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Livret blanc, Narcotiques Anonymes


Traduction de littérature approuvée par la fraternité de NA.


Copyright © 1988, 2005 by


Narcotics Anonymous World Services, Inc.


Tous droits réservés.


Préface


Ce petit livre présente la fraternité de Narcotiques Anonymes. Il s’adresse à ces hommes et à


ces femmes qui, comme nous, souffrent, apparemment sans espoir, d’une dépendance vis-à-vis


de la drogue. La dépendance est incurable, mais le rétablissement est rendu possible par un


programme basé sur des principes spirituels simples. Ce petit livre ne prétend pas répondre à


toutes les questions, toutefois, selon notre expérience personnelle et collective, il contient les


éléments indispensables à notre rétablissement.


Prière de la Sérénité


Mon Dieu, donne-moi la sérénité


d’accepter les choses que je ne peux changer,


le courage de changer les choses que je peux,


et la sagesse d’en connaître la différence.


Qui est dépendant ou dépendante ?


La plupart d’entre nous ne se posent pas deux fois la question : Nous le savons ! Notre vie


entière et toutes nos pensées étaient centrées sur la drogue, sous une forme ou une autre : s’en


procurer, en consommer et chercher les moyens pour en obtenir davantage. Nous consommions


pour vivre et vivions pour consommer. Un dépendant est tout simplement un homme ou une


femme dont la vie est dominée par la drogue. Nous sommes des personnes sous l’emprise


d’une maladie continuelle et progressive qui finissent toujours de la même manière : en prison,


à l’hôpital ou à la morgue.


Qu’est-ce que le programme de Narcotiques Anonymes ?


NA est une fraternité ou une association à but non lucratif, composée d’hommes et de


femmes pour qui la drogue était devenue un problème majeur. Nous sommes des dépendants


en rétablissement. Nous nous réunissons régulièrement pour nous entraider à rester abstinents.


C’est un programme d’abstinence complète de toute drogue. La seule condition pour devenir


membre est le désir d’arrêter de consommer. Nous vous suggérons de garder l’esprit ouvert et


de vous donner une chance. Notre programme repose sur des principes écrits si simplement


que nous pouvons les appliquer à notre vie quotidienne. L’important, c’est qu’ils donnent des


résultats.


NA est entièrement autonome ; nous ne sommes affiliés à aucun organisme. Nous n’avons


pas de frais d’admission ni de cotisations, pas d’engagements à signer ni de promesses à faire à


qui que ce soit. Nous ne sommes rattachés à aucun groupe politique ou mouvement religieux.


Nous n’avons aucun lien avec la police et ne sommes jamais tenus sous surveillance. N’importe


quel dépendant ou dépendante peut se joindre à nous quels que soient son âge, sa race, son


orientation sexuelle, ses croyances, sa religion ou absence de religion.


Nous ne voulons pas savoir ce que vous consommiez, ni en quelle quantité ni qui vous en


procurait. Votre passé et les moyens dont vous disposez ne nous intéressent pas. Tout ce qui


nous importe, c’est ce que vous désirez faire concernant votre problème et comment nous


pouvons vous aider. Les nouveaux et les nouvelles sont les personnes les plus importantes dans


nos réunions, car c’est seulement en redonnant aux autres que nous conservons ce qui nous a


été donné. Notre expérience collective nous a appris que ceux et celles qui assistent


régulièrement à nos réunions demeurent abstinents.


Pourquoi sommes-nous ici ?


Avant d’arriver à NA, nous avions perdu tout contrôle sur notre vie. Il nous était devenu


impossible de vivre et d’aimer la vie comme tout le monde. Il nous fallait autre chose et nous


pensions l’avoir trouvé dans la drogue. Pour nous, la drogue passait avant le bien-être de notre


famille, de nos conjoints et de nos enfants. Il nous en fallait à tout prix. Nous avons fait un tort


considérable à bien des gens mais surtout à nous-mêmes. Par notre incapacité à assumer nos


responsabilités, nous arrivions en fait à créer nos propres problèmes. Nous semblions


incapables d’affronter la vie telle qu’elle est.


La plupart d’entre nous avons réalisé que, sous l’emprise de notre dépendance, nous étions


en train de nous suicider graduellement ; la dépendance est cependant une ennemie si


insidieuse que nous étions devenus totalement incapables de réagir. Beaucoup d’entre nous se


sont retrouvés en prison ou ont cherché une solution dans la médecine, la religion ou la


psychiatrie. Aucune de ces méthodes n’a été suffisante. Notre maladie a toujours refait surface


ou continué de progresser jusqu’au moment où, en désespoir de cause, nous avons recherché


l’aide d’autres dépendants dans Narcotiques Anonymes.


Après avoir connu NA, nous avons compris que nous étions atteints d’une maladie


actuellement incurable. Par contre, sa progression peut être arrêtée à un certain point et le


rétablissement est alors possible.


Comment ça marche ?


Si vous désirez ce que nous avons à offrir et voulez faire l’effort pour l’obtenir, vous êtes donc


prêts à entreprendre certaines étapes. Voici les principes qui ont rendu possible notre


rétablissement.


1. Nous avons admis que nous étions impuissants devant notre dépendance, que nous avions


perdu la maîtrise de notre vie.


2. Nous en sommes venus à croire qu’une puissance supérieure à nous-mêmes pouvait nous


rendre la raison.


3. Nous avons décidé de confier notre volonté et notre vie aux soins de Dieu tel que nous le


concevions.


4. Nous avons fait un inventaire moral sans peur et approfondi de nous-mêmes.


5. Nous avons avoué à Dieu, à nous-mêmes et à un autre être humain la nature exacte de nos


torts.


6. Nous avons pleinement consenti à ce que Dieu élimine tous ces défauts de caractère.


7. Nous lui avons humblement demandé de nous enlever nos déficiences.


8. Nous avons dressé une liste de toutes les personnes que nous avions lésées et avons résolu


de leur faire amende honorable.


9. Nous avons directement fait amende honorable à ces personnes dans tous les cas où c’était


possible, sauf lorsque cela pouvait leur nuire ou faire tort à d’autres.


10. Nous avons poursuivi notre inventaire personnel et avons promptement admis nos torts dès


que nous nous en sommes aperçus.


11. Nous avons cherché par la prière et la méditation à améliorer notre contact conscient avec


Dieu, tel que nous le concevions, le priant seulement pour connaître sa volonté à notre égard et


pour obtenir la force de l’exécuter.


12. Ayant connu un éveil spirituel comme résultat de ces étapes, nous avons alors essayé de


transmettre ce message aux dépendants et d’appliquer ces principes à tous les domaines de


notre vie.


Cela semble considérable et il est certain que nous ne pouvons pas tout accomplir d’un seul


coup. Nous ne sommes pas devenus dépendants en un jour ; alors, agissons, mais allons-y


doucement !


Une chose plus que toute autre peut compromettre notre rétablissement, c’est une attitude


d’indifférence ou d’intolérance envers les principes spirituels. Trois d’entre eux sont


indispensables : l’honnêteté, l’ouverture d’esprit et la bonne volonté. Avec ces principes, nous


sommes sur la bonne voie.


Nous pensons que notre approche de la maladie de la dépendance est tout à fait réaliste, car


la valeur thérapeutique de l’aide apportée par un dépendant à un autre est sans égale. Nous


croyons à l’efficacité de notre méthode, parce qu’un dépendant est la personne la mieux placée


pour en comprendre et en aider un autre. Selon nous, plus vite nous ferons face à nos problèmes


quotidiens au sein de la société, plus vite nous en deviendrons des membres acceptables,


responsables et productifs.


La seule façon de ne pas retourner à la dépendance active est d’éviter de reprendre de la


drogue une première fois. Si vous êtes comme nous, vous savez bien qu’une fois c’est trop et


mille fois jamais suffisant. Nous insistons beaucoup sur ce point, car nous savons que lorsque


nous consommons de la drogue sous n’importe quelle forme ou que nous en substituons une à


une autre, nous redonnons libre cours à notre dépendance.


Considérer l’alcool comme différent des autres drogues a conduit un grand nombre de


dépendants à la rechute. Avant d’arriver à NA, beaucoup d’entre nous mettaient l’alcool dans


une catégorie à part. Nous ne pouvons pas nous permettre d’illusions à ce sujet. L’alcool est une


drogue. Nous sommes atteints de la maladie de la dépendance et, pour nous rétablir, nous


devons nous abstenir de toute drogue.


Que puis-je faire ?


Commencez votre programme par la première étape telle que décrite dans le chapitre


précédent : « Comment ça marche » ? Lorsque nous admettons pleinement au plus profond de


nous-mêmes notre impuissance devant notre dépendance, nous avons fait un grand pas dans


notre rétablissement. À ce stade, nombre d’entre nous gardent certaines réserves ; alors, donnez-


vous une chance et soyez aussi minutieux que possible dès le début. Passez à la deuxième étape et


ainsi de suite. Progressivement, vous en viendrez à une compréhension personnelle du


programme. Si vous êtes dans une institution, peu importe laquelle, et que vous avez cessé de


consommer pour l’instant, vous pouvez choisir avec l’esprit clair cette manière de vivre.


En quittant l’institution, continuez à suivre votre programme quotidien et prenez contact


avec un membre de NA, par la poste, par téléphone ou en personne. Vous pouvez faire mieux :


venez à nos réunions. Vous y trouverez les réponses à certaines questions qui peuvent vous


troubler en ce moment.


Ces principes restent valables si vous n’êtes pas dans une institution. Arrêtez de consommer


pour aujourd’hui. La plupart d’entre nous peuvent faire pendant huit ou douze heures ce qui


leur semblerait impossible sur une plus longue période. Si l’obsession ou la compulsion devient


trop forte, fixez-vous des périodes d’abstinence de cinq minutes. Les minutes deviendront des


heures et les heures des jours, jusqu’à ce que vous brisiez l’accoutumance et atteigniez une


certaine tranquillité d’esprit. Le vrai miracle se produit lorsque vous réalisez que, d’une certaine


manière, l’obsession de consommer vous a été enlevée. Vous avez cessé de consommer et


commencé à vivre.


Les douze traditions de NA


Ce n’est qu’avec vigilance que nous conservons ce que nous avons et, tout comme la liberté


individuelle provient des douze étapes, celle des groupes émane des traditions.


Aussi longtemps que les liens qui nous unissent sont plus forts que ceux qui pourraient nous


diviser, tout ira bien.


1. Notre bien commun devrait passer en premier ; le rétablissement personnel dépend de


l’unité de NA.


2. Dans la poursuite de notre objectif commun, il n’existe qu’une autorité ultime – un Dieu


d’amour tel qu’il peut se manifester dans la conscience de notre groupe. Nos dirigeants ne


sont que des serviteurs en qui nous avons placé notre confiance ; ils ne gouvernent pas.


3. La seule condition requise pour devenir membre de NA est le désir d’arrêter de consommer.


4. Chaque groupe devrait être autonome, sauf sur des sujets affectant d’autres groupes ou NA


dans son ensemble.


5. Chaque groupe n’a qu’un but primordial – transmettre le message au dépendant qui souffre


encore.


6. Un groupe de NA ne devrait jamais cautionner, financer ou prêter le nom de NA à des


organismes connexes ou à des organisations extérieures, de peur que des problèmes


d’argent, de propriété ou de prestige ne nous éloignent de notre but primordial.


7. Chaque groupe de NA devrait subvenir entièrement à ses besoins et refuser toute


contribution de l’extérieur.


8. NA devrait toujours demeurer non professionnel, mais nos centres de service peuvent


engager des employés spécialisés.


9. NA comme tel ne devrait jamais être organisé ; cependant, nous pouvons constituer des


conseils de service ou créer des comités directement responsables envers ceux qu’ils servent.


10. NA n’a aucune opinion sur des sujets extérieurs ; c’est pourquoi le nom de NA ne devrait


jamais être mêlé à des controverses publiques.


11. La politique de nos relations publiques est basée sur l’attrait plutôt que sur la réclame ; nous


devons toujours garder l’anonymat personnel au niveau des médias.


12. L’anonymat est la base spirituelle de toutes nos traditions, nous rappelant sans cesse de


placer les principes au-dessus des personnalités.


Rétablissement et rechute


On croit souvent que, pour se rétablir, il suffit de cesser de consommer de la drogue. La


rechute apparaît alors comme le signe d’un échec absolu, et les longues périodes d’abstinence


comme celui d’une réussite totale. Nous qui participons au programme de rétablissement de


Narcotiques Anonymes trouvons cette perception trop simpliste. Lorsqu’un membre fait partie


de notre fraternité depuis un certain temps, une rechute peut être le choc décisif qui l’amènera à


appliquer le programme de façon plus rigoureuse. Par ailleurs, certains de nos membres,


abstinents depuis longtemps, ne parviennent pas à jouir pleinement de leur rétablissement et à


se faire accepter par la société, en raison de leur manque d’honnêteté et des illusions qu’ils


entretiennent. Toutefois, l’abstinence totale et ininterrompue que l’on maintient en s’associant


étroitement et en s’identifiant avec d’autres dans les groupes de NA, demeure la meilleure façon


d’assurer notre croissance.


En tant que dépendants, nous sommes fondamentalement semblables ; en revanche, notre degré


de dépendance comme la rapidité du rétablissement personnel diffèrent d’un cas à l’autre. Il arrive


qu’une rechute soit le point de départ d’une libération totale. Dans d’autres cas, la seule façon de


nous libérer est la volonté tenace et inflexible de demeurer abstinents quoi qu’il arrive jusqu’à ce que


la crise soit passée. Surmonter, pendant un certain temps et par n’importe quel moyen, le besoin ou


le désir de consommer et avoir un autre choix que la pensée impulsive et la conduite compulsive


amènent le dépendant à un tournant susceptible de constituer l’élément décisif de son


rétablissement. À ce stade, il arrive que le sentiment de réelle indépendance et de liberté pèse dans


la balance. Nous sommes attirés par l’idée de faire cavalier seul et de reprendre encore une fois le


contrôle de notre propre vie ; pourtant, nous sentons que ce que nous avons acquis provient de


notre dépendance envers une puissance supérieure à nous-mêmes et de l’aide échangée avec


d’autres dépendants auxquels nous avons pu nous identifier. Nos vieux cauchemars reviennent


souvent tout au long de notre rétablissement. Il se peut que la vie redevienne sans signification,


monotone et ennuyeuse. Nous pouvons ressentir de la fatigue mentale à force de répéter nos


nouvelles idées, ou de la fatigue physique provoquée par nos nouvelles activités. Pourtant, nous


savons que toute interruption dans ce processus ne peut que nous faire retomber dans nos


anciennes habitudes. Nous soupçonnons que si nous n’utilisons pas ce que nous avons acquis, nous


le perdons. C’est souvent dans ces moments-là que nous grandissons le plus. Notre corps et notre


esprit semblent fatigués de tout ; cependant, les forces dynamiques du changement ou de la


véritable métamorphose peuvent être à l’œuvre au plus profond de nous pour nous donner les


réponses qui modifieront notre motivation personnelle et changeront notre vie.


Notre objectif n’est pas la simple abstinence physique, mais bien le rétablissement vécu au


travers de nos douze étapes. On ne s’améliore pas sans efforts, et comme il n’existe aucune


façon au monde de greffer une idée nouvelle sur un esprit fermé, celui-ci devra s’ouvrir d’une


manière ou d’une autre. Puisque nous sommes les seuls à pouvoir y arriver, il nous faut


reconnaître deux des ennemis qui semblent inhérents aux dépendants : l’apathie et la tendance


à tout remettre au lendemain. Il semble que notre résistance au changement soit innée et que


seul l’équivalent d’une explosion nucléaire puisse modifier notre façon d’agir. Une rechute, si


nous y survivons, peut amorcer le processus de démolition. Une rechute, quelquefois suivie par


la mort de quelqu’un de proche, peut arriver à nous ouvrir les yeux sur la nécessité de passer à


l’action de façon rigoureuse.


Juste pour aujourd’hui


Dites-vous :


Juste pour aujourd’hui mes pensées se concentreront sur mon rétablissement ; je vivrai et


profiterai de la vie sans consommer.


Juste pour aujourd’hui j’aurai foi en quelqu’un de NA qui croit en moi et veut m’aider à me


rétablir.


Juste pour aujourd’hui j’aurai un programme et j’essaierai de le suivre de mon mieux.


Juste pour aujourd’hui, grâce à NA, j’essaierai d’envisager ma vie sous un jour meilleur.


Juste pour aujourd’hui je serai sans crainte, mes pensées se concentreront sur mes nouveaux amis,


des gens qui ne consomment plus et qui ont trouvé un nouveau mode de vie. Aussi


longtemps que je suivrai cette voie, je n’aurai rien à craindre.


Témoignages personnels


Narcotiques Anonymes a beaucoup grandi depuis 1953. Les fondateurs de cette fraternité, pour


lesquels nous éprouvons une affection durable et profonde, nous ont beaucoup appris sur la dépendance et


le rétablissement. Les pages suivantes témoignent de nos débuts. La première partie a été écrite en 1965


par l’un de nos premiers membres.


Le rétablissement existe vraiment


Malgré toutes nos différences, comme dépendants, nous nous retrouvons tous dans le même


bateau. Notre vécu peut varier dans les détails, mais au bout du compte, nous avons tous une


chose en commun : la maladie, le dérèglement qu’est la dépendance. Nous connaissons fort bien


les deux éléments de la vraie dépendance : l’obsession et la compulsion. L’obsession – cette idée


fixe qui nous ramène constamment à notre drogue préférée ou à un substitut quelconque, dans


l’espoir de retrouver l’aisance et le bien-être que nous avons connus.


La compulsion – une fois que nous avons relancé le processus par un premier « fix », une


première pilule ou un premier verre, nous ne pouvons plus nous arrêter par notre propre


volonté. À cause de notre sensibilité physique à la drogue, nous retombons alors complètement


sous l’emprise d’une puissance destructrice plus forte que nous.


Quand, finalement, nous nous apercevons enfin de notre incapacité à fonctionner comme un


être humain, avec ou sans drogues, nous sommes tous confrontés au même dilemme. Que nous


reste-il à faire ? Il semble qu’il n’y ait qu’une alternative : continuer du mieux que l’on peut


jusqu’au triste aboutissement (la prison, l’hôpital ou la morgue) ou trouver une autre façon de


vivre. Par le passé, très peu de dépendants ont pu choisir cette dernière possibilité. Aujourd’hui,


ils ont plus de chance. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, une méthode simple


s’est révélée efficace dans la vie de nombreux dépendants. Elle est accessible à tous. Il s’agit


d’un simple programme spirituel et non pas religieux qui s’appelle Narcotiques Anonymes.


Il y a plus de quinze ans*, lorsque ma dépendance m’a amené au point où j’avais entièrement


capitulé et me sentais totalement impuissant et inutile, NA n’existait pas. J’ai découvert les AA


et, dans cette fraternité, j’ai rencontré des dépendants qui avaient trouvé dans ce programme la


solution à leurs problèmes. Mais nous savions que beaucoup continuaient à dévaler la pente de


la désillusion, de la dégradation et de la mort, parce qu’ils étaient incapables de s’identifier avec


les alcooliques dans AA. Certes, ils pouvaient se reconnaître au niveau des symptômes


apparents mais pas à celui, plus profond, des émotions et des sentiments où l’identification joue


un rôle thérapeutique important dans tous les cas de dépendance. Avec plusieurs autres


dépendants et quelques membres des AA qui avaient une grande foi en nous et dans le


programme, nous avons formé en juillet 1953 ce qui s’appelle maintenant Narcotiques


Anonymes. Nous sentions que désormais nous donnions au dépendant, dès le début, des


possibilités d’identification suffisantes pour se convaincre qu’il pouvait demeurer abstinent en


suivant l’exemple de personnes rétablies depuis plus longtemps.


Le temps a montré que c’était là notre plus grand besoin. Ce langage sans paroles, de foi et de


confiance, par lequel nous nous identifions aux autres, et que nous appelons l’empathie, a créé


une atmosphère dans laquelle temps et réalité devenaient tangibles et nos valeurs spirituelles,


perdues depuis longtemps, commençaient à renaître. Dans notre programme de rétablissement,


nous grandissons en force et en nombre. Il n’y a jamais eu dans la société autant de dépendants


abstinents de leur propre gré et libres de se rencontrer où bon leur semble pour continuer à se


rétablir dans une atmosphère de liberté créative totale.


Même les dépendants doutaient que cela pouvait se faire de la manière dont nous l’avions


envisagé. Nous avions commencé à croire à des réunions régulières et ouvertes, et non plus


clandestines comme l’avaient tenté d’autres groupes. Nous avions foi en une méthode


différente de toutes celles essayées auparavant par ceux qui préconisaient un long retrait de la


société. Nous sentions que plus vite le dépendant pouvait faire face à son problème dans le


cadre de la vie quotidienne, plus vite il deviendrait un véritable citoyen productif. Il nous


faudrait un jour ou l’autre nous prendre en main et faire face à la réalité de la vie. Alors,


pourquoi ne pas nous y mettre dès le début ?


Bien sûr, cela a entraîné de nombreuses rechutes et la perte définitive de nombreux


dépendants. Toutefois, un grand nombre ont tenu le coup et certains sont revenus après leur


rechute. Le plus beau, c’est que parmi ceux qui sont à présent membres de NA, beaucoup


vivent dans l’abstinence depuis longtemps et sont mieux à même d’aider les nouveaux. Leur


attitude, basée sur les valeurs spirituelles de nos étapes et de nos traditions, constitue la force


dynamique qui fait grandir notre programme dans l’unité. Maintenant, nous savons qu’il est


temps pour la société et les dépendants eux-mêmes de bannir le préjugé selon lequel un


dépendant ne peut cesser de consommer. Le rétablissement, existe vraiment.


Témoignages personnels


Les pages suivantes sont consacrées aux expériences individuelles de rétablissement écrites par des


membres de la fraternité de NA au Canada, en France et en Suisse.


Membre de NA à part entière


Au Québec, NA n’existait pas encore lorsque j’ai arrêté de consommer. Je suis arrivée au


programme des douze étapes par une autre fraternité à l’âge de 26 ans. Pour plusieurs dépendants,


c’était, à ce moment-là, la seule porte d’entrée vers le rétablissement. J’ai maintenant plusieurs


vingt-quatre heures d’abstinence accumulées et ma vie va beaucoup mieux.


Jeune, lorsque j’habitais chez mes parents, ceux-ci consommaient avec mes tantes et mes


oncles. Au bout d’un certain temps, tout le monde se disputait et cela me faisait peur. Puis ma


mère est décédée, laissant ses deux filles et mon frère. Mon père s’est par la suite remarié avec


une femme qui avait, elle aussi, trois enfants. Ma vie en fut très perturbée. J’ai recherché chez


elle l’amour de ma propre mère, sans évidemment le retrouver intact. Cette dernière était une


belle femme, mais lorsqu’elle consommait de l’alcool, son comportement me faisait honte. Plus


tard, j’ai toutefois reproduit le même type de conduite, ce qui m’a causé honte et regret.


À 14 ans, je me suis mise à consommer de l’alcool lorsque je gardais des enfants le soir. Je


buvais pour l’effet et non pour le goût. Déjà, j’avais un comportement de dépendante.


Mon père, qui était policier, communiquait peu. Par contre, il a engendré chez moi des


comportements déficients à force de me faire sentir stupide et incorrecte, surtout quand je


n’étais pas d’accord avec lui. J’ai consommé en pensant que cela me rendrait moins complexée


et plus intelligente. Je me sentais laide, sans estime de moi et l’alcool est vite devenu une


solution à tous mes problèmes personnels. Sous son effet, je devenais belle, intelligente et


capable de parler aux hommes.


Après 12 ans de consommation d’alcool, de stimulants et d’hallucinogènes, je me suis


retrouvée au bord de la folie, ne sachant plus ce que je disais et oubliant ce que les gens me


racontaient. La consommation n’avait plus d’effet miraculeux puisque je demeurais timide et


incapable de parler aux gens. Je vivais dans une solitude intolérable. Je réalisais que ma vie était


sans joie et je devenais de plus en plus impatiente, agressive et frustrée. Je ne ressemblais plus à


la femme que je voulais devenir, celle qui aimerait et aiderait tout le monde. Je me rappelle


avoir haï ce que j’étais devenue.


Un soir où je n’avais pas consommé, j’ai rencontré un homme dont les yeux étaient pleins de


vie et de lumière. Il m’a appris qu’il était abstinent depuis deux ans et, du même souffle, m’a


demandé si j’avais un problème de consommation. C’est alors que j’ai réalisé que j’avais un


problème. Il m’a aussi parlé d’un programme de douze étapes.


Je n’ai sans doute pas compris qu’il me parlait d’une solution. J’ai donc fait un détour pour


régler mon mal de vivre. J’ai fait du yoga pour me relaxer, j’ai médité et c’est à ce moment-là


que j’ai rencontré la femme qui allait devenir ma marraine pendant les 15 années qui ont suivi.


C’est elle qui m’a amenée aux réunions où j’ai pu prendre du service, me reconstruire


tranquillement et retrouver bien-être et sécurité.


J’ai par la suite vécu une période difficile, reliée au fait que j’allais aux réunions de trois


fraternités, incapable d’adhérer complètement à une seule. À neuf ans et demi d’abstinence, au


moment où j’avais perdu le feu sacré pour les fraternités et comme je désapprouvais les


comportements de certains membres, je me suis mise à délaisser les réunions. C’est alors que j’ai


rencontré un membre rempli de gratitude et d’amour envers NA. J’ai donc recommencé à


assister assidûment à des réunions. L’espoir est revenu et depuis ce temps, je suis une membre


de NA à part entière. Enfin, j’ai trouvé ce que je cherchais, une fraternité qui me soutient dans


mon choix de ne plus consommer aucune drogue dont l’alcool, car l’alcool est une drogue.


Il est certain que j’ai éprouvé quelques difficultés d’adaptation au niveau du langage, mais


j’ai finalement appris que celui-ci est important, car c’est grâce à lui que je peux m’identifier


comme dépendante. Je me suis donc mise à lire les publications et à appliquer dans ma vie ce


que le programme me suggère. Je me suis choisi une marraine dans NA afin de partager


davantage sur ce programme. C’est certain que, dans mon cas, ma marraine a moins de temps


d’abstinence que moi, mais ce n’est pas le plus important. Je l’ai choisie à l’image de ce que je


suis devenue grâce au programme : elle est sensible, elle aime les gens et vit ses étapes. Je


l’appelle tout simplement pour lui dire de passer une bonne journée ou lorsque je suis confuse


afin qu’elle puisse me ramener à ma réalité.


Chaque jour, je pratique la dixième étape qui me permet d’entretenir mon équilibre


psychologique et émotif. Sans cette étape, je pourrais retomber dans la folie comme lorsque je


consommais, car mon égocentrisme a pris force et assurance. Les étapes m’ont appris à


admettre mes torts, à m’excuser, à être vigilante dans mes relations avec mes amis, mes


compagnons de travail et ma famille. J’ai appris que je suis un être égocentrique qui manque


parfois de patience, d’amour, d’honnêteté, d’ouverture d’esprit et qui attend beaucoup des


autres, sans pour autant penser à donner sans condition.


J’ai pu rétablir des liens avec ma sœur avant qu’on ne lui enlève la vie. Elle était avant tout


mon amie, ma confidente. Je croyais en son amour et je l’aimais. J’avais quatre ans d’abstinence


lorsqu’elle a été assassinée et cela m’a blessée jusqu’à l’âme. À ce moment-là, j’ai demandé à


Dieu ce qu’il attendait de moi et je n’ai pas consommé, car déjà j’avais appris à vivre mes


douleurs abstinente. Avant sa mort, j’avais aussi rétabli les liens avec mon père, lui montrant


que je l’aimais avec tous ses défauts. Il a fait de même et plus encore. Puis avant de devenir


orpheline, j’ai appris à aimer ma belle-mère, cette femme courageuse et travailleuse.


Durant toutes ces années de rétablissement, j’ai vu des membres mourir des suites de leur


consommation, perdre leur famille, leur dignité. Je sais que le chemin de la liberté, c’est de vivre


sans consommer et, grâce à ce programme, je suis devenue une adulte responsable et


productive. Je crois en NA, en une puissance supérieure et en toi, le membre qui veut se rétablir.


J’ai eu neuf filleules, mais cela ne fonctionnait pas. C’était trop par rapport au temps que je


pouvais leur accorder. Aujourd’hui, j’en ai cinq. Ce que je vis avec ces femmes m’aide à être


humaine et à demeurer en rétablissement. Ce contact avec elles est précieux, mais sans ma


puissance supérieure, ce serait difficile de vivre ce programme. Je remercie Dieu de m’avoir


dotée d’une bonne volonté et de m’avoir amenée à croire en la fraternité de NA, qui m’a


redonné l’espoir face à la vie.


J’ai de la gratitude envers Narcotiques Anonymes, ses membres, toi le nouveau, la nouvelle,


et envers toi qui es retourné consommer et qui es revenu m’en parler. C’est grâce à vous tous et


à la spiritualité que je demeure abstinente.


Jeune et tout à gagner


Les membres que j’ai rencontrés dans les réunions de NA m’ont intriguée. Grâce à l’attrait


qu’ils avaient, j’ai décidé de croire au programme. J’ignorais que mes premiers pas tremblotants,


ceux qui m’ont conduite à mon porte-clés du nouveau, m’introduiraient dans cette belle


aventure qu’est le rétablissement.


Jeune, j’étais tranquille et réservée. Je collectionnais les mentions d’excellence à l’école. Très


rêveuse, j’entretenais de beaux projets d’avenir et, en apparence, tout laissait croire qu’ils


allaient se réaliser. Cependant, je traînais un complexe d’infériorité que j’attribuais à mon


surplus de poids. Ce sentiment s’est amplifié au début de mon adolescence.


À l’âge de 13 ans, j’ai traversé une crise d’identité : je ne voulais plus être considérée comme


l’intellectuelle de la classe et la petite fille tranquille de papa et maman. Je souhaitais m’intégrer


au sein du groupe rebelle de l’école. Souhaitant me tailler une place parmi eux, je leur donnais


des cigarettes, je les invitais chez moi quand mes parents partaient en voyage. J’étais prête à


tout pour combler mon besoin d’être reconnue. Du même coup, j’ai vite été initiée à l’alcool, aux


drogues et à la sexualité. La fête commençait !


J’ai aussitôt constaté que mes diverses consommations me permettaient de m’extérioriser.


Mes peurs et ma timidité s’envolaient, ce qui me donnait l’impression de devenir une personne


beaucoup plus intéressante. Mes nouveaux comportements ont affolé mes parents, mais j’étais


plutôt indifférente aux problèmes que je causais : seuls mes amis, mon amoureux et ma


consommation m’importaient.


Mes 16 ans ont signifié le début des responsabilités. Pour payer mes consommations, j’ai


occupé mon premier emploi. À cet effet, j’ai adopté une apparence acceptable, au grand


bonheur de mes parents pour qui la réussite sociale était très importante. J’ai investi beaucoup


d’énergie afin de paraître bien, croyant ainsi éliminer mon malaise intérieur. Pourtant, plus je


me sentais mal, plus je consommais et pour compenser ma consommation abusive, je me suis


mise à travailler d’arrache-pied et à exceller davantage à l’école. C’était ma façon de me


déculpabiliser. J’ai fini par me sentir essoufflée par le rythme de vie infernal que je m’imposais.


Je consommais au point de ne plus me souvenir de mes actes, ce qui m’a souvent placée dans


des situations très humiliantes. Difficile à accepter pour une orgueilleuse comme moi ! Au cours


de ces années, j’ai essayé de me prendre en main et je me demandais sérieusement pourquoi ma


vie prenait toujours des allures pitoyables. Je racontais mes déboires à ma sœur aînée, une


personne avec qui j’avais l’habitude de consommer. J’ignorais qu’elle était une dépendante en


rétablissement jusqu’au jour où elle m’a suggéré de l’accompagner à une réunion de


Narcotiques Anonymes. J’ai accepté.


Malgré l’accueil qu’on m’avait réservé à ma première réunion de NA, je m’y étais sentie très


mal à l’aise. J’avais l’impression d’être une intruse parmi tous ces gens qui se connaissaient et je


me demandais pourquoi ils s’intéressaient à moi. J’ai toujours paniqué devant l’inconnu.


Experte dans la justification, j’ai trouvé mille excuses pour ne pas retourner aux réunions ; je me


disais que j’étais beaucoup trop jeune. Le pire, c’est que je me croyais !


Ma maladie a continué de progresser au cours des deux années qui ont suivi. Je fréquentais


mon revendeur de drogue, un homme beaucoup plus âgé que moi et de qui je suis tombée


enceinte. J’étais très douée pour entretenir des relations affectives plutôt malsaines ! Me sentant


indigne d’être mère, je me suis fait avorter. Je ne croyais plus en la vie. J’avais tenté par tous les


moyens de contrôler ma consommation sans résultat. J’étais désespérée. Un jour, en arrivant


chez moi après quelques 24 heures de débauche, j’ai trouvé un dépliant sur ma table de nuit :


Les jeunes et le rétablissement. Je l’ai ouvert en pleurant.


Mes débuts dans Narcotiques Anonymes ont été pénibles. Je me sentais si épuisée. Les


réunions n’arrivaient pas à apaiser mes peurs. J’y retournais tout de même et le fait de


rencontrer chaque jour des dépendants en rétablissement m’a donné la force de rompre avec


mes anciennes fréquentations au contact desquelles je rechutais toujours. Peu à peu, les


réunions de NA sont devenues mon nouveau refuge.


J’ai adopté une réunion fermée qui comptait peu de membres. J’ai commencé à faire le café et


le fait d’accomplir une tâche me valorisait. J’étais incapable de parler, mais j’écoutais


attentivement les membres partager. J’étais si fascinée par ce nouveau vocabulaire : acceptation,


humilité, amende honorable, rejet, ouverture d’esprit et puissance supérieure ! J’allais enfin


apprendre à vivre et j’avais tant à apprendre ! J’ai trouvé, grâce à Narcotiques Anonymes, la


force de demeurer abstinente une journée à la fois. C’est ce qu’on m’avait promis. NA est


devenu ma nouvelle raison de vivre.


En m’intéressant au programme, j’ai appris que je souffrais d’une maladie, ce qui m’a


réconfortée. J’étais gravement malade et non foncièrement méchante. La dépendance m’avait


transformée en ce que je ne voulais pas être : une personne égocentrique, hypocrite, voleuse,


menteuse, manipulatrice, irresponsable, intolérante, ingrate. J’ai pu accepter cette réalité en me


répétant que j’avais dorénavant le privilège de changer et de m’améliorer grâce à ma relation


avec un Dieu d’amour.


Après avoir pris une période de répit où, pour la première fois de ma vie, j’ai pris du temps


pour moi, je suis retournée au travail et aux études. J’arrivais à fonctionner en essayant


d’appliquer mes connaissances nouvellement acquises dans le rétablissement. Je me sentais


plutôt maladroite, particulièrement dans mes relations interpersonnelles. Je m’étais si


longtemps rejetée moi-même que j’avais peine à croire que l’on pouvait m’accepter telle que


j’étais. J’ai persisté, car rien ne pouvait être pire que ce que j’avais vécu auparavant.


J’ai aujourd’hui la liberté de poursuivre mes ambitions, celles que j’avais abandonnées en


cours de route à cause de ma consommation. Je jouis d’une vie bien remplie et aussi longtemps


que mon but ultime sera d’être abstinente, je serai en sécurité. Je dois m’en souvenir. J’essaie


d’assister régulièrement aux réunions. Elles constituent la base de mon nouveau mode de vie. Je


crois aussi que si j’ai été libérée de l’obsession de consommer, ce miracle pourrait se produire


dans les autres domaines de ma vie.


Quand je ne vis pas le programme, j’ai l’impression de subir la vie au lieu d’en profiter


pleinement. Par contre, je n’accuse plus aussi spontanément les faits extérieurs comme étant la


cause de mon malheur. Je m’interroge plutôt sur ma façon de me comporter. De plus,


aujourd’hui, j’ai le droit de me tromper. J’aurais pourtant bien aimé que le rétablissement me


transforme en un être parfait… hélas ! Souvent, je fais fausse route, mais le chemin qui mène au


rétablissement me réserve bien des surprises. Le plus étonnant, c’est qu’il réussit à transformer


mes erreurs en expériences. Je me considère privilégiée d’avoir la chance de me rétablir


aujourd’hui. Je souhaite à tous les dépendants actifs de connaître Narcotiques Anonymes pour


qu’ils sachent qu’ils ne sont plus condamnés à vivre malheureux à cause de la consommation. Je


ne peux que répéter ce que l’on m’a enseigné quand je suis arrivée à la fraternité, c’est-à-dire de


persister quoi qu’il arrive.


Si, à mes débuts, j’ai décidé de croire au programme, c’est parce que je n’avais plus rien à


perdre. Aujourd’hui, si je désire continuer, c’est parce que j’ai tout à gagner. Merci !


NA m’apporte tout ce dont j’ai besoin


Je suis issu d’une famille bourgeoise ayant matériellement tout, mais où les relations entre les


différents membres de la famille sont plutôt malsaines. Mon père, bien qu’ayant beaucoup de


succès dans ses affaires, abuse nettement de l’alcool. Cela fait déjà plusieurs générations que la


maladie de la dépendance fait des ravages dans notre famille, menant même parfois à la mort.


Très jeune, je me suis senti différent, j’étais mal à l’aise dans la plupart des situations de la vie,


plus particulièrement durant les rencontres sociales et familiales. Je me suis donc créé une famille


à part ; je me suis accroché à une poignée d’amis très proches parce que je me sentais en sécurité


parmi eux. À l’âge de 12 ans, j’ai fumé mon premier joint, mais j’avais déjà consommé des


solvants. Je recherchais sans cesse à modifier ce que je ressentais. J’avais trouvé un moyen de me


détendre, de me sentir plus calme et plus à l’aise dans la vie. Une chose m’a pourtant rapidement


étonné : je prenais beaucoup de plaisir à consommer seul le soir, alors que la plupart de mes amis


ne le faisaient pas. Le deuxième joint que j’ai fumé m’a pourtant rendu malade. J’ai dû m’allonger


par terre dans un parking. Cependant, cela ne m’a pas arrêté ; pourtant, c’est ce qu’une personne


sensée aurait sûrement fait. Je pense que j’avais déjà perdu la raison.


Comme la plupart des dépendants, j’avais juré que je ne toucherais jamais à des drogues


dures. À 15 ans, je prenais régulièrement des hallucinogènes et de la cocaïne pour finalement


découvrir ma drogue de choix à 17 ans : l’héroïne. La première fois que j’en ai pris, j’ai été


malade. J’ai vomi toute la soirée, et pourtant, j’en suis tombé amoureux. Enfin je découvrais un


produit qui m’enlevait toutes mes peurs, toutes mes inhibitions, tout mon mal-être. J’étais


soudainement réconcilié avec la vie. Je pense avoir toujours eu une réelle envie de vivre


pleinement heureux, mais j’étais incapable de m’intégrer à ce bas monde. Le plaisir et le


réconfort que me procurait l’héroïne ont été longtemps plus forts que les conséquences


négatives de ma consommation. Assez rapidement, j’ai connu le manque physique, la


dilapidation de mes économies, la vente d’objets précieux, l’abandon de mes amis, l’incapacité à


poursuivre mes études. L’obsession était si forte et si présente en permanence qu’il fallait que je


consomme dès mon réveil. Je n’arrivais pas à fonctionner autrement. J’avais perdu toute


maîtrise de ma vie. J’ai pourtant entrepris une psychothérapie qui n’a pas donné de résultats,


car j’étais beaucoup trop malhonnête. J’ai également entrepris divers sevrages, mais vivre sans


drogues était plus pénible que vivre avec. J’ai suivi un programme de méthadone et cela non


plus ne m’a pas suffi. L’obsession était toujours là, forte, et moi, impuissant face à elle.


Un jour, mon médecin m’a parlé de Narcotiques Anonymes. Un de ses patients y allait et


avait trouvé beaucoup d’aide et de soutien. Je suis donc allé où se trouvait l’unique groupe en


Suisse. J’ai regardé par la fenêtre de la salle et j’ai vu quelques personnes autour d’une table. Je


n’ai pas voulu entrer... j’avais peur d’être obligé de me rétablir. Je ne savais pas que, dans NA, il


n’y a que des suggestions.


Quelques mois de consommation plus tard, ayant perdu beaucoup de poids et jusqu’à la


plupart de mes valeurs morales, j’ai accepté de partir pour un centre de traitement en


Angleterre. Là-bas, on m’a parlé à nouveau de Narcotiques Anonymes. Ce n’était pas un


hasard ! J’ai commencé à fréquenter les réunions de NA.


Après neuf mois de traitement, je suis retourné en Suisse, croyant fermement à ce programme


et à la valeur thérapeutique d’un dépendant en aidant un autre. J’ai donc assisté à une réunion


de NA. Il n’y avait qu’un seul membre présent. Le groupe avait été formé six mois auparavant


et ne comptait que deux membres. J’ai adoré cette réunion. Ce membre a partagé son expérience,


sa force et ses espoirs, et moi, je lui ai raconté ma vie. Malheureusement, il est décédé quelques


années après, victime de la maladie. L’autre membre fondateur devait, quant à lui, décider de


ne pas revenir aux réunions peu après mon arrivée.


J’allais donc aux réunions, mais je ne m’impliquais pas vraiment. Je n’étais pas entièrement


honnête dans mes partages. Je ne suivais pas toutes les suggestions et je m’accrochais à mes


vieilles façons de penser et d’agir ; je n’avais certainement pas complètement baissé les bras. J’ai


finalement rechuté.


Au bout d’un mois d’autodestruction, j’ai réalisé que j’allais vraiment mourir si je continuais


à consommer. Je crois que ma puissance supérieure était là. Avec l’aide de professionnels, j’ai


pris la décision de revenir au programme.


Ma vie a alors vraiment changé. J’ai changé ! J’ai baissé les bras et j’ai admis mon impuissance.


J’ai ressenti la première étape et je l’ai acceptée. Mon rétablissement est devenu ce que j’avais de


plus précieux et de plus important dans ma journée. Je ne savais pas si j’allais vraiment rester


abstinent, mais je savais que, juste pour aujourd’hui, je pouvais le faire. Chaque matin, je


commençais par lire une lecture de rétablissement et prier, puis je me fixais comme objectif


d’aller à une réunion le soir. J’ai appris aussi à utiliser le téléphone, à mettre en pratique dans


ma vie ce qui semblait marcher pour les autres, sans juger, sans critiquer. J’ai mis les principes


au-dessus des personnalités et j’ai demandé de l’aide.


La fraternité suisse à ce moment-là était très petite. Nous avions juste quelques membres


réguliers. J’ai donc pris la décision de fréquenter les réunions d’une autre ville. N’ayant toujours


pas récupéré mon permis de conduire, je dépendais des transports en commun et cela me


prenait 2h 30 pour aller en réunion et le même temps pour en revenir. Mais je dois dire que cela


m’occupait. Au moins, dans ces moments-là, j’avais un but et ne pensais pas à aller consommer.


Je fréquentais aussi une autre fraternité, n’ayant pas assez de réunions de NA dans ma région


pour pouvoir y aller tous les soirs. Aujourd’hui NA m’apporte tout ce dont j’ai besoin.


J’ai rapidement pris part au service, d’abord par nécessité et aussi pour me sentir appartenir à


la fraternité. Pour moi, ce fut la seule façon de vraiment m’intégrer, ayant toujours tendance à


rester distant. J’ai besoin de participer activement. Je redonne ainsi ce qui m’a été donné si


généreusement. J’ai de la gratitude envers NA, pour son existence, pour les amis que je m’y suis


fait. Servir est ma façon d’en témoigner. Je suis passé par presque tous les postes de la structure


de service à mesure que la fraternité a grandi. Je fais moins de service à présent, mais toujours


ma part. J’assiste aux réunions régulièrement, j’ai un parrain que j’utilise et je parraine d’autres


dépendants. Cela fait maintenant plusieurs années que je suis abstinent, moi qui étais si


incertain de la possibilité de me rétablir !


Aujourd’hui, je me sens bien dans NA et j’en ai toujours besoin. Les réunions m’aident à


savoir où j’en suis, à lâcher le contrôle, à retrouver un peu de spiritualité et à ne pas oublier


d’où je viens. L’obsession de consommer m’a été enlevée et c’est le plus beau cadeau que j’ai


reçu ; c’est d’ailleurs la seule promesse que NA m’ait faite, mais à elle seule, elle vaut tous les


efforts du monde. J’ai parfois des envies de consommer, j’y pense, je suis toujours dépendant,


mais elles ne me contrôlent plus, ne m’obligent plus à consommer. Je pratique les étapes du


mieux que je peux, j’y crois fermement, je crois en un Dieu d’amour tel que je le conçois. J’ai la


preuve que ce programme marche puisque je suis là et que j’écris mon histoire, abstinent.


Reviens, ça marche !



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