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Ces réflexions philosophiques touchent à divers sujets dont la vérité, le succès, la raison d’être de notre existence, la mort, la pensée et la vision du monde.  J’ai délibérément conclu avec des questions plutôt qu’avec des réponses, car je souhaitais fournir un cadre conceptuel aux lecteurs qui ne partagent peut-être pas mes vues et qui voudraient trouver des réponses par eux-mêmes.  J'ai inclus des versets coraniques pertinents afin de stimuler la réflexion, une approche que l'on retrouve dans le Coran même, qui demande fréquemment: « Ne réfléchissez-vous donc pas? ».








      Il y a un proverbe africain qui dit: Celui qui pose des questions ne peut éviter les réponses.  J'espère donc que ces réflexions faciliteront la quête de vérité chez ceux qui la cherchent.





La vérité





 « C’est la vérité venant de ton Seigneur, (ô Mohammed) : ne sois donc pas de ceux qui doutent. » (Coran 2: 147)





 « Ne mêlez pas la vérité au mensonge et ne cachez pas sciemment la vérité. » (Coran 2: 42)





La question de la vérité a troublé l'esprit de pratiquement chaque être humain ayant vécu sur cette planète.  Qu'est-ce que la vérité?  Comment la trouver?  Existe-t-elle vraiment?  Ces questions remontent aussi loin qu'aux philosophes grecs tels Socrate qui, tout jeune, posait déjà de nombreuses questions et cherchait la vérité.  De nos jours, toutefois, moins nombreuses sont les personnes s'interrogeant réellement sur la vérité avec un grand V, i.e. le pourquoi de notre existence, ce que ça signifie d'être un être humain.  Souvent, plutôt que de chercher la vérité, elles adoptent le scepticisme comme philosophie.





Les sceptiques répondent par la négative à la question suivante: nous est-il possible de savoir quoi que ce soit?  Ils laissent ainsi entendre que la vérité sur la vie et la réalité de l'univers ne sera jamais connue.  Fondé par Pyrrhon d'Élie, le scepticisme fut prôné et mis par écrit par le philosophe grec Sextus Empiricus, qui fut le premier à détailler et codifier la doctrine.  Cette école philosophique est répandue, de nos jours, bien que son approche vis-à-vis de la vérité soit injustifiée, car il a été démontré que l'on peut bel et bien trouver la vérité et que la seule façon d'y parvenir est en posant inlassablement des questions.  Socrate était connu pour savoir interroger ses interlocuteurs et les amener, ainsi, à découvrir eux-mêmes la vérité, car il croyait que la vérité se trouve en chacun de nous.  Par exemple, il existe de nombreux principes universels indéniables; les nier reviendrait à nier le savoir lui-même.  Prenez, à titre d'exemple, deux planches de bois de longueur identique: savons-nous qu'elles sont égales parce qu'elles sont de la même longueur ou connaissions-nous le concept d'égalité avant d'avoir vu ces planches?  C'est parce que nous avons, en nous, le concept inné d'égalité que celui-ci nous permet de comprendre que les planches de bois sont de la même longueur.  Nous savons également que la moitié d'une chose est moindre que son tout et nous savons, par exemple, que tous les pères sont des hommes.  Ces concepts innés sont connus, en épistémologie, comme des à priori, i.e. une connaissance indépendante de l'expérience.





D'un point de vue pratique, la position du sceptique est indéfendable, car nous connaissons la vérité des lois de la physique qui permettent aux ponts de soutenir de lourdes charges, de même que des lois qui font en sorte que les paquebots flottent.  Si nous adoptions la position du sceptique avant de construire nos maisons, accepterions-nous d'aller de l'avant avec la construction?  Le philosophe polonais Leszek Kolakowski écrit:





« Nous pourrions dire: Si nous ne savons rien, à quoi bon échafauder des théories qui n'ont aucun fondement?  Mais si les philosophes et les érudits avaient sérieusement tenté d'atteindre une telle sérénité autosatisfaisante, auraient-ils été en mesure de bâtir notre civilisation?  La physique moderne aurait-elle été inventée? »





      Il y a donc des vérités universelles que nous pouvons accepter avec certitude et la façon de découvrir de nouvelles vérités est d'utiliser ces vérités universelles comme point de départ, ce qu'on appelle le fondationnalisme épistémique dans le langage philosophique.





L’importance de la vérité a été soulignée par de nombreux penseurs, passés et présents.  Platon a dit : « N’est-ce pas une mauvaise chose que d’être trompé au sujet de la vérité et une bonne chose que de connaître cette dernière?  Car je présume que par « connaître la vérité », vous voulez dire connaître les choses telles qu’elles sont. »  Pourquoi la quête de vérité est-elle aussi importante?  La vérité n’est pas qu’intuitive; elle nous donne une impression de réalité, nous fait sentir que les choses sont vraies.  En l’absence de vérité, la vie peut parfois nous sembler irréelle et illusoire.  De plus, de nombreux psychologues ont reconnu le fait que l’être humain aime sentir qu’il a raison et cherche à apprendre à partir des normes sociales lorsqu’il se sent incertain.  Ce processus psychologique est connu sous le terme de « Influence sociale normative et informationnelle ».  La quête de vérité est très importante, car elle apporte à l’individu la possibilité de façonner la personne qu’il est ou la personne qu’il souhaiterait être.





Une autre façon de voir cela est que s’interdire de chercher la vérité revient à se mentir à soi-même ou à accepter un mensonge, car tout ce qui est autre que la vérité est nécessairement un mensonge.  Alors une quête de vérité est un moyen de tenter d’être plus sincère avec soi-même, car il s’agit de tenter d’établir la vérité sur ce que nous sommes et sur notre existence sur cette terre.  Enfin, s’agripper au point de vue sceptique selon lequel il n’existe pas de vérité est une attitude défaitiste.  L’affirmation selon laquelle il n’existe pas de vérité est en fait une proclamation de vérité; comment peut-on prétendre que le scepticisme est vrai et que tout le reste est faux?  Telle est l’incohérence du discours sceptique : le sceptique prétend avoir raison, mais nie toutes les autres vérités.  Par conséquent, peu importe quelle position nous adoptons, nous finissons toujours par accepter une vérité.







 




 






Une des meilleures définitions du succès que j’aie vues est : « La réalisation des intentions ».  Par exemple, si j’ai l’intention d’apprendre à conduire et que je réussis l’examen de conduite, c’est un succès.  En tant qu’humains, nous avons constamment des intentions : obtenir une promotion, devenir notre propre patron, être un bon père, une bonne mère, un bon mari, une bonne épouse, voyager dans le monde, écrire un livre, etc.  Si nous atteignons les objectifs que nous nous étions fixés, nous considérons avoir réussi.  Mais cette vision du succès est-elle importante? 





Si nous vivons notre vie dans l’espoir d’atteindre nos objectifs, sans jamais nous questionner sur la raison d’être de notre existence, alors notre vie n’aura jamais de sens.  Notre vision du succès est alors sans fondement et dépourvue de valeur réelle.  Si une personne vit ainsi, elle ne peut atteindre l’objectif réel de son existence et ne peut donc atteindre le succès.  On peut même se demander si sa vie aura valu la peine d’être vécue.  Sa vie aura peut-être eu de l’importance vis-à-vis ces choses qu’elle souhaitait accomplir, mais sans plus.





Voyons la chose d’un point de vue scientifique: nos enfants, nos actions, les gens que nous aimons et tout ce que nous faisons ne sont que des agencements de molécules.  Du carbone et divers atomes en combinaisons variées forment nos vies et même ces choses que nous avons l’intention de réaliser.  Strictement de ce point de vue, l’humanité n’a guère plus d’importance qu’une nuée de mouches ou un troupeau de moutons, car leur composition est la même.  Aussi, si nous suivons la ligne de pensée scientifique, notre mort est elle aussi insignifiante : nous mourons et puis c’est tout.  La contribution des scientifiques à l’avancée de la pensée humaine, les recherches constantes pour trouver un remède au cancer, les efforts du système judiciaire pour établir la justice et la paix, tout cela n’a pas de réelle signification.  Même si les êtres humains devaient exister pour toujours et sans interruption, cette éternité ne donnerait pas plus de sens à nos vies, car elles n’auraient toujours pas de véritable raison d’être.





Les existentialistes tels Sartre et Camus comprenaient l’insignifiance de la vie lorsque les gens refusent de reconnaître que leur existence a une raison d’être.  C’est pourquoi Sartre a écrit sur la « nausée » de l’existence et que Camus voyait la vie comme une chose absurde, laissant ainsi entendre que l’univers n’avait aucune signification.  Le philosophe allemand Nietzsche a affirmé en termes non équivoques que le monde et l’humanité n’avaient aucune signification ni aucune raison d’être rationnelle.  Selon lui, rien d’autre n’existait qu’un chaos abrutissant, sans direction ni objectif.





Si nous trouvions la raison d’être de notre existence et donnions ainsi à notre vie une signification réelle, et si nous réalisions cet objectif – tel serait le véritable succès.  Certains pourraient soutenir que cette discussion prend pour acquis, au départ, qu’il existe une sorte d’entité métaphysique qui a créé l’univers dans un but quelconque.  C’est pourtant vrai.  Car si nous faisons fi de cette réalité, nous ne pouvons que présumer que l’athéisme est dans le vrai.  N’oublions pas que la conclusion logique de l’athéisme est que notre existence n’a aucune signification, conclusion qui met mal à l’aise plusieurs athées dans la mesure où elle va à l’encontre de notre nature innée et de nos dispositions psychologiques.  Alors les questions suivantes s’imposent : quelle est la raison d’être de notre existence et quelle vision donnerait un sens à notre quête de succès?





Objectif





 « Où donc allez-vous? » (Coran 81:26)





 « Seigneur!  Tu n’as pas créé tout cela en vain. » (Coran 3:190)





 « Dieu n’a créé (tout) cela qu’en toute vérité.  Il expose (en détail) les révélations pour les gens qui comprennent. » (Coran 10:5)





Le philosophe australien Ludwig Wittgenstein, qui a inspiré deux des principaux mouvements philosophiques du 20e siècle, a dit : « Je ne sais pas pourquoi nous sommes ici, mais je suis certain que ce n’est pas pour nous amuser. »  Wittgenstein n’a pas trouvé la réponse à la raison d’être de notre existence, mais il a clairement laissé entendre qu’il y avait forcément une raison d’être à notre présence sur cette terre, même si elle ne pouvait être découverte de manière intuitive.  Certains avanceront, toutefois, que l’hypothèse selon laquelle nous existons pour une raison est fausse et que si elle est fausse, alors nous n’avons pas à nous casser la tête et nous pouvons continuer à vivre librement et avec insouciance.  Comme Albert Camus l’a expliqué : « Vous ne vivrez jamais si vous persistez à chercher un sens à la vie. »  Le point de vue de Camus n’est pas ontologique; son souci semble surtout existentiel.  Selon lui, le plus important est le sens que vous donnez à votre propre vie, indépendamment de l’existence (ou non) d’une vérité fondamentale.  Ainsi, à la lumière de tout cela, nous pouvons nous demander : est-il raisonnable de croire que notre existence a une raison d’être?





Pour répondre à cette question, il faut prendre les points suivants en considération :





Vous lisez probablement ceci chez vous, assis sur une chaise et vêtus.  Je vous pose alors la question : pour quelle raison?  Pourquoi êtes-vous vêtus et pourquoi êtes-vous assis sur une chaise?  Comme il s’agit de questions rhétoriques, vous n’avez pas à y répondre, car nous connaissons tous les réponses.  La chaise est là pour vous permettre de vous asseoir en supportant votre poids et vos vêtements vous préservent des éléments, masquent votre nudité et vous permettent d’avoir meilleure allure que nu.  Maintenant, laissez-moi vous transporter dans une forêt, quelque part dans le monde; sur un arbre, il y a un papillon de nuit.  Ce papillon boit la sève de l’arbre et, sous lui, se trouve un autre papillon identique dont le rôle est assez étrange : il boit les excréments du premier papillon.  Pourquoi?  Parce que le premier papillon élimine quasi instantanément ses excréments au fur et à mesure qu’il boit la sève.  Vous vous demandez sûrement où je veux en venir avec tout cela.  C’est que le rôle du deuxième papillon est d’empêcher les excréments du premier de se déposer sur l’écorce de l’arbre pour ne pas que les fourmis, entre autres, montent sur l’écorce, attirées par l’odeur, et mangent le premier papillon.  En termes simple, le deuxième papillon constitue l’assurance-vie du premier!





Vous ne saviez probablement rien de ce papillon de nuit avant de me lire et même si une maladie éradiquait les papillons de nuit, cela ne vous inquièterait pas outre mesure – enfin, la plupart d’entre vous ne s’en inquièteraient pas.  Mais vous attribuez maintenant une raison d’être à cette créature insignifiante, comme vous attribuez une raison d’être à vos vêtements et à votre chaise, qui sont des objets inanimés et qui ne possèdent aucune faculté mentale ou émotionnelle.  Et pourtant, vous refusez d’attribuer une raison d’être à votre propre existence.  N’est-ce pas absurde?





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