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Premièrement : il est important de savoir que le mort sent l'arrivée du visiteur à sa tombe, l'entend, s'en console ou s'en afflige, mais ne peut ni agir ni se conformer à aucune des recommandations du vivant. Si le vivant lui dit par exemple : "N'oublie pas de répondre aux deux anges quand ils te posent les questions : "Quel est ton Seigneur ? Réponds-leur : mon Seigneur est Allah ; quand ils te demandent quelle est ta religion ? Dis-leur, l'Islam ; quand ils te demandent quel est ton Prophète ? Dis-leur : Muhammad le Messager d'Allah". En fait, le mort ne peut ni profiter de cette recommandation ni, encore moins, la mettre en pratique. Si le vivant lui demande d'invoquer Allah en sa faveur, il ne pourrait pas, étant dans l'impossibilité d'agir ou de réagir pour les raisons mentionnées ci-dessous.





Deuxièmement : le mort entend le bruit de la marche et les paroles de ceux qui le portent dans sa dernière demeure. En voici les preuves :





1. Parlant du mort le Prophète () a dit : "Le mort entend certainement le bruit de leurs souliers quand ils rebroussent chemin après l’avoir enterré." (Rapporté par Boukhari et Mouslim). Il s'ensuit donc qu'il entend le bruit des souliers de ceux qui l'ont enterré.





2. Le mort se console de la présence des visiteurs.





On rapporte que 'Amr ibn al-‘Âs (qu'Allah soit satisfait de lui) a dit à ceux qui ont assisté à sa mort : "Après m'avoir enterré, veuillez, s'il vous plaît, rester à côté de ma tombe pendant un moment équivalant à celui que prend l'abattage d'une chamelle et la distribution de sa viande, le but étant que je puisse me ressaisir." (Rapporté par Mouslim). C'est-à-dire le temps de se préparer pour être mieux en mesure de répondre aux questions que lui poseront les deux anges. A noter qu'il ne leur a pas ordonné d'abattre la chamelle.





3. Le mort entend les paroles qu’on lui adresse





S'étant tenu debout sur le fossé de Badr où se trouvaient entassés des morts parmi les polythéistes, le Messager () d'Allah les adressa ainsi : "Avez-vous trouvé que ce que votre Seigneur avait promis était vrai ? Moi en tout cas, j'ai trouvé que ce que mon Seigneur m'avait promis était vrai".


'Umar (qu'Allah soit satisfait de lui) lui dit alors : "Ô Messager d'Allah ! Tu adresses la parole à des corps sans âme" ? Le Prophète () lui répondit : "Je jure par Celui Qui a entière autorité sur moi que vous n'êtes nullement mieux capables d'entendre ce que je dis qu'eux". (Rapporté par Boukhari et Mouslim).





4. Le mort dans sa tombe entend les salutations qu'on lui adresse





Aïcha () rapporte que, lors d'une des nuits qu'il lui consacrait, le Prophète était sorti pour se rendre au cimetière d'al-Baqî'. Une fois sur les lieux, il s'est adressé aux morts en ces termes : "Que la paix soit sur vous, ô locataires de cette demeure où logent des croyants, aussi bien vous que nous-mêmes serons différés pour voir ce qui nous est promis pour demain, mais bientôt, quand Allah le voudra, on vous rejoindra". Dans une autre version, le Messager d'Allah enseignait ces paroles à ses Compagnons et il arrivait que l'un d'eux y ajoute : "Nous prions Allah d'accorder la paix autant à nous qu'à vous-mêmes." (Rapporté par Mouslim).





Il est à remarquer que, dans ce hadith, le Prophète s'adressait aux morts en disant : "Que la paix soit sur vous, ô locataires de ces demeures où logent des croyants et des musulmans, nous vous rejoindrons quand Allah le voudra. Puisse-t-Il accorder Sa miséricorde à ceux, parmi vous et parmi nous, qui sont déjà partis et ceux qui partiront bientôt. Nous prions Allah d'accorder le salut autant à nous qu'à vous-mêmes". Commentant ce hadith, Ibn al-Qayyim a dit : "Cette parole est adressée à ceux qui entendent et qui prêtent attention" (Voir le livre d’Ibn Al-Qayyim intitulé Ar-Rûh). Il a dit aussi qu’il est inconcevable que le Prophète () adresse la salutation à ceux qui ne se rendent pas compte de sa présence et n’entendent pas ce qu’il dit.





5. Le Prophète () a rendu visite à la tombe de sa mère mais n'a pas prié Allah d’accorder Son pardon à sa mère.





Le Prophète () a dit : "Visitez les tombes, car elles rappellent de la mort" (Rapporté par Mouslim).


Abû Hurayra (qu'Allah soit satisfait de lui) rapporte que, s’étant rendu sur la tombe de sa mère, le Prophète a pleuré et a fait pleurer ceux qui étaient autour de lui et auxquels il a fait cette confidence : "J'ai demandé à Allah de me permettre de prier pour le pardon de ma mère, mais il ne me l'a pas permis et je lui ai demandé la permission de visiter sa tombe et il me l'a accordée". Rapporté par Mouslim. Ibn al-Qayyim a dit que : "Si les morts ne sentaient pas la présence du visiteur, il ne serait pas correct d'appeler celui-ci un visiteur, car si la personne visitée ne se rend pas compte de l'arrivée du visiteur, on ne pourrait pas proprement parler de visite rendue, c'est en tout cas ainsi que se comprennent raisonnablement les visites chez toutes les nations" (Ar-Rûh).





6. Le mort s'afflige lorsque le visiteur pleure





Le Prophète () a dit : "Il y a sûrement chez la famille du défunt certaines façons de pleurer qui font souffrir ce dernier ». (Rapporté par Boukhari)


Il ne doit pas venir à l'esprit de quiconque que les morts soient punis quand les siens pleurent sur eux, car le terme utilisé par le Prophète () est "ليعذب "(sera certainement torturé). Or, qui dit souffrance dit douleur, ce qui veut dire que le mort sent de la douleur quand les siens pleurent. Ne sent-on pas de la souffrance quand on est exposé à des choses qu'on n'aime pas, qui nous dérangent ou qui nous perturbent sans toutefois être touchés par le feu ou sans recevoir de coups. C'est le sens voulu par le Prophète () quand il dit que "Le voyage est une souffrance", ce qui ne veut pas dire que le voyageur est, en raison de son voyage, torturé par le feu. Sa souffrance se réfère à la douleur, à la détresse et au chagrin qu'il ressent lorsqu’il se sépare et s'éloigne de ses parents, de ses enfants et de sa patrie. De même que le dormeur entend les cris des enfants quand il veut dormir et s'en sent mal à l'aise et en souffre, de même que le mort lorsque, autour de lui, il y a des pleurs, des gémissements, des cris, des paroles qui ne font pas référence à la louange d'Allah, souffre et se sent offusqué. C'est aussi l'avis d'Ibn Taymiyya.





7. Parmi les preuves avancées pour prouver que le mort entend la parole du visiteur, il y a le retour de l'âme dans sa tombe de temps en temps comme cela a été expliqué dans une leçon précédente.





 





Ibn al-Qayyim a répondu à cette question avec beaucoup de détails dans son livre intitulé Ar-Rûh. Nous allons nous contenter de donner un bref aperçu des propos qu’il a mentionnés dans ce livre.





D'après 'Aïcha (qu'Allah soit satisfait d’elle), le Messager d'Allah () a dit: « Aucun homme ne visite la tombe de son frère coreligionnaire et s'assied auprès d'elle sans que le mort ne se réjouisse de sa compagnie, jusqu'à ce qu'il le quitte. » Ibn Abu al Dounya





Abou Hourayra (qu'Allah soit satisfait de lui) a rapporté que le Messager d'Allah () a dit : « Tout homme qui passe par une tombe et salue son habitant, il lui rend le salut même s'il ne le connaît pas. » Ibn Abd al Bar a qualifié ce hadith d'authentique





'Abd al Rahman ibn Chamasa al-Mahri raconte : «Nous rendîmes visite à 'Amr Ibn al 'Âs alors qu'il était à l'article de la mort. Il pleura longtemps et tourna son visage vers le mur. Son fils lui dit: « Ô père ! Qu'est-ce qui te fait pleurer ? Le Messager d'Allah () ne t'a-t-il pas annoncé que tu auras telle et telle récompense ? » Alors il nous regarda et dit : « Nous considérions l'attestation qu'il n'y a d'autre divinité à part Allah et que Mohammed est le Messager d'Allah était la meilleure œuvre. Dans ma vie je suis passé par trois états. Il fut un temps où je me vis l'homme le plus haineux vis-à-vis du Messager d’Allah. Mon plus grand désir était alors d'avoir une occasion pour le tuer. Si j'étais mort dans cet état, je serais certes parmi les damnés du Feu. Puis, quand Allah a ouvert mon cœur à l'Islam, je vins trouver le Prophète () et lui dis : « Tends la main, que je te fasse acte d'allégeance ! » Il tendit sa main mais je retins la mienne. Il me dit: « Qu'as-tu donc ? Ô 'Amr ! » Je dis : « J'ai une condition à poser ». Il dit : « Et qu’elle est ta condition ? » Je dis : « L’absolution de mes péchés ». Il dit : « Ne sais-tu donc pas que l'Islam efface tout ce qui le précède et que le pèlerinage efface tout ce qui le précède ? » Nul n'était alors pour moi plus aimé que le Messager d’Allah () ni plus vénéré que lui. Après cela je ne pouvais plus le regarder longuement par égards pour lui et si l'on m'avait demandé de faire sa description, j'en aurais été incapable car mon respect m'empêchait de fixer sur lui mes regards. Si j'étais mort en cet état, j'aurais espéré être l'un des élus du Paradis. Puis on nous a confié des charges et j'ignore si j'ai rempli mon devoir ou non. Une fois que je serai mort, je tiens à ce qu'il n'y ait dans mon cortège funèbre ni pleureuses, ni feu. Quand vous m'aurez enterré, faites couler lentement sur moi la terre et restez autour de ma tombe le temps d'abattre une chamelle et d'en distribuer la viande afin que votre présence m'aide à supporter ma solitude et que je voie ce que je devrai répondre aux Anges-Messagers de mon Seigneur ». (Mouslim)








Ibn al-Qayyim a dit après avoir mentionné ce hadith : « Ce hadith montre que le mort se familiarise avec ceux qui se tiennent près sa tombe et se réjouit de leur présence. » Pour appuyer son point de vue il cite une dizaine de récits qu’il attribue à certains prédécesseurs connus par le savoir, la droiture et la piété:





Soufiân ibn 'Ouyayna raconte: « Quand mon père mourut, je m'inquiétais trop à son sujet. Je visitais sa tombe chaque jour, puis je cessais de le faire le temps qu'Allah a voulu. Un jour, pendant que je m'asseyais près de sa tombe, le sommeil me gagna et je vis en rêve que la tombe fut ouverte et mon père assis dedans en se calfeutrant de son linceul et avait l'aspect d'un mort. Alors, comme j'avais l'air de quelqu'un qui pleure, mon père me dit : « Ô fils, pourquoi tu t'es absenté toute cette période ? - Ô père, lui répondis- je, étais-tu toujours au courant de mes visites ? - Oui, dit- il, et chaque fois que tu venais me visiter, je m'en réjouissais ainsi que ceux qui sont proches de moi en t'entendant faire les invocations ». Après cela, je lui rendais visite la plupart de temps».





'Othmân ibn Sawada al-Tafawi rapporte que lorsque sa mère appelée Râhiba, qui était une dévote, fut à l'article de la mort, elle leva sa tête vers le ciel et invoqua Allah en ces termes : « Ô Toi qui es ma réserve, à qui je me fie durant cette vie et aussi dans l'autre, ne m'humilie pas après ma mort et ne me laisse pas seule dans ma tombe ». Il dit : « Chaque vendredi je visitais sa tombe et lui invoquais Allah de lui pardonner ainsi qu'à tous les morts. Un jour je la vis en rêve et lui demandai : « Ô mère ! Comment tu te trouves ? ». Ô fils, me répondit- elle, la mort à, certes, ses affres. Quant à moi, louange à Allah, je suis dans un endroit louable où nous nous étendons sur un tapis de myrte en nous accoudant à des coussins de soie et de brocart, et nous resterons ainsi jusqu'au Jour de la Résurrection ». - As-tu besoin de quelque chose ? Répliquai- je.


- Oui, dit- elle, je veux que tu viennes toujours pour invoquer Allah en notre faveur, car je me réjouis quand tu viens nous visiter le jour de vendredi. On me dit : « Ô Râhiba, voilà ton fils qui est arrivé, alors je me réjouis et ceux qui m'entourent parmi les morts se réjouissent également ».





Bichr ibn Mansûr raconte: « Du temps où la peste qui avait envahi le pays, un homme venait au cimetière pour participer à la prière funéraire. Le soir, il se tenait debout à la porte du cimetière et disait : « Qu'Allah soit votre compagnon, ait pitié de vous, pardonne aux pécheurs d'entre vous et accepte vos bonnes œuvres », sans y rien ajouter. Cet homme raconte: « Un soir, je rentrai chez moi sans passer par le cimetière et faire l'invocation habituelle. Je vis en rêve une foule de gens qui vinrent me trouver. Je leur demandai: « Qui êtes- vous ? Que voulez- vous ? ». - Nous sommes les habitants du cimetière et nous voulons que tu viennes toujours, nous visiter et faire la même invocation, me répondit- on. Dès ce jour- là, je ne cessai de visiter le cimetière et faire l'invocation.





Soulaym ibn 'Oumayr se trouvait dans un cimetière avec quelques-uns de ses compagnons, et, voulant satisfaire un besoin, ils lui dirent: «Va auprès d'un de ces fossés et urine ». - Il pleura et dit: « Gloire à Allah! Par Allah, j'ai honte des morts comme j'ai honte des vivants. Si le mort ne s'apercevait pas de cela, je n'aurais pas honte de lui» avant d’ajouter : « On a rapporté et affirmé que les œuvres des vivants seront exposées aux morts qui se réjouiront des bonnes d'entre elles. Quant aux mauvaises, ils s'écrieront : « Ô Allah, accorde leur Ton pardon ».





Après la mention de ces récits dont nous avons omis d’en citer une grande partie -afin de rester bref- Ibn al Qayyim conclut : « Les récits et les exemples abondent dans ce sens. Il faut donc retenir que les morts reconnaissent leurs visiteurs, autrement cette visite n'a aucun sens. En plus le Prophète () enseignait aux musulmans une formule à dire quand ils visitent les tombes et qui est la suivante: « Que la paix soit sur vous ô habitants de ces demeures parmi les musulmans et les croyants. Si Allah le veut, nous vous rejoindrons. Qu'Allah fasse miséricorde aux devanciers d'entre vous et nous et à ceux qui viendront après eux. Nous demandons à Allah d'accorder le salut à nous tous». De cette formule nous pouvons déduire que le mort reconnait son visiteur et entend sa salutation mais il est incapable de répondre ». Fin de citation



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