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Souffrir est un phénomène incontournable pour tous les mouvements islamiques. La raison de cette souffrance est que l’Islam par son essence appelle à se rebeller contre les institutions fondées sur l’ignorance et les coutumes qui vont à l’encontre de la fitra (la nature saine). Cette caractéristique qui distingue l’Islam des autres mouvements en fait le plus susceptible d’être combattu. Nous voyons donc le pourquoi de la souffrance pour ceux qui appellent à l’Islam.


La souffrance et les épreuves qui vont avec sont l’un des moyens les plus importants et efficaces pour forger le caractère des représentants de l’Islam. La formation théorique n’a en effet aucune valeur si elle n’est pas accompagnée par un dur labeur et des difficultés. Même la foi a besoin de ces tests pour prouver sa véritable valeur et s’améliorer. Allah le Tout-Puissant dit dans le Noble Coran : « Parmi les gens il en est qui disent : "Nous croyons en Allah"; puis, si on les fait souffrir pour la cause d'Allah, ils considèrent l'épreuve de la part des hommes comme un châtiment d'Allah. Or, s'il vient du secours de ton Seigneur, ils diront certes : "Nous étions avec vous ! " Allah n'est-Il pas le meilleur à savoir ce qu'il y a dans les poitrines de tout le monde ? Allah connaît parfaitement les croyants et connaît parfaitement les hypocrites. » (Coran 29/10 et 11).


Il est bien connu que toute prétention doit être argumentée ou prouvée, la foi n’y fait pas exception. La constance dans les moments difficiles est une manifestation de la foi et elle est aussi la preuve de son existence et de sa fermeté. Allah le Tout-Puissant dit dans le Noble Coran : «Est-ce que les gens pensent qu'on les laissera dire : "Nous croyons !" sans les éprouver ? Certes, Nous avons éprouvé ceux qui ont vécu avant eux ; [Ainsi] Allah connaît ceux qui disent la vérité et ceux qui mentent. » (Coran 29/2 et 3).


Ainsi fut le décret d'Allah : que la vérité devrait être en éternel conflit avec le mensonge, et que chaque fois qu'un rayon de lumière apparaît, les forces des ténèbres se rassemblent pour l'éteindre. Allah le Tout-Puissant dit dans le Noble Coran : « Ils veulent éteindre de leurs bouches la lumière d'Allah, alors qu'Allah parachèvera Sa lumière en dépit de l'aversion des mécréants. » (Coran 61/8).


Depuis le début de la création et les premiers prophètes (que la Paix d’Allah sur eux), depuis la naissance du bien et celle du mal, la bataille entre les deux a été violente et sans répit. Mais la réalité qui ne cesse d’être prouvée de manière récurrente et qui apparaît assez clairement est que la vérité triomphe toujours au dépend du mensonge et de la corruption. Allah le Tout-Puissant dit dans le Noble Coran : « En effet, Notre Parole a déjà été donnée à Nos serviteurs, les Messagers, que ce sont eux qui seront secourus, et que Nos soldats auront le dessus. » (Coran 37/171 à 173).


Certains pourraient être tentés de se présenter devant les du'ât (ceux qui appellent à l’Islam) et de leur dire : « Vous travaillez beaucoup, parfois même la nuit et le jour. Mais au final vos résultats sont très minces, quelques personnes suivent votre appel et la majorité vous fuit. Pourtant vous voyez quelles sont les raisons qui détruisent ces mêmes personnes qui vous fuient. »


Un tel discours peut influencer beaucoup de du'ât (pluriel de dâ’iya), surtout ceux qui parmi eux manquent de détermination. C'est là que réside le rôle de la patience. Être prompt à cueillir les fruits de la da'wa n'est pas conforme à la patience qui doit caractériser le dâ’iya. Le prédicateur peut être à un certain endroit comme une école ou un institut en train d’interdire ce qui est interdit, de conseiller et d’encourager, de diffuser la da'wa (appel à l'Islam) et de parler à beaucoup de gens, mais il ne remarque pas lui-même le changement, car celui-ci ne se fait que progressivement. Tout comme le père ne remarque pas au quotidien que son fils grandit, car il le voit tout les jours. Mais pour autant son fils grandit graduellement ! Combien de du'ât ont abandonné leur travail d’appel dans un certain endroit pensant qu'ils n’avaient eu aucune influence, mais après leur départ, leur absence est devenue perceptible, et leur influence est alors apparue.


Ainsi, le prédicateur ne doit pas se précipiter pour recueillir le résultat et les fruits de sa da'wa, il doit au contraire patienter en ayant conscience que les résultats ne dépendent en réalité que d’Allah, le Très-Haut, il doit aussi se rendre compte que, d'après l'expérience logique issue de l'aspect historique et de l'aspect réaliste, tout effort sincère donne des fruits. Parce qu’il est rarement arrivé à une personne qui fait l’appel que personne ne lui réponde, que lorsqu’il donne des conseils ceux-ci ne bénéficient à personne ou que lorsqu’un savant s’assoit pour enseigner la science qu’il a accumulé, personne ne viennent apprendre. Chaque dâ’iya trouvera écho à son appel.


Les événements n'ont pas encore atteint le niveau que le Prophète Mohammad () a mentionné et contre lequel il nous a mis en garde, la soumission à la cupidité (avarice), la poursuite des désirs et l'influence de la vie mondaine. Ceci n'est pas encore arrivé à toute la nation musulmane, certains résistent. C'est peut-être le cas à un niveau individuel ou dans certaines régions spécifiques, mais il reste beaucoup de musulmans qui répondent et acceptent la da'wa, écoutent les conseils de celui qui les donne, lorsqu'il parle avec connaissance et sagesse.





 





Allah, exalté soit-Il, a comblé la péninsule arabique par la présence sur son sol de Maison sacrée qui est devenue le point de mire vers lequel se tournent les cœurs des musulmans. D’aucuns même attendent pendant des années et avec envie le moment où ils seront capables de s’y rendre. Or, certains habitants de cette région sacrée ne ressentent pas la grandeur du Hadj comme le ressentent leurs coreligionnaires venus d’ailleurs.





Il existe des musulmans qui passent toute leur vie à économiser sou après sou l'argent qui leur permettra d’accomplir le Hadj. Certains d’entre eux atteignent la cinquantaine, la soixantaine et même plus sans y parvenir ; d’autres trépassent avant de pouvoir réaliser ce rêve.





Rien pour moi n’est plus étonnant que cette histoire rapportée par un homme qui a été incarcéré dans une prison aux Etats-Unis. Interrogé un jour sur ce qui l’a étonné le plus en prison, il a répondu : « En prison, j’étais en compagnie d’un musulman du Nigéria. Comme je le trouvai consumé de chagrin, je crus qu’il avait des tracas pécuniaires ou familiaux ou qu’il était condamné à mort, j’imaginais encore d’autres raisons pires qui auraient pu être à l’origine de sa mélancolie. Curieux, je lui demandai :


- "Je te vois toujours triste. Qu’est-ce que tu as ?".


- "Je suis tracassé par une seule chose", me répondit-il.


- "Laquelle ?", demandai-je.


- "Je suis un musulman et j’ai été condamné à cinquante ans de prison. J’ai maintenant la trentaine – ou il m’a dit la quarantaine. Ceci signifie que je mourrais avant la fin de la durée de la peine et si je survie jusque-là je n'aurais pas la force d'accomplir le Hadj", m’expliqua-t-il ».





Voilà le plus grand problème de cet homme, bien que son incarcération constituât un empêchement valable d’un point de vue islamique.





Ainsi, cette histoire montre la valeur du Hadj dans le cœur des musulmans. Cette valeur est tellement considérable que le musulman impie ou pervers veut se rendre malgré tout à la Maison sacrée. On raconte qu’un homme avait l’habitude de blâmer un poète connu pour son impiété et sa consommation d’alcool, fatigué de ses reproches, le poète lui répondit par des vers qu’Allah, exalté soit-Il, lui pardonnerait son impiété puisqu’il accomplissait les cinq prières prescrites, qu’il s’attachait à la religion droite puisqu’il n’associait rien à Allah, exalté soit-Il, qu’il avait combattu l’ennemi et obtenu un butin qui lui permettrait d’accomplir le Hadj. Ainsi, en dépit de la perversité de cet homme, ce pilier revêtait une grande importance pour lui.





Donc les musulmans, de langues, de couleurs, de doctrines et de pensées différentes, parmi lesquels des gens pieux, vertueux, des savants qui œuvrent et d’autres de rang inférieur, affluent du monde entier vers la Maison sacrée. Là, nous devons nous demander : qu’avons-nous fait, nous les prédicateurs, les étudiants en théologie et les oulémas, pour ces pèlerins qui proviennent des quatre coins du monde ?





Quand vous vous poserez cette question, méditez-en la réponse que la situation réelle vous fournira, puis comparez-la à ce récit, narré dans les ouvrages de la Sunna : un an après la première Allégeance d'al-‘Aqaba, et pendant la saison du pèlerinage, la seconde Allégeance fut conclue. Djâbir ibn ‘Abdillah, qu’Allah soit satisfait de lui, rapporta ce qui suit : « Pendant dix ans, le Prophète () ne cessa de suivre les pèlerins dans leurs demeures et au cours des saisons de pèlerinage à Madjanna, ‘Ukâdh et Mina, et de leur dire : 'Qui me donne refuge et me défend jusqu’à ce que je parvienne à transmettre le message de mon Seigneur, et entrera en récompense au Paradis ?', mais il n’obtint pas de réponse. Et lorsqu’un homme de Mudar ou du Yémen entreprenait un voyage à destination de La Mecque, l’un de ses compatriotes ou des siens lui disait : 'Méfie-toi de l’homme de Quraych, de peur qu’il ne te charme'. Le Prophète () les suivait partout les appelant à Allah, mais ils le pointaient du doigt [se méfiant de lui]. Ceci se poursuivit jusqu’au jour où Allah, exalté soit-Il, nous envoya à lui de Yathrib. Un homme parmi nous allait le voir, embrassait l’Islam, apprenait le Coran, puis retournait à sa famille pour les amener à embrasser l’Islam à leur tour. Ce processus continua jusqu’au jour où il n’y ait plus aucune demeure à Yathrib qui ne renferme un groupe qui déclarait son Islam. Ensuite, nous nous réunîmes en un groupe de soixante-dix hommes et nous nous dîmes : 'Jusqu’à quand laisserons-nous le Prophète () être chassé dans les montagnes de La Mecque, en proie à la peur ?'. Alors, nous partîmes le retrouver. Nous arrivâmes chez lui alors que c’était la période du pèlerinage. Nous nous mîmes d’accord avec lui pour aller le retrouver dans les sentiers de montagne d'al-‘Aqaba, l’un après l’autre, et lorsque nous le rejoignîmes, nous lui dîmes : 'Ô Messager d’Allah, dans quel but veux-tu que nous te prêtions serment ?'. Il nous répondit () : 'Prêtez-moi serment de m’écouter et de m’obéir en toutes circonstances, de dépenser dans l’aisance et dans la gêne, d’ordonner le convenable et d’interdire le blâmable, de défendre la cause d’Allah sans craindre le blâme de personne, de me défendre quand je serai parmi vous à Yathrib contre tout ce contre quoi vous vous défendez vous-mêmes, vous défendez vos épouses et vos enfants, et vous entrerez au Paradis'. Nous décidâmes alors de lui prêter serment d’allégeance. Là, As’ad ibn Zorâra, le plus jeune d’entre nous après moi, prit la main du Prophète () et dit : 'Attendez, Ô gens de Yathrib. Nous n’avons entamé notre voyage qu’en étant certains qu’il était le Messager d’Allah, et que le fait de le soutenir aujourd’hui signifiait la rupture des liens avec tous les Arabes, la mort des meilleurs d’entre vous et le fait d’être frappés par les coups de sabre. Si vous êtes capables d’endurer les coups de sabre, la mort des meilleurs hommes d’entre vous et la rupture avec tous les Arabes, alors prêtez-lui serment d’allégeance et à Allah, exalté soit-Il, incombe votre récompense. Mais si vous avez peur, alors laissez-le, car cela vous servira d’excuse auprès d’Allah'. Nous dîmes : 'Éloigne ta main, As’ad. Par Allah, nous ne renoncerons jamais à ce serment et nous n’y serons jamais infidèles'. Ensuite, nous nous levâmes un par un et nous prêtâmes serment d’allégeance au Prophète () qui, à son tour, nous cita ses conditions puis nous promit d’entrer au Paradis » (Ahmed, al-Bayhaqî et al-Hâkim).





Cette partie de ce récit suffit d’argument à ce que nous voulons dire. Voyez donc, chers pèlerins, vous qui avez décidé de parcourir cette longue distance et de venir de tout chemin éloigné, la ligne de conduite de notre Prophète () qui saisissait l’occasion de cette saison pour appeler à Allah, exalté soit-Il, puis contemplez-en les fruits.





L’humanité aux quatre coins du monde n’a-t-elle pas envie de se rendre en Terre sainte ?





N’afflue-t-elle pas vers l’Antique Maison, pleine de désir de se rapprocher d’Allah, exalté soit-Il, et de recueillement ?





Allah, exalté soit-Il, n’a-t-Il pas pris l’engagement des savants et ne leur a-t-il pas ordonné d’appeler à Lui ?





Qu’avez-vous fait ? Et qu’avez-vous préparé pour votre pèlerinage ?





Ô vous qui voyagez à destination de la Maison sacrée, veillez à faire ce que notre Prophète () a été soucieux d’accomplir. Veillez à appeler à la religion de la Vérité et du juste milieu, ne serait-ce que par un livre ou un enregistrement audio. Consultez pour cela les gens savants et clairvoyants. Ne gaspillez pas ce rassemblement qui est irréalisable pour certains ou qui n'arrive qu'une seule fois dans la vie de certains autres. Bénéficiez de ce qui est avantageux et soyez utiles à ceux qui sont venus, plein de recueillement, à la recherche du rapprochement d’Allah, exalté soit-Il. Expliquez les choses à ceux qui les ignorent, conseillez les gens désobéissants et faites le bien ; ainsi peut-être réussirez-vous.





Et je vous rappelle de tenir au tact et à la sagacité, car Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : « Par la sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur » (Coran 16/125). Si vous en êtes incapables, alors épargnez aux gens votre malveillance, assistez les autres pèlerins, comportez-vous avec eux affablement et selon la bonne éthique. Ceci vous suffira comme appel à Allah, exalté soit-Il.



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