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Sacîd Ibn Zayd ()


« Seigneur, si Tu me prives de ce bien, n’en prive pas mon fils Sacîd. » [Zayd, le père de Sacîd].


Un jour parmi tant d’autres, Zayd Ibn cAmr se tenait éloigné de la foule et regardait Quraysh célébrer l’une de ses fêtes. Il regardait les hommes qui mettaient des turbans en soie fine coûteuse et qui se pavanaient dans leurs manteaux yéménites tout aussi précieux. Il voyait les femmes et les enfants qui avaient revêtu leurs plus beaux vêtements et s’étaient parées de leurs plus beaux bijoux. Il voyait le bétail conduit par les nantis après les avoir déguisés de toutes sortes de décorations pour les immoler devant les idoles.


Il se tint debout, adossé contre le mur de la Kacbah et dit : « Habitants de la Mecque, la brebis c’est Allah Qui l’a créée, de même que c’est Lui qui a fait descendre la pluie du ciel avec laquelle elle s’est abreuvée. C’est Lui qui a fait pousser pour elle l’herbe de la terre dont elle s’est rassasiée. Puis vous l’égorgez au nom de quelqu’un d’autre. Je constate que vous êtes des gens ignorants ».


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Son oncle Al-Khattâb (le père de cUmar Ibn Al-Khattâb ()) se leva vers lui, le gifla et dit : « Que tu périsses ! Nous n’avons cessé d’entendre et de supporter ces grossièretés. Maintenant c’est trop, notre patience a atteint sa limite ». Puis il excita les imbéciles de son clan qui le malmenèrent tellement qu’il sortit de la Mecque et se refugia au mont Hirâ’. Al-Khattab chargea alors un groupe de jeunes de l’empêcher d’entrer à La Mecque. Le pauvre homme ne put y entrer que secrètement.


Après cela, Zayd Ibn cAmr Ibn Nufayl se réunit à l’insu des Qurayshites avec Waraqah Ibn Nawfal1, cAbdurrahmân Ibn Jahsh, cUthmân Ibn Al-Hârith et Umaymah Bint cAbdil_Muttalib, la tante paternelle de Muhammad Ibn cAbdillah (). Après avoir évoqué l’égarement dans lequel étaient plongés les arabes, Zayd dit à ses compagnons : « Par Allah, vous savez pertinemment


1 Waraqah Ibn Nawfal Ibn Asad : cousin de la mère des croyants Khadîjah Bint Khuwaylid (), la première femme du Messager. Il avait adopté le Christianisme. Quand le Prophète lui raconta ce qui lui était arrivé avec l’ange Gabriel et ce qui lui a été révélé, il le crut immédiatement et lui promit de l’aider s’il restait vivant jusqu’à son avènement.


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que votre peuple est dans l’erreur, qu’il a dévié de la religion d’Ibrâhîm et qu’il a enfreint ses lois. Cherchez–vous donc une autre religion à pratiquer si vous espérez le salut ».


Les quatre hommes allèrent donc voir des moines, des rabbins et autres religieux cherchant chez eux la religion pure, celle d’Ibrâhîm. Waraqah Ibn Nawfal embrassa le christianisme, cAbdullah Ibn Jahsh et cUthmân Ibn Al-Hârith, quant à eux, ne trouvèrent rien qui les satisfasse et Zayd Ibn cAmr Ibn Nawfal a de son côté, une histoire toute particulière. Laissons-lui la parole afin qu’il nous la raconte.


Zayd raconte: « J’ai parcouru le judaïsme et le christianisme mais je m’en détournai car je ne n’y avais pas trouvé de quoi m’apaiser. Je me suis donc mis à parcourir le monde en quête de la religion pure d’Ibrâhîm jusqu'à ce que je parvienne en Assyrie. Là-bas, on m’indiqua un moine qui avait une grande connaissance du Livre. Je me rendis chez lui et lui fit part de mon cas. Après m’avoir écouté, il me dit :


- « Je vois, frère de la Mecque que tu cherches la religion d’Ibrâhîm ».


- « Oui », dis-je, « c’est ce que je cherche ».


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- « Tu cherches une religion qui n’existe plus aujourd’hui », dit-il. « Cependant, retourne chez toi car Allah va envoyer parmi ton peuple quelqu’un qui renouvellera la religion d’Ibrâhîm. Si tu le rencontres, reste auprès de lui ».


Zayd prit donc le chemin du retour, se dépêchant et espérant rencontrer le prophète annoncé. Alors qu’il était encore en chemin, Allah () envoya, comme le lui avait annoncé le moine, Son Prophète Muhammad () avec la religion de guidée et de vérité. Pourtant, ce dernier ne le rencontrera pas.


Alors qu’il était en chemin, une bande de brigands bédouins l’attaqua et le tua avant qu’il n’arrive à la Mecque et que ses yeux n’eurent l’immense plaisir de voir le Messager d’Allah (). A ses derniers soupirs, Zayd leva les yeux au ciel et dit : « Seigneur, puisque Tu m’as privé de ce bien, n’en prive pas mon fils Sacîd ».


La volonté d’Allah () sera d’exaucer l’invocation de Zayd. En effet, à peine le Messager () se mit-il à appeler les gens à l’Islam que Sacîd fut parmi les premiers à croire en Allah () et au message de Son Prophète ().


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Ceci n’est du reste pas étonnant car Sacîd a grandi dans une maison qui désapprouvait l’égarement dans lequel était Quraysh et il fut élevé dans la maison d’un père qui, comme nous l’avons évoqué, avait passé sa vie à chercher la vérité et était mort courant désespérément derrière elle.


Sacîd ne sera pas le seul de sa famille à se convertir. Sa femme Fâtimah Bint Al-Khattâb, la soeur de cUmar Ibn Al-Khattâb, se convertira en effet avec lui.


Malheureusement, le jeune Qurayshite subira de la part de son peuple des persécutions de nature à le détourner de sa religion. Cependant, non seulement Quraysh ne réussira pas à le détourner de l’Islam, mais lui et sa femme parviendront à leur enlever un de leurs hommes qui avait le plus de poids et qui était le plus dangereux.


En effet, ils furent une des causes de la conversion de cUmar Ibn Al-Khattâb.


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Sacîd mettra toute l’énergie et la fougue de sa jeunesse au service de l’Islam. Quand il se convertit, il n’avait que vingt ans à peine. Il assista donc avec le Messager d’Allah () à toutes les guerres, excepté Badr. S’il fut absent ce jour-là, c’est parce qu’il était en mission pour le Prophète ().


Et après la mort de ce dernier, Sacîd participa avec les Musulmans à s’emparer du trône de Chosroès ainsi qu’à miner l’empire de César faisant preuve, dans toutes les batailles livrées par les Musulmans, d’une attitude exemplaire.


Son fait le plus illustre est sans aucun doute ce que le jour d’Al-Yarmûk enregistra. Laissons-lui donc la parole pour qu’il nous raconte un extrait de ce qui s’est passé ce jour-là.


« Le jour de Yarmûk, dit-il, nous étions à peu près vingt-quatre mille. Les byzantins sortirent à notre rencontre avec cent vingt mille hommes. Ils se dirigèrent vers nous à pas lourds. On aurait dit des montagnes qu’une main invisible faisait bouger. A leur tête, les patriarches, les évêques et autres prêtres portaient des crucifix et récitaient à haute voix, des prières que l’armée, derrière eux, répétait tel un grondement de tonnerre. Quand les Musulmans les


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virent ainsi, ils furent effrayés par leur grand nombre et ils eurent, il faut le dire, un peu peur d’eux. A ce moment, Abû cUbaydah Ibn Al-Jarrâh se leva pour encourager les Musulmans au combat et dit :


- « Serviteurs d’Allah, secourez Allah et Allah vous secourra et Il affermira vos pas. Serviteurs d’Allah, patientez car la patience est un salut contre la mécréance, une satisfaction pour le Seigneur et elle repousse la honte. Brandissez vos lances, protégez-vous avec votre bouclier et restez silencieux sauf pour invoquer Allah () dans votre for intérieur jusqu’à ce que je vous donne l’ordre si Allah le veut ».


Sacîd poursuit : « Un homme s’avança alors hors des rangs musulmans et dit à Abû cUbaydah :


- « J’ai pris la décision de mourir maintenant, as-tu un message pour le Messager d’Allah ? ».


- « Oui », répondit Abu cUbaydah :


« Passe-lui le Salam de ma part et de celle des Musulmans et dis-lui : « Messager d’Allah, nous avons certes trouvé véridique ce que notre Seigneur nous a promis » ».


Sacîd dit : « A peine avais-je entendu ses paroles, et que je le vis dégainer son épée pour aller à la rencontre des ennemis d’Allah, que je me jetai à terre, me mis à


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genoux, brandis ma lance et transperçai le premier cavalier qui arrivait sur nous. Puis, comme Allah avait enlevé toute peur de mon coeur, je bondis sur l’ennemi et les gens se mirent alors à exploser à la face des byzantins et ils ne cessèrent de les combattre jusqu’à ce qu’Allah écrive la victoire pour les croyants ».


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Apres cela, Sacîd assista à la prise de Damas. Puis quand elle reconnut l’autorité des Musulmans, Abû cUbaydah Ibn Al-Jarrâh le nomma gouverneur. Il fut ainsi le premier Musulman à gouverner cette ville historique.


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Puis, quelques années après, à l’époque des Umayyades, quelque chose arriva à Sacîd, dont les gens de Yathrib parleront longtemps. Arwâ Bint Uways prétendit que Sacîd avait pris une parcelle de son terrain et l’avait ajouté au sien. Elle se mit à propager ceci parmi les Musulmans et à en parler autour d’elle, puis elle alla se plaindre à Marwân Ibn Hakam, le gouverneur de Médine, qui envoya à Sacîd des gens lui parler à ce propos.


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Ceci fut difficile à accepter pour le compagnon du Messager d’Allah () qui dit :


- « Ils pensent que j’ai été injuste envers elle. Comment pourrais-je être injuste envers elle alors que j’ai entendu de mes oreilles, le Messager d’Allah dire : « Celui qui prend injustement une parcelle de terre, elle le cernera le jour du jugement de sept terres ». Seigneur, cette femme a prétendu que je l’ai spoliée. Si elle ment, rends-la aveugle, jette-la dans le puits qu’elle me dispute et fais apparaitre ma vérité en une lumière qui montre aux Musulmans que je n’ai pas été injuste envers elle ».


Peu de temps s’écoula et Al-cAqîq1 déborda comme jamais auparavant ; ce qui eut pour conséquence de dévoiler la limite à propos de laquelle Sacîd et Arwâ Bint Uways divergeaient. Il apparut ainsi aux Musulmans que Sacîd disait la vérité.


Peu de temps après, Arwâ perdit la vue. Puis, un jour qu’elle marchait sur son terrain, elle tomba dans son puis. cAbdullah Ibn cUmar dit : « Lorsque nous étions enfants, nous entendions les gens se maudire en disant : Qu’Allah te rende aveugle comme Il a rendu Al-Arwâ aveugle ». Ceci n’est pas étonnant


1 Vallée de Médine où coule l’eau.


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car le Messager () a dit: « Prenez-garde à l’invocation de l’opprimé, car il n’y a aucun voile entre elle et Allah ». Que dire donc quand l’opprimé est Sacîd Ibn Zayd (), l’un des dix promis au Paradis...


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