Ibn Kathir a dit dans l’introduction de son célèbre Tafsir : « ....il est du devoir des oulémas de dévoiler la signification de la Parole d’Allah, de l'expliquer et, à ce titre, de faire toute recherche pertinente pour y arriver, pour l’apprendre et l’enseigner comme les y incite le Coran dans les versets suivants:
« Allah prit, de ceux auxquels le Livre était donné, cet engagement : “Exposez-le, certes, aux gens et ne le cachez pas”. Mais ils l'ont jeté derrière leur dos et l'ont vendu à vil prix. Quel mauvais commerce ils ont fait ! » (Coran : 3/187).
« Ceux qui vendent à vil prix leur engagement avec Allah ainsi que leurs serments n'auront aucune part dans l'au-delà, et Allah ne leur parlera pas, ni ne les regardera, au Jour de la Résurrection, ni ne les purifiera ; et ils auront un châtiment douloureux.» (Coran: 3/77).
Avant nous, Allah a déjà condamné les gens du Livre pour avoir tourné le dos au Livre qui leur était révélé et pour y avoir préféré les richesses de la vie d’ici-bas qu’ils se sont mis à amasser oubliant, dans la foulée, les ordres et les injonctions du Livre d'Allah.
Dés lors il nous échoit – nous autres musulmans – de prendre garde de tomber dans les même erreurs qu’ils ont commises et qui leur ont fait mériter la réprobation d’Allah. Nous devons, au contraire, respecter ses ordres et ses consignes en étudiant et en enseignant le Coran afin de le comprendre nous même et de le faire comprendre aux autres. C’est le sens que renferme les versets suivants :
« Le moment n'est-il pas venu pour ceux qui ont cru, que leurs cœurs s'humilient à l'évocation d'Allah et devant ce qui est descendu de la vérité [le Coran] ? Et de ne point être pareils à ceux qui ont reçu le Livre avant eux. Ceux-ci trouvèrent le temps assez long et leurs cœurs s'endurcirent, et beaucoup d'entre eux sont pervers. Sachez qu'Allah redonne la vie à la terre une fois morte. Certes, Nous vous avons exposé les preuves clairement afin que vous raisonniez. » (Coran : 57/16,17). En mentionnant le deuxième verset juste après le premier, Allah attire notre attention sur le fait qu’autant Il ravive la terre après sa mort, autant Il assouplit les cœurs par la foi après leur durcissement à cause des péchés et de la désobéissance à Allah. Nos espoirs restent cependant fondés sur Allah Seul que nous implorons pour nous faire autant Lui Qui est le plus généreux des généreux.
A la question : quelles sont les meilleures méthodes d'explication du Coran?
Nous pouvons donner la réponse suivante qui est la plus correcte :
La meilleure façon consiste à expliquer le Coran par le Coran lui-même, car ce qui y est présenté de façon concise et ramassée dans un endroit se trouve précisé et détaillé dans un autre. Quand cela s’avère compliqué nous devons nous reporter à la Sunna car elle explique le Coran et en définit le sens. Ainsi l'Imam Abou Abdallah Mohamed ibn Idris Ach-Chafi'i (qu'Allah lui fasse miséricorde) a dit : « toutes les décisions du Messager d'Allah () sont prises à la lumière de sa compréhension du Coran. Allah le Tout Puissant dit: « Nous avons fait descendre vers toi le Livre avec la vérité, pour que tu juges entre les gens selon ce qu'Allah t'a appris. Et ne te fais pas l'avocat des traîtres.» (Coran : 4/105). Le Tout Puissant dit aussi : « Nous avons fait descendre le Coran, pour que tu exposes clairement aux gens ce qu'on a fait descendre pour eux et afin qu'ils réfléchissent.» (Coran : 16/44). Le Tout Puissant dit également : « Et Nous n'avons fait descendre sur toi le Livre qu'afin que tu leur montres clairement le motif de leur dissension, de même qu'un guide et une miséricorde pour des gens croyants.» (Coran : 4/64)
C'est le sens du Hadith : «J'ai reçu le Coran et son équivalant», autrement dit la Sunna. En fait la Sunna a été révélée au Prophète () au même titre que le Coran, à la différence qu’elle n’est pas récitée comme l’est le Coran. Ainsi, l’imam Ach-Chafi'i, (qu'Allah lui fasse miséricorde) et autres oulémas ont présenté tant de preuves à l’appui de cela, seulement ce n’est pas le lieu ici pour entrer dans les détails.
L’idée est que l’on doit d’abord chercher l'interprétation du Coran dans le Coran lui-même, si on ne la trouve pas on doit la chercher dans la Sunna comme indiqué par le Messager d’Allah à Mou’adh quand il l’a chargé d’une mission au Yémen : «Sur quoi te baseras-tu dans ton jugement?» Lui demanda le Prophète. «Sur le livre d’Allah. » répondit Mou’adh « Et si tu n’arrives pas à ce que tu cherches ?» reprit le Prophète. « J'aurai recours à la Sunna du Messager d’Allah », affirma Mou’adh. « Et si », continua le Prophète, « tu n’arrives pas à en déduire la réponse recherchée de la Sunna? » « Dans ce cas je m’efforcerai d’y arriver avec ma propre opinion »conclut Mou’adh. Le Messager d’Allah frappa alors sa poitrine et dit: «Louange à Allah qui a orienté le messager du Messager d'Allah vers une approche satisfaisante pour le Messager d’Allah». Ce Hadith est mentionné dans le Mousnad et les Sunan avec une bonne chaîne de transmission, comme indiqué dans ses références.
Il en résulte que, dés lors qu’on ne trouve pas l'explication dans le Coran ou dans la Sunna, on doit nous référer aux dires des Compagnons qui sont mieux placés pour savoir à quoi s’en tenir en la matière en raison de leur connaissance exclusive du contexte et des circonstances ainsi que de leur compréhension profonde, de leur rigueur scientifique et de leurs bonnes œuvres. C’est le cas notamment de leurs oulémas et de leurs guides tels les quatre califes et les imams guidés, surtout Abdallah Ibn Mas’ud (qu'Allah soit satisfait d’eux tous).
Citant successivement Jabir Ibn Noh, Al A’amaach, Abou Douha et Masrough, l’Imam Abou Ja'far ibn Mohamed ibn Jarir rapporte que : « Abdallah Ibn Mas’ud a dit: « Je jure par Celui Qui n’a pas d'associés qu’il n’existe aucun verset du Coran que je n’en sache à qui il se réfère et où il a été révélé. Mieux, si je connais un endroit où peut se trouver quelqu’un qui soit mieux versé que moi dans le Livre d’Allah et qui soit accessible par les moyens de transport disponibles, je n’hésiterai pas à le rejoindre.» Aussi, citant successivement Abou Wael et Ibn Mas’ud, Al A’amach a dit encore: « lorsque l’un de nous apprenait dix versets du Coran il ne les dépassait pas avant d’en cerner le sens et avant de les mettre en pratique. »
Abou Abdul Rahman Al Soulaymi a dit : «Ceux qui nous enseignait le Coran nous racontaient que souvent ils demandaient au Prophète () de leur faire entendre le Coran. Aussi avaient-ils l’habitude, quand ils apprenaient dix versets du Coran, de s’y limiter jusqu’à en apprendre le sens pour les appliquer.
Il y en a parmi eux l’éminent savant Abdallah ibn Abbas, le cousin du Messager d'Allah () et l’interprète du Coran qui a eu la bénédiction de la prière suivante faite en sa faveur par le Messager d’Allah lui-même: « Oh Allah, fais qu’il comprenne correctement la religion et qu’il ait une intuition en matière d'interprétation. »
Ibn Jarir a dit: « Mohamed Ibn Bachar citant successivement Waki’, Soufyan, Al A’amach et Mouslim a dit : « Abdallah Ibn Mas’ud a dit au sujet d’Ibn Abass : “Quel excellent interprète du Coran !”» Ensuite il a rapporté la même chose citant successivement Ibn Yahya, Ibn Dawood, Ishagh Al Azragh, Sufyan Al A’amaach, Mouslim ibn Soubeih Abou Douha, Masrough et Ibn Mas'ud qui a dit: «Ibn Abbas, quel excellent interprète du Coran ! » . Ensuite, il a rapporté la même chose citant successivement Bindar, Jaafar Ibn Al-Aoun et Al A’mach.
Il s'agit d'une bonne chaîne de transmission qui arrive jusqu’à Ibn Mas'ud qui s’étonne de l’énorme savoir d’Ibn Abbas en matière d’interprétation du Coran. Ibn Mas'ud (qu'Allah soit satisfait de lui) est, selon de bonnes sources, décédé en l’an trente-deux de l’Hégire alors qu’Ibn Abbas l’a survécu de trente six années. Imaginez l’énorme quantité de connaissances qu’il a dû amasser après Ibn Mas’ud !
Al A’amach Ibn Abou Wael a dit: « Ali (qu’Allah soit satisfait de lui) désigna Ibn Abass pour commander les musulmans lors du Hajj et ce dernier fit, à l’occasion, un sermon dans lequel il récita la Sourate d’Al-Baqarah ou, selon une autre version, celle d’Al-Nour qu’il a si admirablement expliquée que si les Romains, les Turcs et les Daylam l’avaient entendu ils auraient tous, à coup sûr, accepté l'Islam.»