« Nous jeûnions et faisions jeûner nos enfants. Nous leur fabriquions des jouets avec de la laine et si l’un d’eux pleurait pour qu’on lui donne à manger, nous lui donnions un jouet avec lequel il jouait jusqu’au moment de rompre le jeûne. »[3]
Un autre compagnon rapporte :
« Le Messager de Dieu m’emmena au Hajj, avec lui, alors que j’avais sept ans. »[4]
Les enfants ont le droit de vivre en toute sécurité et voir leurs besoins physiques comblés. L'érudit imam an-Nawawi a dit : « Le père[5] doit élever ses enfants en leur enseignant les bonnes manières et les rituels que nous a légués le Prophète et qui s’appliquent au moment de manger ou de boire, de s’habiller, de quitter la maison, d’y revenir, de conduire des véhicules, etc. Il doit leur apprendre à devenir de bonnes personnes, à savoir sacrifier ses propres désirs, à donner plus d’importance aux autres qu’à eux-mêmes, à aider autrui, à se montrer noble et généreux. Il doit leur apprendre à détester les défauts tels la lâcheté, l’avarice, le manque de noblesse, le manque d’ambition, etc. Il doit également les protéger, du mieux qu’il le peut, contre tout mal physique et contre toute chose susceptible de les amener à commettre des péchés. »
Dans le dernier article de cette série, nous parlerons de justice et de garde des enfants en cas de divorce.
Dans les quatre articles précédents, nous avons parlé des droits des enfants en islam. Dans ce dernier article, nous parlerons de la garde des enfants, de l’équité dans les dons faits aux enfants et de la justice démontrée par les parents entre leurs propres enfants. Nous comprendrons que les droits des enfants et leurs meilleurs intérêts occupent une place importante en islam.
La garde des enfants
Dans les disputes sur la garde des enfants, il faut d’abord considérer le meilleur intérêt de l’enfant. Ibn Qudaamah al-Maqdisi, un érudit musulman du 12e siècle, a dit : « La garde de l’enfant ne doit pas être accordée au détriment du bien-être et de la religion de l’enfant. »[1]
Si un mariage prend fin et qu’il y a dispute entre les parents sur la garde des enfants et sur qui doit les soutenir financièrement, la solution se trouve dans les enseignements de l’islam. Jusqu’à ce que l’enfant atteigne l’âge du discernement, c’est la mère qui a le plus le droit de garder avec elle l’enfant, à moins que la mère ne se remarie, auquel cas la garde revient au père. Bien sûr, les deux peuvent parfaitement convenir d’un autre arrangement qu’ils considèrent dans le meilleur intérêt de l’enfant. Au fil des siècles, les érudits musulmans ont eu des opinions divergentes sur la garde de l’enfant en cas de divorce, mais ont toujours été d’accord sur le fait que le meilleur intérêt de l’enfant était primordial.
Une femme divorcée dont l’ex-mari réclamait la garde de leur enfant alla voir le Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) et lui dit : « Mon ventre a porté ce fils qui est le mien, mes seins l’ont allaité et mes cuisses ont été un refuge pour lui, mais son père m’a divorcée et veut l’éloigner de moi. » Le Prophète répondit : « Tu as plus de droits sur cet enfant tant que tu ne te remaries pas. »[2]
Selon l’islam, la période de discernement commence vers l’âge de sept ou huit ans, moment où la période de garde de l’enfant prend fin et où la période de kafalah débute. Cette période dure jusqu’à la puberté de l’enfant, moment où il décide chez lequel de ses deux parents il préfère habiter. Certaines conditions doivent cependant être réunies pour que ce choix soit valable. Ces conditions incluent le fait que le parent en question soit musulman et sain d’esprit et qu’il soit en mesure de remplir ses obligations envers son enfant.
Peu importe le choix de l’enfant, il revient toujours au père de le soutenir financièrement, que la mère soit riche ou pauvre. Le père est responsable de loger son enfant, de le nourrir, de le vêtir et de lui offrir une éducation. Tout cela en tenant compte des moyens du père; chaque situation est différente.
« Que celui qui est (financièrement) à l’aise dépense de sa fortune; et que celui dont les biens sont restreints dépense selon ce que Dieu lui a accordé. Dieu n’impose à aucune âme que selon ce qu’Il lui a donné. » (Coran 65:7)
L’équité dans les dons faits aux enfants
L’islam nous dit qu’il est important de traiter nos enfants de manière équitable. Le Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) a dit : « Craignez Dieu et traitez vos enfants de manière équitable. »[3]
Cela signifie pourvoir aux besoins de chaque enfant. Par exemple, un enfant peut avoir besoin d’un uniforme d’école qui coûte 200$, tandis que son frère ou sa sœur a besoin d’un uniforme d’école qui coûte 100$. Dans ce cas, on pourvoit aux besoins de chaque enfant. Un autre exemple : un des enfants se marie et les parents s’offrent pour défrayer une partie des frais. Ils devront alors le faire pour leurs autres enfants.
Il n’est pas permis de manifester une préférence pour les enfants d’un sexe plutôt que de l’autre ou pour un enfant plutôt que pour un autre. Cela mène à la rivalité entre frères et sœurs, à la jalousie et au ressentiment au sein de la famille. Dans certains cas, cela peut même mener à la rupture des liens familiaux.
Certains érudits sont d’avis qu’il est permis, dans certaines circonstances particulières, de favoriser un enfant au détriment d’un autre. Par exemple, si un des enfants, devenu adulte, devient invalide tout en ayant une grande famille à faire vivre. Ses parents peuvent l’aider sans avoir à faire de même pour leurs autres enfants. Il est également permis de refuser de l’argent à un enfant qui s’obstine à commettre des actions répréhensibles.[4]
Le sheikh ibn Outhaymine, un érudit du 20e siècle, a dit : « Si un parent aide financièrement un de ses enfants à défrayer les coûts d’un traitement médical ou lui prête de l’argent pour démarrer une entreprise, cela ne doit pas être considéré comme une injustice envers les autres enfants. Le parent a le droit de dépenser pour ce qu’il considère comme un besoin essentiel de son enfant. »
« Soyez justes; cela est plus proche de la piété. » (Coran 5:8)
L’islam se soucie de respect et d’équité. C’est une religion qui met l’accent sur les droits et responsabilités de chacun et sur les besoins des individus, tant que ceux-ci n’empiètent pas sur les besoins de la communauté en général. Les enfants ont certains droits, dont le plus important est leur droit à connaître Dieu et à apprendre à L’aimer. Et il est du devoir des parents et de ceux qui ont des enfants à charge de les nourrir, les habiller, les éduquer et prendre soin d’eux du mieux qu’ils le peuvent.
L’islam est un mode de vie qui tient compte de tous les besoins de l’être humain, qu’ils soient spirituels, émotionnels ou physiques. Le bien-être sexuel fait partie du bien-être physique. Dieu a créé le sexe non seulement pour la procréation, mais aussi pour répondre aux besoins physiques de l’être humain. Dans cette optique, la sexualité est un sujet dont le Coran et la sounnah (hadiths) n’évitent nullement de parler.
L’islam fait du mariage le seul moyen par lequel l’homme et la femme peuvent satisfaire leurs besoins sexuels. Il y a des conséquences bien connues pour les gens qui s’adonnent au sexe avant le mariage ou se comportent avec une trop grande promiscuité. Ces conséquences incluent les grossesses non désirées, la transmission de toutes sortes de maladies, l’éclatement de la famille dans les cas d’adultère et les troubles émotionnels liés aux relations vécues sans engagement sérieux. Le sexe prémarital et extra marital constituent de grands péchés en islam.
« Et n’approchez point de l’adultère; c’est une abomination et un mauvais chemin [à suivre]. » (Coran 17:32)
Lorsqu’un homme ou une femme est en mesure de se marier, il ou elle devrait être encouragé(e) à le faire. Aussi, quand un couple a officiellement annoncé son intention de se marier, il devrait le faire le plus rapidement possible afin de décourager toute tentation de tomber dans le péché. Le prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) a encouragé le mariage, mais il a aussi encouragé les jeunes gens n’ayant pas les moyens de se marier à jeûner. Il a dit : « Quiconque, parmi vous, possède les moyens financiers et physiques de se marier devrait le faire, car le mariage permet de garder sa modestie. Et quiconque est incapable de se marier devrait jeûner, car le jeûne diminue le désir sexuel. »[1]
Dieu, dans Sa sagesse infinie, nous guide loin de tout ce qui pourrait nous amener à adopter un comportement destructif, comme le sexe prémarital ou extra marital, et nous encourage à des comportements qui nous permettent de Lui faire occuper le centre de nos vies tout en profitant, dans le cadre du mariage, d’une relation intime avec une autre personne. En fait, Dieu nous rétribue même pour les moments d’intimité que nous vivons avec notre partenaire licite. Le Prophète a dit à ses compagnons : « Tout acte sexuel [licite] de votre part est une charité. » Ses compagnons demandèrent : « Vraiment? Quand l’un de nous satisfait son désir sexuel, recevra-t-il une récompense pour cela? » Le Prophète répondit : « Ne croyez-vous pas qu’en ayant des rapports illicites, vous commettriez un péché? De même, quand vous avez des rapports licites, vous êtes rétribués. »[2]
Donner du plaisir à son époux(se) est un acte qui mérite rétribution. Le mariage lui-même est considéré, en islam, comme l’acte d’adoration le plus étalé dans le temps qu’un musulman n’accomplira jamais au cours de sa vie. Car il s’agit d’un lien entre deux personnes qui cherchent à plaire à Dieu et les moments intimes, entre elles, sont l’étincelle qui solidifie ce lien. Alors que chacune des deux personnes s’efforce de respecter les droits et de satisfaire les besoins de l’autre, une affection mutuelle se développe. Dieu insiste sur le fait que c’est à travers un mariage licite que les gens trouveront sécurité, intimité et réconfort.
« Et parmi Ses signes, Il a créé pour vous des épouses issues de vous-mêmes pour que vous viviez en tranquillité auprès d’elles. Et Il a mis entre vous de l’amour et de la bonté. Il y a en cela des signes pour les gens qui réfléchissent. » (Coran 30:21)
Le prophète Mohammed (paix et bénédictions de Dieu soient sur lui) était connu comme un mari aimant et un bon père de famille. Il parlait ouvertement à ses compagnons, hommes et femmes, lorsque ceux-ci lui posaient des questions de nature sexuelle. Par exemple, ses réponses à leurs questions incluent, entre autres, ces sages conseils : « Nul d’entre vous ne devrait se jeter sur sa femme comme un animal; faites d’abord venir les « messagers ». « Et quels sont ces messagers? », lui demandèrent-ils. Il répondit : « Les paroles [douces] et les baisers. »[3]
Le prophète Mohammed a dit : « Si l’un de vous dit, avant d’avoir un rapport avec sa femme : « Au nom de Dieu, Ô mon Dieu, protège-moi contre Satan et tient-le éloigné de ce que Tu pourrais faire descendre sur nous » - s’il est décrété qu’un enfant soit conçu à ce moment, Satan ne pourra lui causer du tort. »[4]
Le Prophète n’était jamais embarrassé et s’efforçait de fournir des réponses claires et compréhensibles sur toutes sortes de sujets, incluant les menstruations et l’orgasme. Un jour, une femme vint lui demander si elle avait besoin de prendre un bain (ghousl) après avoir fait un rêve érotique. Il lui répondit : « Oui, si tu vois un liquide. »[5]
Dieu a comparé nos époux à un vêtement, dans le sens où le mari et la femme, étant proches l’un de l’autre, se protègent mutuellement. Le mariage comporte plusieurs aspects psychologiques, émotionnels et physiques qui doivent être pris en compte et discutés, car ces trois sphères de la vie quotidienne sont essentielles à la réussite du mariage. Dieu a donné la permission aux couples mariés de satisfaire leurs désirs de plusieurs manières :
« Vos épouses sont comme un champ de labour pour vous; allez à votre champ comme (et quand) vous le voulez, et faites provision (de bonnes actions) pour votre âme. Craignez Dieu, et sachez que vous Le rencontrerez (un jour). » (Coran 2:223)
Le Coran et la sounnah nous apprennent également ce qui est interdit au sein d’une relation telle que le mariage. Bien que le verset ci-dessus laisse entendre que l’homme et la femme peuvent profiter l’un de l’autre de la façon qu’ils le souhaitent, d’autres versets et hadiths soulignent qu’il est interdit d’avoir des rapports sexuels lorsque la femme a ses règles ou qu’elle est en période de saignements suite à un accouchement et que la sodomie est strictement interdite.
Dans la deuxième partie, nous parlerons de ces interdits, de l’éducation sexuelle et comment apprendre aux enfants à adopter une attitude saine par rapport au mariage, au sexe et à l’image corporelle.