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Le détachement du Prophète () des biens terrestres est sans pareil, car il s’agit du détachement de celui qui, s’il l’avait voulu, aurait pu posséder le poids des montagnes de la terre en or et en argent ; le détachement de celui qui, lorsque les biens de ce bas monde lui ont été proposés et présentés dans leur plus bel apparat, a dit : « Que m’importe ce bas monde ? Moi et ce bas monde, nous ressemblons à un cavalier qui, par une journée chaude, décide de faire la sieste à l’ombre d’un arbre pendant une heure avant de repartir » [Ahmed et al-Tirmidhi (al-Albani : Sahih)].





Son détachement () ne relevait pas de la contrainte matérielle mais d’un choix délibéré. Lorsque le Prophète () recevait les biens issus d’un butin ou d’un tribut, il les dépensait entièrement sans rien garder pour lui-même, leur préférant la récompense d’Allah, exalté soit-Il, et faisant preuve de détachement des biens terrestres.





Il a dit () : « Ô gens, il ne m’est licite du butin qu’Allah, exalté soit-Il, vous a accordé sans combat que le cinquième, et ce cinquième c'est vous qui en profiterez ( en d'autres termes : je le distribuerai entre vous) » [Abou Daoud et al-Nasa’i (al-Albani : Sahîh)].





Lorsque l’argent du Bahreïn arriva, le Prophète () dit : « Distribuez-le dans la mosquée ». Et le Prophète () ne quitta pas la mosquée avant que de cet argent ne restait plus un seul dirham. (Boukhari et Mouslim).





Le Prophète () était l’homme le plus détaché des biens terrestres et le plus attaché à l’au-delà. Son Seigneur lui a laissé le choix entre devenir un roi prophète ou rester un serviteur Messager, il opta pour le second choix [Ahmed et Ibn Hibbân (al-Albani : Sahîh)].





Ce détachement des biens terrestres était bien visible dans tous les domaines de sa vie : sa maison, son lit, ses vêtements, son boire et son manger.





Quant à sa maison, elle était construite en pierre crue ; sa superficie était exiguë et son plafond était bas.





Al-Hasan al-Basri, qu’Allah lui fasse miséricorde, témoigna : « J’entrai dans les appartements des épouses du Prophète () au temps de `Uthmân ibn `Affân, qu’Allah soit satisfait de lui, et leur plafond était à portée de ma main » (Siyar a`lam al-nubala’).





Se trouvant entre la tombe du Prophète () et son minbar, `Ata’ al-Khurasâni, qu’Allah lui fasse miséricorde, décrivit : « J’ai vu les appartements des épouses du Prophète () ; ils étaient construits avec des feuilles de palme, et les portes étaient couvertes de bures noires » (Ibn Sa`d, al-Tabaqat al-Kubra ; Hayat al-Sahaba).





Sa couche () : il se couchait directement sur un tapis en nattes tressées, qui laissait des traces sur son noble corps, au point que, par émoi, `Umar, qu’Allah soit satisfait de lui, versa des larmes en le voyant.





Anas ibn Malik, qu’Allah soit satisfait de lui, rapporta ce qui suit : « J’entrai chez le Prophète () et je le vis allongé sur une natte faite de palmes et de fibres tressées. Peu après, `Umar et d’autres Compagnons entrèrent. Le Prophète () se tourna. `Umar s’aperçut alors des traces de la natte sur son flan. Il se mit à pleurer, et le Prophète () lui dit :


- ‘Ô `Umar, pourquoi pleures-tu ?’.


- ‘Par Allah, lui répondit-il, je sais que tu es plus noble auprès d’Allah, exalté soit-Il, que César et Chosroes qui, à l’heure où je te parle, se vautrent dans le luxe de ce bas monde, alors que tu vis dans un état aussi modeste’.


- ‘Ne te contenterais-tu pas du fait que César et Chosroes aient ce bas monde et nous, l’au-delà ? » lui demanda le Prophète ().


- ‘Si’, répondit `Umar.


- ‘Il en est ainsi’, poursuivit le Prophète () (Ahmed et Ibn Hibbân).





Anas Ibn Malik, qu’Allah soit satisfait de lui, dit : « A ma connaissance, le Prophète () n’a jamais utilisé d’écuelle, ni mangé du pain frais, ni pris ses repas sur une table » (Boukhari).





Quant à ses vêtements () il portait d’habitude un Izâr et un Rida’. Abu Bordah, qu’Allah soit satisfait de lui, a dit : « Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, nous montra un Rida’ rapiécé et un Izâr en tissu épais, et nous dit : ‘Le Prophète () a rendu l’âme à Allah alors qu’il portait ces deux vêtements’ » (Boukhari, Mouslim et al-Tirmidhi).





Quant à son boire et son manger, il () était tellement détaché des biens terrestres et tellement pauvre qu’il arrivait qu’il ne fasse cuire aucun repas pendant deux mois complets. D’après `Urwa, qu’Allah soit satisfait de lui, Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, dit : « Par Allah, mon neveu, parfois deux mois et trois nouvelles lunes s’écoulaient sans que nous ne fassions cuire quoi que ce soit dans la maison du Messager d’Allah ». `Urwa lui demanda : « Mais de quoi viviez-vous alors ? ». Elle répondit : «Al-Aswadân (les dattes et l’eau) » (Boukhari et Mouslim).





Ibn `Abbâs, qu’Allah soit satisfait de lui, dit : « Le Prophète () passait plusieurs nuits successives le ventre vide ; les membres de sa famille ne trouvaient pas de quoi dîner et le pain qu’ils consommaient le plus souvent était du pain d’orge » [al-Tirmidhi (al-Albani : Hasan)].





Parfois, le Prophète () avait tellement faim qu’il s’attachait une pierre au ventre [Ibn al-A`rabi (al-Albani : Hasan)].





Décrivant dans son sermon la situation du Prophète () al-Nu'mân ibn Bachîr, qu’Allah soit satisfait de lui, indiqua que `Umar, qu’Allah soit satisfait de lui, évoqua un jour l’opulence dans laquelle vivaient les gens sous son califat et dit : « J’ai vu votre Prophète () ne pas trouver suffisamment de dattes de mauvaise qualité pour en manger à sa faim » (Mouslim).





Quelle situation étonnante ! La maison de la meilleure de toutes les créatures ne contenait même pas des dattes de mauvaise qualité, au point que le Prophète () n’eut pas de quoi donner l’hospitalité à un homme qui avait faim, et qu’il fut () obligé de demander à ses Compagnons de le faire à sa place !





Abu Hurayra, qu’Allah soit satisfait de lui, rapporta qu’un homme vint dire au Prophète () : « Je suis exténué de faim». Le Prophète () envoya quelqu'un à ses épouses pour demander si l'une d'elle a de la nourriture dans sa maison. Mais, chacune d’elles répondit : « Par Celui Qui t’a envoyé par la Vérité, je n’ai que de l’eau ». Le Prophète () fut donc obligé de demander à ses Compagnons : « Qui peut lui donner l’hospitalité pour cette nuit et en échange Allah lui accordera Sa miséricorde ? ». Un homme des Ansars se leva et dit : « Moi, Ô Messager d’Allah » (Boukhari et Mouslim).





Imaginez cela ! Dans tous les appartements du Prophète () il n’y avait que de l’eau ! Quel détachement des biens terrestres !





Lorsque le Prophète () n’avait pas de provisions chez lui, il sortait dans l’espoir de trouver de quoi calmer sa faim.





Abu Hurayra, qu’Allah soit satisfait de lui, rapporta ce qui suit : « Le Prophète () sortit un jour, ou un soir. Il rencontra Abu Bakr et `Umar et leur dit :


- ‘Qu’est-ce qui vous a fait sortir de chez vous à pareille heure ?’.


- ‘La faim, ô Messager d’Allah’, répondirent-ils.


- ‘Par Celui qui tient mon âme dans Sa Main ! C'est la même raison qui n'a fait moi aussi fait sortir de chez moi!’ » (Mouslim).





Les épargnes du Prophète () : il ne laissa, à sa mort, ni dirham, ni dinar, ni esclave, homme ou femme. Il ne laissa rien d'autre que sa mule blanche, son arme et une parcelle de terre qu’il donna en aumône (Boukhari).





Par ailleurs, le Prophète () avait donné son bouclier en gage à un Juif en échange de trente Sa` d’orge. A sa mort, () le bouclier était toujours en gage.





Allah, exalté soit-Il, dit en toute vérité (sens du verset) : « Et tu es certes, d’une moralité éminente » (Coran 68/4).



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