L’histoire a-t-elle jamais connu un servant qui louait son maître comme le faisait celui qui a eu l’honneur de servir le Messager d’Allah ?
Voyons ce magnifique témoignage de Anas, qu’Allah soit satisfait de lui, en faveur du Prophète lorsqu’il dit : « J’ai servi le Prophète pendant dix ans. Jamais il ne m’a dit : ‘Ouf !’, ni, à propos d’une chose que j’avais faite : ‘Pourquoi donc as-tu fait ceci ?’, ni, au sujet d’une chose que j’avais omis de faire : ‘Pourquoi n’as-tu pas fait cela ?’ » (Boukhari et Mouslim).
Dix ans complets ! Il ne s’agit donc pas de quelques jours ou de quelques mois ! Mais d’un long moment, sujet aux vicissitudes du temps, aux moments de tristesse et de colère, de pauvreté et de richesse ainsi qu’aux changements d’humeur. Et pourtant, le Prophète ne l’a jamais grondé ni sommé ; il le récompensait, le consolait, subvenait à ses besoins et à ceux de sa famille et invoquait Allah, exalté soit-Il, en leur faveur.
Anas, qu’Allah soit satisfait de lui, dit : « Ma mère dit un jour au Prophète : ‘Ô Messager d’Allah, mon fils est ton serviteur. Invoque Allah, exalté soit-Il, en sa faveur’. Le Prophète leva ses mains et dit : ‘Ô Seigneur, multiplie sa progéniture et ses biens et bénis ce dont Tu lui fais grâce’ » (Boukhari et Mouslim).
Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, dit : « Le Messager d’Allah n’a jamais frappé ni un serviteur, ni une femme ; il n’a jamais rien frappé de sa main, sauf quand il combattait pour la cause d’Allah » (Boukhari et Mouslim).
Elle dit également : « Jamais on ne donna à choisir au Prophète entre deux options, sans qu’il ne choisisse la plus facile, à condition qu’elle n’implique pas qu’un péché soit commis. Si elle impliquait qu’un péché soit commis, le Prophète était celui qui s’en écartait le plus. Et il ne s’est en outre jamais vengé pour lui-même, mais uniquement lorsque les limites sacrées d’Allah étaient violées ; là, il se vengeait pour Allah, le Très haut » (Boukhari et Mouslim).
Le Prophète prenait soin de ses servants, s’enquérait de leurs nouvelles, les aidait dans toutes les affaires de la vie, leur rendait visite quand ils tombaient malades et prenait toujours l’initiative de leur demander s’ils avaient besoin de quoi que ce soit. Cette attitude du Prophète n’était pas occasionnelle, mais c’était une question qui le préoccupait constamment, sans même attendre qu’ils l’appellent au secours. Rabi`a ibn Ka`b, qu’Allah soit satisfait de lui, le servant du Prophète rapporta ce qui suit : « Un jour, le Prophète me dit : ‘Demande ce que tu veux et je te l’accorderai’. ‘Ô Messager d’Allah, laisse-moi le temps de réfléchir’, lui dis-je. Il accepta. En réfléchissant, je me dis : ‘Les biens du bas-monde sont éphémères, par conséquent, rien de mieux que de demander quelque chose pour ma vie future’. J’entrai alors chez le Prophète . Dès qu’il me vit, il me demanda :
- ‘Qu’as-tu donc choisi ?’.
- ‘Ô Messager d’Allah, intercède en ma faveur auprès d’Allah, exalté soit-Il, pour qu’Il me sauve du Feu de l’Enfer’, lui dis-je.
- ‘Qui t’a enjoint de me demander ceci ?’, me demanda-t-il.
- ‘Personne ne me l’a enjoint, mais j’ai réfléchi et j’ai trouvé que le bas-monde était éphémère, j’ai donc préféré faire une demande en faveur de ma vie future’.
- ‘Alors multiplie les prosternations pour que mon invocation puisse t’aider’ » [Ahmed et al-Tabarânî (al-Albânî : hasan)].
Le soin que le Prophète accorda à ses servants s’étendait aux non-musulmans parmi eux, à l’instar de ce garçon juif qui était à son service.
Anas, qu’Allah soit satisfait de lui, a rapporté ceci : « Un garçon juif qui était au service du Prophète tomba malade. Le Prophète lui rendit visite, s’assit à son chevet et lui dit : ‘Convertis-toi à l’Islam’. Le garçon regarda son père, qui lui dit : ‘Obéis à Abû al-Qâsim’. Le garçon se convertit alors à l’Islam, et le Prophète dit en sortant de chez lui : ‘Louange à Allah, exalté soit-Il, qui l’a sauvé de l’Enfer’ » (Boukhari).
Le Prophète n’épargnait ni ses efforts ni son temps pour aider les faibles et les misérables, en dépit de ses grandes préoccupations et missions. `Abdallah ibn Abû Awfâ, qu’Allah soit satisfait de lui, dit : « Jamais le Prophète ne dédaignait d’accompagner une veuve ou un indigent pour lui rendre un service » [al-Nasâ`î (al-Albân֠ : sahîh)].
Anas ibn Mâlik, qu’Allah soit satisfait de lui, rapporta qu’une femme simple d’esprit dit un jour au Prophète : « Ô Messager d’Allah ! J’ai une doléance ». Le Prophète lui répondit : « Choisis le chemin que tu voudras et j’irai avec toi pour répondre à ta demande ». Ils cheminèrent alors seuls sur un chemin jusqu’à ce qu’elle lui fît part de sa doléance » (Mouslim).
Allah, exalté soit-Il, dit en toute vérité (sens du verset) : « Et tu es certes, d’une moralité éminente » (Coran 68/4).
Anas, qu’Allah soit satisfait de lui, rapporta ce qui suit : « Lorsque le Prophète rencontrait des enfants, il les saluait » (Boukhari et Mouslim).
Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, rapporta ce qui suit : « On amenait souvent des nouveau-nés au Prophète pour qu’il invoque la bénédiction d’Allah en leur faveur. Un jour, on lui amena un enfant, il le prit dans ses bras et l’enfant urina sur ses vêtements. Il demanda alors qu’on lui apporte de l’eau et se contenta d’asperger la partie touchée par l’urine sans la laver » (Boukhari et Mouslim).
Le Prophète commençait quelquefois la prière avec l’intention de la prolonger, mais, en entendant les pleurs d’un enfant, il la raccourcissait, sachant que les cris de cet enfant pourraient gêner sa mère (Boukhari et Mouslim).
Abondantes sont les anecdotes qui démontrent l’affection et la tendresse que le Prophète éprouvait à l’égard des enfants. Ainsi laissa-t-il al-Hasan – ou al-Husayn – monter sur son noble dos, alors qu’il était en prosternation pendant la prière, et garda-t-il cette position jusqu’à ce que le petit descendît de lui-même. Lorsque le Prophète termina sa prière, les gens lui demandèrent : « Ô Messager d’Allah, tu as tellement allongé la prosternation au cours de la prière que nous avons cru qu’un mal s’était produit ou que tu recevais une révélation ». Le Prophète dit :
« Non, rien de cela. Mais, mon fils est monté sur mon dos pendant que je me prosternais et je n’ai pas voulu le presser de descendre » (al-Nasâ’î et Ahmed).
Le Prophète avait l’habitude de placer Usâma ibn Zayd, qu’Allah soit satisfait de lui, sur l’une de ses cuisses et al-Hasan ibn ‘Alî sur l’autre, ensuite il les étreignait en disant : « Ô Allah, accorde-leur Ta miséricorde, car j’ai une grande affection pour eux. » (Boukhari).
Anas, qu’Allah soit satisfait de lui, dit : « Le Prophète jouait avec Zaynab, la fille de Umm Salama, qu’Allah soit satisfait d’elle, et la surnommait affectueusement : ‘Ô Zuwaynab, Ô Zuwaynab’ » [Al-Diyâ’ al-Maqdisî (al-Albânî : sahîh)]. (N.T : Zuwaynab est le diminutif de Zaynab).
De plus lors de la prière en commun, il arrivait que le Prophète portât sa petite-fille Umâma - dont la mère est sa fille de Zaynab - quand il se tenait debout, et qu’il la déposât quand il se prosternait.
Un jour, alors que le Prophète était sur son minbar, en train d’adresser un sermon aux musulmans, al-Hasan et al-Husayn arrivèrent, portant des tuniques rouges. Ils marchaient en trébuchant. Dès qu’il les vit, le Prophète descendit de son minbar, les porta dans ses bras et dit : « Allah, exalté soit-Il, dit en toute vérité : « Vos biens et vos enfants ne sont qu’une tentation » (Coran 64/15). Quand j’ai vu ces deux garçons marchant et trébuchant, je n’ai pas pu m’empêcher d’interrompre mon sermon et de les porter » [Abou Dawoud, al-Tirmidhî, al-Nasâ’î et Ibn Mâdja (al-Albânî : sahîh)].
Le Prophète a enjoint aux musulmans de prendre soin de la santé physique et psychologique des enfants, en se comportant avec eux avec bienfaisance et miséricorde, et en jouant avec eux et en remplissant leurs cœurs de joie.
Le Prophète portait un grand intérêt aux enfants, en prenant leurs sentiments et leur état d’âme en considération. Il les cajolait et les égayait, sans jamais montrer une mine rébarbative. Dès qu’il les voyait , il les accueillait avec un sourire, mettant ainsi ses préceptes en pratique.
Ya`la ibn Murra, qu’Allah soit satisfait de lui, a rapporté ce qui suit : « Un jour, nous sortîmes avec le Prophète pour nous rendre à une invitation. Chemin faisant, le Prophète aperçut al-Husayn en train de jouer, accourut vers lui devant tout le monde, ouvrit ses bras, et laissa l’enfant passer tantôt par ici tantôt par-là, s’amusa avec lui et le fit rire. Il finit par l’attraper, posa une main sur son menton, l’autre sur sa tête. Puis, l’étreignant, il dit :
‘Al-Husayn et moi sommes très liés l’un à l’autre. Qu’Allah aime celui qui aime al-Husayn. Al-Hasan et al-Husayn sont tous deux des hommes de bien’ » [Boukhari, Ahmed, al-Tirmidhî et Ibn Mâdjah (Al-Albâni : hasan)].
Umm Khâlid bint Khâlid ibn Sa`îd, qu’Allah soit satisfait d’elle, rapporta ce qui suit : « Mon père et moi avons visité le Prophète , il me donna une robe jaune et quand je la portai il me dit : ‘Sanah, Sanah’ – c’est-à-dire en langue abyssine : comme elle est belle, belle (cette robe) ! Je commençai à jouer avec le sceau de la prophétie sur son dos, alors mon père me gronda. Le Prophète lui dit : ‘Laisse-la’, puis, il dit à trois reprises : ‘Qu’Allah te permette de porter des habits neufs de les user, d’en porter d’autres et de les user’ … » (Boukhari). NDT : Comme la petite Umm Khâlid a vécu avec ses parents en Abyssinie et connaissait bien la langue de ce peuple, le Prophète a employé, pour lui faire plaisir, le mot Sanah qui appartient à la langue abyssinienne.
Il s’enquérait des nouvelles de l’oiseau d’Abû ‘Umayr, en lui disant : « Ô Abû ‘Umayr, qu’est-il arrivé à Nuqayr ? ». Anas, qu’Allah soit satisfait de lui, dit : « Le Prophète avait l’habitude de nous visiter. J’avais un frère nommé Abû ‘Umayr qui avait un petit serin avec lequel il jouait. Un jour le Prophète le voyant triste demanda : ‘Pourquoi Abû ‘Umayr est-il si triste ?’. Les gens de ma famille répondirent : ‘Son petit serin, avec lequel il jouait, est mort’. Le Prophète lui dit alors : ‘Ô Abû ‘Umayr, qu’est-il arrivé à Nuqayr ?’ » (Boukhari et Mouslim).
Le Prophète était de tous les hommes le plus miséricordieux à l’égard des enfants. Il portait un grand intérêt à leurs affaires et à leur profit. Anas ibn Mâlik, qu’Allah soit satisfait de lui, dit : « Je n’ai jamais vu quelqu’un de plus miséricordieux à l’égard des enfants que le Prophète » (Mouslim).
Allah, exalté soit-Il, dit en toute vérité : « Et tu es certes, d’une moralité éminente » (Coran 68/4).