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Les croyants et la Oumma sont confrontés à d’immenses défis et à des difficultés énormes qu’il ne sera possible de relever et de dépasser que grâce à un « compte » bien fourni en termes de patience concrète et de certitude fondamentale. Les gens qui possèdent un tel « compte » sont candidats pour devenir des guides spirituels et intellectuels dans la société, cela est confirmé par la sunna divine décrite dans ce noble verset suivant : « Et Nous avons désigné parmi eux des dirigeants qui guidaient (les gens) par Notre ordre aussi longtemps qu’ils enduraient et croyaient fermement à Nos versets » (Coran 32/24). Ainsi, les oulémas ont parfaitement résumé cette sunna divine par la formule suivante : « La patience et la certitude permettent de devenir des guides religieux » ; par conséquent, comment les croyants peuvent-ils prétendre vouloir ardemment et de tout leur cœur commander au genre humain par les Lois d’Allah s’ils n’acquièrent pas dans leur vie personnelle et sociale les compétences requises pour accomplir cela via une ténacité consciente et une confiance totale dans la validité des références et du programme sur lesquels ils s’appuient ainsi que sur l’inéluctabilité du résultat de ces efforts ?


En fait, affronter le faux absolu et l’injustice sur le terrain n’a rien à voir avec l’approche théorique de ce combat étudiée dans une salle de classe ou lors de cercles dans les mosquées ; par ailleurs, et toujours dans le même ordre d’idée, il faut bien comprendre que les nobles prophètes et après eux les Compagnons du Prophète () n’auraient pas mérité leur position de guides spirituels et politiques pour l’humanité s’ils n’avaient pas incarné complètement les valeurs qu’ils défendaient dans une atmosphère de remous sociaux et qui leur valut toutes sortes de persécutions et de souffrances, et malgré tout cela leur détermination ne fut jamais entamée de même que leur prédication et leur vision des choses ne s’affaiblirent aucunement, ils ont cru en Allah, exalté soit-Il, et donc Allah, exalté soit-Il, les a soutenus et leur a donné la victoire après qu’ils eurent connu de multiples épreuves et difficultés.





Préparation à la patience :





La patience évoquée et répétée dans le Coran donne à celui qui en use une pleine possession de l’esprit et un calme à toute épreuve face aux graves difficultés et aux épreuves terribles. Cette patience s’oppose fondamentalement à l’insouciance et à l’abattement et permet aux croyants de supporter les peines morales et matérielles quelles que soient leurs formes, cela peut être la constance dans les domaines militaire, intellectuel, politique ou civilisationnel. Cette patience permet en outre de supporter la douleur que provoquent les campagnes de diabolisation et de dénigrement, de même qu’elle donne la force de rester pacifique malgré les provocations armées et l’escalade de la violence durant les conflits internes qui minent la société. Il est important de signaler que le Prophète () a, à La Mecque et à Médine, donné les meilleurs exemples dans tous ces domaines de ce que signifie la patience ; en effet, si sa patience n’avait pas été immense et constante, il () n’aurait pas pu en dernière instance gagner les cœurs des Quraychites, lesquels avaient usé contre lui de toutes les formes de persécutions dont le but était de le pousser à prendre les armes contre son peuple, mais Allah, exalté soit-Il, lui a donné une très grande patience et lui a fait aimer la voie pacifique. Ce caractère prophétique magnifique s’est illustré parfaitement lors d’un épisode célèbre durant lesquels les gens de Tâ`if malmenèrent le Prophète () au point qu’il fut blessé par des pierres, Gibrîl (Alaihi Salam) lui proposa donc de le venger en repliant sur ces gens les Akhchabayn (les deux montagnes situées près de La Mecque, mais le Prophète () choisit la voie de la patience et de la miséricorde en disant : « Je souhaite plutôt qu’Allah, exalté soit-Il, fasse sortir de leurs reins une progéniture qui L’adorera sans rien Lui associer » (Boukhari et Mouslim).


A Médine, le Prophète () eut affaire en même temps, d’une part, aux mécréants désireux d’en finir avec l’Islam, aux bédouins hostiles de la région et à l’Etat byzantin et, d’autre part, aux hypocrites se trouvant dans ses propres rangs, c’est-à-dire ceux qui prétendaient être attachés à l’Islam, mais qui en réalité fomentaient diverses complots contre le Prophète (), lequel les connaissait parfaitement mais il () préféra patienter avec eux jusqu’à sa mort alors qu’il () pouvait très bien s’en débarrasser ; toutefois, il craignit, s’il avait agi ainsi, que les gens disent : « Mohammed tue ses compagnons », mais surtout Allah, exalté soit-Il, lui ordonna, ainsi qu’à ses Compagnons, de faire montre de patience face à cette réalité : « Endure (Mohammed) donc, comme ont enduré les messagers doués de fermeté » (Coran 46/35). Par ailleurs, le Coran leur rappelle l’expérience exemplaire et victorieuse de ceux qui avant eux ont été les porteurs endurants du message divin : « Combien de prophètes ont combattu, en compagnie de beaucoup de disciples, ceux-ci ne fléchirent pas à cause de ce qui les atteignit dans le sentier d’Allah. Ils ne faiblirent pas et ils ne cédèrent point. Et Allah aime les endurants. Et ils n’eurent que cette parole : « Seigneur, pardonne-nous nos péchés ainsi que nos excès dans notre comportement, affermis nos pas et donne-nous la victoire sur les gens mécréants » » (Coran 3/146-147).


Les héritiers des prophètes porteurs du message divin ont supporté tout ce qu’ils ont subi sur le sentier d’Allah grâce à une belle patience, et Allah, exalté soit-Il, les a protégés de toutes les formes de déstabilisations psychologiques comme l’abattement, l’affaiblissement ou l’humiliation, c’est-à-dire tout ce qui mène au renoncement devant une réalité difficile et à la défaite morale qui aboutit à une retraite honteuse du champ de bataille agité de la prédication. Il faut remarquer que les prophètes et leurs héritiers ne passaient pas leur temps à blâmer l’ennemi extérieur, mais ils travaillaient à la satisfaction d’Allah, exalté soit-Il, et à leur amélioration spirituelle en se repentant, et ce, dans le but de mériter la victoire qui ne peut venir que d’Allah, exalté soit-Il. C’est pour cela que la devise des croyants face à leur peuple hostile a toujours été la suivante : « Nous endurerons sûrement la persécution que vous nous infligez » (Coran 14/12). Par ailleurs, ils surent supporter les méfaits des dissensions internes qui ne servent évidemment pas du tout la Oumma et la prédication, c’est donc grâce à cette patiente à toute épreuve qu’ils obtinrent la victoire, victoire qui fut totale grâce à la certitude (yaqîn) qui les animait.





Des réserves de certitude :





Si la patience renvoie à l’aspect pratique et concret de l’attitude des membres de cette Oumma, la certitude quant à elle a plutôt à voir avec le cœur et l’esprit, c’est-à-dire la vie intérieure faite d’idées et de concepts. La certitude c’est en fait la confiance la plus totale dans l’authenticité du message divin, la justesse de la voie à suivre et l’inexorabilité de la victoire promise. Ainsi, les musulmans ne doutent pas un seul instant qu’ils sont dans le vrai, suivent une révélation divine et qu’Allah, exalté soit-Il, leur donnera indubitablement la victoire.


La certitude ne doit pas faiblir, et ce, même dans le cas où le faux domine et où les signes de faiblesse apparaissent dans une communauté musulmane malmenée, car en effet la vérité reste toujours la vérité quand bien même certains d’entre nous se laissent berner parfois par ce faux séduisant et imposant, celui-ci arrive à ébrécher les âmes de certains croyants qui ne font pas la distinction entre une vérité très claire et un faux tout aussi évident. Notons que des rumeurs, des manipulations et des questions d’intérêts vulgaires peuvent parfois perturber certains croyants, d’autres encore voient apparaître leur certitude au moment où le doute ou bien encore leurs passions les submergent ; a contrario, ceux qui sont armés d’une solide certitude ne sont aucunement perturbés par de lourdes épreuves, bien au contraire cela les renforce et les conforte : « Certes ceux auxquels l’on disait : « Les gens se sont rassemblés contre vous ; craignez-les » – cela accrut leur foi – et ils dirent : « Allah nous suffit, Il est notre meilleur garant » (Coran 3/173).


Cela n’est absolument pas une parole obsolète, elle est l’expression d’une foi guidant les croyants sur le chemin de la victoire et du service de la Oumma à toutes les époques, une foi solide traversant le temps et ne connaissant aucune frontière ; d’ailleurs, les événements ont démontré toute la puissance de cette foi chevillée au corps à chaque fois que les musulmans se sont retrouvés dans des situations difficiles et éprouvantes. Des prédicateurs, des réformateurs ou encore des leaders d’opinion éprouvèrent toute son efficacité et cela ne fit que renforcer en eux la certitude. On ne compte en effet plus les fois où la certitude a permis de vaincre de grandes difficultés et où la patience a donné aux croyants la victoire dans des situations critiques et désespérées.



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