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L’un des prophètes les plus souvent mentionnés, dans le Coran, est Abraham.  Le Coran parle de sa foi inébranlable en Dieu, qui lui a d’abord demandé de rejeter son peuple à cause de son idolâtrie et qui l’a plus tard testé de multiples façons.





En islam, Abraham est décrit comme un pur monothéiste qui appelle son peuple à l’adoration exclusive de Dieu.  Ce monothéisme strict n’est pas sans lui faire subir diverses épreuves; il se voit obligé de se dissocier de sa famille et de son peuple en émigrant au loin.  Il obéit aux ordres de Dieu, par lesquels il est testé, mais par lesquels, aussi, il démontre à chaque fois sa fidélité envers Lui.





À cause de cette foi inébranlable qui était la sienne, le Coran parle de l’islam comme de la « religion d’Abraham », même si d’autres prophètes avant lui, comme Noé, avaient appelé les gens à suivre cette même voie.  Et à cause de son obéissance de chaque instant envers Dieu, Dieu lui a donné le titre spécial de « Khalil », ou serviteur bien-aimé, titre jamais donné à aucun autre prophète.  Grâce à son excellent caractère, Dieu a fait naître d’autre prophètes parmi ses descendants, dont Ismaël, Isaac, Jacob et Moïse, qui ont tous contribué à guider les gens vers la vérité.





La position élevée d’Abraham est reconnue par les trois grandes religions (judaïsme, christianisme et islam).  Les juifs le voient comme la vertu incarnée, car il s’est conformé à tous les commandements avant même qu’ils soient révélés (ils n’ont été révélés que plus tard, à Moïse).  Il est considéré comme le père du peuple élu et de tous les prophètes, par lequel Dieu a initié la révélation.  Dans le christianisme, il est considéré comme le père des croyants (Romains 4 :11) et sa confiance en Dieu et son sacrifice ont été pris en exemples par les « saints » chrétiens (Hébreux 11).





Comme Abraham occupe une place aussi importante au sein des trois grandes religions, il mérite que l’on étudie sa biographie et que l’on cherche à connaître les qualités qui l’ont élevé à la position que Dieu lui a accordée.





Bien que le Coran et la sounnah ne racontent pas la vie d’Abraham en détail, ils mentionnent plusieurs faits qui méritent d’être connus.  En fait, ils détaillent certains aspects de sa vie pour clarifier et démentir certaines croyances erronées à son sujet que l’on retrouve dans le judaïsme et le christianisme, ou pour expliquer certaines leçons morales.





Son nom





Dans le Coran, le seul nom donné à Abraham est « Ibrahim » (ou « Ibraham »), qui partagent la même racine b-r-h-m.  Même si la Bible prétend qu’Abraham s’appelait d’abord Abram (et on explique que Dieu modifia plus tard son nom), le Coran ne mentionne rien à ce sujet et s’abstient de nier ou de confirmer cette information.  Les érudits judéo-chrétiens modernes doutent cependant qu’un changement de nom ait réellement eu lieu et parlent plutôt de « jeux de mots populaires ».  Les assyriologues suggèrent que la lettre hébraïque Hê (h), dans le dialecte minéen, remplace le « a » allongé (ā) et que la différence entre Abraham et Abram n’est que dialectale.[1]  On pourrait aussi prendre pour exemple les noms Sarai et Sarah, dont la signification est identique.[2]





Sa patrie





On estime qu’Abraham serait né environ 2166 ans avant Jésus dans la ville, ou près de la ville d’Ur, en Mésopotamie[3] [4], située à près de 320 kilomètres au sud-est de l’actuelle ville de Bagdad[5].  Selon la Bible, son père s’appelait Azar, Terah ou Terakh.  C’était un idolâtre, descendant de Sem, fils de Noé.  Certains exégètes croient qu’il se faisait appeler Azar, selon le nom d’une idole à laquelle il était particulièrement dévoué.[6]  Il était probablement Akkadien, ce peuple sémitique de la Péninsule arabe qui s’était installé en Mésopotamie au cours du troisième millénaire avant Jésus.





Il semble qu’Azar émigra avec des membres de sa famille vers la ville de Haran alors qu’Abraham était encore enfant, bien que la tradition judéo-chrétienne[7] croit qu’Abraham était plus âgé lors de cette émigration, qui se serait faite après qu’il eût été rejeté par les gens de sa ville natale.  La Bible raconte que Haran, l’un des frères d’Abraham, est mort à Ur, « son pays natal » (Genèse 11 :28), mais il était beaucoup plus âgé qu’Abraham, puisque son autre frère, Nahor, prend alors la fille de Haram comme épouse (Genèse 11 :29).  La Bible ne fait aucune mention de l’émigration d’Abraham à Haran; le premier ordre qu’il reçoit d’émigrer est en fait un ordre de quitter Haran, comme s’il s’y était déjà installé (Genèse 12 :1-5).  Si nous supposons que le premier ordre d’émigrer faisait référence à une émigration d’Ur à Canaan, il semble qu’il n’y avait aucune raison pour qu’Abraham se rende avec sa famille à Haran, y laisse son père, puis se rende à Canaan par la suite, sans mentionner l’impossibilité géographique d’un tel déplacement (voir la carte).





Le Coran, lui, fait mention de la migration d’Abraham, mais il la situe après qu’Abraham se soit dissocié de son père et des gens de sa tribu à cause de leur incroyance.  S’il avait vécu à Ur, à cette époque, il aurait été improbable que son père se rende avec lui à Haran après avoir rejeté son invitation au monothéisme et l’avoir torturé à l’aide de ses concitoyens.  Quant à savoir pourquoi ils ont émigré, des découvertes archéologiques laissent croire que la ville d’Ur était une grande ville qui connut à la fois son essor et sa chute du vivant d’Abraham[8],ils furent donc peut-être forcés de quitter à cause de diverses adversités et choisirent de se rendre à Haran, qui partageait la même religion qu’Ur.[9]





 









La religion de Mésopotamie





Des découvertes archéologiques ont permis de reconstituer très clairement la vie religieuse en Mésopotamie.  Ses habitants étaient des polythéistes qui croyaient en un panthéon dans lequel chaque divinité avait sa propre sphère d’influence.  L’immense temple dédié au dieu lunaire akkadien,[10] Sin, occupait le centre de la ville d’Ur.  La ville de Haran avait également adopté le dieu lunaire comme principale divinité.  Ce temple d’Ur était considéré, par ses habitants, comme la maison physique de Dieu.  La grande divinité du temple était une idole de bois entourée d’autres idoles, ou « divinités », censées la servir.









Le Grand Ziggourat d’Ur, le temple du dieu lunaire Nanna, également appelé Sin.  Prise en 2004, cette photographie est reproduite ici avec l’aimable autorisation de Lasse Jensen.





Connaissance de Dieu





Alors que les érudits judéo-chrétiens émettent des opinions divergentes quant au moment exact où Abraham connut l’existence de Dieu – à l’âge de trois, dix ou quarante-huit ans[11] – le Coran, lui, ne fait aucune mention de l’âge qu’avait Abraham lorsqu’il reçut sa première révélation.  Il semblerait, toutefois, qu’il était alors assez jeune, car le Coran fait référence à lui en tant que « jeune homme » au moment où son peuple tente de l’exécuter pour avoir rejeté leurs idoles, et Abraham lui-même dit à son père avoir reçu un savoir qui ne lui est jamais parvenu (à son père) (19:43). 





Le Coran, par ailleurs, mentionne clairement qu’Abraham fut l’un des prophètes à qui une écriture fut révélée :





« [Ces vérités] se trouvent [déjà relatées]  dans les premières Écritures, celles d’Abraham et de Moïse. » (Coran 87:18-19)





Comme les gens de son entourage, le père d’Abraham, Azar (Terah ou Terakh, dans la Bible) était un idolâtre.  La tradition biblique[1]  le présente comme un sculpteur d’idoles[2]  et c’est pourquoi il fut le premier qu’Abraham appela au monothéisme.  Il s’adressa à son père en usant de logique et de bon sens.  Voici ce que dit le Coran à ce sujet :





« (Ô Mohammed), parle d’Abraham, dans le Livre; c’était un véridique et un prophète.  Lorsqu’il dit à son père : « Ô mon père!  Pourquoi adores-tu ce qui ne peut ni entendre ni voir et qui ne te profite en rien?  Ô mon père!  Il m’a été révélé un savoir qui ne t’est jamais parvenu.  Suis-moi donc, je te guiderai sur un droit chemin. » (Coran 19:41-43)





Son père rejeta immédiatement les propos de son fils, comme il fallait s’y attendre d’un homme confronté par un plus jeune que lui usant de propos allant à l’encontre d’années de tradition chez son peuple.





« Son père dit : « Prendrais-tu en aversion mes divinités, ô Abraham?  Si tu ne cesses pas, je te lapiderai sûrement.  Éloigne-toi de moi, et pour longtemps! »  (Coran 19:46)





Abraham et son peuple





Après avoir tenté à plusieurs reprises de convaincre son père d’abandonner l’adoration des fausses idoles, Abraham se tourna vers son peuple, cherchant à le mettre en garde en usant de la même logique :





« Récite-leur l’histoire d’Abraham, quand il dit à son père et à son peuple : « Qu’adorez-vous? »  Ils répondirent : « Nous adorons des idoles et nous leur sommes dévoués. »  Il dit : « Vous entendent-elles lorsque vous les implorez?  Vous apportent-elles quelque bienfait?  Ou peuvent-elles vous nuire? »  Ils répondirent: « Non, mais nous avons vu nos pères agissant ainsi. »  Il dit : « Mais avez-vous considéré ces idoles que vous adorez et qu’adoraient vos ancêtres?  Elles sont toutes des ennemies, pour moi, mais pas le  Seigneur des mondes.  C’est Lui qui m’a créé et qui me guide, et c’est Lui qui me nourrit et me donne à boire.  Et c’est Lui, encore, qui me guérit lorsque je suis malade, qui me fera mourir puis me redonnera la vie. » (Coran 26:69-81)





En appelant son peuple à n’adorer que Dieu, il lui donna encore à réfléchir.  La tradition judéo-chrétienne rapporte une histoire similaire, mais raconte qu’Abraham aurait compris de lui-même l’existence de Dieu à travers l’adoration des idoles[3], et ne mentionne pas qu’il a utilisé les idoles comme exemple en s’adressant à son peuple.  Dans le Coran, aucun prophète n’a jamais adoré autre que Dieu, même si certains ignoraient la vérité avant d’être investis de leur mission prophétique.  Le Coran raconte, au sujet d’Abraham :





« Quand la nuit l’enveloppa, il observa une étoile et dit : « Voilà mon Seigneur! ».  Puis lorsqu’elle déclina, il dit : « Je n’aime pas les choses qui disparaissent. » (Coran 6:76)





Les étoiles étaient une création tout à fait incompréhensible aux humains, à l’époque; elles étaient considérées comme plus grandes que l’humanité et souvent, on leur attribuait des pouvoirs surnaturels.  Mais Abraham vit en elles leur incapacité d’apparaître à volonté.





Puis, lorsqu’il vit la lune, un corps céleste encore plus grand et impressionnant, qui pouvait apparaître à la fois de jour comme de nuit...





« Lorsqu’ensuite il vit la lune poindre (à l’horizon), il dit : « Voilà mon Seigneur! ».  Puis lorsqu’elle disparut, il dit : « À moins que mon Seigneur ne me guide, je serai certes du nombre des égarés. » (Coran 6:77)





Puis il vit le soleil, encore plus resplendissant, une des plus puissantes créations, sans lequel la vie elle-même serait impossible :





« Lorsqu’ensuite il vit le soleil se lever, il dit : « Voilà mon Seigneur!  Celui-ci est plus grand! »  Puis lorsque le soleil se coucha, il dit : « Ô mon peuple!  Je désavoue tout ce que vous associez à Dieu.  En tant que croyant véritable, je tourne mon visage vers Celui qui a créé les cieux et la terre (à partir de rien), et je ne suis point du nombre des polythéistes. » (Coran 6:78)





Abraham fit comprendre à son peuple que le Seigneur des mondes ne pouvait se trouver ni dans les créations du monde ni dans les idoles qu’ils fabriquaient, mais que Dieu était Celui qui les avait créés, eux et tout ce qu’ils voyaient et percevaient autour d’eux, et qu’Il n’avait pas besoin d’être vu pour être adoré.  Que Dieu est capable de tout et qu’Il n’est jamais limité d’aucune façon, comme le sont les créations du monde.  Son message était simple :





« Adorez Dieu et observez vos devoirs envers Lui; cela est meilleur pour vous, si seulement vous saviez!   Plutôt que Dieu, vous n’adorez que des idoles.  Et vous ne faites qu’inventer des mensonges.  Ceux que vous adorez en dehors de Dieu ne peuvent aucunement vous procurer votre subsistance.  Recherchez donc votre subsistance auprès de Dieu; adorez-Le et soyez-Lui reconnaissants, car c’est vers Lui que vous serez ramenés. »  (Coran 29:16-18)





Il remit ouvertement en question leur adhésion aux traditions de leurs ancêtres.  Il dit :





« Certes, vous et vos ancêtres étiez dans l’erreur ! »  (Coran 21:54)





La vie d’Abraham fut réellement marquée par la douleur, les difficultés, les épreuves, l’opposition de toutes parts et la tristesse.  Son père et son peuple, incapables de raisonner, rejetèrent son message et restèrent sourds à son appel.  Ils se moquèrent de lui :





« Ils dirent : « Nous apportes-tu la vérité ?  Ou plaisantes-tu? »  (Coran 21:55)





À ce stade de sa vie, Abraham, un jeune homme avec un brillant avenir devant lui, s’opposa à sa famille et à son peuple tout entier afin de transmettre le message du pur monothéisme, la croyance en un Dieu unique et le rejet de toutes les fausses divinités, que ce soient des étoiles, des corps célestes, des créatures terrestres ou des représentations de Dieu sous forme d’images ou d’idoles.  Il se vit rejeté, ostracisé et châtié pour ses croyances, mais il tint bon et ne fit aucun compromis, sachant qu’il aurait à faire face à des obstacles encore plus difficiles dans le futur.





« Et (rappelle-toi) quand son Seigneur éprouva Abraham par certains commandements.  Lorsqu’il les eut exécutés, (Dieu) dit : « Certes, Je vais faire de toi un guide (imam) pour les gens. »  (Coran 2:124)





Vint le moment où il fut nécessaire que le prêche d’Abraham s’accompagne d’actions concrètes.  Il sut qu’il devait porter un grand coup contre l’idolâtrie.  La narration que fait le Coran de cet événement est légèrement différente de celles rapportées dans la tradition judéo-chrétienne, qui affirment qu’Abraham aurait détruit les idoles personnelles de son père.[1]  Le Coran nous apprend que ce sont les idoles de son peuple qu’il détruisit, lesquelles étaient disposées sur un autel, dans un temple.  Abraham leur adressa d’abord une mise en garde :





« Et, par Dieu, je m’occuperai certes de vos idoles une fois que vous serez partis. » (Coran 21:57)





C’était l’époque d’un festival religieux et ils quittèrent la ville pour y assister.  On invita Abraham à participer aux festivités, mais il déclina l’invitation.





« Puis, il jeta un regard sur les étoiles et dit : « Je suis malade ».  Les autres lui tournèrent le dos et s’en allèrent. » (Coran 39:88-90)





Lorsqu’ils partirent, il sut qu’il avait devant lui une occasion à ne pas rater.  Comme le temple était désert, il s’y rendit et s’approcha des idoles de bois plaquées or devant lesquelles avaient été déposés, par les prêtres, des plats contenant des mets élaborés.  Abraham n’en crut pas ses yeux...





« Il se tourna alors vers leurs divinités et dit (à celles-ci) : « Que ne mangez-vous pas?  Et qu’avez-vous à ne pas parler? » (Coran 39:91-2)





Comment les hommes avaient-ils pu en arriver à adorer des divinités qu’ils avaient eux-mêmes sculptées?





« Il se rua sur les statues et les frappa de sa main droite. » (Coran 39:93)





« Il les fit alors toutes voler en éclats, à l’exception de la plus imposante... » (Coran 21:58)





Quand les prêtres revinrent, c’est en état de choc qu’ils constatèrent le sacrilège, la destruction du temple et des idoles.  Ils étaient à se demander qui avait bien pu faire cela à leurs idoles lorsque quelqu’un mentionna le nom d’Abraham et rappela qu’il avait à plusieurs reprises parlé contre elles.  Lorsqu’ils le firent venir, Abraham tenta de leur faire comprendre l’absurdité de leur conduite :





« Il (leur) dit : « Adorez-vous ce que vous sculptez vous-mêmes alors que Dieu vous a créés, vous et ce que vous fabriquez? » (Coran 37:95-6)





Mais comme ils étaient dans une colère noire, ils n’écoutèrent pas ses paroles et allèrent droit au but :





« Est-ce toi qui as fait cela à nos idoles, ô Abraham? » (Coran 21:62)





Il y avait une raison pour laquelle Abraham avait laissée intacte la plus grande idole :





« Il répondit : « C’est la plus grande d’entre elles, que voici, qui l’a fait.  Demandez-leur donc, si toutefois elles peuvent parler. » (Coran 21:63)





Quand Abraham leur parla ainsi, ils restèrent confus.  Ils se mirent à se blâmer mutuellement pour ne pas avoir monté la garde près des idoles et, évitant le regard d’Abraham, il lui répondirent :





« Tu sais bien que [ces idoles] ne parlent pas. » (Coran 21:65)





Abraham poursuivit :





« Il dit : « Adorez-vous donc, à la place de Dieu, ce qui ne peut ni vous être utile ni vous nuire? Honte à vous et à tout ce que vous adorez à la place de Dieu!  Ne raisonnez-vous pas? » (Coran 21:66-7)





Les accusateurs étaient devenus les accusés.  Ils étaient accusés de ne point savoir raisonner, et ils ne savaient que répondre à Abraham.  Parce que le raisonnement de ce dernier était irréfutable, ils ne surent répondre que par une colère folle qui les poussa à condamner Abraham à être brûlé vivant :





« Qu’on lui dresse un bûcher et qu’on le lance dans la braise ardente! » (Coran 37:97)





Ils s’attelèrent tous à assembler du bois pour le bûcher, lequel fut le plus gros qu’ils eussent jamais vu.  Tout au fond de lui, le jeune Abraham se soumit au destin décidé pour lui par le Seigneur des mondes.  Il ne perdit pas la foi; au contraire, cette épreuve l’affermit davantage dans ses croyances.  Malgré son jeune âge, il ne broncha pas devant la perspective de cette mort atroce.  Même que ses dernières paroles, avant d’être mis au bûcher, furent :





« Dieu me suffit et comme est excellent Celui à qui j’accorde toute ma confiance. » (Sahih al-Boukhari)





Voilà une des nombreuses situations où, face à une épreuve difficile, la foi d’Abraham s’avéra inébranlable.  Elle fut sévèrement testée, à cette occasion, mais Abraham démontra qu’il était prêt à sacrifier jusqu’à sa propre vie pour Dieu.  Sa soumission et sa résignation furent les manifestations mêmes de sa foi profonde.





Mais Dieu n’avait pas destiné Abraham à mourir sur un bûcher, car Il lui avait réservé une grande mission à accomplir : il serait le père de quelques-uns des plus grands prophètes envoyés à l’humanité.  Alors Il le sauva des flammes, ce qui constitua un signe, pour lui, de même que pour son peuple.





« Alors Nous dîmes : « Ô feu!  Sois pour Abraham une fraîcheur apaisante ».  Ils avaient voulu sa perte, mais Nous fîmes d’eux les plus grands perdants. » (Coran 21:69-70)





C’est ainsi qu’Abraham fut sauvé des flammes.  Les gens de son peuple avaient tenté de se venger de la destruction de leurs idoles, mais au bout du compte, eux et leur idoles furent terriblement humiliés.





 





Des découvertes archéologiques modernes suggèrent que la grande prêtresse païenne de l’époque d’Abraham était la fille de l’empereur.  Il était donc tout naturel, pour elle, d’imposer un châtiment exemplaire à celui qui avait osé détruire les idoles du temple.  Abraham, encore jeune homme[1], fut alors jugé, seul, devant un roi que l’on suppose être le roi Nemrod.  Personne ne se rangea de son côté, pas même son père.  Mais Dieu était avec lui, comme Il l’avait toujours été.





Dispute avec un roi





Alors que les traditionalistes judéo-chrétiens affirment clairement qu’Abraham fut condamné au bûcher par le roi, Nemrod, le Coran ne dit rien à ce sujet.  Il rapporte cependant la dispute entre Abraham et un roi, et certains érudits musulmans suggèrent que ce roi était Nemrod.  Cette dispute, toutefois, n’aurait eu lieu qu’après que le peuple eût tenté de brûler Abraham.[2]  En effet, après que Dieu eût sauvé Abraham du feu, on l’amena devant le roi qui, très pompeux, se crut meilleur que Dieu Lui-même.  Il argumenta avec le jeune homme, comme Dieu le rapporte dans le Coran :





« N’as-tu pas considéré celui qui, parce que Dieu lui avait donné la royauté, se disputa avec Abraham au sujet de son Seigneur? » (Coran 2:258)





La logique d’Abraham fut implacable :





« Abraham lui dit : « Mon Seigneur est Celui qui donne la vie et la mort ».  L’autre répondit : « Je donne (aussi) la vie et la mort » (Coran 2:258)





Le roi fit venir deux hommes condamnés à mort.  Il en libéra un et condamna l’autre.  Cette réponse du roi était tout à fait déplacée et ridicule, alors Abraham ne perdit pas de temps à discuter avec lui et sortit un argument massue qui ne pouvait que réduire l’autre au silence :





« Alors Abraham dit : « Dieu fait lever le soleil à l’est; fais-le donc lever à l’ouest. »  Le mécréant resta alors confondu.  Dieu ne guide point les gens injustes. » (Coran 2:258)





L’émigration d’Abraham





Après des années passées à appeler son peuple au monothéisme et à se voir rejeté à chaque fois, Abraham reçut de Dieu l’ordre de se dissocier de sa famille et de son peuple.





« Vous avez certes un bel exemple [à suivre] en Abraham et en ceux qui étaient avec lui, quand ils dirent à leur peuple : « Nous vous désavouons, vous et ce que vous adorez en dehors de Dieu.  Nous vous renions!  L’hostilité et la haine se dresseront à jamais entre nous, à moins que vous n’adoptiez la foi en un Dieu unique. »  (Coran 60:4)





Au moins deux personnes de sa famille répondirent toutefois à son appel : Lot  (son neveu), et Sarah (son épouse).  Abraham émigra donc en compagnie des croyants qui étaient avec lui.





« Lot eut foi en son message.  «  Je quitte ma demeure pour chercher refuge auprès de mon Seigneur, dit Abraham, car c’est Lui le Tout-Puissant, le Sage. » (Coran 29:26)





Ils émigrèrent donc vers une terre bénie, le pays de Canaan (ou Grande Syrie) où, selon la tradition judéo-chrétienne, Abraham et Lot partirent chacun de son côté avec un groupe de croyants, l’un à l’est et l’autre à l’ouest.[3]





« Et Nous les avons sauvés, lui et Lot, et les avons conduits vers la terre que Nous avons bénie pour tous les peuples. » (Coran 21:71)





C’est là, sur cette terre bénie, que Dieu décida d’accorder une progéniture à Abraham.





« Et Nous lui avons donné Isaac, ainsi que Jacob (pour petit-fils), et Nous avons fait d’eux des hommes vertueux. » (Coran 21:72)





« Tel fut Notre argument que Nous inspirâmes à Abraham contre son peuple.  Nous élevons en sagesse qui Nous voulons.  Certes, ton Seigneur est Sage et Omniscient.  Et Nous lui avons donné Isaac et Jacob, que Nous avons tous deux guidés.  Et Nous avions guidé Noé, auparavant ; et de sa descendance, (Nous avons guidé) David, Salomon, Job, Joseph, Moïse et Aaron. C’est ainsi que Nous récompensons les bienfaisants.  Et Zacharie, Jean, Jésus et Élie : chacun d’eux était du nombre des vertueux.  Et Ismaël, Élisée, Jonas et Lot : Nous avons favorisé chacun d’eux sur (Nos) autres créatures, de même qu’une partie de leurs ancêtres, de leurs descendants et de leurs frères, et Nous les avons choisis et guidés vers le droit chemin.  Telle est la voie de Dieu, vers laquelle Il guide qui Il veut parmi Ses serviteurs.  Mais s’ils avaient attribué des associés à Dieu,  toutes leurs actions auraient certainement été vaines.  C’est à eux que Nous avons donné les Écritures, l’autorité et la prophétie. » (Coran 6:83-88)





Et Dieu fit de sa progéniture des prophètes pour guider sa nation :





« Nous avons fait d’eux des hommes vertueux, ainsi que des dirigeants qui guidaient [les gens] selon Nos ordres.  Et Nous leur avons inspiré de faire le bien, d’accomplir la prière (assidûment) et de donner régulièrement en charité.  Et ils n’adoraient que Nous. » (Coran 21:73)



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