La loi islamique protège les droits humains fondamentaux comme la protection de la vie, des biens et de l’honneur, tant des musulmans que des non-musulmans. Que les non-musulmans soient résidents ou visiteurs en terre d’islam, ces droits leur sont garantis et ils ne peuvent en être privés, sauf en des cas particuliers où la loi le permet. Par exemple, un non-musulman ne peut être tué sous aucun prétexte, à moins d’être trouvé lui-même coupable de meurtre. Dieu dit :
« Dis : « Venez, je vais vous réciter ce que votre Seigneur vous a interdit : ne Lui attribuez aucun associé, soyez bons envers vos parents et ne tuez pas vos enfants par crainte de pauvreté – Nous pourvoyons à vos besoins comme aux leurs – et ne vous approchez pas des choses indécentes, que ce soit ouvertement ou en secret. Et ne tuez pas la vie que Dieu a faite sacrée, sauf en toute justice. Voilà ce que Dieu vous recommande; peut-être comprendrez-vous. » (Coran 6:151)
Le prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) a affirmé que la vie d’un non-musulman, qu’il soit visiteur ou résident, est sacrée :
« Quiconque tue une personne avec laquelle nous avons conclu un traité ne sentira même pas l’odeur du Paradis et pourtant, son odeur se perçoit jusqu’à une distance comparable à quarante ans de route. » (Sahih al-Boukhari)
L’islam ne permet aucunement d’attaquer des non-musulmans, de violer leur honneur et leur propriété, ou de leur causer du tort de quelque façon que ce soit. Si quelqu’un vole un dhimmi, il encourt un châtiment. Si quiconque emprunte quoi que ce soit d’un dhimmi, il doit lui retourner sans faute ce qu’il lui a emprunté. Le Prophète a dit :
« Sachez qu’il est illicite de vous approprier les biens des Gens de l’Alliance, à moins que ce ne soit (en paiement) de quelque chose. »[1]
Il a également dit :
« En vérité, Dieu, le Puissant et le Majestueux, ne vous permet pas d’entrer dans les maisons des Gens du Livre sauf avec leur permission. Et Il ne vous permet pas de frapper leurs femmes ni de manger leurs fruits, d’autant plus qu’ils vous paient ce qui est obligatoire [i.e. la jizyah]. » (Abou Daoud)
Voici une histoire intéressante datant de l’époque d’Ahmad ibn Tulun, en Égypte. Un jour, un moine chrétien vint au palais de Tulun pour se plaindre du gouverneur. En le voyant, un garde lui demanda ce qu’il voulait. Apprenant que le gouverneur avait pris 300 dinars au moine, le garde offrit de rembourser le moine si ce dernier consentait à ne pas porter plainte. Le moine accepta.
L’histoire vint cependant aux oreilles de Tulun, qui ordonna au moine, au gouverneur et au garde de venir le voir. Tulun demanda au gouverneur : « Votre salaire ne suffit-il pas à subvenir à tous vos besoins? Avez-vous des besoins si grands qu’ils justifient que vous preniez l’argent des autres? »
Le gouverneur s’inclina devant cet argument de taille, mais Tulun continua de le questionner, et finit par le relever de ses fonctions. Tulun demanda ensuite au moine combien d’argent le gouverneur lui avait pris et le moine lui répondit qu’il avait pris 300 dinars. Tulun dit : « Dommage que vous n’ayez pas dit 3000, car il mérite un châtiment plus grand, encore; je ne peux cependant que le châtier en fonction du montant qu’il vous a pris. » Puis, il reprit les 300 dinars au gouverneur et les donna au moine.[2]
Les non-musulmans ont le droit de voir leur honneur protégé, qu’ils soient résidents ou visiteurs. Tous ont le droit d’être en sécurité et protégé. Dieu dit :
« Et si un polythéiste te demande asile, (ô Mohammed), accorde-le lui afin qu’il entende la parole de Dieu. Fais-le ensuite conduire en lieu sûr, car ce sont des gens qui ne savent pas. » (Coran 9:6)
Chaque musulman doit respecter le droit d’asile, qu’il l’ait lui-même accordé ou qu’il ait été accordé par une autre musulman. Le Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) a dit :
« L’obligation imposée par l’alliance est collective et chaque musulman doit s’efforcer de la respecter. Quiconque viole la protection accordée par un autre musulman sera sous la malédiction de Dieu, des anges et de toute l’humanité. Et, au Jour du Jugement, aucune intercession ne sera acceptée en sa faveur. »[3]
Une femme de l’époque du Prophète, Oumm Hani, dit à ce dernier :
« Ô Messager de Dieu : mon frère, Ali, affirme être en guerre avec un homme auquel j’ai accordé l’asile et qui s’appelle Ibn Houbayra. »
Le Prophète lui répondit :
« Celui à qui tu as accordé l’asile est sous la protection de nous tous, ô Oumm Hani. »[4]
Le droit à l’asile et à la protection oblige un musulman à accorder l’asile et la sécurité à un non-musulman qui en fait la demande. L’islam met en garde contre un sévère châtiment quiconque viole ce droit. L’asile garantit la protection contre toute agression, un droit qui n’est explicitement accordé par aucune autre religion.
Le Coran ordonne aux musulmans de traiter les non-musulmans avec courtoisie, dans un esprit de gentillesse et de générosité, dans la mesure où ces derniers ne sont pas hostiles à l’islam. Dieu dit :
« Dieu ne vous interdit pas d’être bons et justes envers ceux qui ne vous ont pas combattus à cause de votre religion et qui ne vous ont pas expulsés de vos demeures. Car Dieu aime ceux qui traitent (les autres) de façon équitable. Il vous interdit seulement de prendre pour alliés ceux qui vous ont combattus à cause de votre religion et qui vous ont expulsés de vos demeures ou ont aidé à votre expulsion. Et ceux qui les prennent pour alliés… les voilà les véritables injustes. » (Coran 60:8-9)
Al-Qarafi, un érudit musulman bien connu, explique la profondeur de la signification des paroles « être bons » mentionnées dans ce verset. Il écrit :
« ...la bonté envers les faibles, leur fournir des vêtements et leur parler doucement. Cela doit être fait avec affection et compassion et non pas par intimidation ou humiliation. C’est aussi, le fait de tolérer qu’ils soient parfois des voisins ennuyeux et gênants que vous pourriez forcer à s’installer ailleurs, mais vous vous en abstenez par bonté (et non parce que vous avez peur ou pour des raisons financières). C’est également le fait de prier pour qu’ils soient guidés et joignent ainsi les rangs de ceux qui sont rétribués, de les conseiller pour leurs affaires d’ici-bas comme pour leur vie spirituelle, de protéger leur réputation s’ils sont victimes de calomnies et de défendre leurs biens, leurs familles, leurs droits et leurs intérêts. »[1]
Le commandement divin de traiter les non-musulmans de cette façon était pris très au sérieux par les musulmans. Ce n’était pas qu’un verset à réciter parmi d’autres, mais la Volonté Divine à laquelle chacun devait se plier. Le Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) fut le premier à appliquer ce commandement divin, suivi des califes et des croyants en général. On retrouve, dans la biographie du prophète de l’islam, plusieurs exemples de coexistence paisible et de tolérance envers les non-musulmans. Certains de ses voisins n’étaient pas musulmans, ce qui ne l’empêchait pas de se montrer généreux envers eux et de leur offrir régulièrement des cadeaux. Il leur rendait visite s’ils tombaient malades et faisait des affaires avec eux. Il y avait une famille juive à laquelle il donnait régulièrement la charité et après sa mort, les musulmans continuèrent de lui donner la charité.[2]
Lorsqu’une délégation chrétienne en provenance d’Éthiopie vint à Médine, le Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) ouvrit la mosquée à ses membres pour qu’ils s’y installent durant leur séjour, les reçut généreusement et leur servit lui-même leurs repas. Il dit :
« Ils ont été généreux envers nos compagnons, alors je souhaite être moi-même généreux envers eux... »
(Il faisait ainsi référence au moment où les Éthiopiens avaient donné l’asile à plusieurs de ses compagnons, lorsque ces derniers avaient fui les persécutions, en Arabie, et s’étaient temporairement exilés en Abyssinie.)[3]
Une autre fois, un juif nommé Zayd bin Sana vint voir le Prophète pour réclamer une dette. Il agrippa le Prophète par son manteau et sa cape, l’attira tout près de son visage et dit : « Mohammed! Ne me donneras-tu pas mon dû? Toi et ton clan, Banou Mouttalib, ne payez jamais vos dettes à temps! » L’un des compagnons du Prophète, Omar, s’énerva et dit : « Ennemi de Dieu, ai-je bien entendu ce que tu as dit au prophète de Dieu? Je jure par Celui qui l’a envoyé avec la vérité que si je ne craignais pas qu’il m’en fasse le reproche, je sortirais mon sabre et je te couperais la tête! » Le Prophète regarda Omar calmement et déplora ses propos :
« Omar, ce n’est pas là ce que nous voulions entendre de ta part. Tu aurais plutôt dû me conseiller de payer mes dettes à temps et lui conseiller de réclamer son dû de manière plus respectueuse. Maintenant, prends mon argent et rembourse-lui la dette, et donne-lui également vingt mesures de dattes. »
Le juif fut si agréablement surpris de l’attitude du Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) qu’il embrassa l’islam sur-le-champ.[4]
Les compagnons du prophète Mohammed suivaient son exemple dans leur façon de traiter les non-musulmans. Omar établit une allocation permanente pour la famille juive dont prenait soin le Prophète de son vivant.[5] Allouer des fonds à une famille faisant partie des Gens du Livre était justifié par le verset suivant :
« Les aumônes ne sont destinées qu’aux pauvres, aux indigents, à ceux qui sont chargés de les administrer, à ceux dont le cœur est à gagner à l’islam, à l’affranchissement des esclaves, à ceux qui sont lourdement endettés, aux dépenses pour la cause de Dieu et aux voyageurs. C’est là un décret de Dieu. Et Dieu est Omniscient et Sage. » (Coran 9:60)
Abdoullah ibn ‘Amr, un des compagnons du prophète Mohammed, donnait régulièrement en charité à ses voisins. Lors de fêtes religieuses, il envoyait son serviteur porter de la viande à ses voisins juifs. Ce serviteur, d’ailleurs, interrogea Abdoullah sur la raison pour laquelle il se montrait si bon envers ses voisins. Ce dernier lui cita les paroles du Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) :
« L’ange Gabriel insista tellement pour me rappeler d’être charitable envers mes voisins que je crus qu’il allait en faire mes héritiers. »[6]
Dans les pages de l’histoire, nous trouvons un très bel exemple de ce qu’un leader musulman attendait de ses gouverneurs comme attitude envers la population juive. Le sultan du Maroc, Mohammed ibn Abdoullah, émit un décret le 5 février 1864 :
« À tous nos serviteurs et agents civils qui accomplissent leurs tâches en tant que représentants autorisés sur nos territoires, nous émettons le décret suivant :
« Vous devez traiter avec les résidents juifs, sur nos territoires, selon les normes absolues de justice établies par Dieu. Les juifs sont assujettis aux mêmes lois, sans discrimination, et nul d’entre eux ne doit souffrir d’injustice, d’oppression ou d’abus. On ne doit permettre à personne de commettre quelque offense que ce soit contre eux ou contre leurs propriétés. Leurs ouvriers et artisans ne doivent pas être envoyés au service (militaire) contre leur gré et doivent recevoir leur plein salaire s’ils travaillent au service de l’État. Toute oppression poussera son oppresseur dans les ténèbres, au Jour du Jugement, et jamais nous n’approuverons un tel comportement. Tous sont égaux devant la loi et nous châtierons, avec l’aide divine, quiconque cause du tort aux juifs ou les agresse. Cet ordre, que nous décrétons, est la même loi que nous avons toujours connue, établie et affirmée. Nous avons émis ce décret pour mettre en garde quiconque a l’intention de leur causer du tort, afin que les juifs aient un plus grand sentiment de sécurité et que ceux qui ont de mauvaises intentions à leur égard soient détournés de leurs desseins par une plus grande crainte. »[7]
Renault est un de ces historiens occidentaux sans parti pris qui ont reconnu le traitement bon et généreux des musulmans envers les minorités non-musulmanes. Il a écrit :
« Les musulmans de l’Espagne musulmane traitaient les non-musulmans de la meilleure manière qui soit. En retour, les non-musulmans prenaient soin de ne pas déplaire aux musulmans. Ils allaient même jusqu’à circoncire leurs propres enfants et à s’abstenir de consommer du porc.
Les pays modernes fournissent un soutien financier et des bénéfices sociaux à leurs citoyens dans le besoin, mais l’islam les a tous précédés dans ce domaine. La loi islamique alloue une partie des fonds publics pour aider les musulmans pauvres par l’intermédiaire de la zakat (charité obligatoire) et de la sadaqa (charité volontaire). La zakat est obligatoire pour les musulmans à l’aise financièrement et doit être redistribuée aux pauvres, tandis que la sadaqa est à la discrétion des individus qui souhaitent aider des gens dans le besoin. La sécurité sociale établie par l’islam inclut aussi les non-musulmans. En effet, la loi islamique exige de l’État qu’il subvienne aux besoins des citoyens qui sont incapables de travailler – musulmans ou non. On retrouve, dans l’histoire, de nombreux exemples d’États musulmans ayant fourni la sécurité sociale à des citoyens non-musulmans.
Omar ibn al-Khattab, le second calife de l’islam, passa un jour près d’un vieil homme aveugle qui mendiait devant une maison. Omar lui demanda à quelle communauté religieuse il appartenait. Le vieil homme lui dit qu’il était juif. Omar lui demanda alors : « Comment t’es-tu retrouvé dans cette situation? » Le vieil homme dit : « Ne me le demande pas... la pauvreté et l’âge avancé. » Omar amena l’homme jusqu’à sa propre maison, lui donna de son argent personnel, puis ordonna au responsable du trésor : « Tu dois t’occuper de cet homme et des autres dans la même situation que lui. Nous ne l’avons pas traité de façon équitable. Il ne peut pas avoir passé les plus belles années de sa vie parmi nous pour se retrouver dans la misère dans sa vieillesse. » Omar le dispensa également, ainsi que d’autres dans sa situation, de payer la jizya.[1]
Un autre exemple est celui de Khalid ibn al-Walid, qui écrivit, dans une lettre adressée au peuple de la ville irakienne de Hira, les termes de la trêve qu’il leur offrait :
« Si Dieu nous donne la victoire, les Gens de l’Alliance seront protégés, car ils possèdent des droits que Dieu leur a promis. C’est l’alliance la plus stricte que Dieu ait jamais imposé à aucun de Ses prophètes. (Les Gens de l’Alliance) ont cependant des obligations, en vertu de l’alliance, qu’ils ne doivent violer en aucun cas. S’ils sont conquis, ils vivront à l’aise et recevront ce qui leur est dû. On m’ordonne d’exempter de la jizya les personnes âgées qui ne peuvent travailler, les handicapés et les pauvres qui reçoivent la charité des membres de leur propre communauté. Le trésor subviendra à leurs besoins et à ceux des personnes à leur charge tant qu’ils vivront en terre d’islam ou au sein de communautés musulmanes immigrantes. S’ils vont vivre ailleurs, ils n’auront plus droit à ces bénéfices, ni eux ni les personnes à leur charge. »[2]
Une autre fois, Omar ibn al-Khattab visitait Damas, alors qu’il était calife. Il passa près d’un groupe de chrétiens souffrant de la lèpre. Il ordonna qu’on leur donne la charité, de même qu’une allocation régulière pour manger.[3]
Un autre calife musulman, Omar ibn Abdoulaziz, écrivit à son représentant en poste à Basra, en Irak : « Pars à la recherche de Gens de l’Alliance, dans ton district, qui sont devenus vieux et incapables de travailler; donne-leur une allocation régulière, puisée à même le trésor, afin qu’ils puissent subvenir à leurs besoins. »[4]
Certains des premiers musulmans[5] avaient pour habitude de distribuer une partie de leur zakat-oul-fitr (charité de la fin du ramadan) à des moines chrétiens, sur la base de leur compréhension du verset suivant :
« Dieu ne vous interdit pas d’être bons et justes envers ceux qui ne vous ont pas combattus à cause de votre religion et qui ne vous ont pas expulsés de vos demeures. Car Dieu aime ceux qui traitent (les autres) de façon équitable. Il vous interdit seulement de prendre pour alliés ceux qui vous ont combattus à cause de votre religion et qui vous ont expulsés de vos demeures ou ont aidé à votre expulsion. Et ceux qui les prennent pour alliés… les voilà les véritables injustes. » (Coran 60:8-9)
Enfin, il y a des droits que nous n’avons pas mentionnés car évidents et élémentaires, comme le droit au logement, au transport, à l’éducation, etc.[6] Cependant, avant de conclure, j’aimerais souligner une chose : notre discussion a mis en évidence le fait que les non-musulmans vivant en terre d’islam jouissent parfois de droits qu’ils ne peuvent même pas obtenir dans certains pays non-musulmans. Certains lecteurs auront envie de répondre que ces droits ont peut-être existé il y a longtemps, mais que l’expérience des non-musulmans vivant en terre d’islam, de nos jours, est bien différente. Mon observation personnelle m’amène à constater que les non-musulmans jouissent toujours de plusieurs de ces droits, de nos jours. Allah, le Très-Haut, nous a ordonné d’être toujours véridiques, dans ce verset ci-dessous :
« Ô vous qui croyez! Observez strictement la justice quand vous témoignez devant Dieu, même si c’est contre vous-mêmes, vos parents ou votre famille proche, ou qu’il s’agisse d’un riche ou d’un pauvre. Car Dieu a leur intérêt plus à cœur que vous. Alors ne suivez pas vos passions, sinon vous vous écarterez (de la vérité). Et si vous portez un faux témoignage ou refusez de témoigner, alors sachez que Dieu sait parfaitement tout ce que vous faites. » (Coran 4:135)
Par ailleurs, lorsque nous comparons les conditions de vie des non-musulmans résidant en terre d’islam à celles des minorités musulmanes vivant en pays non-musulmans, par le passé comme de nos jours, nous constatons une profonde différence. Qu’est-il arrivé aux musulmans lors des croisades, de l’Inquisition, en Chine communiste et en Union soviétique? Que leur arrive-t-il, de nos jours, dans les Balkans, en Russie, en Palestine et en Inde? Voilà des questions qu’il vaudrait la peine d’approfondir afin d’y répondre de façon juste et impartiale. Allah est le meilleur des juges. Dans le Coran, Il dit :
« Ô vous qui croyez! Soyez stricts (dans vos devoirs) envers Dieu et (soyez) des témoins équitables. Et ne laissez point votre haine pour un peuple vous inciter à être injustes. Soyez justes; cela est plus proche de la piété. Et craignez Dieu, car Il sait parfaitement ce que vous faites. » .”(Coran 5:8)
Les citoyens non-musulmans ont le droit d’être protégés contre les ennemis extérieurs de la même façon que les musulmans. Le paiement de la jizya leur assure une protection contre les agressions de ce genre, une défense contre les ennemis et le paiement d’une rançon s’ils sont faits captifs.[1]
Il y a quelques siècles de cela, Ibn Hazm, un érudit musulman, a dit :
« Si nous sommes attaqués par une nation ennemie visant les Gens de l’Alliance qui vivent parmi nous, il est de notre devoir de l’affronter avec nos armes et d’être prêts à mourir pour les défendre, car ils sont protégés par l’alliance qu’ils ont faite avec Dieu et Son messager. Ne pas prendre la peine de faire cela et les abandonner à l’ennemi serait une violation inacceptable d’une promesse sacrée. »[2]
L’histoire recèle de nombreux exemples de musulmans qui ont rempli leur promesse sacrée envers les dhimmis. Un des compagnons du Prophète, Abou Oubayda al-Jarrah, était le chef de l’armée ayant conquis la Syrie, et il avait conclu un accord, avec son peuple, pour le paiement de la jizya.
Voyant la grande loyauté des musulmans, le peuple syrien qui avait conclu l’alliance s’opposa aux ennemis des musulmans et les combattirent avec eux. Les habitants de chaque ville envoyaient quelques-uns des leurs espionner les Byzantins, pour ensuite rapporter aux commandants d’Abou Oubayda les détails sur les rassemblements de l’armée byzantine. Mais lorsque les musulmans, devant la force de l’ennemi, craignirent ne plus être en mesure d’assurer la protection de ces espions, Abou Oubayda écrivit à ses commandants pour leur demander de rendre tout l’argent de la jizya à ceux qui l’avaient payée, et inclut ce message pour les Syriens :
« Nous vous rendons votre argent, car nous avons reçu des nouvelles des armées qui nous attendent. Comme une des conditions de notre accord est que nous vous protégions et que nous sommes devenus incapables de le faire, nous vous remboursons donc l’argent que nous vous avons demandé. Si Dieu nous accorde la victoire, nous respecterons notre entente. »
Lorsque ses commandants rendirent l’argent et transmirent son message au peuple, celui-ci répondit :
« Puisse Dieu vous ramener à nous sains et saufs et puisse-t-Il vous accorder la victoire. Si les Byzantins avaient été à votre place, ils ne nous auraient jamais remboursés; ils auraient plutôt pris tout ce que nous possédons et nous auraient laissés totalement démunis. »
Les musulmans remportèrent la bataille. Lorsque les peuples des autres villes apprirent la défaite de leurs alliés, ils cherchèrent à négocier une trêve avec les musulmans. Abou Oubayda accepta la trêve avec tous, et en accordant tous les droits qu’il avait accordés dans les premières alliances. Ils demandèrent également à ce que les Byzantins qui se cachaient parmi eux puissent retourner chez eux en toute sécurité, avec leurs familles et leurs biens, ce qu’Abou Oubayda accepta également.
Puis, les Syriens envoyèrent leur jizya et ouvrirent leurs villes aux musulmans. Sur le chemin du retour, Abou Oubayda rencontra des représentants de citadins et de villageois qui souhaitaient eux aussi faire partie de l’alliance et il accepta de les y inclure.[3]
Un autre exemple de musulmans se portant à la défense de citoyens non-musulmans est celui d’Ibn Taymiyya. Il alla voir le chef des Tartares, après que ces derniers eurent pillé la Syrie, pour demander la libération des captifs. Le chef tartare accepta de libérer les prisonniers musulmans, mais Ibn Taymiyya lui dit :
« Nous ne serons satisfaits que si les prisonniers juifs et chrétiens sont aussi libérés. Ce sont des Gens de l’Alliance et nous n’abandonnons pas un prisonnier, qu’il soit des nôtres ou qu’il fasse partie de ceux qui ont conclu une alliance avec nous. »
Et il insista jusqu’à que les Tartares acceptent de les libérer tous.[4]
Selon les juristes musulmans, protéger les non-musulmans contre les agressions extérieures est un devoir au même titre que d’assurer leur protection contre le harcèlement au niveau interne. Al-Mawardi a écrit :
« Le paiement de la jizya donne aux Gens de l’Alliance deux droits [entre autres] : d’abord, qu’on les laisse tranquilles; ensuite, qu’on assure leur sécurité et leur protection. De cette façon, ils sont en sécurité chez eux et protégés contre les menaces extérieures. »[5]
L’islam considère que de négliger la protection des citoyens non-musulmans en terre d’islam est une forme de péché et d’oppression, ce qui est interdit. Dieu dit, dans le Coran :
« Et quiconque d’entre vous se montre injuste, Nous lui ferons goûter un terrible tourment! » (Coran 25:19)
Ainsi, causer du tort aux Gens de l’Alliance ou les opprimer est un grave péché. Respecter les traités conclus avec eux est une obligation pour le calife et ses représentants. Le Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) a promis d’intercéder en faveur du dhimmi, au Jour du Jugement, contre quiconque lui aura causé du tort :
« Prenez garde! Quiconque se montre dur et cruel envers une minorité non-musulmane, bafoue leurs droits, les accable au-delà de ce qu’ils peuvent supporter ou prend d’eux quoi que ce soit contre leur gré, je porterai plainte contre cette personne au Jour du Jugement. » (Abou Daoud)
Tout, dans la loi islamique, indique l’importance de protéger les Gens de l’Alliance. Un autre érudit musulman, Al-Qarafi, écrit :
« L’alliance est un contrat dans lequel il y a des conditions obligatoires, pour nous; car ils sont sous notre protection, en tant que voisins, et l’alliance est également faite avec Dieu et Son messager, de même qu’avec l’islam. Si quiconque leur cause du tort par la parole, par la diffamation ou par tout genre de harcèlement, et quiconque est complice de tels actes, il est coupable d’avoir pris à la légère l’alliance avec Dieu, Son messager et l’islam. »[6]
Omar, le second calife de l’islam, s’informait régulièrement, auprès des visiteurs d’autres provinces, de la situation des peuples ayant conclu une alliance avec les musulmans et disait : « C’est pour savoir si le traité est toujours respecté. »[7] On rapporte qu’il a dit, sur son lit de mort : « Recommandez à quiconque deviendra calife après moi de bien traiter les Gens de l’Alliance, de respecter le traité, de combattre quiconque cherche à leur causer du tort et de ne pas les accabler. »[8]
Les écrits des érudits musulmans et les actions de plusieurs dirigeants musulmans, à travers l’histoire, démontrent l’engagement islamique, depuis l’aube de l’islam, à respecter les droits des non-musulmans.