Que faut-il entendre par la Trinité chrétienne jugée fausse par le Coran ?

Question

A plusieurs endroits du saint Coran, les Chrétiens sont dénigrés pour leur affirmation selon laquelle Allah est l’un de Trois. C’est ce qu’on lit dans le verset 171 de la sourate 4 et le verset 73 de la sourate 5.
Quand je lis ces versets, je suppose qu’ils évoquent le dogme de la Trinité chez les Chrétiens (Le Père, le Fils et le Saint Esprit). Cependant, Ibn Kathir dit dans son Tafsir que ce qui est visé dans lesdits versets renvoie à la parole des Chrétiens selon laquelle Allah est le Troisième de Trois dont Jésus (PSL) et Marie (PSL). Est-ce exact ?
Si c’est exact, ces versets désignent ils une secte chrétienne déterminée quand on sait que le même reproche est adressé aux Juifs qui disent qu’Ouzayr est le fils d’Allah ? Le Coran, ou la Sunna dénigrent ils le dogme de la Trinité (le Père, le Fils et le Saint Esprit) à laquelle adhère la majorité des Chrétiens ? Je sais que les textes sacrés ont évoqué la croyance des Chrétiens en la divinité de Jésus (PSL). Existe-t-il quelque chose de particulier concernant ce qu’ils croient à propos du Saint Esprit ?

Texte de la réponse

Louange à Allah.

Louanges à Allah

Premièrement, Allah Très-haut a dit : «Sont aussi impies ceux qui disent : Allah est le troisième d’une Trinité !, alors qu’il n’y a de divinité qu’ Allah l’Unique ! S’ils n’en finissent pas avec ce blasphème, un châtiment douloureux s’abattra sur les dénégateurs d’entre eux. » (Coran, 5 :73). Ibn Kathir (Puisse Allah Très-haut lui accorder Sa miséricorde) a dit : «Ce qui est exact est que le verset a été révélé à propos des Chrétiens en particulier, selon Moudjahid et d’autres. Une divergence les oppose sur la question. Pour certains, ce sont leurs mécréants qui sont visés puisqu’ils parlent de trois personnes : le Père, le Fils et le Verbe émanant du Père pour s’incarner dans le Fils… Combien Allah transcende leurs propos ! Pour Suddi et d’autres, le verset évoque l’attitude de gens qui considèrent le Christ et sa mère comme des divinités aux côtés d’Allah. Dès lors, ce dernier est le troisième de trois dieux. Pour Suddi, le verset abonde dans le même sens que la parole du Très-haut à la fin de la même sourate : «Et lorsqu’Allah dit à Jésus : Ô Jésus, fils de Marie, est-ce toi qui as dit aux hommes : “Prenez-nous, ma mère et moi, pour divinités en dehors d’Allah”? – Gloire à Toi !, dit Jésus, il ne m’appartient pas de dire ce qui n’est pas une vérité pour moi. Si je l’avais dit, ne l’aurais-Tu pas su ?Car Tu connais le fond de ma pensée, et je ne connais rien de la Tienne. En vérité, les mystères n’ont point de secret pour Toi.  (Coran, 5 :116). Cet avis est le plus évident. Allah le sait mieux. » Tafsir d’Ibn Kathir (3/158).

L’explication choisie par Ibn Kathir (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) est le plus évident pour ce qui suit :

1. Il s’est appuyé sur certaines versions reçues des ancêtres pieux qui suivaient une approche permettant d’expliquer le Coran par le Coran. Ce qui constitue la meilleure méthode d’explication du saint Coran.

Cheikh al-islam, Ibn Taymiyah (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a dit : Si quelqu’un se disait : quelle est la meilleure méthode du Tafsir ? On lui répondrait que la méthode la plus juste consiste à expliquer le Coran par le Coran. Ce que ce livre aborde succinctement à un endroit, il l’explique exhaustivement ailleurs. Ce qu’il résume ici, il le détaille ailleurs.  Extrait de Madjmou al-Fatwas (13/363).

Ces ancêtres pieuxont estimé que la phrase : Le Messie, fils de Marie, n’est qu’un prophète comme tant d’autres qui l’ont précédé. Sa mère était véridique, et tous les deux se nourrissaient comme tous les mortels. Voyez avec quel soin Nous leur expliquons Nos versets ! Et voyez comme ils s’en détournent !  (Coran, 5 :75) est expliquée par la parole du Très-haut : «Et lorsqu’Allah dit à Jésus : Ô Jésus, fils de Marie, est-ce toi qui as dit aux hommes : “Prenez-nous, ma mère et moi, pour divinités en dehors d’Allah? – Gloire à Toi !, dit Jésus, il ne m’appartient pas de dire ce qui n’est pas une vérité pour moi. Si je l’avais dit, ne l’aurais-Tu pas su ? Car Tu connais le fond de ma pensée, et je ne connais rien de la Tienne. En vérité, les mystères n’ont point de secret pour Toi. Je ne leur ai dit que ce que Tu m’as ordonné de leur dire, à savoir : “Adorez Allah, mon Seigneur et le vôtre !” Et je fus témoin contre eux, aussi longtemps que je vécus parmi eux. Mais depuis que Tu m’as rappelé à Toi, c’est Toi qui les observes, car Tu es le Témoin de toute chose. (Coran, 5 :116-117)

2. Cette explication est confirmée par ce qui suit ledit verset, notamment la clarification de la privation de Marie (PSL) de toute nature divine. En effet, Allah Très-haut : Le Messie, fils de Marie, n’est qu’un prophète comme tant d’autres qui l’ont précédé. Sa mère était véridique, et tous les deux se nourrissaient comme tous les mortels. Voyez avec quel soin Nous leur expliquons Nos versets ! Et voyez comme ils s’en détournent !  (Coran, 5 :75).

Le verset a exclu la divinité de Marie (PSL) de deux manières :

La première consiste à l’élever au grade de la Véridicité qui correspond à l’un des rangs de la servitude envers Allah le Très-haut.

La seconde est qu’elle s’alimentait à l’instar de toute autre créature dépendante. Ce qui est tout-à-fait le contraire d’Allah, le Suffisant, qui se passe de Ses créatures.

Cheikh al-islam, Ibn Taymiyah (Puisse Allah Très-haut lui accorder Sa miséricorde) dit : «Quant à ce qu’Il a rapporté d’eux, à savoir qu’ils ont dit : Certes Allah est le troisième de Trois. Les exégètes disent qu’il s’agit d’Allah, du Christ et de sa mère. » C’est dans ce sens que le Très-haut dit : Ô Jésus fils de Marie ! As-tu dis aux gens : prenez –moi et ma mère pour des dieux en dehors d’Allah ?  C’est pourquoi Il dit dans le même contexte : Christ fils de Marie n’était qu’un messager précédé par d’autres messagers, et sa mère était une véridique.  En d’autres termes, le mieux qu’on puisse dire du Christ et de sa mère est que le premier est un messager et la seconde une véridique. Ils n’avaient pas le rang de divinité. Voilà une preuve éclatante. » Extrait de Madjmou al-fatwas (2/444).

Ibn Kathir (Puisse Allah Très-haut lui accorder Sa miséricorde) dit : «Sa parole : Ils s’alimentaient tous les deux…  C’est-à-dire qu’ils se nourrissaient et du coup se débarrassaient. Aussi étaient-ils des esclaves-serviteurs d’Allah au même titre que tous les autres humains. Ils n’étaient pas des divinités comme le prétendent des chrétiens ignorants… » Extrait du Tafsir d’Ibn Kathir (3/159).

3. La révélation (divine) est venue dissiper l’aberration et la mécréance, et expliquer les chemins de la bonne guidance. Son but n’est pas de préciser des concepts ayant trait à la mécréance et à la trinité proclamée par les mécréants chrétiens, malgré leur incapacité de s’entendre sur l’explication qu’ils en font. En réalité, la Trinité ne traduit que leur exagération du statut de Jésus (PSL) et sa mère.

La révélation a détruit le fondement de la Trinité comme elle a éradiqué la mécréance qui les réunit nonobstant la diversité de leurs groupes. Voilà pourquoi le fait de dire que le verset aborde leur attitude consistant à élever le Christ et sa mère au rang de divinité aux côtés d’Allah Très-haut n’est pas en contradiction avec la réalité vécue par les Chrétiens. C’est plutôt une explication claire de la réalité de leur mécréance qui fédère tous leurs groupes.

Cheikh al-islam, Ibn Taymiyah (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) dit dans le cadre de ses propos sur les versets qui réfutent la mécréance des Chrétiens :

La parole du Très-haut : Le Messie, fils de Marie, n’est qu’un prophète comme tant d’autres qui l’ont précédé. Sa mère était véridique, et tous les deux se nourrissaient comme tous les mortels. Voyez avec quel soin Nous leur expliquons Nos versets ! Et voyez comme ils s’en détournent !   (Coran, 5 :75) venue après Sa parole : «Sont aussi impies ceux qui disent : Allah est le troisième d’une Trinité !, alors qu’il n’y a de divinité qu’Allah l’Unique ! S’ils n’en finissent pas avec ce blasphème, un châtiment douloureux s’abattra sur les dénégateurs d’entre eux.  » (Coran, 5 :73) signifie que la Trinité qu’Allah leur a reprochée consiste à prendre le Christ fils de Marie et sa mère pour deux divinités. Ceci est clair si on retient les propos de ceux qui racontent que les Chrétiens soutiennent la fusion avec Allah pour Marie et l’union avec Allah pour le Christ. Ce qui est plus proche de leur doctrine.

Cela étant, chacun des versets mentionnés par Allah pour raconter leurs propos concerne tous leurs groupes et s’applique à la Trinité, à l’union et à la fusion. Les versets les englobent tous et évoquent les différences expressions de leur mécréance. Il ne s’agit pas de consacrer chaque verset à une expression, comme le prétendent certains. Il ne s’agit pas de consacrer un verset à la Trinité et un autre à la fusion et à l’union.

Bien au contraire, le Transcendant a mentionné dans chaque verset la mécréance qu’ils partagent avant de lui donner trois qualificatifs dont chacun implique l’autre à savoir qu’ils disent que le Christ est Allah et disent qu’il est le fils d’Allah et disent qu’il est le troisième de Trois. Ils prennent le Christ et sa mère pour deux divinités en dehors d’Allah, l’un ayant acquis sa nature divine par union (avec Allah) et l’autre par sa fusion (avec Allah). Ceci revient à confirmer l’existence de chacune des trois personnes de la trinité en tant que substantiellement distinctes des deux autres. Cette doctrine résume toute la mécréance chrétienne. » Extrait d’al-fatwa al-koubra (6/598-590).

Deuxièmement, la parole d’Allah Très-haut : Ô gens des Écritures ! Ne soyez pas excessifs dans votre religion ! Dites uniquement la vérité sur Allah ! Le Messie Jésus, fils de Marie, est seulement l’envoyé d’Allah, Son Verbe déposé dans le sein de Marie, un Esprit émanant du Seigneur ! Croyez en Allah et en Ses prophètes, mais ne parlez pas de Trinité ! Cessez d’en parler dans votre propre intérêt ! Il n’y a qu’un seul Allah ! Et Il est trop Glorieux pour avoir un fils ! N’est-Il pas le Maître des Cieux et de la Terre ? N’est-Il pas suffisant comme Protecteur ?  (Coran, 4 :171). La parole du Très-haut : Ne dites pas Trois…  Le terme trois sert de complément dans une phrase dont le sujet est omis et pourrait être remplacé par tout terme indiquant l’adhésion des Chrétiens à la Trinité. Voilà qui explique la diversité des opinions des ulémas relative à ce qu’il faut retenir pour remplacer le sujet éludé.

Pour al-Qurtubi (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) c’est : Ne dites pas (nos divinités sont au nombre de trois  selon az-Zadjdjadj.

Pour Ibn Abbas, la Trinité renvoie à Allah, à Sa compagne et à Son fils.

Pour al-Faraa et Abou Oubayd c’est : ne dites pas : ils sont trois

Pour Abou Ali, ce qui est sous-entendu est : ne dites pas : Il est le Troisième de Trois. Le sujet et le nom qui lui était annexé sont supprimés. Les Chrétiens, pour divisés qu’ils soient, adhèrent tous à la Trinité. » Extrait du Tafsir al-Qurtubi (7/233).Voilà pourquoi ce verset englobe toute expression de la trinité chrétienne.

At-Tahir ibn Achour (Puisse Allah Très-haut lui accorder Sa miséricorde) dit : Ne dites pas…  S’adresse exclusivement aux Chrétiens. Trois sert de complément à un sujet sous-entendu de manière à ce qu’il puisse être remplacé par tout terme approprié à la lumière de leurs différentes conceptions de la Trinité. En effet, il y a des hésitations au sein des Chrétiens à propos de la définition de la Trinité, comme nous le verrons plus bas. On apprécie le sujet sous-entendu en fonction de ce qui est jugé inacceptable parmi leurs opinions relatives à la modalité de la Trinité, émises sur les nombreux noms évoquant la divinité et dont on peut parler en utilisant le terme Trois…La Trinité est à la base de la doctrine commune à tous les Chrétiens. Mais ils n’en cultivent pas moins des divergences à propos de sa modalité.» Extrait d’at-Tahrir wa at-Tanwiir (6/54).

Si on retient l’explication attribuée à Ibn Abbas (P.A.a) par al-Qurtubi selon laquelle la Trinité renvoie à Allah Très-haut, à Sa compagne et à Son fils, on trouve une explication corroborée par les versets coraniques cités dans la première rubrique. D’après cet avis, le verset interdit l’exagération commise par les Chrétiens à propos de Jésus et sa mère, qui est à l’origine du dogme de la Trinité répandue en leur sein. La réfutation de leur exagération est une réfutation de ce dogme.

Troisièmement, les mécréants chrétiens déifient Marie (PSL) même s’il est répandu en leur sein qu’elle ne fait pas partie des trois personnes constituant la Trinité à laquelle ils croient. Leur déification de Marie prend soit la forme d’une claire affirmation de sa divinité selon une partie des anciennes sectes chrétiennes, soit un comportement commun aux chrétiens jusqu’à nos jours. Il consiste à détourner des pratiques cultuelles au profit de Marie comme son invocation, la sollicitation de son secours et la prosternation devant son image. Quiconque adore un objet le prend pour un dieu, même s’il ne le dit pas clairement.

Cheikh al-islam, Ibn Taymiyah (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a dit : «On mentionne Marie avec le Christ car il y a des Chrétiens qui font d’elle une autre divinité et l’adorent comme ils adorent le Christ.

Nombreux parmi ceux qui ne vont pas jusque-là ne lui en demandent pas moins tout ce qu’on demande à Allah. Certains vont jusqu’à lui dire : pardonne-nous, accorde-nous ta miséricorde etc. en croyant qu’elle peut intercéder auprès de son fils. D’autres disent : Mère de dieu, intercède pour nous auprès de dieu.  D’autres lui demandent de satisfaire les mêmes besoins qu’on soumet à Allah sans parler d’intercession. D’autres enfin l’adorent comme ils adorent le Christ.

Said ibn al-Bitriq l’a confirmé après avoir évoqué le concile tenu autour de Constantin à Vénice (?). Ils soutenaient des opinions divergentes et obéissaient à différentes confessions. Certains proclamaient que le Christ et sa mère sont des dieux aux côté de Dieu. Ceux-là s’appellent Marimaniens. On les appelle encore maronites ( ?) » Extrait d’al-djawab as-sahih (4/255-256). On a largement commenté cette question dans d’autres fatwas publiées dans le présent site sous le numéro 220391. Référez-vous y compte tenu de leur importance.

Quatrièmement, les termes ‘esprit saint’ sont employés dans les textes révélés pour désigner Gabriel (PSL). C’est dans ce sens que le Très-haut : «Réponds-leur : C’est le Saint-Esprit Gabriel qui l’a transmis de la part de ton Seigneur en toute vérité, pour conforter la foi de ceux qui croient, et comme guide et bonne nouvelle pour les musulmans. »(Coran, 16 :102).

Cheikh Muhammad Lamine Chinquiti (Puisse Allah Très-haut lui accorder Sa miséricorde) dit : L’esprit saint est Gabriel. L’expression signifie esprit pur parce que débarrassé de tout ce qui ne convient pas.  Allah clarifie ce sens dans de nombreux versets, notamment dans Sa parole : Dis à qui se déclare ennemi de Gabriel que c’est lui qui, sur ordre de Dieu, a déposé progressivement dans ton cœur le Coran qui confirme les Écritures antérieures et qui constitue en même temps un guide et une bonne nouvelle pour les fidèles  (Coran, 2 :97) Extrait d’adhwaa al-bayan (3/442).

At-Tabari (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a dit : Allah Très-haut n’a appelé Gabriel ‘esprit’ qualifié de ‘saint’ que parce qu’Allah l’a constitué par Lui-même sans l’avoir fait passer par un père et une mère. Voilà pourquoi il l’a appelé ‘esprit’ et qualifié de ‘saint’. La sainteté c’est la pureté. Dans le même ordre d’idées, Jésus fils de Marie est appelé ‘esprit d’Allah’ parce que constitué grâce au souffle d’Allah et sans père ni mère. Nous avons déjà expliqué dans notre présent ouvrage que sanctification signifie purification. La sainteté est la pureté.  Extrait du Tafsir d’at-Tabari (2/224).

Il est raconté dans les livres chrétiens que Marie a conçu Jésus (PSL) par l’entremise de l’esprit saint. Ce qui est conforme à l’apport de notre religion selon lequel Allah a envoyé l’ange Gabriel qui lui a transmis le souffle grâce auquel elle conçut Jésus (PSL).

A ce propos. Allah Très-haut dit : «Rappelle aussi l’histoire de Marie, telle qu’il est fait mention dans le Coran, lorsqu’elle se retira en un endroit situé à l’est, loin de sa famille, et étendit un voile entre elle et les siens. C’est alors que Nous lui envoyâmes Notre Esprit qui se présenta à elle sous la forme d’un homme accompli. Elle lui dit : Je cherche refuge contre toi auprès du Tout-Miséricordieux, si tant est que tu Le craignes. – Je ne suis, dit-il, qu’un envoyé de ton Seigneur, chargé de te faire présent d’un garçon immaculé  (Coran, 19 :16-19)

Cheikh al-islam, Ibn Taymiyah (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) écrit : Ils mentionnent dans la Confidence que le Christ s’est incarné de Marie et de l’esprit saint. Ceci est conforme à l’information donnée par Allah selon laquelle Il a envoyé Son esprit Gabriel, l’esprit saint, pour souffler sur Marie, d’où la conception du Christ par cette dernière. Le Christ s’est fait chaire puisque créé à partir de sa mère et de cet esprit-là. Ce dernier n’est pas un attribut d’Allah. Il n’est ni Sa vie ni autre chose. Bien au contraire, l’expression ‘esprit saint’ revient très souvent dans les propos des prophètes. On l’emploie soit pour désigner l’ange, soit pour évoquer ce qu’Allah place dans les cœurs de Ses prophètes et alliés en fait de guidance, de soutien et consort.  Extrait d’al-djawab as-Sahih (2/186).

Au cours du processus d’altération de leur religion, les Chrétiens ont pensé qu’ils ne pouvaient confirmer la filiation de Jésus envers Allah- combien Il transcende cela !- sans prétendre que l’esprit saint envoyé par Allah à Marie n’était rien d’autre qu’un attribut intrinsèque d’Allah, donc la vie créatrice.

Ibn al-Qayyim (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a dit : «Ils ont convoqué un concile, 58 ans après le premier tenu à Vénice. Des ministres et chefs se sont joints au Roi et ont dit : la profession des gens s’est détériorée au profit de celle d’Arius et Macédonius. Ecrits à tous les archevêqueset à tous les patriarches afin qu’ils se réunissent et éclaircissent la religion chrétienne. Le monarque a envoyé des convocations à toutes les régions de son pays. Cent cinquante archevêques se sont ainsi réunis à Constantinople et ont examiné la profession de foi d’Arius et y ont découvert que l’esprit saint est créé et fabriqué et qu’il n’est pas un dieu.

Le patriarche d’Alexandrie dit : Pour nous, l’esprit saint n’est que l’esprit d’Allah et l’esprit d’Allah n’est rien d’autre que Sa vie. Si nous disions que l’esprit d’Allah est créé, nous aurions affirmé que sa vie est créée. Si nous disions que Sa vie était créée, nous Lui ôterions la vie, ce qui revient à Le renier.  Aussi ont-ils tous maudit celui qui professait ce dogme et expliqué que l’esprit saint est créateur et non créé puisqu’il est un vrai dieu issu d’un dieu vrai de la même nature que le père et le fils. Ils forment la même essence et possèdent la même nature. » Extrait de Hidayatoul Houyaraa, p. 410. Ils ont dissimulé leur aberrante altération que voilà sous une manipulation des termes qu’ils rapportent dans leurs ouvrages évoquant Jésus (PSL)

Cheikh al-islam, Ibn Taymiyah (Puisse Allah Très-haut lui accorder Sa miséricorde) a dit : «Selon les gens du Livre, il (Jésus) s’est fait chaire par l’entremise de Marie et de l’esprit saint. Leur aberration réside dans leur croyance selon laquelle l’esprit saint est la vie d’Allah et qu’il crée, apporte de la substance et qu’on l’adore.

Pourtant, on ne trouve dans aucun des livres venus d’Allah ni dans les propos des prophètes une indication selon laquelle Allah appelle Son propre attribut ‘esprit saint’. Il n’a pas non plus appelé Sa parole ou l’un quelconque de Ses attributs fils. Voilà l’un des éléments qui prouvent que les Chrétiens sont égarés et qu’ils ont altéré les propos des prophètes et les ont interprétés contrairement à la volonté de leurs auteurs.

A l’origine de leur adhésion à la Trinité se trouve ce qui est dit dans l’une des Evangiles, à savoir que le Christ (PSL) leur a dit : Baptisez les gens au nom du Père, du Fils et du saint esprit.  On leur rétorque : à supposer que le Christ se soit prononcé en ces termes, on ne trouve ni dans le langage du Christ ni dans celui de l’un quelconque des prophètes, que l’attribut intrinsèque d’Allah ou Son verbe ou Sa vie soient appelés ‘fils’ ou ‘saint esprit’. Ils n’appelaient pas Son verbe ‘fils’ ni Son essence ‘fils’ ou ‘esprit saint’.

Cela étant, il est clair que par ‘fils’ on n’entend pas désigner le Verbe éternel d’Allah dont ils disent, eux, qu’il émane de Lui, tout en étant éternel. On n’entend pas non plus employer ‘esprit saint’ pour parler de la vie d’Allah. Bien au contraire, par ‘fils’, on désigne la personne du Christ et par ‘esprit saint’ la révélation qui lui a été faite et l’ange qui l’a transmise. Aussi leur a-t-on donné l’ordre de croire en Allah, en Son Messager, à la révélation faite à Son Messager, à l’ange qui l’a transmis, ce qui est l’ordre donné à tous les prophètes. » Extrait d’al-Djawab as-sahih (2/152-153).

L’exposé exhaustif ainsi fait laisse apparaître que le dogme des chrétiens impliquant la troisième personne qu’est l’esprit saint n’est pas indépendant en soi. Car il résulte de leur thèse sur la filiation de Jésus par rapport à Allah Très-haut- combien Il transcende cela !- La réfutation du dogme de la filiation entraîne la réfutation de la base de la thèse que représente la troisième personne.

Voilà pourquoi on considère que les textes de la révélation qui indiquent qu’Allah est Un et Unique, Seul, Suffisant, et qu’il n’a pas engendré et n’a pas été engendré, tous ces textes, disons-nous, suffisent pour réfuter le dogme portant sur l’esprit saint soutenu par les mécréants chrétiens. C’est pourquoi la Révélation n’a pas réservé une réfutation à part à cette base (de la Trinité)

Allah le sait mieux.

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