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Le dialogue est l’un des meilleurs moyens d’exprimer sa pensée, car il s’agit d’un processus impliquant à la fois l’écoute et l’interaction, et durant lequel on a recours à tous nos sens, à nos émotions ainsi qu’à notre pensée, c’est ce qui fait du dialogue une chose inhérente à notre esprit et influençant grandement ce dernier. Il faut savoir que l’Islam a toujours prêté une attention particulière aux arts du dialogue et de la conversation, et ce, car la nature humaine est naturellement portée au dialogue ainsi que parfois à la polémique, et à ce propos Allah, exalté soit-Il, dit : « L’homme cependant est, de tous les êtres, le plus grand disputeur » (Coran 18/54). Notons en outre que cette propension de l’homme à dialoguer ou à polémiquer s’étend au-delà de sa mort, c’est-à-dire jusqu’au Jour du Jugement comme nous le rappelle le Noble Coran : « (Rappelle-toi) le jour où chaque âme viendra, plaidant pour elle-même […] » (Coran 16/111). Toutefois, rappelons que si nous cherchons dons notre héritage moral islamique l’utilisation du terme « critique » (al-naqd), nous ne trouverons rien ; en revanche, nous trouverons à sa place les mots « rectification », « présentation des défauts », « effacement des erreurs », « exhortation au bien », « examen de conscience », « ordonner le louable et interdire le blâmable » ou encore « conseil ».





Le dialogue a pour but le fait d’argumenter ainsi que le fait d’écarter les pensées erronées et fausses, il aide en somme les individus qui s’y adonnent à connaître la vérité et à y accéder, chacune des parties cherche en fait à découvrir chez l’autre les éléments de cette vérité qu’il dissimule, et ce, en usant les divers moyens de raisonnement logique permettant d’accéder à cette vérité. Et à ce propos al-Dhahabî a dit : « L’art de la controverse a été mis au point afin de découvrir la vérité, de permettre au savant érudit de communiquer son savoir au autre ou encore d’informer les insouciants et les ignorants ».


Il est notable que plus les interlocuteurs sont bien formés et ont un référentiel commun, plus le dialogue est positif et les discours des uns et des autres se complètent harmonieusement ; et, inversement, plus les interlocuteurs sont intellectuellement faibles et sans références communes ou ont un discours décousu ou perclus de contradictions, plus le dialogue est voué à l’échec, tourne en rond et tourne en une polémique proche d’une vulgaire dispute bruyante. Nous constatons par exemple que lors des périodes de changements sociaux – et notamment ceux qui sont soudains et rapides – le dialogue devient plus bruyant, plus embrouillé et plus décousu étant donné les différences extrêmement grandes des références intellectuelles des diverses parties en présence, ce qui amène ces dernières à ne trouver aucun point d’accord entre elles, de plus aucune idée pertinente ne peut ressortir de leur dialogue de même que tout est sujet à la diffamation, à la controverse stérile voire à l’injure.


Par ailleurs, le fait de suivre la vérité, de faire des efforts constants pour y accéder et de s’y accrocher de toutes ses forces est ce qui permet de mener le dialogue sur le droit chemin en évitant les tortuosités, les égarements, la soumission aux passions de la masse ou encore l’imitation aveugle. Ainsi, l’honnête homme intelligent – et à plus forte raison le musulman – cherche la vérité et le juste tout en s’écartant de ce qui est erroné et faux.


Abû Hâmid al-Ghazâlî a dit : « Le fait de s’entraider dans la recherche de la vérité fait partie de la religion, mais cette entraide comporte des conditions et des caractéristiques précises, et parmi celles-ci il y a le fait de rechercher la vérité comme si on recherchait un objet perdu, et dans ce cas il n’y aucune différence entre celui qui trouve l’objet perdu et celui qui l’a aidé à le trouver, le découvreur de l’objet voit son compagnon de recherche comme un soutien et non comme un adversaire, de plus il le remercie de lui avoir montré ses erreurs ».


Par ailleurs, en ce qui concerne la condamnation de l’esprit sectaire, quand bien même il se manifesterait au nom de la recherche de la vérité, voici ce que dit al-Ghazâlî : « L’esprit sectaire fait partie des fléaux que l’on trouve chez les mauvais savants, ces derniers dépassent les bornes du sectarisme dans leur recherche de la vérité, ils regardent ceux qui s’opposent à eux avec dédain et mépris, ils incitent à la confrontation et au dialogue mais en fait il ne cherchent qu’à faire triompher les idées erronées, ils ne cherchent qu’à conforter et renforcer leurs convictions. S’ils faisaient montre de douceur, de bienveillance et de sagesse dans leurs conseils, et non de sectarisme et d’arrogance, alors cela serait mieux pour eux ; toutefois, la dignité ne vient que quand on demande aux gens de suivre nos avis et nos idées, mais on ne peut conquérir des adeptes par un esprit sectaire ou en maudissant ses adversaires ; et malheureusement ces mauvais savants ont fait du sectarisme une habitude et un outil ».


Le but est ici de dire que tout dialogue doit être débarrassé de tout esprit sectaire, ne viser que la vérité, être dépourvu de toute violence et agressivité, s’éloigner de toute controverse fondée sur une subjectivité personnelle et de tout sophisme, toutes ces manières de faire et de dire corrompent les cœurs, mènent les esprits à s’emporter, font naître de l’aversion pour les autres, génèrent de l’animosité dans les esprits et conduisent pour finir à la rupture.


De même nous pouvons dire que nos pensées sont comme de belles toiles de peintures élaborées par le pinceau d’un artiste connu pour son coup de pinceau génial, pour l’ampleur de son imagination ainsi que pour son habilité à choisir les bonnes couleurs, ce peintre crée pour nous à chaque fois des paysages naturels magnifiques et captivants. Et ces belles toiles ont besoin d’un beau cadre correspondant à leur beauté, s’accordant avec leurs couleurs, complétant leur magnificence et leur élégance éclatante et envoûtante. Les mots que nous choisissons, les termes que nous utilisons et les phrases que nous élaborons sont comme le cadre de ces toiles. Par conséquent, il est absolument nécessaire de se choisir un beau cadre pour nos « toiles » afin d’ajouter de l’élégance à l’élégance, de rendre nos répliques plus pertinentes et de faciliter le travail consistant à convaincre l’autre de la validité de nos pensées et convictions ou au moins faire en sorte que ce dernier fasse un pas vers nous et ne nous fuit pas en colère à cause de notre échec à choisir les bons mots et les bonnes formules pour lui parler.


Quand on croit à la vertu du bon comportement, à l’importance de ce dernier, à l’obligation de bien se comporter avec tous les individus et même avec les animaux, alors nous devons dire le bien et le bon aux gens et choisir lorsque nous nous adressons à nos frères non seulement des bonnes paroles mais les meilleures paroles. Si nous sommes convaincus que c’est là la voie à suivre, alors nous maîtriserons comme il se doit l’art du dialogue, nous éviterons que nos discussions soient polluées par de mauvaises manières, des paroles grossières et impolies et nous éviterons d’employer un style méprisant à l’égard de nos contradicteurs.


Si nous croyons que l’application de la justice est une obligation et que la Charia oblige le musulman à faire montre d’équité envers tout le monde, alors nous devons accepter que la justice est un précepte indiscutable et une vertu non négociable. Enfin, si nous sommes convaincus par tout ce qui précède, nous ne pouvons pas nous permettre lors d’un débat de dénigrer totalement notre adversaire et de rejeter le vrai qu’il y a dans ses paroles avec le faux.





 





La réalité vécue nous impose de dire que les tentations sont nombreuses et il en est de même pour les passions. Les musulmans où qu’ils se dirigent se trouvent facilement face aux tentations.


Voilà pourquoi notre bien-aimé, le Messager d'Allah () nous a informés qu'après lui viendraient les jours de l’endurance. Le Messager d'Allah () était au courant de ce qui existerait après lui en matière de passions et de fitnas, raison pour laquelle il annonça que la récompense des personnes endurantes serait multipliée ; il () dit un jour à ses Compagnons :





« Des jours d’endurance viendront après vous ; celui qui s’accrochera fermement pendant ces jours à ce à quoi vous vous accrochez maintenant aura une récompense équivalente à celle d’une cinquantaine d’homme d’entre vous. »





- « Ô Prophète d’Allah, dirent les Compagnons, une cinquantaine d’hommes d’entre nous ou d’entre eux ? »


- « D’entre vous, dit le Messager (). »





Cette immense rétribution ne nous pousse-t-elle pas fortement à faire preuve d’endurance dans cette vie éphémère pour être du nombre des gagnants dans l’Au-delà ?





De plus, sachons que si nous préférons nous livrer aux passions, aux divertissements et aux plaisirs (illicites), ceux-ci s’épuiseront très rapidement et il ne nous restera qu'une douleur intarissable dont la souffrance sera plus dure et plus constante que la souffrance de l’endurance dans l'obéissance à Allah, exalté soit-Il. (Al-Fawâ`id, Ibn al-Qayyim).





Ô toi qui a fait preuve d’endurance en obéissant à son Seigneur, que la désobéissance a tenté et qui a réagi en disant : « Je crains mon Seigneur », je ne sais pas de quelle rétribution, qui t’est réservée, je peux te parler, car Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : « […] les endurants auront leur pleine récompense sans compter. » (Coran 39 /10).








Ce qui suit fait partie de la récompense réservée aux endurants :


Allah, exalté soit-Il, les aime : que diriez vous si vous saviez qu’Abou Bakr, qu’Allah soit satisfait de lui, vous aime ? Et quel bonheur serait le vôtre si vous saviez que le Messager d'Allah () vous aime ? Imaginez donc dans quel état vous seriez si vous saviez qu’Allah, à Lui la Grandeur le Maître de l’autorité absolue, vous aime ? Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : « Et Allah aime les endurants » (Coran 3/146). Allah, exalté soit-Il, vous aime, ô vous qui faites preuve d’endurance en obéissant à votre Seigneur. Vous qui vous réveillez de votre profond sommeil, en repoussant loin de vous la couverture qui était sur vous tout en frémissant de froid, vous qui accomplissez à la perfection vos ablutions et répondez à l’appel d’Allah, exalté soit-Il. Allah, exalté soit-Il, vous aime, ô vous qui avez rompu votre relation avec cette jeune fille et qui avez emprunté un chemin qui plaît à Allah, exalté soit-Il.


La récompense ultime : les mots sont maintenant insuffisants pour décrire cette scène grandiose. Ô vous les endurants pour l’amour d’Allah, exalté soit-Il, vous voilà en train de mettre vos pied dans un Paradis aussi vaste que les cieux et la terre, ce qui vous fait oublier tout malheur, toute peine et toute fatigue. Vous faites votre premier pas dans le Paradis de votre Seigneur, exalté soit-Il, et vous êtes reçu par les Anges de toutes parts, car vous êtes les hôtes d’Allah. Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :


« Les jardins d’Eden, où ils entreront, ainsi que tous ceux de leurs ascendants, conjoints et descendants, qui ont été de bons croyants. De chaque porte, les Anges entreront auprès d’eux : ‘Paix sur vous, pour ce que vous avez enduré!» - Comme est bonne votre demeure finale !’ » (Coran / 24)


L’endurance est un bien pour ceux qui en sont dotés : le Messager d'Allah () a dit :





« Les affaires du croyant sont étonnantes ! Il ne lui arrive que du bien, et ceci est exclusivement réservé au croyant. Lorsqu’une bonne chose lui arrive il remercie Allah, exalté soit-Il, et cela est un bien pour lui, et lorsqu’il lui arrive un malheur, il fait preuve d’endurance ce qui est un bien pour lui ».





Allah, exalté soit-Il, dit également à ce propos (sens du verset) : « Et si vous endurez...cela est certes meilleur pour les endurants » (Coran 16 /126).





Comment acquérir l’endurance ?


Il y a de nombreux moyens par lesquels le croyant cherche à acquérir cette caractéristique éminente et à accomplir cet acte d’adoration immense qu'est l'endurance. Citons quelques exemples :


La méditation sur la récompense : la personne médite sur la grande rétribution qu’Allah, exalté soit-Il, réserve tant dans la vie d’ici-bas que dans l’Au-delà aux endurants.


Recourez à Allah, exalté soit-Il : Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : « N’est-ce pas Lui qui répond à l’angoissé quand il L’invoque, et qui enlève le mal, […]» (Coran 27/62).





Donc Allah, exalté soit-Il, est capable de vous octroyer cette moralité louable et de vous en parer. Alors invoquez Allah, exalté soit-Il, constamment pour qu’Il vous l’accorde. Il est profitable pour le musulman de lire les biographies de ceux qui étaient des exemples en matière d'endurance. De plus, le jeune homme peut contempler les autres jeunes qui sont constants dans l’obéissance à leur Seigneur et qui s’éloignent des actes de désobéissance. En méditant continuellement sur leur exemple, il aura passionnément le désir de se joindre à eux et se munira de l’attirail des endurants. Ne vous dites donc pas que leur chemin est difficile, car Celui qui les soutient est Omnipotent. Présentez-vous devant Celui qui a donné aux endurants leur salaire. Demandez l’aide de votre Seigneur. Il se peut qu’un pauvre trouve un trésor précieux et qu’un homme modeste gagne une faveur. « [Il ne me reste plus donc] qu’une belle patience ! C’est Allah qu’il faut appeler au secours […] » (Coran 12 /18).



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