Cinq raisons d’être enthousiastes au sujet des manuscrits de la Mer Morte

1)    Ils sont vieux.  Et alors?  Oui, je comprends.  Grand-père est vieux, lui aussi, mais la seule personne qu’il intéresse encore est grand-maman et encore…; la magie a disparu il y a déjà plus de vingt ans.  Mais ce n’est pas à l’âge des manuscrits de la Mer Morte qu’il faut s’attarder; c’est à la période sanglante et tumultueuse durant laquelle ils furent cachés.  C’était en l’an 68 de notre ère et Judée était en pleine révolte contre le gouvernement romain.

       L’empereur Néron, connu pour ses persécutions des chrétiens et des juifs dans le sillage du grand incendie de Rome, ordonna au général Vespasien d’envoyer les légions romaines à travers la Judée pour y éliminer l’insurrection juive.  Mais au beau milieu de cette campagne, Néron fut renversé et se suicida.  Avec l’empire romain en pleine agitation et les juifs de Judée en pleine guerre civile et se défendant en même temps contre les Romains, ceux qui possédaient les manuscrits cachèrent leur trésor dans des grottes de Qoumran (la région de la Mer Morte où ils furent plus tard découverts).

2)   Ils sont incomplets.  Même les mieux préservés d’entre eux sont troués et, par conséquent, il y manque des portions de texte.  Les manuscrits, mis ensemble, ressemblent à un casse-tête géant impossible à terminer.  Qui sait quelles sont les informations essentielles qui manquent?  Néanmoins, les textes que nous avons pu déchiffrer font référence à des concepts religieux troublants.

3)    Il y a une possibilité que d’autres manuscrits soient encore cachés dans la région.  Les spécialistes estiment qu’il est possible que plus d’une vingtaine de grottes de Qoumran et leur contenu soient devenus inaccessibles à cause des effondrements.  Comme elles sont effondrées, elles ne peuvent être découvertes sauf si elles sont excavées par hasard.  Il est également possible que des manuscrits soient cachés ailleurs sur la Terre Sainte.  Toutefois, la mainmise d’Israël sur ce flux d’information a poussé des spécialistes à porter des accusations de conspiration académique et religieuse.

4)   Des groupes d’intérêt majeurs ne veulent pas que vous sachiez quoi que ce soit à propos de ces manuscrits.  Mais regardons les choses en face : si quelqu’un vous dit de ne pas regarder une chose, n’est-ce pas la première chose que vous souhaitez faire?  Donc, plusieurs groupes d’intérêt ne veulent pas que vous regardiez ces manuscrits, du moins pas de trop près.  Vous pouvez visiter les expositions des manuscrits de la Mer Morte, admirer leur état de conservation, apprécier leur ancienneté, puis passer à l’exposition phénicienne juste à côté.  Faites ce que vous voulez, mais ne plongez pas trop profondément dans l’histoire et la signification de ces manuscrits.  Certains érudits, qui ont partagé, sur ces manuscrits, des secrets allant à l’encontre de la « version officielle » sanctionnée ont alerté l’opinion sur la persécution académique.  Des libres-penseurs tels Robert Eisenman et Michael Baigent sont-ils des charlatans, comme voudraient nous le faire croire les autorités religieuses israéliennes, ou plutôt des érudits aux idées claires qui font résonner l’appel de la raison?

       L’ouvrage d’Eisenman intitulé The Dead Sea Scrolls and the First Christians (Les manuscrits de la Mer Morte et les premiers chrétiens) laisse clairement entrevoir son niveau élevé d’érudition, tandis que l’ouvrage de Baigent et Leigh, intitulé The Dead Sea Scrolls Deception (Le détournement des manuscrits de la Mer Morte) rend plus que plausible la possibilité d’une « conspiration du consensus ».  Des décennies durant, des spécialistes dénoncèrent la lenteur d’Israël à rendre accessibles au public les manuscrits.  Le travail de ces auteurs, entre autres, fournit des preuves solides soutenant la théorie du complot académique.  Pourquoi les autorités d’Israël mirent-elles tant de temps à rendre publics les manuscrits?  À en croire les révisionnistes, les autorités judaïques et trinitaires (chrétiennes) ont de bonnes raisons de craindre le contenu secret des manuscrits.

5)    Ceux qui possédaient les manuscrits furent tués après les avoir cachés dans les grottes.  On peut dire qu’ils sont morts pour protéger ces manuscrits, ce qui nous donne une idée de leur valeur.  Et qu’est-ce qui était si précieux, dans ces manuscrits, aux yeux de ces gens?  Contenaient-ils un sombre secret pour lequel ils étaient prêts à mourir?  Ou les manuscrits étaient-ils extrêmement sacrés?  Peu importe la réponse, nous devrions chercher à la connaître.

Cinq autres raisons d’être enthousiastes au sujet des manuscrits de la Mer Morte

6)   Des découvertes modernes ont mis en lumière leur importance.  Les manuscrits du Nouveau Testament les plus anciens et les plus fiables trouvés à ce jour, les codexes Sianiticus et Vaticanus (un codex étant un manuscrit scripturaire sous forme de livre, par opposition aux rouleaux), découverts au 19^e siècle, longtemps après que la version la plus populaire de la Bible, la King James Version de 1611, fut rédigée.  Ces codexes remettent en question et, dans certains cas, nient complètement des questions considérées, par plusieurs, comme des certitudes religieuses.  Étant donné ces nouvelles informations, la critique textuelle de la Bible connaît un intérêt nouveau.  Plusieurs nouveaux faits ont été mis à jour, certains si importants qu’ils sont considérés comme religieusement révolutionnaires.  Les manuscrits de la Mer Morte, comme la pièce critique d’un casse-tête non-terminé, nous aident à comprendre la Bible chrétienne.

7)   L’érudition biblique moderne exige une réévaluation des Ancien et Nouveau Testaments.  Des érudits tels Bart D. Ehrman et Bruce Metzger ont mis à jour de très nombreuses erreurs et incohérences dans les deux livres.  Certaines sont assez importantes pour remettre en question certaines croyances juives orthodoxes et trinitaires chrétiennes.  Dans ce contexte d’incertitude scripturaire et canonique, toute preuve que l’on peut trouver devient une aide précieuse.  Encore une fois, les manuscrits de la Mer Morte peuvent apporter cette aide.

8)   Les manuscrits de la Mer Morte excitent l’imagination.  Ils parlent d’un Professeur de la Vertu que les spécialistes croient être Jésus ou Jacques.  Ils parlent également d’un antagoniste au Professeur de la Vertu, auquel ils réfèrent par les termes « prêtre malfaisant », « homme sarcastique », « le menteur », « le raconteur de mensonges » et « le prêtre rebelle ».  Certains spécialistes croient que ces euphémismes font référence à Paul, que les manuscrits décrivent comme ayant été excommunié de l’Église chrétienne.  Mais… attendez une minute.  Si Paul était un ennemi de Jésus et de Jacques et qu’il fut excommunié de l’Église chrétienne, qu’est-ce que cela nous dit au sujet du canon trinitaire chrétien, qui est essentiellement fondé sur les enseignements de Paul?

9)    Dans les manuscrits, il est fait référence aux gardiens de ces mêmes manuscrits.  On y parle de la pureté de leur nourriture et de leurs breuvages, de leurs bains rituels quotidiens et de leurs soirées passées à prier et à étudier les écritures.  Si l’un de ces « fils de lumière » n’osait faire n’était-ce qu’un geste de la main gauche, il était puni; et quiconque ne faisait que chuchoter contre la loi de Moïse était exilé à tout jamais.  Ces hommes avaient abandonné tous leurs biens terrestres, menant une vie monastique dans le désert.  Même si l’on ne partage pas leurs convictions, on ne peut que respecter leur sincérité.  Ces gardiens des manuscrits (qui étaient, selon plusieurs spécialistes, des juifs esséniens) menèrent une vie difficile, vouée à la piété et à l’adoration.  Alors, je pose encore une fois la question : que savaient-ils que nous ne savons pas, au sujet de ces manuscrits, qui les rendaient si précieux à leurs yeux?

10) Enfin, quelle est la raison principale pour laquelle nous devrions nous enthousiasmer au sujet des manuscrits de la Mer Morte?  La même raison pour laquelle les grandes puissances religieuses et politiques du monde s’y intéressent.  Nulle part, dans la Bible, on ne trouve d’Évangile selon Jésus lui-même.  En fait, les spécialistes modernes de la Bible reconnaissent que les quatre évangiles (Matthieu, Marc, Luc et Jean) furent rédigés par des auteurs anonymes.  Le monde religieux aimerait beaucoup trouver le véritable évangile de Jésus.  Enfin… peut-être.  Peut-être devrais-je plutôt dire : le monde religieux aimerait beaucoup trouver le véritable évangile de Jésus, mais seulement s’il dit ce qu’ils souhaitent le voir dire.  Si le véritable évangile de Jésus était trouvé, imaginez les conséquences.  Un évangile qui prouverait de façon non-équivoque la mission prophétique de Jésus détruirait le judaïsme et ne donnerait plus aucune raison d’être à l’État juif d’Israël.  Et s’il se trouve que Jésus y enseigne le monothéisme du christianisme unitarien plutôt que les mystères du christianisme trinitaire tiré des enseignements de Paul, cela anéantirait le canon de l’Église romaine catholique, de même que celui de toutes les autres dénominations chrétiennes.  Parallèlement, cela remettrait en question la foi (et le soutien politique) de toutes les nations chrétiennes du monde.  Nous parlons, ici, d’un bouleversement majeur des religions du monde et des grandes puissances fondées sur ces religions.  Par conséquent, si l’évangile de Jésus était trouvé, ces puissances se battraient certainement pour l’avoir ou alors tueraient pour en empêcher sa diffusion. 

1)    Khirbet Qumran, qui veut dire « les ruines de Qumran », sont sises sur un plateau au sommet d’une bordure irrégulière de falaises de roche calcaire près de la Mer Morte.  Plusieurs de ces falaises sont parsemées de grottes difficilement accessibles en raison de leur emplacement.  À l’Ouest se trouve le désert de Judée et, au Nord, une montagne où se trouvent les grottes numéros 1, 2, 3 et 11.

2)    Jusqu’en l’an 68 de notre ère, Khirbet Qumran fut occupé par des juifs esséniens, qui représentaient une des grandes écoles de philosophie juives de l’époque.  Leur complexe fut détruit en 68.  Des cendres provenant des toits en roseaux de leurs habitations et des pointes de flèches romaines retrouvées sur le site suggèrent une bataille.  Le simple fait que personne ne retourna chercher les manuscrits, répartis entre plusieurs grottes, suggère un massacre.  Le timing correspond, car la rébellion juive contre l’Empire romain déclencha une guerre qui dura de 66 à 73.

3)    En 1947, un berger bédouin découvrit sept manuscrits dans ce que l’on appelle maintenant la grotte numéro 1.  Cela déclencha une fouille quasi frénétique.  Des archéologues tentèrent de fouiller les grottes de façon scientifique, tandis que des Bédouins les pillèrent dans l’espoir d’y trouver des choses à revendre.  En 1952, un dominicain français nommé Roland de Vaux découvrit la grotte numéro 4.  Cette grotte contenait plus de 15 000 fragments provenant d’environ 800 manuscrits.  Un an plus tard, une équipe internationale constituée de huit érudits s’attela à la tâche d’assembler tous ces fragments, sous la supervision de De Vaux.  Treize ans plus tard, en 1966, l’équipe de De Vaux fut publiquement accusée d’empêcher la publication du contenu des manuscrits, car ils avaient découvert que leur contenu allait à l’encontre des enseignements trinitaires de l’Église catholique.

4)    Après la Guerre de Six Jours, en 1967, Israël élargit ses frontières jusqu’au Jourdain.  Comme le complexe de Qumran faisait partie de ce territoire, il devint la propriété d’Israël, tout comme les manuscrits trouvés dessus.  En 1972, un érudit espagnol nommé José O’Callaghan affirma que des fragments trouvés dans la grotte numéro 7 représentaient certains livres du Nouveau Testament.  D’autres érudits émirent leur désaccord; selon eux, ces fragments étaient trop petits pour pouvoir y déchiffrer quoi que ce soit.  Mais les affirmations d’O’Callaghan excitèrent l’imagination de plusieurs.  Voici pourquoi : les Esséniens occupèrent le complexe de Qumran durant plus de trente ans après la mission prophétique de Jésus et leur complexe était situé à moins d’un jour de marche à pied de Jérusalem.  Pourtant, aucun des manuscrits de la Mer Morte ne contenait de passages du Nouveau Testament.  Ils représentent tous les livres de l’Ancien Testament à l’exception d’Esther, mais jusqu’à maintenant, on n’y a rien découvert qui ressemble de près ou de loin au Nouveau Testament.

5)    Tout cela suscita de nombreuses questions : les Esséniens avaient-ils caché des manuscrits du Nouveau Testament ailleurs?  Et si oui, pourquoi?  Ils étaient, après tout, des juifs orthodoxes.  À moins, évidemment, que certains aient été des chrétiens inavoués.

6)    En 1984, un des érudits travaillant sur les manuscrits suggéra que le « maître de la vertu » décrit dans certains manuscrits faisait référence soit à Jésus, soit à Jacques, et que son ennemi, décrit comme l’homme du mensonge alias « le mauvais prêtre » est… nul autre que Paul!  Cela implique que les manuscrits de la Mer Morte confirment  Jésus comme prophète et dévoilent Paul en tant que corrupteur de ses enseignements.

7)    Le premier concept menace les fondements du judaïsme, tandis que le second menace ceux de la pensée trinitaire.  Pourquoi?  Parce qu’un évangile de source juive qui confirme la mission prophétique de Jésus est une menace au judaïsme et, par ricochet, à l’identité nationale israélienne.  De même, un évangile qui expose Paul comme celui qui a corrompu les textes chrétiens sur les enseignements de Jésus serait un véritable tremblement de terre pour le christianisme trinitaire : les catholiques, les orthodoxes et certaines dénominations protestantes.  Pourquoi?  Parce que contrairement à ce que croient plusieurs, Paul n’était pas l’adjoint de Jésus.  En fait, les deux hommes ne se sont jamais rencontrés.  Et pourtant, après le départ de Jésus, Paul prétendit parler en son nom et les gens au pouvoir crurent ses paroles et le canonisèrent.  Mais cela ne fait pas de ses dires des vérités.  Toutes les doctrines du christianisme trinitaire sont basées sur les enseignements de Paul, malgré le fait que Jésus n’ait jamais dit qu’il était Dieu, associé de Dieu ou encore fils de Dieu.  Jamais Jésus n’a enseigné les doctrines de la trinité, de la crucifixion, de la résurrection et de la rédemption.  Toutes ces doctrines proviennent de Paul ou des théologiens qui ont suivi ses traces.  Les enseignements de Paul, en fait, contredisent totalement les enseignements de Jésus et le Nouveau Testament nous informe également sur le conflit entre Paul et Jacques, et Pierre et Barnabé.

8)    Par exemple, Jésus a enseigné la loi de l’Ancien Testament; Paul, lui, l’a réfutée.  Jésus s’est déclaré « fils de l’homme » pas moins de 88 fois.  Les théologiens suivant les traces de Paul l’ont nommé « fils de Dieu ».  Jésus a enseigné l’unicité de Dieu et Son adoration exclusive.  Paul a suggéré la trinité et élevé Jésus au rang d’intercesseur.  Jésus a dit qu’il était envoyé aux brebis égarées d’Israël; Paul en a fait un prophète universel.  Et on pourrait continuer ainsi.

9)    Beaucoup d’émotions et d’excitation, donc, au sujet de ces manuscrits de la Mer Morte.  Ces manuscrits décrivent un « mauvais prêtre » qui s’oppose aux enseignements du « maître de vertu ».  De nombreux érudits croient que ce « mauvais prêtre » est Paul et que le « maître de vertu » est soit Jésus, soit Jacques.  En fait, certains érudits croient même que les manuscrits de la Mer Morte décrivent tout simplement l’excommunication de Paul de l’Église chrétienne de l’époque.

10)  Alors voilà qui résume tout l’émoi causé par la découverte de ces manuscrits.  Si l’évangile du « maître de vertu » confirme la mission prophétique de Jésus, cela pourrait détruire les fondements du judaïsme.  Par ailleurs, le christianisme trinitaire serait également menacé, car il est essentiellement basé sur les enseignements de Paul et non ceux de Jésus.  Un évangile qui fait la distinction entre les deux et qui condamne Paul par le fait même ne peut que sonner la fin du christianisme tel que nous le connaissons aujourd’hui.  Israël, le Vatican, l’Église anglicane et même le gouvernement américain seraient ébranlés jusque dans leurs plus profondes fondations, puisque le christianisme trinitaire constitue la religion de la majorité et une force politique dominante.  On peut alors se demander : jusqu’où ces grandes puissances sont-elles prêtes à aller pour tenir secrètes ces vérités qui ne font pas leur affaire?  Seules l’histoire et une évaluation honnête des manuscrits de la Mer Morte répondront à cette question.