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Une des questions qu’on nous posa le plus souvent lors du Islamic Awareness Tour (Tournée d’ouverture à l’islam) fut : « Si Dieu existe, quelles raisons avons-nous de croire qu’Il est unique? ».  Cette question est importante car elle touche un concept fondamental de la théologie islamique, à savoir l’unicité de Dieu.  L’unicité de Dieu (tawhid, en arabe) est un thème central, dans le Coran, et constitue le fondement du message de tous les prophètes envoyés par Dieu.  Le Coran décrit la nature de Dieu et Son unicité de manière éloquente dans la 112e sourate :





« Dis : « Je cherche protection auprès du Seigneur des hommes, le Souverain des hommes, Dieu des hommes, contre le mal du tentateur qui murmure et qui s’esquive, qui suggère le mal dans le cœur des hommes, qu’il soit djinn ou être humain. »





Avant que je ne commence à répondre à cette question, j’aimerais souligner que le concept d’unicité, en islam, n’est pas limité à l’unicité de Dieu et à Sa singularité.  Ce concept revêt plusieurs aspects qui incluent la façon dont l’être humain adore Dieu, la façon dont il comprend et conçoit Sa souveraineté, ainsi que Ses noms et attributs.  Et cela ne s’arrête pas là, car ces idées transforment toute la vision du monde d’un individu, tel que l’a écrit, un jour, un penseur du sous-continent :





 « Un croyant… ne peut jamais concevoir les choses de façon étroite.  Il croit en un Dieu qui est le Créateur des cieux et de la terre, qui est Maître de l’Orient et de l’Occident et qui administre l’univers tout entier.  À partir de cette croyance, il ne peut plus considérer quoi que ce soit, dans le monde, comme étranger à lui.  Il voit tout ce que contient l’univers comme appartenant au même Seigneur auquel il appartient lui-même.  Sa sympathie, son amour et son aide ne sont plus confinés à une sphère ou un groupe particuliers.  Sa vision devient vaste, ses horizons intellectuels s’élargissent et sa perception du monde devient aussi libérale et aussi illimitée que le Royaume de Dieu.  Comment une telle largeur d’esprit pourrait-elle être atteinte par un athée, un polythéiste ou une personne qui croit en une déité à laquelle elle attribue des pouvoirs limités et déficients semblables à ceux d’un homme? »





À la lumière de tout cela, on peut répondre à la question sur la singularité et l’unicité de Dieu de diverses manières, qui vont de l’argument théologique à l’argument philosophique.  Voici les 5 arguments qui vous seront présentés :





1.     Le rasoir d’Ockham





2.     L’argument logique





3.     La différenciation conceptuelle





4.     La singularité





5.     La révélation





Le rasoir d’Ockham


Le Coran pose la question de manière rhétorique : « L’univers est-il apparu de lui-même? ».  La réponse semble évidente à cause de la logique métaphysique selon laquelle tout ce qui existe a nécessairement une cause et comme l’univers existe, il doit avoir une cause.  Il serait irrationnel de suggérer plus d’une cause à l’existence de l’univers, car une régression infinie de causes est non seulement improbable, mais impossible, car cette infinité serait absurde dans le réel.  Considérez ces deux exemples :





1.    Il y a un nombre infini de personnes dans une pièce.  Si deux personnes quittent la pièce, combien en reste-t-il?  La réponse est : infini moins deux.  Mais cette réponse est-elle censée?  Non, car dans le monde réel, ce nombre infini vous empêche de compter le nombre de personnes dans la pièce.  C’est pourquoi les mathématiciens Kasman et Newman ont affirmé : « L’infini n’existe pas, du moins dans le même sens où l’on dit : « Il y a des poissons dans l’océan ».





2.   Imaginez que je sois un soldat et que je vois l’ennemi devant moi.  Pour le tirer, je dois demander la permission au soldat derrière moi, mais celui-ci doit également demander la permission au soldat derrière lui et ainsi de suite, à l’infini.  Pourrai-je jamais tirer sur l’ennemi?  La réponse est évidente.  De la même façon, une régression infinie de causes à l’existence de l’univers ferait en sorte qu’il n’y aurait, en premier lieu, pas d’univers du tout.





Ainsi, la conclusion voulant que l’univers ait une cause indépendante et non-causée est plausible, mais on peut encore suggérer une pluralité de causes survenant toutes au même moment.  Mais s’agit-il d’un argument solide?  Pas vraiment, si l’on considère le principe de raisonnement appelé le rasoir d’Ockham, attribué au philosophe franciscain Guillaume d’Ockham (14e siècle).   Selon ce principe, les multiples ne doivent pas être utilisés sans nécessité.  Autrement dit, les hypothèses suffisantes les plus simples sont les plus vraisemblables.





Cela signifie qu’en l’absence de preuves ou lorsque l’on n’a pas besoin de trouver des causes multiples pour expliquer une chose, nous devons nous en tenir à l’explication la plus simple.  Dans le cas qui nous intéresse, nous n’avons aucune preuve pour avancer que la cause de l’univers est en fait une combinaison de deux, de trois ou d’une multitude de causes et c’est pourquoi l’explication la plus simple et la plus exhaustive est que la cause est unique.  Postuler une pluralité de causes n’ajoute rien à la portée de l’argument ni à son poids.  Par exemple, dire qu’une seule cause toute-puissante est à la source de l’univers est aussi exhaustif que d’affirmer que deux causes toutes-puissantes sont à la source de l’univers.  Car une cause toute-puissante est suffisante, justement parce qu’elle est toute-puissante.





Certains rejettent mettent en doute cet argument en affirmant que si nous devions appliquer ce principe aux pyramides d’Égypte, il serait absurde de dire qu’elles furent construites par une seule personne.  Mais c’est là une mauvaise application du principe.  L’explication selon laquelle les pyramides furent construite par une seule personne n’est pas la plus simple ni la plus exhaustive, car elle soulève plus de questions qu’elle n’en résout.  Comment un seul homme aurait-il pu construire, seul, les pyramides?  Il est beaucoup plus logique et raisonnable d’avancer qu’elles furent construites par plusieurs hommes.  Maintenant, quelqu’un pourrait dire que notre univers est si complexe qu’il est absurde de postuler qu’il fut créé par un seul être.  Mais un seul être tout-puissant créant tout l’univers et une explication beaucoup plus simple et cohérente qu’une explication impliquant des causes multiples.  Certains iront plus loin et affirmeront que les pyramides aussi auraient pu être construites par un seul être tout-puissant.  Mais rien, sur cette terre, ne correspond à un être tout-puissant et comme la source de ces pyramides est clairement terrestre, elles ne peuvent avoir été construites que par des êtres terrestres.





L’argument logique


La logique nous dit que si plus d’un Dieu avait créé l’univers, ce serait le chaos total et nous ne retrouverions pas le même niveau d’ordre dans le cosmos.  Certains diront que leur voiture fut fabriquée par plus d’une personne et qu’elle fonctionne parfaitement et qu’il est donc possible de retrouver ordre et stabilité là où plusieurs créateurs se sont mis à l’œuvre.





Pour répondre à cette objection, il faut d’abord comprendre que la meilleure explication à l’origine de l’univers est le concept de Dieu et non pas celui de « designer » ou de « créateur ».  S’il existe une possibilité de plusieurs designers ou créateurs, tel que démontrée dans l’exemple de la voiture, il ne peut y avoir plus d’un Dieu.  Cela parce que Dieu, par définition, est un être possédant une volonté illimitée et que s’il y avait plus d’un Dieu, leurs volontés s’affronteraient inévitablement, ce qui créerait un véritable chaos.  Certains diront qu’ils peuvent s’entendre pour diviser leur travail, mais cela signifierait que leurs volontés deviendraient limitées et si tel était le cas, ils ne seraient plus, par définition, des dieux!





Cela est bien expliqué par Ibn Abi Al-Izz, dans son commentaire de ‘Aqidah at-Tahawiyyah:





 « L’argument qu’ils avancent le plus souvent est l’argument d’exclusion, qui va comme suit : s’il y avait deux créateurs et qu’ils n’arrivaient pas à s’entendre sur une chose (l’un voudrait déplacer telle chose, mais l’autre s’y opposerait ou l’un voudrait créer un être, mais l’autre refuserait, etc), alors logiquement, il n’y a que trois possibilités pour résoudre ce problème.  La première est que la volonté des deux créateurs soit appliquée; la deuxième, que seule la volonté d’un des créateurs soit appliquée et la troisième, que la volonté de ni l’un ni l’autre ne soit appliquée.  La première ne peut être retenue, car deux volontés contraires ne peuvent être appliquées.  La troisième est également à rejeter, car rien ne se produirait, dans l’univers, et cela impliquerait également qu’aucun des deux n’est en mesure d’appliquer sa volonté, ce qui en fait des êtres qu’on ne peut définir comme divinités.  Enfin, si la volonté d’un seul des deux est appliquée, lui seul mérite le titre de Dieu et celui dont la volonté n’est pas appliquée ne peut être considéré comme un Dieu. »





Différenciation conceptuelle


Qu’est-ce qui nous fait comprendre les différences et la dualité?  Comment faisons-nous la distinction entre deux personnes marchant sur la rue?  La réponse se trouve dans ce qu’on appelle la différenciation conceptuelle.  Ces concepts incluent l’espace, la distance, la forme et les caractéristiques physiques.  Considérez le diagramme suivant :





http://www.hamzatzortzis.com/wp-content/uploads/conceptualdifferentiaition.png





La raison pour laquelle vous arrivez à percevoir deux objets, dans ce diagramme, est qu’ils sont de couleurs, de tailles et de formes différentes et qu’il y a une distance entre eux.  En l’absence de ces caractéristiques, arriveriez-vous à percevoir ces objets?  Non, car elles sont essentielles pour que vous arriviez à percevoir les choses.  Maintenant, comme la cause de l’univers se trouve à l’extérieur de l’univers (si la cause faisait partie de l’univers, cela voudrait dire que l’univers s’est créé lui-même, ce qui est absurde, car il faudrait qu’à un moment donné, l’univers ait à la fois existé et non-existé), on peut supposer qu’elle ne possède pas de différenciateurs conceptuels comme la distance, la forme, la couleur et la taille, car ces concepts n’ont du sens qu’au sein de l’univers.  Alors s’il n’y a pas ce différenciateurs conceptuels, nous ne pouvons prétendre à une multitude de causes, car il est impossible de percevoir la pluralité ou la multiplicité en l’absence de ces concepts.





Si vous n’avez aucun concept pour reconnaître une pluralité de causes, cela signifie-t-il que même une cause unique ne peut exister?  Non, car s’il n’y avait pas de cause à l’univers, cela voudrait dire que l’univers, dans les termes de Bertrand Russell, « est tout simplement là et c’est tout ».  Cela voudrait dire que l’univers est infini, ce qui n’est pas le cas, puisqu’il a connu un début.  C’est ainsi qu’une cause unique et indépendante est nécessaire pour expliquer le fait que l’univers a commencé à exister, un jour, et qu’une pluralité de causes ne peut être perçue en l’absence de différenciateurs conceptuels.





Unicité


La cause de l’univers doit être unique, comme le dit le Coran : « Rien ne Lui ressemble ».  Si la cause de l’univers n’était pas unique, cela voudrait dire qu’il y a des similitudes entre l’univers et sa propre cause.  Cela est impossible, car il faudrait alors que la cause de l’univers soit incluse dans l’univers lui-même (si vous définissez l’univers comme la somme de toutes les choses), ce qui signifierait que l’univers s’est créé lui-même.  Certains demanderont : pourquoi la cause de l’univers ne doit-elle pas ressembler à l’univers?  Parce que cette cause doit être immatérielle, puisqu’elle a créé la somme de tout ce qui est matériel (l’univers lui-même).  Un autre principe qui soutient cet argument est la première loi de thermodynamique, qui affirme que l’énergie ne peut être créée ni détruite ou, en d’autres termes, que l’énergie (i.e. la matière) ne peut se créer elle-même.  Si la cause était matérielle, alors cela défierait ce principe.  On doit donc conclure que la cause de l’univers est immatérielle et, par conséquent, unique.





Comment cela est-il relié à l’unicité de Dieu?  S’il y avait plus d’une cause à l’univers, elles ne seraient pas uniques.  Et si l’on suppose qu’il pourrait y avoir deux causes immatérielles plutôt qu’une, je vous répondrais que cela va à l’encontre du principe du rasoir d’Ockham.








Comment savons-nous que Dieu est unique? Une perspective philosophique et théologique (partie 3 de 3)


Marqué comme À propos de Dieu





L’existence de Dieu et Son Unicité se reconnaissent par la raison et la révélation.  Dans cette troisième partie, nous expliquons que l’unicité de Dieu et Sa nature sont connues à travers la révélation.


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Hamza Andreas Tzortzis


Hamza Andreas Tzortzis


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Révélation


Une manière plus simple de démontrer l’unicité de Dieu consiste à étudier la révélation.  L’argument, ici, est que si Dieu S’est présenté à l’humanité par l’intermédiaire d’une révélation et que l’on peut prouver que cette révélation émane de Lui, alors ce qu’Il dit à Son sujet est nécessairement vrai.  La question que pose inévitablement le non-croyant ou l’agnostique est : comment savez-vous que Dieu S’est manifesté à l’humanité et sous quelle forme cette révélation existe-t-elle?





Premièrement, il n’y a que deux manières de savoir si Dieu S’est manifesté ou non à l’humanité : extérieurement et intérieurement.  Ce que j’entends par « intérieurement », c’est qu’une personne peut découvrir et comprendre Dieu par simple introspection et intériorisation.  Et ce que j’entends par « extérieurement », c’est qu’une personne peut découvrir Dieu par la communication avec l’entourage et par les signes apparents dans l’univers.  Découvrir Dieu intérieurement, toutefois, n’est pas très plausible et ce, pour les raisons suivantes :





1.    Les êtres humains sont différents.  Ils ont ce que les psychologues appellent des différences individuelles, qui incluent l’ADN, l’expérience, le contexte social, les capacités intellectuelles et émotionnelles et le genre, entre autres.  Ces différences jouent un rôle dans notre habileté à internaliser par l’introspection ou l’intuition et le résultat de cette introspection ne peut donc que différer d’un individu à l’autre.  Alors s’il fallait compter sur ce processus pour découvrir et comprendre le Créateur, il y aurait d’inévitables différences dans notre façon de Le concevoir.  Cela est vrai même d’un point de vue historique, car si l’on remonte à plus de 6000 ans avant notre ère jusqu’à nos jours, il existe des écrits recelant plus de 3700 noms et concepts différents pour désigner Dieu!





2.    Comme la méthode utilisée pour conclure de l’existence de Dieu est une méthode de « gros bon sens », ou ce que les philosophes appellent la pensée rationnelle et ce que les musulmans appellent pensée innée, tenter de découvrir Dieu « intérieurement » ne peut mener qu’à l’erreur.  Cela parce que les conclusions auxquelles nous pouvons parvenir en faisant de l’univers la preuve de cette cause indépendante et transcendantale est que cette cause doit être éternelle, unique et puissante; tout le reste ne peut être que spéculation.  Le Coran demande : « Pourquoi dites-vous de Dieu ce dont vous n’avez aucune connaissance? ».  Tenter d’internaliser ce qu’est Dieu équivaudrait à une souris tentant de penser comme un éléphant.  L’être humain n’est pas éternel, unique et puissant et ne peut donc conceptualiser Dieu.  Et c’est pourquoi Dieu Se manifester et Se décrire à lui par révélation.





Prenez l’exemple suivant : on frappe à votre porte et vous en concluez, évidemment, que quelqu’un se trouve de l’autre côté de cette porte.  Mais savez-vous qui?  Vous n’attendiez personne, alors vous demandez « qui est là? » pour le découvrir.  Et la seule façon, pour vous, de savoir qui est derrière cette porte est que la personne en question vous le dise.  Vous pouvez donc conclure que si Dieu a transmis quoi que ce soit à l’être humain, ce doit être en utilisant un moyen extérieur.





D’un point de vue islamique, cette communication ouverte est le Coran, car il s’agit du seul texte affirmant provenir de Dieu qui répond aux critères de texte divin.  Ces critères incluent :





1.    Que le texte doit être en accord avec les conclusions rationnelles et intuitives sur Dieu.  Par exemple, si un livre dit que Dieu est un éléphant doté de 40 bras, votre raison vous dira que ce livre ne provient pas de Dieu, car Dieu n’est pas inclus dans Son propre univers.





2.    Que le texte doit être intérieurement et extérieurement cohérent.  Autrement dit, s’il dit, à la page 20, que Dieu est unique et, à la page 340, que Dieu est trois, il s’agit d’une incohérence interne.  Si le livre dit que l’univers n’a que 6000 ans, il s’agit d’une incohérence externe, car nous savons, dans la réalité, que cela est faux.





3.    Que le texte doit contenir des indicateurs de transcendance.  Autrement dit, il doit contenir des preuves nous démontrant qu’il provient bel et bien de Dieu.





 





Le Coran – que nous n’étudierons pas en profondeur dans cet article – ne peut être expliqué de manière naturelle, mais seulement de manière surnaturelle.  Certains indicateurs de cette caractéristique du Coran sont :





a.    Son inimitabilité linguistique et littéraire





b.    Ses références historiques qui ne pouvaient être connues de l’homme au moment de la révélation





c.    Ses descriptions de certains phénomènes naturels qui n’étaient pas connus de l’homme à l’époque de sa révélation





Bref, comme la seule façon de connaître Dieu et Son message à l’humanité est par l’intermédiaire d’une révélation – et que l’on démontre que cette révélation est le Coran – alors ce que le Coran dit, au sujet de Dieu, est nécessairement vrai.  Dans le contexte de cette discussion, le Coran dit, entre autres : « Sache que Dieu, ton Seigneur, est unique ».





Conclusion


C’étaient là quelques arguments que l’on peut présenter pour démontrer l’unicité de Dieu.  L’unicité de Dieu ne se limite pas au fait d’être Un; la croyance en cette unicité est intimement reliée à la façon de L’adorer, à Sa souveraineté, à Ses noms et attributs, choses qui ne peuvent être appréciées qu’en méditant sur le monde qui nous entoure et sur le sens des versets du Coran et en appliquant, au jour le jour, l’essence même de son message.



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