Les gens ont l’habitude, avant ou après la prière obligatoire, de faire leurs prières surérogatoires dans la mosquée. Si seulement ils réalisaient combien la prière surérogatoire est indispensable pour leurs maisons ils auraient réservé un petit espace dans leurs chambres pour en faire un lieu de prière où, après chaque prière obligatoire faite à la mosquée, ils invoquent le nom d’Allah, le supplie et passe en revue la situation religieuse de leurs cœurs.
Dans un Hadith du Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam), il est dit « Ô hommes ! Faites la prière dans vos maisons, la meilleure prière qu’un homme puisse faire est celle qu’il fait dans sa maison sauf s’il s’agit d’une prière obligatoire. » (Rapporté par Boukhari et Mouslim).
Il existe cependant une exception à cette recommandation. Il s’agit des prières qui concernent uniquement la mosquée c'est-à-dire les Rakaa que l’on fait en guise de salut à celle-ci. Parmi les résultats escomptés, en cas de restauration de cette Sunna, il y a la bénédiction et la grâce d’Allah qui se rependront sur toi et sur toute ta famille. C’est là une faveur dont chaque musulman a plus que besoin. Il pourra s’exercer à équilibrer les prières qu’il fait en public et en privé entre sa maison et la mosquée afin d’écarter de lui-même toute idée de Ria (ostentation). Une nouvelle occasion pourra alors s’ouvrir devant lui pour faire d’avantage de bonnes œuvres tout en vérifiant son intention afin de ne pas laisser place au Ria. C’est aussi une occasion pour se retirer un peu à l’écart et s’orienter vers Allah, le Créateur des cieux et de la terre, exalte soit-Il, à la cherche de Son appui, et pour Lui exposer ses problèmes et ses soucis avec humiliation et reconnaissance des péchés et des défauts.
Aïcha, qu’Allah soit satisfait elle, rapporte que le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) avait l’habitude de faire quatre Rakaa chez lui avant de se rendre à la mosquée pour la prière d’Adh-Dhohr après cette prière, il revenait à la maison pour faire deux Rakaa. Après la prière d’Al Maghrib à la mosquée, Il revenait aussi chez lui pour faire deux Rakaa. De même après la prière d’Al Isha à la mosquée il regagnait chez lui pour faire deux Rakaa.
Ibn Oumar qu’Allah soit satisfait de lui, rapport que le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) fait à la maison l’ensemble des Sunan et des prières facultatives qui non pas un motif précis, surtout les deux Rakaa, après la prière d’Al Maghrib, qu’il n’a jamais fait à la mosquée, selon les sources concordantes.
Le musulman qui se soucie de la pratique de
Anas a rapporté : «Trois hommes sont venus voir les épouses du Prophète dans leur maisons et leur demandèrent comment était la pratique cultuelle du Prophète. Quand elles les en informèrent, cela [la pratique cultuelle du Prophète () sembla leur paraitre peu. Ils dirent : «Que sommes-nous par rapport au Prophète () alors qu’Allah lui a déjà pardonné tous ses péchés passés et futurs ? » L'un d'eux dit : «Pour ma part, je m’engage à passer toute les nuits en prière. » L’autre dit : «Et moi je m’engage à jeûner sans interruption le restant de ma vie.» Quant au troisième il dit: «Moi je m’engage à m’éloigner des femmes et à ne jamais me marier. » Ces propos furent rapportés au Prophète, , qui alors alla à leur rencontre et dit : «Est-ce bien vous qui avez tenu de tels propos ? Je jure par Allah que je connais Allah mieux que vous et que je Le crains plus que vous, mais la nuit, je prie et je dors, le jour, je jeûne et je mange, et j’épouse les femmes. Celui qui se détourne alors de ma Sounna (tradition) n’est pas des miens. » [Al-Boukhari et Muslim]
Anas a également rapporté : «Quelques compagnons du Prophète () demandèrent à l’une de ses épouses comment était son culte quand il était seul. Quand elle eut répondu, ils s’exprimèrent ainsi :
- « Je ne me marierai jamais ! »
- « Et moi, je ne mangerai plus la viande ! »
- « Et moi, je ne dormirai plus sur un matelas ! »
Le Prophète () en entendant cela, adressa des louanges à Allah, puis il dit : « Qu’ont-ils ces gens-là qui disent de telles choses ? Quant à moi, je prie et je dors, je jeûne et je romps le jeûne et j’ai épousé des femmes. Celui qui se détourne de ma sounna ne fait pas partie des miens ».
L’expression «Quelques compagnons du Prophète» signifie que les compagnons en question étaient entre trois et neuf
«Que sommes-nous par rapport au Prophète () alors qu’Allah lui a déjà pardonné tous ses péchés passés et futurs ? » signifie qu’il n'ont pas cette assurance que le Prophète () a, par conséquent ils comprirent qu’ils auraient à faire davantage d'efforts pour essayer d'atteindre son niveau, mais il () leur expliqua qu’ils pouvaient obtenir une grande récompense en accomplissant les choses dont ils voulaient s'abstenir tout en craignant Allah.
Dans la seconde version du hadith les compagnons ont voulu s'abstenir de choses différentes de celles mentionnées dans la première version, ce qui prouve que ces compagnons étaient plus de trois.
Le discours du Prophète () dans la première narration correspond à un discours direct, alors que dans la seconde, il indique qu'il () parlait d’une façon générale. Il se peut que sa première intervention se fit directement et en privé avec les compagnons concernés afin de ne pas révéler leur identité aux autres et de ne pas les embarrasser puis après son entretien avec les concernés il () s’adressa à tout le monde dans la mosquée et expliqua que cette attitude était inacceptable.
Le fait que le Prophète () fit un serment afin de montrer à ces hommes que malgré qu’Allah lui ait pardonné ses péchés passés et futurs, il n'avait pas pour habitude de faire ce qu'ils avaient l'intention de faire, montre qu’il ne faut pas exagérer dans la pratique cultuelle et que la récompense d'Allah peut être atteinte sans exagération. Celui qui est modéré dans son culte est plus susceptible de persévérer alors que celui qui exagère finira par se décourager et par la suite abandonnera. C’est dans ce contexte que le Prophète () a dit dans un hadith authentique : « La religion en principe est de pratique facile. Que personne ne cherche à être trop rigoureux dans l'observance de la religion sinon il succombera à sa tâche.»
L’expression : «ma sounna» se réfère à sa manière de vivre du Prophète () et à son approche face à chaque situation et non à la classification des actes islamique en actes obligatoires, recommandés, déconseillés, abhorrés, ...
Prophète () les a informés que celui qui adore Allah d’une manière autre que la sienne ne fait pas partie des siens du fait qu’il n’a pas suivi sa voie. Il () fait allusion ici aux méthodes que les moines ont innové dans leur religion et qui ont étaient l’une des principales causes de leur perte. Allah, exalté soit-Il dit les concernant (sens du verset) : « Le monachisme qu'ils inventèrent, Nous ne le leur avons nullement prescrit. [Ils devaient] seulement rechercher l'agrément d'Allah. Mais ils ne l'observèrent pas (ce monachisme) comme il se devait. Nous avons donné leur récompense à ceux d'entre eux qui crurent. Mais beaucoup d'entre eux furent des pervers. » (Coran : 57/27)
Il est bon de signaler ici que celui qui pratique l’islam d'une manière autre que la manière du Prophète () n'a pas quitté le giron de l'islam s’il le fait par ignorance ou s’il s’est trompé dans sa compréhension de la sounna, mais il commet un acte d'incrédulité s’il le fait délibérément en pensant que sa méthode est meilleure que la Sounna du Prophète ()
Les éléments suivants sont quelques-uns des nombreux avantages que nous pouvons tirer de ce récit :
· La recommandation de suivre la voie des pieuses personnes et l’autorisation de se renseigner sur leurs pratiques cultuelles auprès de leurs femmes si l'on n'est pas en mesure de le faire auprès des hommes.
· La vertu du mariage et l’encouragement à se marier.
· La permission d’accomplir ouvertement les bonnes œuvres et d’en informer les autres à condition de se sentir à l'abri de l’ostentation.
· Les actes permis islam peuvent être recommandés, déconseillés ou abhorrés, selon l’intention qui les accompagne.
· L'imam At-Tabari dit : «Ce récit réfute l'allégation de ceux qui s’interdisent de manger des aliments licites ou de porter des vêtements autorisés, affirmant qu'il est préférable d'utiliser des vêtements usés, vieux et laids et de s'abstenir de manger de bonnes choses. » Mais, l'imam Ibn Hajar a ajouté à ces propos : «Celui qui a pour habitude de ne consommer que de bons et frais aliments et qui de ne s’habiller que luxueusement, finira par s’habituer au luxe et ne pourra s’en passer au risque de succomber dans des actes blâmables en vue de satisfaire ses habitudes une fois qu’il s’en trouve priver. D'un autre côté, en s'interdisant de les bons vêtements et les bonne et les bonnes nourritures on risque d’entre en contradiction avec la parole d'Allah qui dit (sens du verset): «Dis : “Qui a interdit la parure d'Allah, qu'Il a produite pour Ses serviteurs, ainsi que les bonnes nourritures ? ” Dis : “Elles sont destinées à ceux qui ont la foi, dans cette vie, et exclusivement à eux au Jour de la Résurrection.” Ainsi exposons-Nous clairement les versets pour les gens qui savent. » (Coran : 7/32)
-- L’action la plus aimée d’Allah est celle qui est accomplie régulièrement, même si elle n’est que peu de chose.
- La voie du Prophète () est la meilleure et la plus équilibrée des voies : il lui arrivait de jeûner des jours et de rompre son jeûne pendant d’autres pour préserver sa force, de prier de longues nuits et de dormir des fois pour se reposer et régénérer ses forces et il épousa des femmes en vue de satisfaire ses désirs, de se préserver des tentations, de maintenir sa chasteté et d’augmenter le nombre de musulmans.
· Une mise en garde contre l'exagération dans les questions religieuses parce qu’elle peut mener à un arrêt des actes cultuels. Celui qui exagère dans des actes de culte deviendra apathique, ce qui peut l'amener à cesser d’accomplir non seulement les actes surérogatoires mais plus grave encore les actes obligatoires. Celui qui effectue uniquement les actes obligatoires est également en danger, il peut abandonner son culte entièrement ; le garde-fou est la modération.
· Ce récit prouve aussi que la connaissance d'Allah et de ses commandements a un rang supérieur et bien plus élevé que celui de la simple adoration, et que les actes du cœur sont essentiels pour la pratique de la servitude à Allah.