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Lynda Fitzgerald, qui s’appelle maintenant Khadija, est une Irlandaise native de la ville de Wicklow, près de Dublin.  Elle est issue d’une famille catholique très stricte et elle a huit frères et sœurs.  Son père est électricien et sa mère demeure au foyer.





Lynda est allée à l’école à Wicklow avant de s’inscrire au Collège de secrétariat.  Puis elle a travaillé neuf ans à Dublin.





Elle s’est convertie à l’islam après son arrivée en Arabie Saoudite.  Dans cet article, elle raconte les événements qui l’ont amenée dans ce pays et qui lui ont fait découvrir la bonne voie.  Que Dieu la bénisse.





Ce qui m’a amenée en Arabie Saoudite





Je faisais partie d’un club jeunesse.  Nous nous réunissions chaque lundi, puis terminions la soirée au pub.  Je ne suivais pas souvent les autres au pub, mais j’y allais parfois.  Un soir, une nouvelle fille se joignit à nous, au club, et je décidai de suivre le groupe au pub, par la suite, afin de mieux la connaître et de faire en sorte qu’elle se sente à l’aise parmi nous.  Il s’avéra qu’elle travaillait pour une agence qui recrutait des gens désirant aller travailler en Arabie Saoudite.  Elle m’expliqua comment cela fonctionnait et moi, je l’écoutais, fascinée.  Avant cette soirée, je n’avais presque jamais entendu parler de ce pays, mais plus elle parlait, plus mon intérêt s’éveillait, et au moment de quitter le pub, je souhaitais déjà aller travailler en Arabie.





Je postulai donc pour un emploi, mais je ne l’obtins pas (c’était en 1993).  Puis, je finis par oublier tout cela.  Je retournai chez moi pour Noël, où je m’ennuyai ferme, et l’envie me prit de faire de nouvelles choses et de transformer ma vie.  Toutes mes amies étaient en couple ou mariées, et elles avaient toutes emprunté des voies différentes.  Tout à coup, je ne me sentais plus attachée à rien ni à personne.  Lorsque je revins en ville, après Noël, je téléphonai à cette fille qui travaillait pour l’agence de recrutement et lui demandai de me proposer pour n’importe quel poste en Arabie Saoudite.  Elle me dit : « Tu ne me croira pas : je viens tout juste de recevoir un fax de l’Hôpital des forces de sécurité qui demande une secrétaire. »  Dès le 15 mars (1994), mon avion atterrissait en Arabie Saoudite.





Mes premières impressions sur l’islam





Lorsque vous arrivez en Arabie Saoudite, la première chose que viennent vous dire les autres Occidentaux qui y sont déjà installés est que les musulmans sont vraiment terribles, qu’ils maltraitent leurs femmes, qu’ils partent pour prier pendant des heures et qu’ils se rendent régulièrement à Bahreïn pour boire et fréquenter des prostituées.  Alors vous adoptez cette opinion dès le départ... et vous croyez que c’est ça, l’islam.  Mais ce n’est pas l’islam.  Et malheureusement, la plupart des Occidentaux ne comprennent pas cela.





Comment j’en suis venue à modifier mon point de vue





Dès le départ, ma curiosité l’emporta.  Je voyais des gens prier et je trouvais extraordinaire qu’une personne ait une foi si grande qu’elle adore Dieu à chaque instant.  Je trouvais parfois des dépliants sur l’islam et je les prenais dans l’intention de les lire, mais mes ami(e)s occidentaux me disaient « pourquoi veux-tu lire cela?  Ils ne cherchent qu’à t’endoctriner » et alors, gênée, je les laissais tomber et ne les lisais pas.  Puis, un jour, je décidai de prendre un cours d’arabe et le professeur, un Égyptien, me fit une bonne impression.  Il était très différent de la plupart des musulmans que j’avais rencontrés jusque-là.  Sa foi était grande.  Je devins plus familière avec lui, car je vivais des problèmes avec un musulman, au travail, et j’avais besoin d’en parler à quelqu’un.  Ce problème me troublait beaucoup et j’en jetais le blâme sur l’islam.  Mais il m’écouta patiemment, il m’expliqua certaines choses et m’aida à comprendre que le problème n’était pas l’islam et que tous les musulmans ne se comportaient pas comme mon collègue de travail.





Une autre chose que vous diront les Occidentaux est que tout ce que veulent les musulmans, c’est vous convertir à leur religion, et qu’ils vous laveront le cerveau à la première occasion.  Alors évidemment, vous êtes immédiatement sur vos gardes dès que l’un d’entre eux mentionne quoi que ce soit sur l’islam, et vous érigez tout de suite une barrière entre eux et vous, afin de ne pas avoir à écouter ce qu’ils essaient de vous dire.  Mon professeur d’arabe, Khaled, ne me parlait jamais d’islam avant que je n’aie moi-même abordé le sujet ou à moins que j’aie tenu des propos erronés à ce sujet.  Il m’arrivait aussi, parfois, de l’attaquer injustement sur un sujet qui n’avait pourtant rien à voir avec l’islam.  Mais il demeurait toujours calme et patient et il était clair que tout ce qu’il souhaitait, c’était me faire connaître la vérité; il souhaitait me faire comprendre que j’étais injuste dans mes affirmations et que j’avais manifestement été mal informée.





Puis, arriva le mois de Ramadan.  Plusieurs des Saoudiens qui travaillaient avec nous se plaignaient : « l’odeur de votre nourriture vient jusqu’à nous; vous ne devriez pas manger dans vos bureaux, ayez donc un peu de respect pour nous ».  Je ne comprenais pas pourquoi je ne pouvais même pas avoir un verre d’eau sur mon bureau; après tout, ils étaient censés faire ce sacrifice pour Dieu, alors mon verre d’eau n’était pas censé les déranger.  Voici un extrait de mon journal intime qui illustre assez bien mes sentiments, lors des premiers jours de Ramadan :





« C’est Ramadan.  Mon Dieu, quel mois!  C’est si agaçant.  On ne peut même pas prononcer le mot « nourriture ».  Ils sont tous là, à aller et venir tels de grands martyrs, et la plupart d’entre eux travaillent à peine.  Ils n’ont que six heures par jour à faire, alors ils passent toute la nuit éveillés à manger et ils ont le culot de nous faire sentir comme de véritables païens durant le jour. »





Mon ami Khaled tenta de m’expliquer tout cela.  Il me parla des prières du Ramadan, en fin de soirée (tarawih), des efforts déployés par les musulmans pour faire le plus de bonnes actions possible, donner en charité, et éviter d’utiliser un mauvais langage, de se plaindre ou de médire des autres.  Il me dit que certains Occidentaux essayaient de jeûner, eux aussi, pour savoir comment se sentent les musulmans durant cette période, et que certains finissaient par y prendre goût au point où ils jeûnaient maintenant chaque année.  Alors un matin, je me levai et je décidai d’essayer de jeûner, moi aussi.  Je n’en fis part à personne, pas même à Khaled, même s’il finit par s’en rendre compte par la suite.





Un jour, j’allai le voir et il me dit qu’il avait de la lecture pour moi.  Il ouvrit une copie du Coran pour me montrer un passage sur Jésus (que la paix soit sur lui).  Lorsqu’il mit le livre entre mes mains, c’était comme s’il déposait sur elles une précieuse pièce de cristal.  Je ne voulais pas lui redonner le livre et je me sentais ridicule, craignant qu’il se moque de moi si je lui décrivais mon sentiment.  Mais je finis par le lui redonner.  Cet épisode me tourmenta des jours durant, jusqu’à ce qu’il me pose clairement la question : « mais pourquoi ne lis-tu pas le Coran? ».  Je me sentis alors soulagée d’un grand poids; j’amenai le Coran chez moi, ce soir-là, et je commençai à le lire.





Deux choses se produisirent, en moi, lorsque je lus le Coran pour la première fois.  Lors de ma lecture de la deuxième sourate, al-Baqarah (verset 21), je m’arrêtai soudain de lire.  Je fermai les yeux, je pensai à Dieu, et tout à coup, je compris Son unicité, et je ressentis Sa supériorité.  Je compris pourquoi Il n’a aucunement besoin d’associés, et je compris que nul ne peut se trouver à Ses côtés, à Son niveau; Il n’a besoin de personne.  J’en étais maintenant convaincue.  Je sentis une grande paix au fond de moi, accompagnée de la certitude qu’il n’y a pas d’autre dieu qu’Allah.  J’aurais voulu que ce sentiment dure pour toujours, mais il me quitta après quelques minutes.





La seconde chose qui se produisit en moi fut lors de ma lecture du verset 5 de la sourate al-Hajj.  Je fermai à nouveau les yeux et je vis le monde dans son état primitif.  Je vis un monticule de terre, puis une graine germant, grandissant et prenant la forme d’un arbre, et je me dis : « d’où est venue cette graine?  D’où proviennent toutes les merveilleuses variétés de plantes que l’on trouve à travers le monde?  Elles ne peuvent provenir que de Dieu. »  Encore une fois, je ressentis une grande paix et je pris conscience de la grandeur de Dieu.





Les mois précédant ma conversion





Ces mois furent à la fois les plus beaux et les plus difficiles de ma vie.  À certains moments, j’étais en pleine euphorie tandis qu’à d’autres, j’étais totalement désespérée.  Voici un extrait de mon journal intime, au mois d’avril de cette année-là :





 « Quelque chose d’étrange m’arrive et je ne sais trop qu’en penser, si c’est une bonne chose ou une mauvaise chose, si mon imagination me joue des tours ou si je suis simplement entrain de subir un lavage de cerveau.  Mais encore là, ce pourrait être pour le mieux et peut-être que cela fait tout simplement partie de mon destin.





« J’ai étudié l’islam et je pense sérieusement à me convertir...  Que Dieu me vienne en aide.  En ce moment, je ne sais trop que penser; tout cela m’effraie beaucoup, au fond.  Je n’aurais jamais cru qu’une telle chose puisse m’arriver.  Je n’ai jamais vraiment voulu me convertir à une autre religion; je me suis toujours considérée comme catholique, j’ai toujours cru en Dieu et j’ai toujours cru que Jésus était le fils de Dieu.  Aujourd’hui, je remets tout cela en question, je remets en question toutes les croyances qui m’ont été inculquées et en fait, tout mon mode de vie. »





À cette époque, je pensais à l’islam dès mon réveil et j’y pensais encore au moment où je rentrais chez moi, le soir.  Puis, vint un moment où chaque fois que j’entendais le adhan [appel à la prière], je ressentais un besoin pressant de prier et, dans les premiers temps, je priais à la façon chrétienne, qui était la seule que j’avais apprise.  Quelque temps après, je demandai à un collègue de travail de m’apporter un livre sur la façon de prier, en islam.  Après l’avoir lu, avoir regardé des gens prier à la télévision et posé de nombreuses questions, je me mis à prier.  Personne n’était au courant à part deux de mes collègues de travail, un Égyptien et un Jordanien.





Au début, je priais sans couvrir mes cheveux, car j’ignorais que c’était une obligation.  Et lorsque quelqu’un finit par me le faire remarquer, j’eus de la difficulté à comprendre pourquoi.  J’eus une longue discussion animée avec Khaled à ce sujet, suite à laquelle je n’arrivais toujours pas à comprendre.  Puis, en revenant chez moi, ce soir-là, alors que je marchais en direction de l’arrêt d’autobus, je me mis à penser à la grandeur de Dieu et à quel point j’étais insignifiante par rapport à Lui; je me sentis aussi petite qu’une fourmi voyant le monde entier étendu devant elle. Je compris alors que je devais couvrir mes cheveux lors de mes prières, car Il pouvait me voir en tout temps, et je n’avais aucun droit de me montrer arrogante en refusant de me plier à Ses commandements.





Extrait de mon journal daté du 23 avril 1995





« Je me sens toujours aussi confuse.  À certains moments, tout me semble très clair et je me dis « oui, j’y crois et j’ai envie de le crier sur les toits ».  Mais à d’autres moments, le doute et la crainte m’envahissent et je ne sais plus où j’en suis.  C’est très difficile.  Il s’agit pourtant d’une très belle religion.  Le Coran est très beau et contient tout ce dont nous avons besoin, nous êtres humains, pour guider nos vies : les règles du comportement et de la prière, les choses permises et les interdictions, entre autres.  On ne trouve rien de tout cela dans le catholicisme, sans compter qu’à périodes régulières, ils modifient les règles afin de les rendre conformes à leurs désirs.  Si vous suivez l’islam tel qu’il a été prescrit, vous ne pouvez être mauvais envers qui que ce soit.  Vous ne pouvez être que bon, patient et tolérant et vous ne pouvez jamais oublier Dieu, car vous L’adorez au moins cinq fois quotidiennement.  J’aime prier, depuis toujours.  Prier m’aide à me rappeler toutes les bonnes choses que Dieu m’a accordées et à en être éternellement reconnaissante.  Cela m’apporte une paix dans ma vie quotidienne. »





Parfois, j’étais vraiment heureuse d’avoir découvert l’islam, mais à d’autres moments, je souhaitais n’en avoir jamais entendu parler, car maintenant que je savais que c’était la vérité, je savais également que je n’avais d’autre choix que de me convertir.  Même si j’avais cessé de boire et de participer aux fêtes de toutes sortes, je m’accrochais encore à mon ancienne vie; je craignais de perdre tous mes amis occidentaux et d’affronter leurs préjugés une fois que j’aurais commencé à me couvrir les cheveux.  J’en parlai plusieurs fois à Khaled et je lui répétai chaque fois que jamais je ne trouverais le courage de porter le hijab; et chaque fois, sa réponse fut : « quand Dieu le voudra, tu trouveras le courage ».





Dans mon journal intime, j’écrivais également : « Le problème, c’est que je suis une trouillarde-née.  Je suis paralysée en pensant à la réaction des gens que je connais, lorsqu’ils me verront pour la première fois avec un hijab.  Comment annoncer cette nouvelle à ma mère ou à Liz, en Australie?  Comment aller en Australie, ou même en Irlande, la tête couverte d’un hijab?  Je me sens incapable de faire face à cela.  Que Dieu m’en donne la force.





Au travail, deux postes se libérèrent en juin, l’un aux ressources humaines et l’autre dans le département de l’éducation et de la formation.  J’avais le choix entre les deux et les directeurs des deux départements m’invitaient à postuler pour leurs postes respectifs.  Aux ressources humaines, je me serais retrouvée au cœur de l’action et au courant de la plupart des choses qui se passaient dans l’hôpital, en plus de jouir possiblement d’une hausse de salaire dans le futur.  Tandis qu’à l’éducation, j’aurais été plus exposée et je n’aurais pu cacher aux gens ma conversion à l’islam, me sentant par le fait même forcée d’agir en fonction de cette évidence et de commencer à porter le hijab.  Je jonglai avec ces pensées des semaines durant.  Puis je décidai que je préférais me retrouver au cœur de l’action et occuper un poste influent, mais en même temps, quelque chose me retenait.  





Finalement, une amie me conseilla de prier deux rakat [unités de prière] supplémentaires après ma dernière prière du soir et de demander à Dieu de me guider [ce qu’on appelle la prière de consultation, ou istikhara].  C’est ce que je fis durant plusieurs jours, mais sans résultat.  Je crois que je savais, au fond, qu’il était préférable que je choisisse le département d’éducation, mais j’avais de la difficulté à prendre une décision, j’avais peur de faire face à l’opinion des autres et j’étais assaillie de pensées à l’effet que j’allais me retrouver dans une position influente si je choisissais les ressources humaines.  Puis, un soir, alors que je lisais le Coran, je me mis à penser que toutes ces choses, i.e. l’argent, le pouvoir et l’opinion d’autrui, n’avaient aucune signification à mes yeux et n’en avaient jamais réellement eu.  Je me demandai pourquoi j’y avais accordé tant d’importance au cours des semaines précédentes et je compris que le diable m’avait suggéré tout cela.  En effet, celui-ci savait que si je choisissais le département d’éducation, j’y trouverais plus de soutien car plus de musulmans y travaillaient et ma spiritualité s’en trouverait enrichie.  Je sentis que le nuage qui m’enveloppait se dissipait tout à coup et je pris enfin ma décision, c’est-à-dire celle d’aller au département d’éducation.





Porter le hijab





Après, tout se précipita.  Je me mis à fréquenter la mosquée aux heures de prières et je reçus un soutien inespéré des membres du département d’éducation.  Puis, mon (très religieux) patron entendit parler de ma conversion et m’encouragea fortement à porter le hijab.  J’y réfléchis donc sérieusement, car je ne voulais pas le faire pour les mauvaises raisons.  Je voulais le faire au moment où j’allais me sentir prête et déterminée.  Puis, mon patron partit en vacances, ce qui enleva un peu de pression de mes épaules, même si je continuais d’y penser à chaque instant.  J’avais de fréquentes discussions avec mes amis à ce sujet et je n’étais toujours pas convaincue que le port du hijab était obligatoire.





Un week-end, j’étais chez une amie, dans l’enceinte où nous logions, et j’y rencontrai de nouvelles filles qui venaient d’arriver.  Elles étaient gentilles et je crus un instant pouvoir devenir amies avec elles; mais je me ravisai, pensant en  moi-même : « Bon, de nouvelles personnes arrivent et ce sera de plus en plus difficile d’en parler ouvertement et de m’affirmer.  Si elles me voient avec le hijab dès le départ, elles s’y feront et ne me poseront pas tellement de questions. »  Alors je pris la décision de commencer à le porter dès le lendemain.  Voici un extrait de mon journal intime :





« Je crois que je commencerai à me couvrir les cheveux dès demain.  Une partie de moi crois que c’est le bon moment, tandis que l’autre me crie de n’en rien faire.  J’essaie d’ignorer cette dernière.  C’est si difficile... Qu’arrivera-t-il si, dès le lendemain ou la semaine suivante, je n’ai plus envie de le porter?  Ou si je réalise, une semaine ou un mois plus tard, que j’ai commis une erreur?  Je sais qu’une fois que j’aurai commencé, je ne pourrai plus revenir en arrière, à moins de vouloir perdre le respect de tous.  Quand serai-je sûre à 100%?  Quand serai-je encore plus sûre que je ne le suis en ce moment?  Je dois prendre ce risque, je dois croire que si c’est ce que Dieu souhaite, alors j’arriverai à passer au travers.





« Voilà que je traverse une crise d’angoisse.  À l’aide!  Est-ce que je crois vraiment en cette religion?  Ai-je vraiment envie d’adopter ce mode de vie?  Ai-je envie de passer toutes mes soirées et tous mes week-ends seule?  À l’aide!  Au secours!  Ô mon Dieu, pourquoi est-ce si difficile?  Pourquoi suis-je ainsi?  À l’âge de 29 ans, je me comporte encore comme une fillette de 5 ans.  Comment suis-je arrivée à prendre des décisions, par la passé, alors que je n’arrive même pas à en prendre une dans ce cas-ci?  Je ne me considère même pas comme une « bonne » personne; je dois faire de réels efforts pour arriver à être bonne ne serait-ce qu’à moitié...  En ce moment, ce que je voudrais faire, c’est sortir de ce pays et rentrer chez moi, aller dans une discothèque, danser follement, me saouler, hurler, crier et chanter.  Puis-je vraiment envisager passer le reste de mes jours sans boire, sans avoir d’amoureux, et contrainte à me couvrir la tête chaque fois que je dois sortir?  Si Kate était ici, en ce moment, je crois que je l’appellerais et lui demanderais de me préparer un margarita.  Mais elle n’est pas ici!  Je crois que le diable fait des heures supplémentaires chez moi, en ce moment.  Dire que les gens croient que je suis une personne raisonnable...  S’ils savaient! 





« Bon, bon... ça y est, j’ai pris ma décision.  Je dois le faire.  Au pire, je reviendrai à la raison et réaliserai à quel point je suis ridicule.  Au mieux, je réaliserai que j’ai pris la bonne décision et que je suis sur la bonne voie – incha’Allah (si Dieu le veut). »





Cette nuit-là, je n’arrivai pas à fermer l’œil un seul instant.  Jusqu’à la dernière minute, je me disais que je n’aurais pas le courage de le faire.  Mais tout juste avant de sortir, je couvris mes cheveux d’un hijab.  Depuis, je ne suis jamais revenue sur ma décision.





Je sentis que tous mes doutes s’étaient dissipés, que le diable avait lâché prise sur moi.  J’étais fière et je marchais la tête haute.  Je voulais que tous sachent que j’étais musulmane.  Je savais que j’avais pris la bonne décision et que jamais je ne la regretterais.  Soubhanallah, Dieu m’a grandement facilité les choses.





La conversion





Deux semaines plus tard, je me rendis au Da’wah Center [centre d’information sur l’islam].  J’étais terrifiée et j’avais peur de dire quelque chose de déplacé.  Khaled et son épouse m’y conduisirent; ce fut un moment très émotif.  En sortant du centre, nous avions tous les larmes aux yeux.  Je pleurai tout au long sur le chemin du retour.





Par la suite...





Je sentais toutefois que quelque chose n’allait pas.  Étrangement, en changeant de mode de vie, j’étais devenue totalement accro à la télévision.  Toute ma vie était axée sur mes prières et sur la télévision en soirée.  Je n’étais pas heureuse de ce changement, mais je me sentais trop lasse pour y remédier.  J’essayais de lire des livres sur l’islam, mais je me sentais saturée d’informations.  Puis, à l’hôpital où je travaillais, des rumeurs commencèrent à circuler à mon sujet et vinrent à mes oreilles.  Cela me mit vraiment en colère, car je détestais voir ma vie personnelle devenir le centre d’intérêt de mes collègues.  Un soir, en rentrant du travail, je sentis que je ne pouvais continuer ainsi; je détestais rentrer et passer la soirée assise devant la télé; je ne pouvais plus supporter de n’avoir personne à qui parler ni à visiter, et mes week-ends étaient devenus de véritables cauchemars.  Je me sentais seule et perdue.  Ce soir-là, lorsque vint l’heure de la prière du ‘Isha, je ne ressentis aucune envie de la faire.  Cela ne m’était jamais arrivé auparavant, et je passai deux longues heures à pleurer tout mon soûl.





Le jour suivant, j’avais les yeux affreusement gonflés et durant la journée, j’éclatai en sanglots à tout moment.  Khaled me demanda plusieurs fois ce que j’avais, mais je n’arrivais pas à lui répondre; je me sentais terriblement honteuse, même si j’avais fini par faire la prière du ‘Isha, la veille, car je savais que je devais la faire.  Je finis par tout lui avouer et il me rassura en me disant que même lui, parfois, traversait des périodes similaires, et que je ne devais pas avoir une mauvaise opinion de moi-même à cause de cela.  Ce dont j’avais besoin, c’était de changer mes habitudes; il me suggéra de faire du sport, jouer au tennis, aller faire les magasins, lire un bon livre...  Je lui dis que cela ne m’aiderait en rien car je me sentais très seule et ce dont j’avais besoin, c’était de gens à qui parler.





Ce soir-là, en rentrant chez moi, je sentis que j’allais perdre la tête.  Je ne pouvais plus continuer ainsi.  Après ma prière, je me prosternai et je priai, de tout mon cœur, demandant à Dieu : « Ô Dieu, je t’en prie, ne me laisse pas Te perdre, ne me laisse pas Te perdre... ».  Je m’assis et jetai un coup d’œil sur les versets inscrits sur la couverture arrière du Coran; j’y vis al-Taakathour et après l’avoir lu, je compris que je devais laisser tomber toutes ces choses auxquelles j’étais attachée, comme la télévision, et toutes ces choses auxquelles j’accordais trop d’importance, comme l’opinion que se font les autres de moi.  Je devais apprendre à me détacher de ces choses.  Je sentis tous mes soucis me quitter, comme s’ils quittaient mon corps et mon esprit un à un.





Le jour suivant, après la prière du Fajr, je décidai de faire mes du’a de la même façon que j’avais vu les autres faire, c’est-à-dire en tournant mes paumes vers le ciel.  Je priai Dieu de m’aider à me détacher des choses insignifiantes et de faire de moi une meilleure personne.  Je sentis une paix et un bien-être tels descendre en moi que je bougeai le moins possible de crainte qu’ils me quittent. 





Ce jour-là, au travail, je reçus la visite d’un collègue du département informatique : Anwar.  Je ne l’avais jamais rencontré, mais il avait entendu parler de moi.  Il me parla de la mosquée Rajhi et me dit qu’on y donnait des cours en anglais le vendredi.  Je décidai donc d’y aller dès le vendredi suivant.  Cette semaine-là, je n’allumai même pas la télé, je jouai au tennis et je demandai à l’un de nos chauffeurs, auquel je faisait confiance, de me conduire à cette mosquée.





Le vendredi matin, je me sentais très nerveuse et à la dernière minute, j’hésitai à m’y rendre.  Et si on se perdait et que je me rendais à la mauvaise mosquée?  Et si je faisais tout de travers?  Mais comme j’allais enfin sortir de chez moi, je priai Dieu de me guider et de m’accorder l’issue la plus favorable.  Et Il répondit à ma prière.  Je fis la rencontre des Samir, une famille sri-lankaise venue vivre et travailler en Arabie Saoudite.  Ce fut comme une nouvelle famille, pour moi; ils m’invitèrent chez eux et me traitèrent comme l’une de leurs.  Que Dieu les bénisse et les rétribue.  Je Le remercie chaque jour de les avoir choisis pour moi et de les avoir mis sur ma route.



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