Au nom d’Allah, le Tout Clément, le Tout Miséricordieux
1. N’as-tu pas considéré celui qui tient pour mensonge la Rétribution ?
2.C’est justement lui qui rudoie l’orphelin,
3.et qui n’incite point à assurer la subsistance du pauvre.
4. Malheur donc à ceux qui prient
5. mais qui sont distraits de leur prière (Salât),
6. ceux qui font tout par ostentation,
7. et s’abstiennent de prêter (à autrui) le moindre ustensile.
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager Mohammad. Ô Allah nous ne savons que ce que Tu nous as appris, c’est Toi Qui détiens la science. Ô Allah apprend nous ce qui nous apportera du bien, fais nous profiter du bien de ce que Tu nous as appris et augmente nos connaissances. Ô Allah embellis le bien à nos yeux et aide nous à le suivre. Enlaidis le mal à nos yeux et aide nous à nous en détourner. Ô Allah mets nous parmi ceux qui écoutent les paroles et suivent les meilleures d’entre elles et compte nous parmi Tes bons adorateurs.
Cette Sourate porte, selon l'ordre de classement des sourates dans le Mushaf, le numéro 107. Elle comprend sept versets et son nom est tiré du mot al-Mâ'ûn cité dans son septième et dernier verset. Elle porte aussi deux autres noms moins célèbres que sont al-Dîn et al-Yatîm tirés respectivement de son premier et de son deuxième verset. Selon la majorité des commentateurs du Coran, ses trois premiers versets sont mecquois donc pré-hégiriens et les quatre autres médinois donc post-hégiriens.
De cette courte sourate, les exégètes ont tiré des leçons très importantes :
La principale leçon est que la véritable foi doit inciter au bien et que les mauvais actes sont des preuves flagrantes d'une foi faible, ou d'une incrédulité. Les bonnes œuvres qui ne sont pas le fruit d’une croyance sincère ne seront pas effectuées convenablement. Puisque ces actes sont faits par ostentation, ils ne seront jamais faits ni régulièrement, ni dans la forme recommandée.
Ainsi, celui qui trouve une certaine négligence dans ses devoirs envers Allah doit savoir que c’est un signe l'alertant d'une défaillance dans sa foi. Il doit donc se rappeler d’Allah, implorer Son Pardon et commencer à bien œuvrer.
Cette sourate décrit deux types de personnes : les mécréants et les hypocrites. Les premiers ne croient pas au jour de la Rétribution. Ils repoussent brutalement l'orphelin, ne donnent pas la charité et n'incitent point les autres à la donner à ceux qui sont dans le besoin. Les seconds n'œuvrent pas pour Allah, mais par pure ostentation. Ils négligent leurs prières ou les retardent et refusent toute aide à autrui. Ils ne sont donc bons ni dans l'adoration d'Allah, ni envers Ses créatures.
Explication détaillée de cette sourate :
1. N’as-tu pas considéré celui qui tient pour mensonge la Rétribution ?
Allah nous demande dans ce verset si nous avons remarqué la manière d’agir de celui qui ne croit pas au Jour de la Rétribution. Allah ne pose pas cette question pour que nous y répondions par oui ou non. En fait, Il nous dit que nous devrions soigneusement observer la manière d’agir du mécréant. Ce dernier ne sentant pas qu’il pourrait avoir à rendre compte de ses actes devant Allah, a un comportement distinctif.
Ses agissements sont donc des signes que les croyants doivent connaitre afin de repérer les ennemis d’Allah et de s’en méfier. Ils doivent également les connaître pour ne pas afficher ces mêmes signes, car ils sont des traits distinctifs du Kufr (mécréance).
2. C’est justement lui qui rudoie l’orphelin,
Le premier signe de non croyance au Jour de la Rétribution mentionné par Allah est le fait de repousser brutalement l’orphelin. ‘Rudoyer l’orphelin’ signifie empêcher l’enfant sans parents de recevoir ce qui lui appartient. Dans la période préislamique, les Arabes empêchaient les femmes et les enfants d’hériter. Celui qui ne croit pas qu’il aura à répondre de ses actes est prêt à escroquer n'importe qui, même les biens de sa propre famille. S’il devient tuteur d’un orphelin, il dilapide sa fortune ou l’ajoute simplement à la sienne. Et une fois l’orphelin devenu grand, il refuse de lui rendre ses biens. En désignant cette mauvaise pratique, Allah nous conseille aussi d’être des gens honnêtes. Aussi, lorsque l’on nous confie un bien, nous devons le restituer comme nous l’avons reçu. Ce point est largement développé dans le Coran et la Sunna authentique.
3. et qui n’incite point à assurer la subsistance du pauvre.
Le deuxième signe majeur de l’incroyance au jour de la Rétribution est que le mécréant donne rarement la charité et n'incite point les autres à la donner. Il oublie que la fortune est une grâce d'Allah et en même temps un test pour voir est-ce que l’homme qui la possède sera reconnaissant envers Allah et le Lui prouvera en partageant ses biens avec les autres, ou sera-t-il ingrat et le démontrera par son avarice ?
Ce verset apprend aux croyants sincères à être généreux et à donner la charité régulièrement. L’Islam a rendu la charité obligatoire à ceux qui possèdent plus que leur besoins essentiels.
4. Malheur donc, à ceux qui prient
Malheur signifie, selon les exégètes, le supplice ou la mort ou aussi une vallée située dans la Géhenne où sont punis les hypocrites. Quant à l'explication de ce verset, elle est totalement dépendante des deux versets suivants :
5. mais qui sont distraits de leur prière (Salât),
Allah ne dit pas malheur à ceux qui prient, mais à ceux qui prétendent prier. Ceux qui font tous les mouvements de la prière, mais d’une manière négligée. De tels individus retardent leur Salat et quand ils sont seuls, ils prient même en dehors du temps légal. Ils font la prière rapidement et sans concentration. Ils regardent soit autour d’eux, soit leur montre et trouvent même une raison pour rire en pleine prière. De tels gens sont ceux qui seront punis même si ils faisaient leurs prières.
La prière, dans sa forme correcte, est la première chose qu’Allah a rendue obligatoire à ceux qui ont déclaré leur foi. C’est, par conséquent, une preuve de la croyance en Allah. C’est pourquoi lorsque la prière est négligée, elle devient le signe de l’incroyance au Jour dernier. Celui qui prie négligemment ne peut pas croire qu’Allah le regarde, ni présumer qu’il sera rétribué suivant la manière dont il a accompli sa prière. Ainsi, en espérant le malheur à ceux qui prient négligemment, Allah recommande aux croyants d’être concentrés dans leurs prières. D'autres versets dans le Coran encouragent les musulmans à se soucier de leurs prières. C'est le cas de ce verset décrivant les vrais croyants : "Bienheureux seront les croyants qui accomplissent leurs prières avec recueillement et humilité" (Coran 23/1-2).
6. ceux qui font tout par ostentation,
Ce verset nous instruit sur la principale raison de leur négligence. Ils prient pour être vus. Ils ne prient pas pour plaire à Allah, puisqu’ils ne croient pas en Lui. Ils font la prière pour faire croire aux croyants qu’ils sont musulmans ou pour gagner l'estime de ceux qui les regarde.
7. et s’abstiennent de prêter (à autrui) le moindre ustensile.
La preuve que ceux qui sont négligents dans leur prière prient uniquement pour être vus, est qu’ils ne peuvent faire un simple geste de gentillesse. Si leur voisin leur demande d’emprunter un ustensile d’utilité courante comme un seau ou un pot, ils trouvent des excuses pour ne pas le leur prêter.
La Salat qui est réalisé avec une croyance sincère en Allah empêche de commettre tous les actes de méchanceté.