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Les décennies avant le déclenchement les croisades sont caractérisées dans le monde musulman par la division et les dissensions, ce dernier vivait une situation politique, économique et sécuritaire extrêmement difficile. De plus il comptait en son sein plusieurs entités politiques indépendantes telles que le califat abbasside de Bagdad, le califat fatimide du Caire ou encore le califat omeyyade d’al-Andalus ; par ailleurs, dans le Châm, la région visée par les Croisés, des dizaines de petites cités et autres principautés, dirigées par des potentats locaux sans réel pouvoir, se déchiraient de manière incessante dans des guerres intestines pour leurs petits intérêts particuliers. Cette situation chaotique qui régnait dans le Châm au XIe siècle de l’ère chrétienne amena certains de ces petits potentats musulmans à s’allier avec l’envahisseur franc contre leurs adversaires politiques de même confession alors que ce dernier était en train de prendre possession par les armes des terres d’Islam. Il faut noter en sus que ces divisions islamo-islamiques étaient accentuées par les divergences de vue dans le domaine religieux.


C’était donc là en résumé la situation générale du monde musulman, laquelle a évidemment facilité l’intrusion en son cœur de forces étrangères avides, malgré tout une question doit être posée : pourquoi l’Occident chrétien a-t-il décidé de mener des expéditions militaires massives contre l’Orient musulman ? Et quelles furent les motifs et les causes qui le poussèrent à les entreprendre ? Il est certain que les motivations de l’Occident n’étaient pas exclusivement religieuses comme certains l’ont prétendu ; en réalité, ces expéditions guerrières ont été motivées par des motifs religieux c’est vrai mais également politiques, économiques et sociaux, lesquels motifs se sont entremêlés et nourris les uns les autres. 





Le motif religieux :





Les profondes évolutions religieuses qu’a connues l’Europe aux Xe et XIe siècles font partie des causes principales du déclenchement des croisades ; en effet, après que les Francs embrassèrent la foi chrétienne, l’Eglise de Rome devint l’égal de l’Eglise orientale byzantine dont le siège était à Constantinople, de plus l’Eglise romaine apostolique se caractérisa par le fait qu’elle donnait un surnom à son autorité suprême qui était le pape. A ce propos, la papauté joua un rôle central dans l’instauration de l’Etat carolingien, lequel fit concurrence à l’empire byzantin. Puis, forte de sa nouvelle puissance, Rome décida d’unifier sous son égide les Eglises orientale et occidentale, elle profita donc de l’occasion de la demande de secours faite par l’empereur byzantin Michel VII (1071-1078) au pape Grégoire VII (1058-1073), le premier demanda au second de lui envoyer une armée afin de sauver l’empire de l’invasion des Turcs (Seldjoukides). C’est ainsi que Grégoire VII se dépêcha de former une coalition des rois et des princes catholiques ; toutefois, l’expédition ne put se faire à cause des conflits qui opposaient l’Eglise et les rois francs. Malgré tout c’est l’un des successeurs de Grégoire VII, un certain Eudes de Châtillon, dont le nom de pape sera Urbain II (1088-1099), qui réussit à réunifier les vues de l’Eglise et des princes afin qu’ils mènent ensemble une expédition militaire vers la Terre sainte, le but principal de cette dernière était d’y instaurer un Etat. Urbain II était connu pour l’hostilité particulière qu’il vouait aux musulmans, il avait cultivé cette dernière lorsqu’il était encore simple moine de l’Abbaye de Cluny, il avait déjà été l’un des fervents partisans de la guerre de reconquête contre les musulmans d’al-Andalus. Ainsi, afin de mobiliser les esprits et d’encourager les gens à rejoindre la grande expédition militaire contre les musulmans du Châm, Urbain II prétendit dans son fameux discours de Clermont (1095) que les pèlerins chrétiens se rendant à Jérusalem étaient durement persécutés par les Turcs, il fit de cet argument, en partie inventé, l’un des principaux prétextes de la guerre contre les musulmans. Ce pape guerrier considérait que la principale fonction papale en ces temps troublés et dangereux était de mener la guerre sainte contre les ennemis de la Croix, de plus il était bien conscient que ces expéditions militaro-religieuses avaient une grande dimension géopolitique, elles étaient une expression concrète de la politique extérieure de l’Eglise romaine : ainsi, c’est la papauté qui a organisé et dirigé ces expéditions, car elles devaient servir leurs intérêts objectifs.





La bataille de Manzikert :





La bataille de Manzikert eut lieu en 1071, elle opposa les armées impériales byzantines commandées par l’empereur Diogène aux Turcs musulmans seldjoukides commandés par Alp Arslan, ce sont ces derniers qui eurent le dessus ; par conséquent, l’opposition byzantine face aux velléités turques dans la région faiblit, et à une plus grande échelle cette défaite chrétienne fit sentir à l’Occident que le danger musulman pourrait bientôt les atteindre ou en tout cas atteindre ses intérêts en Orient. Les sources historiques montrent que le sultan seldjoukide traita correctement les prisonniers byzantins qu’il fit lors de la bataille, parmi ces derniers se trouvaient l’empereur lui-même ainsi que ses grands commandants, et après de longs pourparlers entre lui et les Byzantins, les parties se mirent d’accord pour que l’empereur donne trois de ses filles en mariage aux fils du sultan, rachète lui-même tous les prisonniers pour un million de dinars, lui verse un tribut annuel de 360 000 pièces d’or et accepte d’instaurer une trêve durant cinquante ans. Cette défaite rappela aux Francs la réalité des dangers qui les menaçaient et elle les poussa donc à se préparer jusqu’à ce qu’ils trouvent l’occasion de se venger de cette humiliation pour la chrétienté.





Les motifs politiques et sociaux :





Le système du fief était dans l’Europe médiévale le fondement de l’organisation politique et sociale ; ainsi, chaque fief avait ses propres combattants rémunérés par les revenus des récoltes effectuées par les nombreux serfs travaillant sur le domaine, mais tous ces fiefs se déchiraient entre eux dans des guerres intestines et destructrices qui épuisaient la classe guerrière du royaume de France, ces conflits incessants étaient sans aucun doute l’expression de profonds problèmes politiques et sociaux. En outre, les féodaux attaquaient souvent les biens de l’Eglise dans une logique d’enrichissement, c’est donc logiquement que la papauté, afin de canaliser ses forces qui s’autodétruisaient et menaçaient l’équilibre politique par leur violence incontrôlée, décida de lancer les seigneurs contre un ennemi commun : les musulmans. Il s’agit en somme de transformer un danger endémique intérieur en une force qui servirait directement les intérêts de l’Eglise à l’extérieur.


Cette nouvelle politique papale s’accorda parfaitement avec les ambitions de pouvoir de certains princes et seigneurs francs qui étaient dans l’impossibilité de fonder leur propre principauté en Europe ; en effet, le système du fief stipulait que seul l’aîné mâle héritait de tout le patrimoine (terres, richesses, etc.) laissé par le père, ce qui d’une certaine manière laissait les autres fils dans l’indigence, lesquels étaient généralement contraints de servir dans l’armée d’un seigneur plus puissant. Ainsi, ces derniers virent dans les expéditions levantines une occasion unique pour eux de fonder leurs propres seigneuries dans cet orient musulman mystérieux, attirant et dangereux à la fois. Cette volonté de conquête et de domination chrétienne sur l’Orient fut confortée et renforcée par les victoires que remportaient les Francs contre les Arabo-musulmans en Espagne à la même époque en effet, les premiers reprirent aux seconds de nombreux territoires et dominèrent certains points stratégiques musulmans comme les îles se situant au large de l’Espagne en mer Méditerranée.


Par ailleurs, certains historiens expliquent que certains seigneurs et chevaliers francs trouvèrent dans ces expéditions ultra-marines un moyen d’assouvir leur besoin d’aventure qui était l’un des traits de caractère de la chevalerie chrétienne. Notons que le travail de traduction commençait à se développer à cette époque en Occident, c’est ainsi que les Occidentaux les plus lettrés purent accéder à des ouvrages qui donnaient un aperçu du bien-être et de l’opulence qui régnaient en Orient, ces informations alléchantes excitèrent en outre l’appât du gain des chevaliers-aventuriers prêts à prendre tous les risques pour s’enrichir, d’autant plus que de nombreux habitants de l’Europe vivaient dans une grande indigence. Enfin, certains hommes de foi chrétiens ou même des criminels virent dans cette expédition vers le plus grand lieu saint du christianisme, Jérusalem, un moyen d’expier leurs fautes et leurs péchés, d’autres encore profitèrent de cette occasion pour échapper au pouvoir de l’Eglise ou à celui des seigneurs féodaux.





Le motif économique :





Ces expéditions militaires vers l’Orient attisèrent le désir d’enrichissement des commerçants d’Europe, et notamment des marchands italiens des villes de Pise, de Gênes et de Venise, lesquels voulaient mettre la main sur les richesses produites dans ces contrées musulmanes et y fonder des comptoirs commerciaux. A une époque où le commerce était prospère, seul un petit nombre de marchands extrêmement riches se partageaient le pouvoir avec les nobles et les féodaux alors que le reste de la société européenne médiévale vivait dans une grande misère aggravée par les persécutions économiques des féodaux qui accablaient le petit peuple d’impôts très lourds.


Il faut signaler que de nombreuses régions d’Europe étaient touchées par des sécheresses et des mauvaises récoltes, ce qui provoquaient régulièrement de graves famines et des épidémies ; ces situations chaotiques et difficiles poussèrent les pauvres gens, qui étaient les premières victimes de ces calamités, à rejoindre les rangs de la croisade afin d’y trouver de quoi se nourrir et se vêtir.







Benoît XVI : Surfer sur la vague des croisades modernes




Benoît XVI a surpris les musulmans lorsqu’il n’a pas hésité à proférer des mensonges sur l’Islam. Lui qui est connu pour sa ligne extrémiste et ses sympathies envers Israël et Bush.




Ses propos révèlent l’ignorance et la haine envers l’Islam. Il ose traiter l’Islam d’irrationnel alors que la civilisation actuelle a été une contre réaction à l’obscurantisme de l’Eglise. Il ignore l’impact de l’Islam sur la renaissance européenne en termes de sciences, de philosophie et des idéaux de liberté. Il se permet d’affirmer que la violence est "islamique" alors que c’est l’Eglise qui a été l’inspiratrice des croisades, des massacres et des impérialismes. En comparaison avec l’Islam qui n’a jamais procédé à des nettoyages ethniques si cher à la plupart des papes, l’église n’a pas hésité à collaborer avec Hitler le siècle dernier.




Enfin, il critique le Djihad qui est un concept central dans la philosophie islamique. Celui-ci veut dire tout simplement résistance et endurance. La résistance contre ses propres excès et contre toutes les formes d’injustices. Ce n’est pas parce que quelques musulmans en font le mauvais usage qu’on doit défigurer l’Islam et le "remarquer".




Il vient d’effacer d’un seul coup des années de mutuelle compréhension entre le Vatican et le monde musulman. Sa déclaration est plus que condamnable car elle donne justification à nos extrémistes et renforcent les sionistes dans leur destruction "autocréatrice". Il donne raison à Ben Laden et à d’autres qui ne voient aucune utilité dans les dialogues entre les deux grandes religions.




Les musulmans sont tenus de respecter leur religion qui exige d’eux de rester digne devant de telles atteintes. On ne traitera pas le christianisme de religion "pédophile" juste parce que certains hommes de religion sont impliqués dans des scandales de la sorte. On ne dira jamais que les chrétiens sont nazis parce que l’Europe chrétienne a inventé le nazisme (allemand et autre). Les musulmans doivent montrer à ce pape de tendance pro-sioniste qu’ils sont plus raisonnables et plus humains que lui. Maintenons notre dialogue avec les Eglises orientales car une des tactiques de Bush est de diviser le monde arabe en jouant, entre autres, sur les différences confessionnelles. Si les Eglises occidentales ne veulent pas reconnaître leurs massacres et s’excuser auprès des musulmans, elles ne méritent aucun dialogue et aucune sympathie.




Le grand paradoxe de ce monde est que les exterminateurs critiquent les victimes, les irrationnels montrent du doigt les raisonnables, et les inhumains se prennent pour les sauveurs du monde. Tout cela est faux et la vérité restera toujours disponible pour ceux qui la recherchent. La vérité est tout simplement l’Islam. Il fait peur aux injustes, aux malfaisants qui asservissent l’humanité et œuvrent pour la destruction du monde.




Quelles que soient les tentatives des ingrats, l’avenir du monde sera islamique.   Le Coran le dit ainsi que son Prophète . Nous y croyons, nous y œuvrons avec la rationalité de l’Islam, son humanisme et sa résistance.




Les juifs ainsi que les chrétiens ne seront satisfaits de vous que si vous les suivez dans leur perdition." (Coran)






Nous vous proposons là le deuxième article de notre série répondant à la question ci-dessus.


4- La mise en évidence de la nature des divergences intellectuelles, juridiques et dogmatiques entre les sunnites et les chiites.





Il apparaît également avec clarté à travers l’histoire des Croisades des divergences intellectuelles, juridiques et dogmatiques au sein même de la Communauté islamique et ayant trait à une question fort épineuse, soit celle de l’opposition entre les sunnites et les chiites. En effet, cette question doit être soulevée, car les événements qui nous intéressent ici ont pris place notamment dans deux régions principales, la Syrie-Palestine et l’Egypte, la première étant alors sous la domination des Seldjoukides sunnites et les seconde sous celle des Fatimides chiites. Cette réalité donna lieu à des attitudes et prises de positions qui nous aident considérablement à comprendre les subtilités de ce qui se passe à notre époque actuelle, et de ce qui se passera demain.





5- Etudier les Croisades est très utile pour tenter de comprendre quel sera le futur de la Oumma :





L’étude du conflit qui opposa les musulmans aux Croisés n’est pas seulement une chose pouvant nous être utile afin de mieux comprendre notre réalité présente, mais elle est également très importante si nous voulons appréhender notre avenir. Il est très clair qu’il n’y aura dans le futur une époque totalement débarrassée de ces conflits et chocs ; cependant, il est possible qu’il y ait des phases d’accalmies et des phases ou se déchaîne à nouveau la fureur de la guerre, en tous les cas il y aura des conflits jusqu’au Jour du Jugement, et à ce propos il existe différents hadiths authentiques du Prophète () et qui confirment cette réalité, parmi ceux-ci on trouve par exemple ce hadith rapporté par Abû Hurayra où le Prophète () dit : «L’Heure [du Jugement] ne se lèvera pas tant que les Romains ne camperont pas dans le cours inférieur de l’Oronte (al-A‘mâq) ou à Dâbiq. Alors s’ébranlera contre eux une armée de Médine, composée des meilleurs habitants de la terre. Quand les deux armées seront sur le point de s’affronter, les Romains diront : « Laissez-nous la main libre avec ceux qui ont pris des prisonniers parmi nous : nous irons combattre ceux-là seulement ». Mais les musulmans répondront : « Non, par Allah. Nous ne vous laisserons pas la main libre contre nos frères ». Et le combat fera rage. Un tiers [des musulmans] prendra la fuite, vaincus : Allah n’acceptera jamais leur repentir. Un tiers sera tué : ils seront auprès d’Allah les martyrs les meilleurs. Et un tiers remportera la victoire et ils n’auront plus à craindre de dissension : ceux-là conquerront Constantinople. Et tandis qu’ils se trouveront en train de partager le butin, et qu’ils auront pendu leurs épées aux oliviers, voilà que Satan criera faussement parmi eux : « L’Antéchrist a pris votre place dans vos familles ! ». Ils sortiront alors de Constantinople. Quand ils arriveront en Syrie, Satan sortira contre eux. Tandis qu’ils se prépareront à le combattre et serreront les rangs, voilà que viendra le temps de la prière. Alors Jésus fils de Marie descendra [du ciel] pour diriger la prière. Quand l’ennemi d’Allah le verra, il se dissoudra comme le sel dans l’eau. Et s’il le laissait aller, il se dissoudrait jusqu’à disparaître. Mais Allah le tuera de la main de Jésus et leur montrera son sang sur la pointe de sa lance » (Mouslim).





6- Montrer la réalité et mettre en évidence les falsifications subies par l’histoire de la civilisation islamique :





Parmi les motifs les plus importants poussant à étudier cette période essentielle de l’histoire de la Oumma, on trouve le fait de dénoncer les falsifications qui ont largement dénaturé et transformé les faits, falsifications souvent dues à la subjectivité ou à l’esprit romanesque des littérateurs, écrivains et autres chroniqueurs, et ce, qu’ils fussent musulmans ou bien occidentaux. En fait, personne n’ignore qu’un écrivain ne se préoccupe que très peu de l’authenticité des faits historiques, mais il est plus intéressé à raconter ce qui lui semble servir son récit, dans cette logique il peut même aller jusqu’à inventer des personnages ou bien affabuler sur la biographie de personnages réels s’il pense que cela est nécessaire pour appuyer une opinion ou enraciner une idée. Evidemment cette manière de faire brouille beaucoup la réalité des faits pour les gens, c’est ainsi que celui qui écoute ce récit ou le lit devient en quelque sorte l’otage de l’auteur ou de l’écrivain. A ces falsifications de « bonne foi » s’ajoutent les falsifications et autres altérations des faits faites de manière intentionnelle, lesquelles cherchent à attaquer les fondements des symboles islamiques en magnifiant la réalité des Croisés, l’objectif étant de fabriquer une histoire ayant peu à voir avec la réalité de ce qui s’est vraiment passé.


Il est important de noter que parmi les pires falsifications subies par l’histoire des Croisades il y a tout simplement le fait qu’on les nomme par ce nom ! En effet, ces événements historiques majeurs n’étaient absolument pas connus sous ce nom pendant qu’ils se déroulèrent, et nous pouvons même affirmer que cette dénomination, c’est-à-dire les « Croisades », n’a vu le jour et ne s’est répandue qu’à partir du XVIIIe siècle ; avant cela les gens avaient pris l’habitude de donner d’autres noms à cette grande offensive médiévale comme l’expédition, le voyage des pèlerins, périple en Terre sainte ou encore la guerre sainte.


Il nous est possible de dire que ce nom de « Croisades » s’est répandu, car il permet d’évoquer une « guerre noble » faite avec courage et abnégation ainsi que l’idée de la Rédemption à laquelle sont très attachés les chrétiens. Toutefois, toutes ces belles vertus furent le plus souvent totalement absentes lors de ces guerres, lesquelles se sont plutôt démarquées par leur grande violence, leur barbarie et la terreur qu’elles répandirent dans la région. Malgré cette amère réalité, il est étonnant de constater que de nombreux Occidentaux pensent que ces guerres religieuses étaient nobles et poursuivaient des objectifs dictés par le Ciel en employant de nobles moyens. Cette manière de voir peut expliquer dans une certaine mesure les propos tenus par George W. Bush, alors qu’il était le président des Etats-Unis, au sujet de la guerre en Iraq qu’il décrivit comme étant une « Croisade ». En employant ce terme, Bush ne visait pas du tout à faire montre d’agressivité, en fait il n’a fait là que mettre en évidence son héritage culturel et partant celui de tout le peuple américain, entres autres peuples occidentaux. Ce mot était en quelque sorte un message à la fois direct et indirect adressé à tous les peuples dont la teneur essentielle était que cette guerre d’Iraq poursuivait des buts tout à fait nobles et que les Etats-Unis la menaient pour le plus grand bien de l’humanité.


Il est désormais extrêmement difficile de sortir de la terrible confusion provoquée par l’utilisation du terme « Croisades », et ceci est d’autant plus vrai que la plupart des individus appartenant à la nouvelle génération d’historiens musulmans ont étudié auprès de chercheurs et professeurs occidentaux, et par conséquent ils ont adopté sans aucun esprit critique toutes leurs théories, analyses et catégories concernant l’histoire et les termes servant à la décrire. Il est donc désormais ardu de parler par exemple de la « première guerre coloniale », de l’ « invasion occidentale ou européenne » ou encore des « guerres chrétiennes », car toutes ces terminologies pourraient guider les esprits vers le sens profond et réel de toutes ces batailles et de tous événements anciens. C’est pourquoi il nous semble, en tant qu’historiens musulmans sérieux, qu’il faille refuser catégoriquement les terminologies qui laisseraient penser que ces guerres médiévales ont été faites au nom du bien et de la justice, car c’est loin d’être le cas.





7- Analyser les buts et motifs qui se trouvaient derrière ces expéditions occidentales féroces :





L’un des autres grands objectifs de l’étude de ce sujet est d’analyser en profondeur les buts et les motifs qui se trouvaient derrière ces expéditions armées occidentales en terre d’Islam. Notons que les historiens et autres chercheurs se sont divisés sur ce thème en de multiples écoles et courants. A titre d’exemple certains d’entre eux sont sûrs que le but principal de cette offensive était religieux, un deuxième groupe affirme qu’il était économique, un troisième groupe parle de motifs purement politiques, un quatrième évoque les raisons authentiquement morales de ces guerres et un cinquième rassemble deux ou trois de ces motifs ou bien en les rassemblant tous en les cassant par ordre d’importance, en en enlevant et en ajoutant.


Il est important de dire que ce sujet en particulier a occupé et fait travailler d’innombrables esprits, il a été à la source de nombreuses interprétations qui étaient souvent directement le fruit du vécu, de la formation, de la mentalité ou bien de l’arrière-plan culturel ou religieux des analystes et chercheurs s’y étant attelés.





Le rôle des Juifs :





De son côté, le docteur Mahmûd ‘Atâ Allah fait le lien entre les Juifs d’Europe et la préparation des expéditions militaires en Terre sainte, selon lui : « Les intérêts des Juifs riches d’Europe s’accordaient avec ceux des féodaux qui étaient prêts à conquérir de nouveaux territoires par les armes, c’est pourquoi les premiers, qui virent là une occasion d’enrichissement, soutinrent l’idée d’une expédition armée vers l’Orient de toutes leurs forces et avec tous les moyens qui étaient à leur disposition. Ainsi, le Juifs firent la promotion de ce projet belliqueux en tentant notamment de convaincre les indécis d’y participer, ils donnèrent beaucoup de leur argent afin de financer l’enrôlement des soldats et de soudoyer les déserteurs ; ils consentirent tous ces efforts, et notamment financiers, car ils virent dans les croisades une occasion en or de faire des prêts usuriers aux chefs de ces expéditions, qui étaient tous des féodaux, ainsi qu’aux autorités ecclésiastiques. Pour les Juifs, le but de cette manœuvre était évidemment de s’enrichir, mais aussi de noyer leurs emprunteurs sous des dettes et donc de pouvoir exercer sur eux une certaine pression et une influence, ils pouvaient en somme d’un seul coup affaiblir à la fois l’Islam et la chrétienté, d’autant plus que le serment de ‘Umar qui garantissait un accès des chrétiens à Jérusalem, comme ces derniers le souhaitaient, stipulait qu’aucun Juif ne s’installe dans la ville sainte ».





Réfutation des allégations sur la prétendue persécution des chrétiens de Terre sainte :





Ainsi, nous avons vu précédemment que les motifs et facteurs qui motivèrent et déclenchèrent les croisades sont fort variés ; partant, il est impossible d’affirmer que ces expéditions guerrières en Orient n’avaient qu’un but religieux. Cependant, Urbain II, pour motiver ses ouailles et les pousser à rejoindre les armées du Christ, usa beaucoup du motif religieux, il exacerba les passions de ses fidèles en prétendant notamment que les pèlerins occidentaux venus visiter la Terre sainte en général et Jérusalem en particulier s’exposaient systématiquement à de graves persécutions religieuses de la part des Turcs musulmans. A ce propos, on trouve dans un livre intitulé Ahsan al-taqâsîm fî ma’rifat al-aqâlîm, dont l’auteur est al-Maqdisî (Xe siècle de l’ère chrétienne), une description précise des conditions de vie des ahl al-dhimma (gens du Livre vivant sous domination musulmane et payant un impôt spécifique) vivant à al-Quds/Jérusalem, selon l’auteur « les chrétiens étaient parmi eux les plus nombreux », et ailleurs il dit que « les chrétiens étaient bien plus nombreux que les Juifs » ; ce témoignage ancien démontre que les chrétiens qui vivaient à Jérusalem avant les croisades étaient respectés et protégés par les autorités musulmanes.


De son côté, le grand voyageur perse Nâsir-i Khusraw, qui visita la Palestine et notamment Jérusalem quarante ans avant la venue des Croisés, affirma la chose suivante : « Les pèlerins chrétiens pouvaient accéder à tous les lieux saints de manière totalement libre ».





Par ailleurs, les auteurs contemporains spécialistes des croisades n’ont pas manqué de rappeler de leur côté que les chrétiens de Terre sainte vivaient sous domination musulmane dans de bonnes conditions ; par exemple, le professeur Ra`îf Mîkhâ`îl al-Sâ’âtî a affirmé dans un article publié dans la revue Al-râ’î al-sâlih : « Les chrétiens étaient à cette époque les frères des musulmans en ce sens qu’ils partageaient avec eux la même langue et la même patrie, de même que les califes musulmans octroyaient à ceux qui parmi eux avaient de grandes aptitudes des postes à responsabilités dans l’administration » ; le professeur a également dit : « Les persécutions religieuses que purent subirent les chrétiens de Terre sainte à certains moments étaient très limitées, c’est ainsi qu’ils durent parfois faire face à certaines tracasseries sans gravité de la part des chefs seldjoukides, de même que les persécutions contre eux les plus sérieuses avaient été le fait du calife fatimide al-Hâkim (au début du Xe siècle) qui était un personnage lunatique et presque fou et qui s’en prenait également aux musulmans placés sous son autorité » ; notons qu’un autre spécialiste du domaine, le professeur Amîr Sayyid ‘Alî, a confirmé cette réalité dans son ouvrage Mukhtasar târîkh al-‘Arab wa-l-tamaddun al-islâmî.


Il y a en outre dans les écrits et ouvrages de certains historiens occidentaux traitant de ce sujet des arguments irréfutables démontrant que les allégations concernant des prétendues persécutions religieuses contre les chrétiens d’Orient avant les croisades sont totalement erronées ; à titre d’exemple, on peut citer le grand spécialiste des croisades, Claude Cahen, qui dans son livre Orient et Occident au temps des croisades a démontré que les chrétiens de Terre sainte vivaient très bien leur condition d’ahl-dhimma et donc qu’il était injustifié que l’Eglise utilise l’argument des persécutions religieuses pour soutenir le projet d’une expédition militaire en Orient. Il faut sans doute voir dans cette tolérance musulmane vis-à-vis des minorités chrétiennes les effets du serment de ‘Umar fait par le calife ‘Umar ibn al-Khattâb aux chrétiens de Jérusalem au moment de la conquête de cette ville par les musulmans, lequel serment, qui posa les bases des relations islamo-chrétiennes à Jérusalem et dans les autres régions de la Terre sainte, garantissait aux chrétiens « la protection de leurs personnes, de leurs biens, de leurs églises et de leurs croix […] de plus, leurs églises ne peuvent être réquisitionnées pour servir de logements, elles ne peuvent pas être détruites ou voir leur superficie réduite, rien ne peut être fait contre la croix des chrétiens, personne ne peut attenter à leurs biens et leurs argents, on ne peut les haïr en raison de leur foi et de leur religion ».


Le chercheur Walîd al-Khâlidî va encore plus loin en affirmant que les contentieux et frictions qui survinrent à Jérusalem autour des lieux saints à l’époque où celle-ci était sous domination musulmane ne se passèrent pas entre le pouvoir musulman et les communautés chrétiennes ou juives, mais plutôt entre les diverses communautés chrétiennes de cette ville, et notamment entre les communautés orientales elles-mêmes (orthodoxes, arméniennes, syriaques, etc.) ou entre ces dernières et les communautés occidentales (catholiques). En fait, durant les longs siècles de domination du pouvoir musulman sur cette région, ce dernier joua le rôle de juge de paix entre ces diverses églises chrétiennes qui s’affrontaient souvent mutuellement afin d’affirmer leurs droits sur les lieux saints, il était le garant de la bonne application d’un système de statu quo qui était composé d’un ensemble de coutumes et de lois concernant ces différents droits ; lesquels lois et coutumes prirent forme au fil du temps avec l’assentiment des Eglises locales et des autorités ecclésiastiques occidentales, et c’est le pouvoir musulman qui était chargé de les appliquer afin de régler des problèmes qui apparaissaient souvent autour des lieux saints chrétiens.





Les causes directes des croisades :





Outre le désir de venger l’humiliation de la défaite de Manzikert en 1071, l’autre cause directe du déclenchement des croisades fut sans conteste le témoignage de Pierre l’Hermite qui était un anachorète illuminé. Ce dernier, qui effectua un pèlerinage en Terre sainte, prétendit à son retour en France qu’il avait été l’objet, lui-même et ses compagnons, de vexations et d’humiliations de la part des autorités musulmanes, il rencontra alors le pape Urbain II et lui demanda expressément de tout faire pour sauver les lieux saints chrétiens d’Orient, puis il décida de parcourir divers pays et régions d’Europe (France, Allemagne, Belgique, etc.) afin d’appeler les masses à sauver le Saint-Sépulcre (le tombeau du Jésus selon les chrétiens), c'est-à-dire le lieu le plus sacré pour les chrétiens de Moyen Age, qui était menacé par les barbares musulmans, selon les chroniques de l’époque, Pierre avait un vrai talent d’orateur et il savait émouvoir et enflammer les foules, son action eut sans conteste une grande influence à la fois sur les plus hautes autorités de l’Eglise et sur les peuples d’Occident.


La conséquence la plus évidente de ce mouvement populaire fut le discours tenu par Urbain II à Clermont en novembre de l’année 1095 ; ce discours mémorable fut sans nul doute l’élément déclencheur des expéditions militaires vers l’Orient, il permit d’unifier les points de vue et d’annihiler pour un temps les divergences entre les Eglises orientale et occidentale. Lors de ce discours, le pape ordonna aux princes féodaux et aux chefs religieux qui étaient présents à Clermont d’arborer une croix rouge, et d’ailleurs ordre fut donné à tous ceux qui allaient participer à cette expédition d’en faire autant, cette croix allait devenir le symbole de ce combat que ces hommes pensaient spirituel et accompli au nom du Christ, toutefois il fut dans les faits fort éloigné du message de paix qui est au cœur des Evangiles. C’est ainsi qu’environ deux ans après ce discours, en 1097, les « armées du Christ » se mirent en branle et se dirigèrent finalement vers l’Orient afin de sauver le Saint-Sépulcre, il s’agissait là de ce qu’on appela plus tard la Première croisade, celle qui aboutit à la prise de Jérusalem par les chrétiens en 1099.







 


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