation de ce qu’Allah a décidé concernant l'intégralité et la perfection de Sa religion.





Allah a dit : « Aujourd'hui, J'ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait. Et J'agrée  l'Islam comme religion pour vous. » (Coran: 5/3).





Dés lors, les oulémas ont dit que celui qui voit en son sommeil le Prophète () qui lui intime un ordre contraire à la loi islamique, il n’est nullement obligé de s’y conformer, ni lui ni un autre.





Même s’il est véridique, le rêve n’est pas habilité à rendre illicite ce qui est licite, ni à rendre licite ce qui est illicite, ni, non plus, à instaurer une nouvelle règle juridique. On rapporte, dans ce cadre, qu’un homme pauvre mais vertueux a eu une vision selon laquelle le Prophète () lui a dit dans son sommeil: « Il y a à tel endroit un trésor va le prendre et ne donne pas en aumône le cinquième ». Le matin quand il se leva de son sommeil, il prit ce qu'il faut pour creuser le sol, et s’empara du trésor. Ensuite, il est allé voir Cheikh 'Izz ad-Dîn ibn 'Abd al-Salam pour lui demander s’il pouvait s’abstenir de payer le cinquième de ce trésor comme le lui a instruit le Prophète () dans son sommeil. Cheikh 'Izz ad-Dîn lui dit : « Tu dois donner en aumône le cinquième de ton trésor comme nous l’a ordonnés le Prophète () quand il était éveillé et sa fatwa en état d’éveil est prioritaire par rapport à sa fatwa dans un rêve. Il est vrai que la vision du Prophète () est une réalité, mais il est probable que les mots du rêve ne soient pas bien retenus et donc que peut-être il t’a dit : « Paie son cinquième » ce que toi tu as cru être : « Ne paie pas son cinquième ».





Ainsi, les jurisconsultes disent que s’il arrive aux musulmans de ne pas être d’accord au sujet du dernier jour de Cha'bân, pour déterminer si demain est le début du Ramadan ou non,et qu’entre-temps un homme voit le Prophète () dans son sommeil et l'entend lui dire que : « Demain est le premier jour du Ramadan, tu dois le jeûner et ordonner aux autres d’en faire autant ». Cet homme n'est pas obligé de jeûner parce que la vision du Prophète () en sommeil ne donne pas lieu à des dispositions légales, même si elle est vraie et valide, si bien sûr cela concerne le commun des gens, mais si c’est une vision des prophètes alors c’est une révélation comme dans l'état d’éveil et, par conséquent, elle donne certainement lieu à des dispositions légales.








Al-Qarafî a dit : « Si quelqu’un voit dans son sommeil le Prophète () et que celui-ci lui dit : « Ta femme est divorcée trois fois », alors qu’il est sûr et certain qu'il ne l'a pas répudiée, est-ce qu’elle devient interdite pour lui ? La question fut l’objet de beaucoup de recherches de la part des jurisconsultes, mais ce qui apparaît le plus probable est que ce que dit le Messager d'Allah () en éveil est prioritaire par rapport à ce qu’il dit en état de sommeil en raison de la possibilité d'erreur dans la restitution des termes de la vision. De même, s’il y dit que quelque chose de haram est licite ou cite à l’appui de ce qu’il dit une disposition légale, on donnera toujours la priorité à ce qui a été authentifié en état d’éveil au dépend de ce qui a été donné en état de sommeil pour les raisons que nous avons susmentionnées. De même, quand il y a opposition entre deux hadiths donnés en état d’éveil, on privilégie le plus probablement authentique.








Il s’agit donc là d’une question très importante et qui, en raison de sa méconnaissance par beaucoup, a été à l’origine de l’égarement d’un certain nombre de personnes. En effet, la vérité qu’il faut suivre est celle qui consiste à examiner, à la lumière de la Charia qui est déjà complète et dans sa forme définitive, chaque cas qui se présente pour voir s’il y est conforme et alors on dira que c’est le droit chemin et la bonne orientation, mais s’il y est contraire alors c’est l’illusion et l’égarement lointain.








C’est ainsi qu’apparaît au grand jour la fausseté de la vision alléguée, attribuée à Cheikh Ahmad, le serviteur de la mosquée du Prophète (), dont l’auteur prétend avoir vu le Prophète () dans un rêve lui dire : «J'ai honte des actes odieux des gens au point de ne pouvoir rencontrer mon Seigneur ou les anges. » avant de le charger de communiquer un testament qu’il prétend être transcrit par la plume même de la Destinée à partir d’Allouh al-Mahfoudh (la Table sauvegardée) : que celui qui y croit sera sauvé des tourments de l’Enfer et que celui qui n’y croit pas sera un kâfir (mécréant) !



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