Deuxième raison : ses annonces se sont réalisées
Il y a plus de quatorze siècles, le prophète de l'islam a fait cette
annonce : « L’Heure ne sonnera pas avant que la péninsule arabique
ne retrouve sa verdure et ses rivières d’antan. »1
De ces paroles du Prophète, l’on déduit deux choses : la première
est que, à une époque déterminée, l’Arabie fut verte et traversée de
rivières, la seconde est qu’elle le redeviendra dans l'avenir.
« L’Arabie verte » (Green Arabia) est précisément le nom de la
conférence qui s’est tenue le 24 avril 2014 dans la ville d’Oxford,
sous l’égide de la School of Archaeology de l’Université d’Oxford.
Cette conférence, à laquelle ont participé des archéologues et des
climatologues du monde entier, avait notamment pour but de
présenter, à mi-parcours, les résultats du projet Palaeodeserts.
Ce projet, qui a mobilisé plus de 30 universitaires issus d’une
douzaine d’institutions et de sept pays, et qui a bénéficié d’une
subvention de 2,4 millions d’euros du Conseil européen de la
recherche, devait étudier le lien entre l’histoire de l’Humanité et les
changements climatiques intervenus au cours des siècles dans la
péninsule arabique. L’équipe Palaeodeserts, basée à l’Institut Max
Planck pour la science de l’histoire humaine en Allemagne, a travaillé
dans diverses disciplines telles que la paléontologie, la géographie, la
géochronologie ou la génétique animale et humaine.
Voici les conclusions de la conférence : le climat tempéré de la
péninsule arabique à une certaine époque de l’Histoire, avec la
présence de centaines de lacs, de rivières et de prairies, en avait fait
un endroit adapté à l’installation de nos ancêtres venant d’Afrique,
berceau de l’humanité, avant que ces groupes humains n’essaiment
dans les autres régions de la terre. Le professeur Michael Petraglia,
responsable du projet Palaeodeserts, a expliqué : « Nous l’avons
appelé L’Arabie verte parce que, plusieurs fois dans le passé, l’Arabie
1 Recueil de Mouslim, 1687.
22
saoudite fut verte, avec des prairies, des paysages boisés, des rivières
et des lacs. »
Michael Petraglia, co-directeur du Centre pour l’Archéologie
Asiatique à l’Ecole d’Archéologie de l’Université d’Oxford, explique
comment est né ce projet : « A partir de photos de la Nasa prises du
désert d’Arabie, nous avons pu voir tout un réseau sous-terrain de
vallées fluviales et d’anciens bassins lacustres. »
Les conclusions de la conférence et les résultats du projet
Palaeodeserts ont été largement relayés par la presse scientifique et
même par les médias non spécialisés. Ainsi, sous le titre : L’Arabie
verte joue un rôle clé dans l’évolution humaine, le site de la BBC publiait le
16 septembre 2015 un article de Sylvia Smith où l’on pouvait lire :
« Les scientifiques ont mis en lumière le rôle central joué par la
péninsule arabique dans l’exode de l’humanité à partir de l’Afrique.
Loin d’être un désert, l’Arabie était autrefois recouverte d’une
végétation luxuriante et traversée de rivières, offrant ainsi un riche
terrain de chasse à nos ancêtres. » La journaliste a cité le chef du
projet, Michael Petraglia : « La technologie innovante du satellite a
permis de cartographier plus de 10 000 lacs à travers l’Arabie, y
compris sous le désert aride du Néfoud. »
Avant même la tenue de la conférence, le 23 Février 2015, la BBC
publiait un article de Michael Marshall qui écrivait : « L’Arabie est
aujourd’hui un terrible désert, mais elle était autrefois luxuriante et
aurait même pu accueillir les premiers groupes humains ayant quitté
l’Afrique. » Résumant les résultats obtenus par le groupe
Palaeodeserts, le journaliste écrit : « Les conclusions de son équipe
suggèrent que la mousson se propage en Arabie tous les 23 000 ans,
permettant ainsi aux plantes et aux animaux de s’épanouir à
intervalles réguliers dans cette région. »
Les scientifiques ont donc établi un lien entre, d’une part,
l’existence en Arabie à une époque donnée d’un climat tempéré, de
terres verdoyantes, de rivières et d’animaux, et d’autre part
l’installation de groupes humains ayant quitté le continent africain
23
pour s’installer en Arabie avant d’essaimer vers le reste du monde
lorsqu’un nouveau changement climatique s’est opéré.
Dans un article publié sur le site du New York Times, le 2
novembre 2018, Nicholas St. Fleur confirme que les traces d’une
ancienne activité humaine découvertes dans le désert saoudien
suggèrent que les premiers hommes qui se sont installés ont trouvé
une région qui ressemblait à la savane est-africaine qu’ils ont laissée
derrière eux. Il écrit notamment : « Sous le sable du désert d’Arabie
se trouvent les preuves d’un passé plus humide et plus vert de la
péninsule. Les fossiles d’éléphants, d’antilopes et de jaguars,
disparus depuis longtemps, laissent envisager non pas une région
aride mais une savane florissante parsemée de points d’eau. »
Le journal émirati de langue anglaise, The National, dans un
article consacré à la conférence d’Oxford, cite le professeur
Petraglia : « Nous avons maintenant des preuves de cycles répétitifs
à travers l’Histoire entre l’humidité et la sécheresse. Nous avons
l’aridité et la formation de déserts, mais qui sont suivies de
l’humidité et de la formation de lacs et de rivières. Cet
environnement a attiré des populations à travers le Sahara et
jusqu’en Arabie. On peut prédire que dans l’avenir les périodes
humides réapparaîtront à travers le Sahara et l’Arabie. »
Non seulement l’Arabie fut verte, et à plusieurs reprises dans son
histoire, mais elle le redeviendra, très précisément comme annoncé
par le Prophète.
Lors de la conférence d’Oxford, Rick Potts et Adrian Parker ont
tenté d’expliquer comment se sont produits ces cycles climatiques :
« La péninsule se situe au confluent de trois systèmes climatiques
majeurs : les vents d’ouest de la Méditerranée, les moussons estafricaines
et les moussons indiennes. Ces deux derniers constituent
en particulier une « zone de convergence intertropicale » puissante
qui, lors des périodes interglaciaires, s’est déplacée vers le nord
depuis sa position actuelle, apportant de l’eau et de la vie à la
24
péninsule arabique. Cela a été clairement démontré par Richard
Jennings à l’aide de modèles climatiques mondiaux. »
Dans un article publié dans la revue Science le 29 août 2014,
Andrew Lawler confirme : « Les modèles climatiques suggèrent que
durant les périodes interglaciaires, ce verdissement s’étend à travers
la péninsule. Selon les modèles, le système de mousson glisse ensuite
vers le nord, inondant ce qui est maintenant le désert pendant
plusieurs milliers d’années ou plus encore avant de reprendre sa
route plus typique vers le sud. » Plus loin, il écrit : « Pendant les
périodes humides, les lacs se sont remplis, les rivières ont coulé et
l’Arabie a connu un environnement semblable à celui de la savane
est-africaine. Il ajoute : « Il pourrait y avoir des dizaines de milliers
d’anciens lacs et de zones humides en Arabie datant des périodes
humides, explique Paul Breeze du Collège Royal de Londres, un
hydrologue qui a déjà identifié 1 300 sites de paleolacs et de zones
humides dans seulement 10% de la péninsule arabique. » Reliant ces
phénomènes climatiques à l’annonce du Prophète, Andrew Lawler
écrit : « Selon le prophète Muhammad, le Jour du jugement ne
viendra pas “avant que la péninsule arabique ne retrouve sa verdure
et ses rivières”. L’idée que les dunes de sable et les montagnes nues
d’Arabie étaient autrefois verdoyantes a longtemps exigé un acte de
foi. » Autrement dit : il ne s’agit plus aujourd’hui d’une simple
croyance, mais d’une réalité scientifique.
Rien ne pouvait indiquer au Prophète que l’Arabie, l’une des
régions les plus arides de la terre, fut verte et humide dans un
lointain passé et qu’elle deviendrait à nouveau, dans l'avenir, une
terre baignée de rivières et à la végétation verdoyante.
Troisième raison : sa religion n’a cessé de progresser
L’orientaliste italienne Laura Veccia Vaglieri nous décrit
l’expansion de l’islam à ses débuts : « Un tel phénomène n’avait
jamais été observé auparavant dans l’Histoire. Il est difficile
d’apprécier la vitesse à laquelle l’islam a accompli ces conquêtes et
de quelle manière la religion de quelques hommes enthousiastes est
25
devenue celle de millions d’individus. C’est encore une énigme pour
l’esprit humain de comprendre les forces secrètes qui ont permis à
ces bédouins de triompher de peuples qui leur étaient supérieurs par
la civilisation, la richesse, l’expérience et la capacité à mener la
guerre. »1
Certains n’ont pas hésité à qualifier de miracle l’expansion de
l’islam à son avènement. C’est le cas de l’écrivain et journaliste suisse
Roger du Pasquier qui écrit : « Un autre miracle de l’Islam a été son
expansion foudroyante dans les deux premiers siècles suivant la
mission du Prophète. En effet, la rapidité des conquêtes arabes, leur
étendue immense et plus encore la faiblesse des moyens mis en
oeuvre par rapport aux résultats obtenus ont frappé le monde de
stupeur et déconcerté les historiens qui en ont souvent relevé
l’aspect « impénétrable et mystérieux ». Il existe assurément d’autres
exemples de conquêtes vastes et soudaines, mais en général, tous les
empires rapidement constitués se désagrégèrent aussi rapidement et
ne survécurent guère à leur fondateur. »2
Alphonse de Lamartine présente également le triomphe de l’islam
comme un miracle : « Jamais homme ne se proposa volontairement
ou involontairement un but plus sublime, puisque ce but était
surhumain : saper les superstitions interposées entre la créature et le
Créateur, rendre Dieu à l’homme et l’homme à Dieu, restaurer l’idée
rationnelle et sainte de la Divinité dans ce chaos de dieux matériels
et défigurés de l’idolâtrie. Jamais homme n’entreprit, avec de si
faibles moyens, une oeuvre si démesurée aux forces humaines,
puisqu’il n’a eu, dans la conception et dans l’exécution d’un si grand
dessein, d’autre instrument que lui-même et d’autres auxiliaires
qu’une poignée de barbares dans un coin du désert [...] Si la grandeur
du dessein, la petitesse des moyens, l’immensité du résultat sont les
trois mesures du génie de l’homme, qui osera comparer
1 An Interpretation of Islam, Laura Veccia Vaglieri, Goodword Books, New Delhi,
2004, p. 18.
2 Découverte de l’islam, Roger du Pasquier, éditions Les trois continents, 1985, p. 64.
26
humainement un grand homme de l’histoire moderne à Mahomet ?
Les plus fameux n’ont remué que des armes, des lois, des empires ;
ils n’ont fondé (quand ils ont fondé quelque chose) que des
puissances matérielles écroulées souvent avant eux. Celui-là a remué
des armées, des législations, des empires, des peuples, des dynasties,
des millions d’hommes sur un tiers du globe habité ; mais il a remué
de plus des autels, des dieux, des religions, des idées, des croyances,
des âmes ; il a fondé, sur un livre dont chaque lettre est devenue loi,
une nationalité spirituelle qui englobe des peuples de toute langue et
de toute race, et il a imprimé, pour caractère indélébile de cette
nationalité musulmane, la haine des faux dieux, et la passion du Dieu
un et immatériel. Ce patriotisme, vengeur des profanations du ciel,
fut la vertu des enfants de Mahomet : la conquête du tiers de la terre
à son dogme fut son miracle, ou plutôt ce ne fut pas le miracle d’un
homme, ce fut celui de la raison. »1
Laura Veccia Vaglieri, quant à elle, voit dans l’expansion initiale de
l’islam une sagesse divine : « Décontenancés par de si profonds
changements politiques et religieux, certains se sont demandé ce qui
pouvait en être la cause. Beaucoup d’entre eux, ne voyant pas ou ne
voulant pas voir la réalité, ont désespérément cherché, se perdant
longuement en conjectures, ne pouvant réaliser que seule une force
divine pouvait avoir donné une impulsion à un mouvement d’une
telle ampleur, refusant d’admettre que seule la sagesse divine pouvait
expliquer la mission de Muhammad, le dernier des grands
prophètes-législateurs, celui qui a clos à jamais leur lignée, une
mission universelle pour toute l’humanité sans distinction de
nationalité, de pays ou de race. Aveugles ou ne voulant pas voir, ils
n’ont cessé de propager des préjugés sur l’islam, accusé de violence,
d’avoir été imposé par l’épée, d’être intolérant. Muhammad luimême
fut accusé d’être un imposteur, un homme cruel et adonné à
la luxure. Ils ont tenté de dénigrer son admirable réforme sociale et
religieuse. Ils ont essayé de faire passer ses compagnons, les
1 Histoire de la Turquie, Lamartine, Librairie du constitutionnel, Paris, 1854, tome
1, p. 276-278.
27
hommes les plus dévots, pour des individus uniquement préoccupés
par des intérêts bassement matériels. »1
Au 18ème siècle, Boulainvilliers présentait déjà le Prophète comme
un messager inspiré, envoyé par Dieu dans le dessein de confondre
les chrétiens et de propager la connaissance de l’unicité de Dieu de
l’Inde à l’Espagne : « Puisque si la fortune de ce personnage s’est
faite sans moyens naturels, le succès n’en peut être qu’à Dieu que les
impies accuseront d’avoir induit en erreur une moitié du monde, et
détruit violemment sa propre révélation. »2
Le croyant ne peut en effet que s’interroger sur les causes des
succès initiaux de l’islam et de sa progression actuelle. Est-il
pensable que le Dieu de justice ait permis et permette encore une
telle expansion de l’islam s’il n’était pas la religion qu’il a voulue pour
l’humanité ? D’autant que l’avènement de l’empire musulman
semble être l’accomplissement de sa promesse faite à Abraham, à
l'égard de son fils Ismaël, ancêtre des Arabes, comme le
reconnaissent nombre de rabbins. Ainsi, on peut ainsi lire dans la
traduction de la Torah aux éditions Edmont J.Safra, ce commentaire
de Rabbi Bekhaye qui cite Rabbi Khanael, deux éminents rabbins
du 13ème et 11ème siècles au sujet de la promesse faite à Abraham en
Genèse 17, 203 : « Nous voyons que l’accomplissement de la
promesse faite ici à Ichmaël (Ismaël) a mis 2333 ans à s’accomplir
[avec l’essor de l’Islam au septième siècle de l’ère courante]. »4 Le
commentaire entre crochets est celui des rabbins contemporains qui
ont collaboré à cette édition, qui clarifient donc l’explication de
Rabbi Bekhaye qui cite lui-même Rabbi Khanael. Selon ces rabbins,
1 An Interpretation of Islam, Laura Veccia Vaglieri, Goodword Books, New Delhi,
2004, p. 22.
2 La Vie de Mahomed, Henri de Boulainvilliers, Amsterdam, P. Humbert, 1730, p.
179.
3 Voici le passage en question : « A l’égard d’Ismaël, je t’ai exaucé. Voici, je le
bénirai, je le rendrai fécond, et je le multiplierai à l’infini. Il engendrera douze
princes, et je ferai de lui une grande nation. »
4 Le Houmach, éditions Edmont J.Safra, 2014, p. 79.
28
en promettant à Abraham de faire d’Ismaël une « grande nation », le
Seigneur annonce l’avènement de la nation musulmane et donc de
son prophète : Mohamed, le plus illustre de ses descendants.
Voltaire nous rappelle que rien ne se produit sur terre sans la
volonté du Créateur de l’univers : « Le plus grand changement que
l’opinion ait produit sur notre globe fut l’établissement de la religion
de Mahomet. Ses musulmans, en moins d’un siècle, conquirent un
empire plus vaste que l’empire romain. Cette révolution, si grande
pour nous, n’est, à la vérité, que comme un atome qui a changé de
place dans l’immensité des choses, et dans le nombre innombrable
de mondes qui remplissent l’espace ; mais c’est au moins un
événement qu’on doit regarder comme une des roues de la machine
de l’univers, et comme un effet nécessaire des lois éternelles et
immuables : car peut-il arriver quelque chose qui n’ait été déterminé
par le Maître de toutes choses ? Rien n’est que ce qui doit être. »1
Quatrième raison : certaines de ses attitudes et de ses
qualités
Son attitude à la mort de son fils
Voici un épisode de la vie de Mohamed qui dément l’opinion selon
laquelle il fut un imposteur : le jour où son fils Ibrahim mourut en
bas âge, une éclipse solaire se produisit. Certains, parmi les
musulmans, pensèrent que le soleil s’était éclipsé en raison de la
mort du fils du Prophète. Mais celui-ci déclara : « Le soleil et la lune
ne sont que deux signes parmi les signes de Dieu. Leur éclipse ne se
produit ni pour la mort, ni pour la naissance d’un homme. »2
Les Arabes croyaient en effet à cette époque que le soleil et la lune
s’éclipsaient à la mort d’un personnage important. Le Prophète -
comme n’aurait pas manqué de le faire un imposteur - n’a pas
cherché à tirer profit de cette éclipse qui coïncida avec la mort de
1 Remarque pour servir de supplément à l’Essais sur les Moeurs, dans OEuvres complètes de
Voltaire, éditions Moland, 1875, tome 24, p. 588.
2 Recueil de Boukhari, hadith 1044.
29
son fils. Il aurait pu se contenter de se taire et de laisser dire, sans
être considéré comme un menteur. Mais il a fait mieux que cela,
combattant cette superstition sans tirer avantage de la situation. Le
journaliste français Emile Dermenghem, auteur de La vie de Mahomet,
considère l’attitude de Mohamed au moment de la mort de son fils
comme la meilleure preuve de sa sincérité, affirmant, à raison, que
de telles paroles ne peuvent émaner d’un imposteur.
Son attitude lors de l’hégire
Preuve de la foi sincère de Mohamed, la manière dont il
s’abandonnait à Dieu en toute chose. Ainsi, lors de son émigration
à Médine en compagnie d’Abou Bakr, les deux hommes trouvèrent
refuge dans une grotte où ils se dissimulèrent trois jours en attendant
que les recherches baissent d’intensité. Certains païens passèrent si
près des deux hommes qu’Abou Bakr lui chuchota : « Si l’un d’entre
eux regarde en direction de ses pieds, il nous verra. » Le Prophète le
rassura : « Que penses-tu, Abou Bakr, qu’il puisse arriver à deux
hommes avec lesquels se trouve Dieu ? »1
Son attitude avec l’aveugle venu l’interroger
Plus d’une fois dans le Coran, le Prophète se voit reprocher son
comportement par son Seigneur, comme dans le passage suivant :
« Le visage renfrogné, il s’est détourné de l’aveugle qui était venu
l’interroger. Qu’en sais-tu ? Tes paroles l’aideront peut-être à se
purifier et il se peut que tes exhortations lui soient d’une grande
utilité. Quant à celui qui croit pouvoir se passer de la vérité, tu
n’hésites pas à aller à sa rencontre pour lui parler. Or, tu n’auras pas
à répondre de son refus de se purifier. Mais celui qui, poussé par la
seule crainte de Dieu, s’empresse vers toi, tu ne te soucies guère de
son cas ! N’agis plus ainsi ! »2
Les biographes du Prophète relatent qu’un aveugle s’approcha un
jour de Mohamed qui était occupé à convaincre certains notables de
1 Recueil de Mouslim, hadith 1854.
2 Coran 80, 1-11.
30
la Mecque du bien-fondé de l’islam. L’aveugle interrompit le
Prophète en lui réclamant certains enseignements religieux. Le
Prophète, fronçant les sourcils, se détourna alors de l’aveugle dont
il connaissait la foi, préférant continuer à s’entretenir avec les
notables de la Mecque dont il espérait gagner les coeurs à l’islam. Le
Prophète fut donc blâmé dans cette sourate pour sa réaction.
Son renoncement à ce monde
Un jour, Omar, celui qui deviendra le second calife de l’islam, se
présenta au Prophète qu’il trouva sur une natte de feuilles de dattier
qui avait laissé des traces sur son flanc. Les yeux débordant de
larmes, Omar lui dit : « Envoyé de Dieu ! Regarde comment vivent
les empereurs perse et byzantin, et comment toi tu vis, alors que tu
es l’élu de Dieu. » Le Prophète, qui était allongé, s’assit et lui
répondit : « Ne serais-tu pas satisfait qu’ils obtiennent ce bas monde
et nous l’au-delà ? »1
Quelques citations d’Occidentaux à son sujet
Napoléon, alors en exil sur l’île de Saint Hélène, a prononcé des
paroles sur l’islam qui en surprendront plus d’un : « Puis enfin, à un
certain moment de l’histoire, apparut un homme appelé Mahomet.
Et cet homme a dit la même chose que Moïse, Jésus, et tous les
autres prophètes : il n’y a qu’Un Dieu. C’était le message de l’Islam.
L’Islam est la vraie religion. Plus les gens liront et deviendront
intelligents, plus ils se familiariseront avec la logique et le
raisonnement. Ils abandonneront les idoles ou les rituels qui
supportent le polythéisme, et ils reconnaîtront qu’il n’y a qu’Un
Dieu. Et par conséquent, j’espère que le moment ne tardera pas où
l’Islam prédominera dans le monde. »2
Napoléon, toujours, affirme : « Mahomet fut prince ; il rallia ses
compatriotes autour de lui. En peu d’années, ses Moslems
1 Recueil de Boukhari, hadith 3629.
2 Correspondance de Napoléon 1er- Journal inédit de Sainte Hélène, de 1815 à 1818 (Général
Gourgaud), Napoléon Bonaparte, éditions Comon et cie, 1847, tome 5, p. 518.
31
conquirent la moitié du monde. Ils arrachèrent plus d’âmes aux faux
dieux, culbutèrent plus d’idoles, renversèrent plus de temples païens
en quinze années, que les sectateurs de Moïse et Jésus-Christ ne l’ont
fait en quinze siècles. Mahomet était un grand homme. »1
Selon Napoléon, donc, « l’Islam est la vraie religion » et Mohamed
« un grand homme ». Peut-on être plus élogieux ?!
De même, le sociologue français Gustave Le Bon ne tarit pas
d’éloges sur le Prophète : « S’il faut juger de la valeur des hommes
par la grandeur des oeuvres qu’ils ont fondées, nous pouvons dire
que Mahomet fut un des plus grands hommes qu’ait connus
l’histoire. Des préjugés religieux ont empêché bien des historiens de
reconnaître l’importance de son oeuvre ; mais les écrivains chrétiens
eux-mêmes commencent aujourd’hui à lui rendre justice. Voici
comment s’exprime à son égard un des plus distingués d’entre eux,
M. Barthélemy Saint-Hilaire : « Mahomet a été le plus intelligent, le
plus religieux, le plus clément des Arabes de son temps. Il n’a dû
son empire qu’à sa supériorité. La religion prêchée par lui a été un
immense bienfait pour les races qui l’ont adoptée. » »2
Ernest Renan, historien et philologue français, insiste sur la
douceur et la bienveillance du prophète de l’islam : « En somme,
Mahomet nous apparaît comme un homme doux, sensible, fidèle,
exempt de haine. Ses affections étaient sincères ; son caractère, en
général, porté à la bienveillance. Lorsqu’on lui serrait la main en
l’abordant, il répondait cordialement à cette étreinte, et jamais il ne
retirait la main le premier. Il saluait les petits enfants et montrait une
grande tendresse de coeur pour les femmes et les faibles. »3
Laura Veccia Vaglieri confirme ces qualités du Prophète,
généralement passées sous silence en Occident : « Quant à
Mouhammad, en tant que Messager de la révélation divine, il était
doux et clément même avec ses pires ennemis. Son âme était la
1 Ibidem, p. 94.
2 La Civilisation des Arabes, Gustave Le Bon, éditions La Fontaine au Roy, 1990.
3 Etudes d’histoire religieuse, Ernest Renan, éditions Garnier, 1992, p. 187.
32
synthèse de la justice et de la clémence, deux des plus nobles qualités
que l’esprit humain puisse concevoir. »1
Les hommes d’Eglise eux-mêmes, à l’image de Montgomery Watt,
orientaliste écossais et pasteur anglican, reconnaissent la valeur de
Mohamed et sa sincérité : « Depuis l’étude de Carlyle sur Mahomet
dans « Heroes and Heroworship », l’Occident s’est rendu compte
qu’il existait de bons arguments pour être convaincu de la sincérité
de Mahomet. Sa volonté de supporter d’être persécuté pour sa foi,
le caractère élevé des hommes qui croyaient en lui et dont il était le
chef, enfin la grandeur de son oeuvre dans ses dernières réalisations,
tout témoigne de sa foncière droiture. Soupçonner Mahomet d’être
un imposteur soulève plus de problèmes que cela n’en résout. »2
Alphonse de Lamartine résume en quelques mots l’oeuvre de
Mohamed : « Philosophe, orateur, apôtre, législateur, guerrier,
conquérant d’idées, restaurateur de dogmes rationnels, d’un culte
sans images, fondateur de vingt empires terrestres et d’un empire
spirituel, voilà Mahomet ! A toutes les échelles où l’on mesure la
grandeur humaine, quel homme fut plus grand ? »3
Le poète allemand Goethe, pour qui Mohamed est le prophète par
excellence4, reconnaît lui aussi la grandeur de son oeuvre : « Et c’est
une oeuvre immense que Mahomet a accomplie. Par le seul concept
de l’Unique, il a soumis l’univers entier. »5
1 Apologia dell’ Islamismo, A. F. Formiggini, Rome, 1925.
2 Mahomet, éditions Payot, 1959, p. 77.
3 Histoire de la Turquie, Paris, 1854, tome I, livre 1, p. 280.
4 Mahomet l'européen, John Tolan, Albin Michel, Paris, 2018, p. 9.
5 Divan occidental-oriental (1819).
33
Quelques paroles du prophète Mohamed
- Nul d’entre vous n’aura véritablement la foi tant qu’il n’aimera
pas pour son frère ce qu’il aime pour lui-même.
- Que celui qui désire être sauvé de l’Enfer et entrer au Paradis
meure en ayant foi en Dieu et au Jour dernier, et qu’il traite les autres
comme lui-même aimerait être traité.
- Vous n’entrerez au Paradis que lorsque vous serez croyants, et
vous ne serez croyants que lorsque vous vous aimerez les uns les
autres.
- Crains Dieu où que tu sois, fais suivre la mauvaise action par la
bonne action, elle l’effacera, et comporte-toi de la meilleure façon
avec ton prochain.
- Les croyants, dans leur affection et leur clémence réciproques,
sont semblables à un seul corps : lorsque l’un de ses membres se
plaint, c’est tout le corps qui lui répond par la fièvre et l’insomnie.
- Ne méprise aucun bienfait, pas même le fait d’accueillir ton frère
avec un visage souriant.
- Allah m’a révélé que vous devez être humbles les uns envers les
autres de sorte que nul ne méprise autrui ou ne soit injuste envers
lui.
- Dieu a divisé la miséricorde en cent parties. Il en a gardé quatrevingt-
dix-neuf auprès de lui et en a fait descendre une seule sur terre
par laquelle les créatures éprouvent de la compassion les unes envers
les autres, comme l’animal qui lève son sabot de crainte d’écraser
son petit.
- Si le croyant savait ce qu’il y a auprès de Dieu comme châtiment,
il n’espérerait pas en son paradis, et si le mécréant savait ce qu’il y a
auprès de Dieu comme miséricorde, il ne désespérerait pas de son
paradis.
34
- Celui qui n’est pas lui-même miséricordieux sera privé de la
miséricorde de Dieu.
- Prenez garde à l’injustice, car l’injustice ne sera que ténèbres le
Jour de la résurrection.
- Le Prophète a dit : « Soutiens ton frère, qu’il soit l’auteur ou la
victime d’une injustice. » Un homme s’étonna : « Messager de Dieu !
Je veux bien le soutenir s’il est victime d’une injustice, mais
comment l’aider s’il en est l’auteur ? » Il répondit : « Tu le soutiens
en l’empêchant de commettre son injustice. »
- Ne vous haïssez pas, ne vous enviez pas, ne vous fuyez pas les
uns les autres, ne rompez pas vos liens mais soyez, ô serviteurs de
Dieu, des frères.
- Que celui qui croit en Dieu et au Jour dernier ne nuise pas à ses
voisins. Que celui qui croit en Dieu et au Jour dernier reçoive
généreusement ses hôtes. Que celui qui croit en Dieu et au Jour
dernier dise du bien ou se taise.
- Trois choses accompagnent le défunt jusqu’à sa tombe : sa
famille, ses biens et ses oeuvres. Deux en reviennent : sa famille et
ses biens, et une seule reste avec lui : ses oeuvres.
- Que personne ne meure sans avoir bon espoir en Dieu.
- Dieu ne regarde ni votre apparence, ni vos biens, mais il regarde
vos coeurs et vos actes.
- Ce monde, comparé à l’au-delà, est semblable à ce que l’un
d’entre vous retire de l’océan en y introduisant le doigt. Qu’il regarde
donc ce qu’il peut en retirer.
- Ce bas monde est la prison du croyant et le paradis du mécréant.
- Regardez ceux qui sont dans une position moins favorable que
la vôtre, non pas ceux qui sont dans une position plus enviable, car
cela vous empêcherait d’apprécier à leur juste valeur les grâces que
Dieu vous a dispensées.
35
- N’est pas vraiment croyant celui qui s’endort le ventre plein alors
que, près de lui, son voisin est tiraillé par la faim.
- Faire l’aumône n’a jamais diminué les biens du donateur. Et Dieu
ne fait qu’honorer celui qui pardonne aux autres. Et nul ne se
rabaisse pour Dieu sans que celui-ci ne l’élève.
- Les croyants dont la foi est la plus parfaite sont ceux qui ont le
meilleur comportement, et les meilleurs d’entre vous sont ceux qui
se comportent le mieux avec leurs épouses.
- Dieu est doux et il aime la douceur. Il donne à celui qui se montre
doux ce qu’il ne donne pas à celui qui fait preuve de dureté.
- N’est pas des nôtres celui qui n’est pas clément envers les plus
petits et ne reconnaît pas le rang des plus âgés.
- Un homme vint demander au Prophète l’autorisation de
participer au djihad. Le Prophète l’interrogea : « Tes parents sont-ils
vivants ? » Il répondit par l’affirmative. Le Prophète lui dit : « Que
tes efforts soient donc tournés vers eux. »
- L’homme raisonnable est celui qui se demande des comptes à
lui-même.
- L’Enfer est voilé par les passions et le Paradis par les contraintes
de la religion.
- Renonce à ce monde, Dieu t’aimera, et renonce à ce qui
appartient aux gens, ceux-ci t’aimeront.
- Le fort n’est pas celui qui sait se battre, mais plutôt celui qui sait
dominer sa colère.
- Ne faites de tort à personne, pas même à celui qui vous en a fait.
- Il suffit, pour mentir, de rapporter tout ce que l’on entend.
- Le bon musulman ne se mêle jamais de ce qui ne le regarde pas.
36
Qu’est-ce que le Coran, le Livre des musulmans ?
Le Coran est la parole incréée de Dieu, révélée au prophète
Mohamed par l’ange Gabriel sous forme d’une récitation. Le terme
arabe « coran » signifie d’ailleurs « lecture » ou « récitation ».
Selon la Bible, les dix commandements, parole de Dieu, furent
révélés à Moïse sous la forme d’écrits gravés sur des tables que le
grand prophète juif a reçu sur le Sinaï.
La Révélation a donc revêtu les deux formes possibles de
communication : la forme orale, avec le Coran, et la forme écrite,
avec la Torah. La forme orale était parfaitement adaptée au milieu
arabe composé majoritairement d’hommes ne sachant ni lire, ni
écrire.
Selon les chrétiens, enfin, Jésus est lui-même la parole de Dieu, le
verbe de Dieu qui s’est fait chair. Le Coran applique également le
terme « verbe » ou « parole » à Jésus : « Les anges dirent : “Marie !
Dieu t’annonce la naissance d’un fils né d’un verbe émanant de lui,
qui aura pour nom le Messie, Jésus fils de Marie, honoré ici-bas et
dans l’au-delà, et du nombre des plus proches élus du Seigneur”. »1
Néanmoins, pour les musulmans, Jésus n’est le « verbe de Dieu »
que dans la mesure où il est né « d’un verbe émanant de Dieu », de
l’ordre divin « Sois » qui eut pour conséquence sa naissance
miraculeuse. On est donc loin de la croyance chrétienne en
l’incarnation du Verbe en la personne de Jésus.
1 Coran 3, 45. Quiconque n’a jamais lu le Coran sera surpris d’y trouver des paroles
aussi élogieuses envers Jésus.
37
Quelques raisons de croire que le Coran est la parole de
Dieu1
Première raison : ses récits du passé
L'exemple du récit de la noyade du Pharaon de l'Exode
La grande majorité des égyptologues mentionnent deux pharaons
à l’époque de Moïse, le pharaon de l’oppression des Hébreux,
Ramsès II et celui de l’Exode, son fils Menephtah, au sujet de qui le
Dictionnaire de la Bible Vigouroux écrit : « L’Ecriture ne nomme point
ce pharaon, mais il y a lieu de croire que son père Ramsès II fut
l’oppresseur des Hébreux (voir Ramsès II) et par conséquent que
c’est Menephtah qui régnait sur l’Egypte lorsque Moïse reçut de
Dieu la mission de délivrer son peuple de la servitude. »2 Le
Dictionnaire de la Bible d’André-Marie Gérard écrit de même au sujet
de Ramsès II : « La plupart des commentateurs d’aujourd’hui
estiment cependant que c’est plutôt sous son successeur, Mineptah
(vers 1235-1224 av. J.-C.) que le prophète Moïse parvint à libérer ses
frères. »3
Si les Ecritures judéo-chrétiennes mentionnent la mort de ce
Pharaon, englouti sous les eaux, elles ne font aucune allusion au sort
de son corps : « Les eaux revinrent, et couvrirent les chars, les
cavaliers et toute l’armée de Pharaon, qui étaient entrés dans la mer
après les enfants d’Israël ; et il n’en échappa pas un seul. »4 Et dans
les Psaumes : « Il précipita Pharaon et son armée dans la mer
Rouge. »5
Le Coran, en revanche, apporte une précision capitale quant au
sort du cadavre du pharaon de l’Exode. Dieu dit : « Par notre
1 Pour plus de preuves de l'authenticité du Coran, voir le livre intitulé : 100 preuves
irréfutables, Mohamed est le prophète de Dieu.
2 Dictionnaire de la Bible Vigouroux, tome 4, première partie, p. 966.
3 Dictionnaire de la Bible, André-Marie Gérard, p. 371.
4 Exode 14, 28.
5 Psaumes 136, 15.
38
volonté, la mer rejettera aujourd’hui ton corps sans vie afin que tu
serves d’exemple aux générations futures. »1
L’on sait très bien aujourd’hui que les corps momifiés des
Pharaons égyptiens, en particulier celui de Ramsès II, présenté
comme le Pharaon de l’oppression, et de son fils Mineptah,
considéré comme le Pharaon qui a péri noyé sous les eaux de la mer
Rouge, ont été conservés. Mais à l’époque où le Coran fut révélé, les
corps de ces pharaons se trouvaient encore dans la Nécropole de
Thèbes. Leurs momies n’ont été découvertes qu’à la fin du 19ème
siècle. Le corps momifié de Mineptah, fils de Ramsès II, fut ainsi
découvert en 1898 par Loret à Thèbes, dans la vallée des Rois. Ces
momies ont ensuite été exposées de longues années dans la salle des
momies royales du musée du Caire, conformément aux termes du
Coran qui annonce que le corps de pharaon fut rejeté pour servir
« d’exemple aux générations futures ».
Seconde raison : son annonce d’événements futurs
L'exemple de la revanche des Byzantins sur les Perses
Les Byzantins ont été vaincus dans le pays voisin. Mais après leur défaite, ils
vaincront, dans quelques (bid’a) années. La décision, avant comme après,
appartient à Dieu. Ce jour-là, les croyants se réjouiront du secours de Dieu qui
accorde la victoire à qui il veut, lui le Tout-Puissant, le Très Miséricordieux.
(Coran 30, 2-5)
Ce verset fut révélé au Prophète à la Mecque, c’est-à-dire, avant
622, date de l’hégire, son émigration vers Médine. S’y trouve
mentionnée la défaite des Byzantins face aux Perses, puis annoncée
leur revanche dans un laps de temps inférieur à dix ans. Le terme
arabe « bid’a » employé dans le verset indique en effet, selon les
linguistes arabes, une période comprise entre trois et neuf, ou trois
et dix années. Denise Masson, dans sa traduction du Coran, précise
très justement en note : « Le mot bid’a s’applique à un nombre situé
entre trois et neuf ; on pourrait traduire : dans moins de dix ans. »2
1 Coran 10, 92.
2 Le Coran, Masson, Bibliothèque de la pléiade, 1967, p. 906.
39
Dans un article intitulé : La conquête musulmane de l’Orient, Philippe
Conrad, historien et rédacteur en chef de la Nouvelle Revue
d’Histoire, relate comment l’empire romain d’orient, totalement
écrasé par les Perses, lance une contre-offensive en infligeant à son
ennemi perse une première défaite en 622 : « Chosroès II le
Victorieux attaque en 614 la Syrie byzantine, s’empare d’Edesse,
d’Antioche, de Damas et de Jérusalem d’où il transporte la Sainte
Croix à Ctésiphon, sa capitale des rives du Tigre. Après avoir poussé
ses conquêtes jusqu’à l’Egypte en 616, il menace directement l’Asie
Mineure où il prend Césarée de Cilicie, avant d’assiéger Chalcédoine,
à proximité immédiate de Constantinople. Demeurés maîtres de la
mer, les Byzantins peuvent sauver leur capitale et sont en mesure,
dès 622, d’entreprendre la reconquête. Héraclius reprend l’Asie
Mineure et l’Arménie alors que la mort de Chosroès, survenue en
628 et suivie d’une épidémie de peste et d’inondations
catastrophiques, prélude au siège de Ctésiphon par les Byzantins qui
imposent la paix et se voient restituer la Vraie Croix. Triomphant
quelques années plus tôt, l’Empire sassanide poursuit sa descente
aux enfers puisque douze souverains se succèdent entre 628 et 632. »
La première victoire byzantine contre les Perses, en 622 donc, a
lieu à Issus en Cilicie (Asie mineure). L’armée byzantine est alors
commandée par l’empereur Héraclius en personne, tandis que les
troupes perses sont dirigées par Shahrbaraz. Il s’est donc écoulé 8
ou 9 années entre l’offensive perse, avec notamment la prise
symbolique de Jérusalem en 614, et la contre-offensive de l’armée
byzantine qui remporte sa première victoire à Issus en 622. C’est
précisément dans le laps de temps indiqué par le Coran qu’intervient
donc la victoire byzantine, impensable plusieurs années avant les
événements.
Dans son ouvrage de référence appelé Histoire du déclin et de la chute
de l’empire romain, Edward Gibbon décrit, au chapitre intitulé : Détresse
d’Héraclius (610-622), l’état de l’Empire byzantin à la veille de sa
victoire sur les Perses en 622 : « Les armes de la Perse subjuguèrent
la Syrie, l’Egypte et les provinces de l’Asie, tandis que les Avares,
40
que la guerre d’Italie n’avait pas rassasiés de sang et de rapine,
dévastaient l’Europe depuis les confins de l’Istrie jusqu’à la longue
muraille de la Thrace […] Ces implacables ennemis insultaient et
resserraient Héraclius de toutes parts. L’Empire romain se trouvait
réduit aux murs de Constantinople, à quelques cantons de la Grèce,
de l’Italie et de l’Afrique, et au petit nombre des villes maritimes de
la côte d’Asie qu’on trouvait de Tyr à Trébisonde. Après la perte de
l’Egypte, la famine et la peste désolèrent la capitale. L’empereur,
hors d’état d’opposer de la résistance, et ne se flattant point d’être
secouru, avait résolu de transporter et sa personne et son
gouvernement à Carthage, où il espérait se trouver plus à l’abri du
danger. Ses navires étaient déjà chargés des trésors du palais ; mais
il fut arrêté par le patriarche qui, déployant en faveur de son pays
l’autorité de la religion, conduisit le prince à l’autel de Sainte-Sophie,
et exigea de lui le serment solennel de vivre et de mourir avec le
peuple que Dieu avait confié à ses soins. »1
Après donc avoir pensé se réfugier en Afrique du Nord,
Héraclius sollicita la paix à l’empereur Perse qui « demanda pour
tribut annuel, ou pour la rançon de l’Empire romain, mille talens
d’or, mille talens d’argent, mille robes de soie, mille chevaux et mille
vierges. Héraclius souscrivit à ces ignominieuses conditions : mais
l’espace de temps qu’il avait obtenu pour rassembler ces trésors fut
habilement employé à se préparer à une attaque hardie, dernière
ressource du désespoir », poursuit l’historien anglais qui résume
l’état d’esprit des Byzantins à la veille de leur contre-offensive : « Les
Romains n’avaient plus d’espoir que dans les vicissitudes de la
fortune, qui pouvait menacer l’orgueilleuse prospérité du roi de
Perse, et devenir favorable aux Romains, arrivés au dernier degré de
l’humiliation. »
Au chapitre intitulé : Première expédition d’Héraclius contre les Perses
(622), Gibbon décrit dans le détail la première bataille remportée en
622 par Héraclius : « Les Persans environnèrent bientôt la Cilicie ;
1 Histoire de la décadence et de la chute de l’empire romain, Edouard gibbon. Traduit de
l’anglais par M. F. Guizot, tome 8, chapitre 46, Paris, 1819.
41
mais leur cavalerie balança à s’engager dans les défilés du mont
Taurus. Héraclius, à force d’évolutions, vint à bout de les entourer ;
et tandis qu’il semblait leur présenter le front de son armée en ordre
de bataille, il gagna peu à peu leurs derrières. Un mouvement simulé,
qui paraissait menacer l’Arménie, les amena malgré eux à une action
générale. Le désordre apparent de ses troupes excita leur confiance ;
mais lorsqu’ils s’avancèrent pour combattre, ils trouvèrent tous les
désavantages que pouvaient leur donner le terrain et le soleil, une
attente trompée et la juste confiance de leurs ennemis ; les Romains
répétèrent habilement sur le champ de bataille leurs exercices de
guerre, et l’issue de la journée apprit au monde entier qu’on pouvait
vaincre les Persans, et qu’un héros était revêtu de la pourpre. Fort
de sa victoire et de sa renommée, Héraclius gravit hardiment les
hauteurs du mont Taurus, traversa les plaines de la Cappadoce, et
établit ses quartiers d’hiver dans une position sûre et dans un canton
bien approvisionné sur les bords de l’Halys. »1
Gibbon fait allusion dans son ouvrage à la prédiction coranique
de la victoire byzantine tout en reconnaissant qu’il est hautement
improbable, au moment où le verset fut révélé, que survienne un tel
retournement de situation. Il écrit : « Placé sur les limites des deux
vastes empires de l’Orient, Mahomet observait avec une joie secrète
les progrès de leur destruction mutuelle, et il osa prédire, au milieu
des triomphes de la Perse, qu’en peu d’années la victoire repasserait
sous les drapeaux des Romains. Le moment où l’on prétend que fut
faite cette prédiction était assurément celui où il devait paraître le
plus difficile de croire à son accomplissement, puisque les douze
premières années du règne d’Héraclius semblèrent indiquer la
dissolution prochaine de l’empire. »2 Et il ajoute en note : « Voyez le
trentième chapitre du Koran, intitulé les Grecs. L’honnête et
savant Sale, qui a traduit le Koran en anglais, expose très bien (p.
330, 331) cette conjecture, cette prédiction ou cette gageure de
Mahomet ; mais Boulainvilliers (p. 329-344) s’efforce, dans les plus
1 Ibid.
2 Ibid.
42
mauvaises intentions, d’établir la vérité de cette prophétie, qui
devait, selon lui, embarrasser les écrivains polémiques
du christianisme. »1
Gibbon fait ici allusion au livre de l’historien français Henri de
Boulainvilliers, intitulé La Vie de Mahomed et plus précisément au
passage qui suit : « Ainsi je me suis cru obligé d’entrer dans le détail
des faits historiques, qui seuls pouvaient faire connaître l’application
légitime des paroles de Mahomed. Or, l’Histoire nous apprend, ainsi
qu’on l’a vu, que les Romains, ayant été continuellement battus par
les Perses depuis l’an 615 de J. C. jusqu’à l’an 625, regagnèrent alors
leur première supériorité et devinrent les Vainqueurs de leurs
redoutables ennemis par un coup tellement inespéré que la mémoire
des hommes n’en conserve point de pareil. Il est encore remarquable
que l’intervalle de dix années, marqué par Mahomed, entre la Défaite
et la Victoire, se trouve justement rempli entre 615 et 625. Partant il
faut reconnaitre que si le 30e Chapitre de l’Alcoran a été réellement
composé et rendu public en 615, on ne saurait disconvenir de
l’accomplissement de la Prophétie qui y est contenue. »2
Boulainvilliers reconnaît donc que la prédiction du Coran s’est
réalisée dans le délai annoncé, moins de dix années, même s’il
propose deux dates différentes pour la déroute puis la revanche
Byzantine, 615 et 625.
Mohamed n’avait aucun intérêt à annoncer cette victoire si
improbable, car si l’accomplissement de cette prédiction n’aurait pas
été d’un grand intérêt pour sa cause, sa non-réalisation, quant à elle,
lui aurait enlevé tout crédit et mis un terme à sa mission.
A l’inverse, lorsqu’il fut interrogé sur la date de la fin du monde, il
reçut de son Seigneur l’ordre de répondre qu’il n’en avait aucune
connaissance : « Ils t’interrogent au sujet de l’Heure, voulant
connaître le jour de son avènement. Réponds-leur : “Nul autre que
1 Ibid.
2 La Vie de Mahomed, Henri de Boulainvilliers, P. Humbert, Amsterdam, 1730, p.
371-372.
43
mon Seigneur n’en a connaissance”. »1 S’il avait été un faux
prophète, il n’aurait pris aucun risque en annonçant que la fin du
monde se produirait dans des centaines, voire des milliers d’années,
comme le feront tant d’imposteurs après lui. Il s’est, au contraire,
risqué à prédire la victoire, alors impensable, d’un peuple sans lien
avec lui.
Troisième raison : ses énoncés scientifiques
La création de l’univers
Puis Dieu a procédé à la création du ciel, qui n’était alors que fumée. (Coran
41, 11)
Les mécréants ne savent-ils pas que les cieux et la terre étaient soudés avant
que nous procédions à leur séparation ? (Coran 21, 30)
Ces deux versets présentent, de manière concise et adaptée au
niveau de connaissance des hommes de l’époque de leur révélation,
le processus de formation de l’univers. Ils sont, selon le docteur
Maurice Bucaille, en parfait accord avec les données de la science.
Celui-ci écrit : « Il faut remarquer que, pour former les corps célestes
aussi bien que pour former la Terre, comme l’expliquent les versets
9 à 12 de la sourate 41, deux phases ont été nécessaires. Or la science
nous apprend que si l’on prend comme exemple (et seul exemple
accessible) la formation du Soleil et de son sous-produit, la Terre, le
processus s’est déroulé par condensation de la nébuleuse primitive
et séparation. C’est précisément ce que le Coran exprime de façon
tout à fait explicite par la mention des processus qui ont produit, à
partir de la « fumée » céleste, une soudure puis une séparation. On
enregistre donc ici une identité parfaite entre la donnée coranique et
la donnée scientifique. La science a montré l’intrication des deux
événements de formation d’une étoile (comme le Soleil) et de son
satellite, ou d’un de ses satellites (comme la Terre). Cette intrication
n’apparaît-elle pas dans le texte coranique comme on l’a vu ? La
correspondance est manifeste entre l’affirmation de l’existence, au
1 Coran 7, 187.