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Il y a quelque temps la maison d’édition cairote « Dâr al-charqiyyât » a fait paraître un livre intitulé L’Europe et l’Islam : l’histoire d’une incompréhension, son auteur est l’historien italien Franco Cardini et il a été traduit en arabe par le docteur ‘Imâd al-Baghdâdî qui est le directeur du département de langue italienne de l’université ‘Ayn Chams. Le livre analyse les facteurs les plus importants qui ont favorisé une sorte d'antagonisme entre les Européens et l’Islam, et notamment le plus important d’entre eux qui est l’incompréhension mutuelle entre les deux entités civilisationnelles, laquelle a été accentuée par les informations erronées concernant cette religion qui se sont diffusées dans la culture européenne.


Le livre, selon ce qui est indiqué dans l’introduction de la première édition, fait partie d’une série d’ouvrages intitulée « Je fais l’Europe » qui a été conçue à l’initiative de cinq éditeurs de langues différentes et de pays divers, cette série se propose de répondre à certaines questions essentielles que se posent les Européens comme : Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Et où allons-nous ?


Selon le journal londonien Al-Charq al-Awsat, dans son introduction, Loejof explique que : « L’Europe se construit toute seule, si on prend en compte l’histoire c’est là un grand projet qui se réalise, l’Europe sans histoire sera orpheline et malheureuse ».


Dans le premier chapitre du livre, intitulé « Un prophète et trois continents », l’auteur montre qu’à chaque fois qu’on compare l’Islam et l’Europe, il est question de la relation conflictuelle entre le christianisme et l’Islam, et ce, bien que la principale conséquence de la modernité occidentale fut la laïcisation de la société et donc la séparation entre l’Europe et le christianisme. Toutefois, nous ne pouvons nier que la plupart des Européens regardent avec angoisse les mouvements islamiques qui ne cessent de se développer, mouvements auxquels les médias occidentaux donnent des adjectifs inquiétants comme fondamentalistes, extrémistes, salafistes, djihadistes, wahhabites, etc. Ce phénomène de peur et cette inquiétude contribuent à diffuser l’idée chez les Européens que l’Islam est un ennemi potentiel.


En outre, l’auteur attire l’attention sur la dissymétrie existant dans le titre L’Europe et l’Islam expliquant « qu’ici la comparaison n’a aucun sens, car elle oppose un lieu ou un espace géographique, c’est-à-dire l’Europe, et une religion, c’est-à-dire l’Islam ; c’est donc la confusion répandue entre l’Europe et le christianisme et entre la religion musulmane et les territoires où les gens pratiquent cette dernière qui a créé cette dualité ou dichotomie subjective et non scientifique.


Alors que l’opposition entre l’Europe et l’Asie dans un contexte de lutte entre l’Occident et l’Orient – selon l’expression de l’auteur – existe depuis longtemps, les tentions entre l’Europe et l’Islam s’exacerbent. Toutefois, certains considèrent qu’il faut chercher l’origine de ces tensions nouvelles en partie à l’époque des croisades ou bien à l’époque de la domination turque ottomane sur les régions se trouvant à l’est de la mer Méditerranée et dans les Balkans ou encore bien avant ces deux périodes, c’est-à-dire au VIIIe siècle au moment où les musulmans d’Afrique du Nord firent la conquête de la Péninsule ibérique, laquelle sera connue ensuite sous le nom d’al-Andalous. En partant de ce postulat, selon l’auteur : « Si on veut trouver une réponse à la question du « comment et du quand » apparurent la conscience moderne de l’Europe et l’identité européenne, on découvrira inéluctablement que l’Islam fait partie des éléments qui ont aidé l’Europe à se définir ».


Le livre explique que l’Europe représentait le christianisme – c’est en tout cas l’avis des historiens médiévistes – et tout individu venant d’une sphère civilisationnelle autre pour s’y installer était perçu comme un étranger ou même comme un envahisseur, alors qu’à la même époque les pays où l’Islam dominait politiquement fonctionnaient selon un système de société généreux et libéral basé sur des lois, de juridictions et des règles dont certaines s’approchaient grandement de ce qu’on appelle aujourd’hui une loi constitutionnelle.


Ce système fut transmis à l’Europe via le commerce et les petites incursions musulmanes sur ses territoires, de même que passèrent en Europe les sciences, les innovations, les arts orientaux, les ouvrages traduits des philosophes grecs antiques et bien d’autres livres, et ce, par l’intermédiaire des savants musulmans et orientaux de manière générale ; toutes ces sciences et ces arts empruntés par les Européens contribuèrent largement à leur développement ultérieur (la Renaissance, le Lumières, etc.). Cependant, malgré cet imminent héritage culturel transmis à l’Europe par les musulmans, les guerres qui opposèrent ces derniers aux royaumes chrétiens d’Occident, et notamment les croisades, la Reconquista ou encore l’invasion turque dans l’est de l’Europe, firent que l’impression générale et dominante concernant les Arabes et les musulmans imprégna profondément les esprits et la culture des Européens se résumait à l’idée que ces peuples orientaux étaient des envahisseurs barbares.


Pendant longtemps le terme « musulman » est resté dans la conscience collective européenne indissociable du terme « turc », c’est donc sur cette base erronée que les grands philosophes et penseurs du siècle des Lumières en Europe, tels que Voltaire, Jean-Jacques Rousseau ou Diderot, traitèrent du sujet de l’Islam. Toutefois, certains de ces penseurs délaissèrent leurs premières positions sur cette question et s’appuyèrent sur les hautes valeurs grâce auxquelles l’Islam a pu s’élever, comme par exemple la tolérance, pour le défendre à travers une approche objective qui n’était plus influencée par la période durant laquelle Turcs et Européens se faisaient la guerre ou celle plus ancienne qui vit des masses de Croisés marcher vers Jérusalem.


Enfin, il nous faut signaler que le livre s’interroge également sur toutes les périodes difficiles que traversèrent les relations islamo-européennes ; ainsi, il est un moment question de la période coloniale qui s’étend sur le XIXe et XXe siècles et même de la Déclaration Balfour et de la création de l’Etat d’Israël en Palestine en 1948. L’auteur nous explique comment l’Europe a aidé à élargir encore le fossé qui la sépare du monde musulman en soutenant moralement, politiquement et matériellement le projet sioniste qui cause le pire des tourments aux musulmans de Palestine.



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