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Texte du message envoyé par le Prophète () à Héraclius 1er : « De Muhammad, Messager de Dieu, à Héraclius, souverain de Byzance. Que la paix soit sur ceux qui suivent le bon chemin. Je t'appelle à croire à l'islam. Deviens musulman et tu seras en sécurité, et Dieu t'accordera une double récompense. Si tu refuses, tu en porteras la responsabilité pour les ariens. » [Les ariens étaient les adeptes d'Arius, prêtre égyptien qui croyait en l'unicité divine et niait que le père et le fils soient deux manifestations du Seigneur.]





Le Prophète fit porter ce message par Dihya ibn Khalîfa al-Kalbî à qui il donna l’ordre de la remettre au roi de Bosra qui lui-même se chargea de le transmettre à l’empereur d’Orient. Dans les propos rapportés par Boukhari, Ibn 'Abbâs dit avoir été informé par Abû Sufyân ibn Harb du dialogue qui s’est tenu entre lui et l’empereur Héraclius 1er, lorsque ce dernier reçut le message du Prophète (). Abû Sufyân présent chez l’empereur, alors qu’il n’avait pas encore embrassé l’Islam et dirigeait encore l’inimitié contre le Prophète, témoigne en répondant aux questions de l’empereur, curieux de savoir qui est ce Muhammad qui se prétend être envoyé de Dieu :


Héraclius 1er: « Lequel d’entre vous est généalogiquement plus proche de cet homme qui prétend être un prophète ? »


Abû Sufyân : « C’est moi. »


Héraclius 1er: « Rapprochez-le de moi ! Rapprochez ses compagnons et mettez-les derrière lui ». Ensuite il dit au traducteur : « Dis-leur que je veux interroger leur compagnon au sujet de ce prétendu prophète ; s’il prononçait le moindre mensonge, ils devraient m’avertir. »


« Par Dieu ! N’eût été la honte de me voir attribuer un mensonge, j’aurais menti devant les questions de l’empereur » affirma par la suite Abû Sufyân.


La première question fut la suivante :


Héraclius 1er: Quelle appréciation faites-vous de sa généalogie ?


Abû Sufyân : « Son lignage est noble. »


Héraclius 1er: « Quelqu’un parmi vous a-t-il jamais tenu de tels propos (le fait de se prétendre prophète) ? »


Abû Sufyân : « Non. »


Héraclius 1er : « Le soupçonniez-vous de mensonge avant qu’il ne tienne un tel discours ? »


Abû Sufyân : « Non. »


Héraclius 1er : « Y a-t-il des rois parmi ses ancêtres ? »


Abû Sufyân : « Non. »


Héraclius 1er: « Ceux qui le suivent sont-ils les nobles ou le bas peuple ? »


Abû Sufyân : « Plutôt le bas peuple. »


Héraclius 1er: « Les gens qui le suivent augmentent-ils en nombre ou régressent-ils ? »


Abû Sufyân : « Ils augmentent plutôt. »


Héraclius 1er : « Y en a-t-il qui apostasient par aversion après avoir embrassé sa religion ? »


Abû Sufyân : « Non. »


Héraclius 1er: « Lui arrive-t-il de trahir ? »


Abû Sufyân : « Non. Toutefois, nous avons conclu une trêve avec lui et nous ne connaissons pas ses intentions. »


Abû Sufyân ajouta plus tard : « C’est la seule réponse où j’ai pu glisser un mot. »


Héraclius 1er: Avez-vous été en guerre avec lui ? »


Abû Sufyân : « Oui. »


Héraclius 1er: « Quel a été l’aboutissement de vos combats ? »


Abû Sufyân : « Tantôt nous triomphions et tantôt il triomphait. »


Héraclius 1er: « Que vous ordonne-t-il de faire ? »


Abû Sufyân : « Il nous ordonne de n’adorer que Dieu seul sans rien lui associer, de délaisser le culte de nos ancêtres, de faire la prière, de verser l’aumône, d’être sincères, d’être chastes et de garder le lien avec la famille. »


Héraclius 1er: (au traducteur) ! : « Dis-lui que je l’ai interrogé au sujet de son lignage et il a répondu qu’il est noble. Il en est de même du lignage des messagers au sein de leur peuple. Je lui ai demandé si quelqu’un avant lui avait eu la même prétention et il m’a répondu que « non ». Car, si quelqu’un avant lui avait eu la même prétention, j’aurais pu croire qu’il ne veuille que renouveler ce qu’un autre a déjà accompli. Je lui ai demandé s’il y avait des rois parmi ses ancêtres et il m’a répondu que « non ». Je me suis dit : S’il y avait un roi parmi ses ancêtres, je pourrais penser qu’il cherche à reconquérir le trône de son père. Je lui ai demandé s’ils le traitaient de menteur avant qu’il n’ait eu à se présenter comme prophète et il m’a répondu que « non ». Or j’ai compris par-là que s’il n’était pas homme à mentir à l’égard de ses semblables, il ne pouvait, à plus forte raison mentir à l’égard de Dieu. Je lui ai demandé si ce sont les nobles qui le suivent ou le bas peuple et il répondit « le bas peuple », or ce sont ceux-là même qui suivent toujours les messagers. Je lui ai demandé si ceux qui le suivent augmentent en nombre ou régressent, et il m’a répondu qu’ils progressent, or c’est bien cela le propre de la foi qui est de croître jusqu’à atteindre la complétude. Je lui ai demandé s’il y en a qui apostasient par aversion parmi ses disciples et il m’a répondu que « non », or c’est bien ainsi qu’il en est de la foi, lorsque sa douce saveur rencontre les cœurs. Je lui ai demandé s’il trahissait, il m’a répondu que « non », or tel est le comportement des messagers, ils ne trahissent jamais. Je lui ai demandé s’ils se sont combattus, et il m’a répondu que « oui » et que les combats entre vous avaient eu des alternatives, tantôt à son avantage et tantôt au leur. Il en est ainsi des prophètes, ils subissent des épreuves, mais la réussite et le succès final leur reviennent. Je lui ai demandé ce qu’il leur ordonne et il m’a répondu « qu’il leur ordonne d’adorer Dieu sans rien lui associer, de s’abstenir d’adorer les idoles, de prier, de cultiver la sincérité et la chasteté. » Dis-lui que si tout ce qu’il m’a dit est vrai, il sera maître de l’endroit sur lequel, présentement, foulent mes pieds. Je savais qu’un prophète allait paraître, mais je n’imaginais pas qu’il viendrait de vous. Quant à moi, s’il m’était possible de l’approcher, je ferais tout pour le rencontrer et si j’étais auprès de lui, je laverais moi-même ses pieds ».





Sur ces mots, il se fit apporter la lettre du Messager d’Allah () et la lut. Toutefois, dès qu’il eut fini les voix s’élevèrent et le bavardage alla en bon train. Ensuite, il donna aux Quraych l’ordre de se retirer. A sa sortie Abû Sufyân dit à ses compagnons : « L’affaire d’Ibn Abî Kabcha (nom que les mécréants donnaient au Prophète (), poussés en cela par une volonté d’ignorer sa généalogie) devient étonnante. Même le roi des Romains a peur de lui ». A cet égard il dit plus tard après sa conversion à l’Islam: « Je ne cessai d’être certain que le Messager d’Allah () finirait par triompher, jusqu’au jour où Allah me fit entrer dans l’Islam ».





En outre Ibn al-Nâtur, le gouverneur d’Îlyâ, racontait que quand Héraclius arriva en Syrie, il était mal à l’aise au point que certains patriarches lui dirent : « Tu as vraiment changé de couleur ».


Ibn An-Nâtour continua : «Héraclius était un devin qui aimait l’astrologie. Interrogé sur ce métier, il répondit : « J’ai vu en rêve la nuit passée que le roi des circoncis est apparu. Quel peuple pratique donc la circoncision ? » On lui répondit : « Il n'y a que les juifs qui pratiquent la circoncision mais peu t’importe leur cas. Donne l’ordre aux gouverneurs des villes de ton royaume qu’on tue tous les juifs ». Entre temps le messager du roi de Ghassân fit son entrée et informa Héraclius de l’apparition de messager d’Allah (). Héraclius donna ensuite l’ordre de vérifier si le messager (qui était Arabe) n’était pas circoncis. On le trouva circoncis et quand on l’interrogea sur cette pratique chez les Arabes, il répondit qu’ils la font. Héraclius conclura alors : « Ainsi c’est bien le roi de ce peuple qui est apparu ». Puis il dépêcha une lettre à un de ses amis à Roumia qui l’égalisait en science. Il se dirigea ensuite vers Hims mais il reçut la réponse à sa lettre avant d’y arriver. La réponse concorda avec son opinion sur l’apparition du Prophète et confirmait qu’il était effectivement un prophète. Héraclius convoqua alors les grandes personnalités de Byzance à son palais de Hims et donna l’ordre de condamner toutes les portes puis il leur dit : « Ô byzantins ! Cherchez-vous le bonheur et la droiture ainsi que l’affermissement de votre pouvoir ? Suivez alors cet homme, c’est-à-dire le Prophète ». Ils se ruèrent alors autour des portes comme des bêtes sauvages mais ils les trouvèrent fermées. Devant leur refus de l’Islam, Héraclius perdit espoir de leur faire accepter la foi. Il ordonna de les faire retourner en leur disant : « J’ai voulu seulement vous mettre à l’épreuve pour voir votre attachement à votre religion ». Satisfaits de cela, ils se prosternèrent devant lui. Tel était le dernier cas d’Héraclius. » (Boukhari).








Ce récit est aussi rapporté par l’Imam Mouslim, al-Tirmidhî, Abou Daoud et Ahmed, puisse Allah les agréer, avec quelques variations qui clarifient certains points du message envoyé par le Prophète Muhammad () à Héraclius.


Toutefois le récit le plus détaillé se trouve dans la version rapportée par l’Imam al-Hakîm, puisse Allah lui faire miséricorde, et mentionnée par l’Imam Ibn Kathîr, puisse Allah lui faire miséricorde, dans son interprétation du sens des versets coraniques : « Ceux qui suivent le Messager, le Prophète illettré qu'ils trouvent écrit (mentionné) chez eux dans la Thora et l'Evangile. Il leur ordonne le convenable, leur défend le blâmable, leur rend licites les bonnes choses, leur interdit les mauvaises, et leur ôte le fardeau et les jougs qui étaient sur eux. Ceux qui croiront en lui, le soutiendront, lui porteront secours et suivront la lumière descendue avec lui ; ceux-là seront les gagnants. » (Coran 7/157)



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