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appellations pour ceux qui font usage de leur raisonnement . Les verbes qui incitent à penser, à raisonner, à réfléchir, à contempler, à méditer, à délibérer, à comprendre, à concevoir, à entendre (fig.), à discerner ou à observer, constituent un éventail d’une importante envergure. De même, la science, la sagesse, le savoir et leurs variantes, sont autant de mots cités des centaines de fois le long du Qur’ân. Même le coeur humain, en tant qu’organe de compréhension et de raisonnement, dans le Qur’ân, a été mentionné, à lui seul, cent trente-deux fois ! Pour ne rien dire des Versets concernant la science et l’étude. Ajoutons, en passant, que le coeur humain, en tant qu’organe de compréhension et de raisonnement, tel qu’il est décrit dans le Qur’ân, est une des données que la science n’a pas encore prouvé. Outre le fait d’insister sur l’importance de la raison, de la science et du savoir, le Qur’ân élimine toute contrainte dans la religion, et vise à la réforme humanitaire, sociale, politique et nationale, grâce à l’union. Cette union, le Qur’ân la réalise en huit domaines : l’union de la Communauté et du genre humain ; de la religion ; de la législation basée sur l’équité ; de la fraternité entre les membres de la société ; de l’égalité du culte ; de la nationalité politique internationale ; de la justice ; et de la langue. Edicter les qualités générales de l’Islam, en ce qui concerne les obligations personnelles des devoirs et des choses répréhensibles, représente un autre objectif. Ces qualités peuvent être décrites comme suit : la juste mesure en tout et pour tous ; réaliser le bonheur dans la vie terrestre et se préparer pour la vie Future, en faisant le meilleur. Réduire la différence sociale qui existe entre les gens, mieux se connaître en vu d’un rapprochement humain sans sectarisme. La miséricorde, même dans l’application des obligations, pour les malades ou les personnes âgées qui ne peuvent pas jeûner, par exemple, mais qui se font expier par quelques donations. L’empêchement de toute exagération dans le culte et dans l’application de ses prescriptions. Réduction de toute contrainte, car ces prescriptions légales sont réparties par degrés : ce qui est formel, est général, ce qui est surérogatoire, chacun s’y prend selon sa capacité. Par exemple : les prières prescrites sont cinq, mais les prières surérogatoires sont laissées à la volonté et la capacité de chaque personne.


Traiter les gens sans oppression ni despotisme, car personne n’a le droit de se porter juge selon les apparences, ni de se comporter en


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seigneur et maître en tout et pour tous ! De même, ne point porter atteinte à son prochain et ne point transgresser les lois, car cela tient de la juridiction. Expliciter les dispositions de l’Islam en politique, ses modalités et ses règles générales représentent un autre objectif. Le pouvoir, en Islam, revient à la Umma , à l’ensemble du peuple ou de la communauté. Sa forme est la consultation et non pas le despotisme ; son chef est l’Imam ou le Khalife, qui exécute la Chari’a (la Loi). C’est le peuple qui possède le droit de le nommer ou de le destituer. Ce pouvoir juridique et politique concédé au peuple, revient au fait que le Qur’ân s’adresse aux croyants dans leur ensemble, dans les Versets concernant le pouvoir et l’Etat, ainsi que dans les arrêts publics. L’équité absolue et l’égalité sont non seulement conseillées, mais sont tenues pour des critères, alors que l’injustice est strictement défendue. La vertu est foncièrement prise en considération dans tous les arrêts du Qur’ân, qui préconisent la justice dans tous les domaines. La réforme financière est un des objectifs qui mettent fin à la tyrannie des fortunes et son empire ; aux attaques guerrières et leurs désastres ; à l’injustice imposée à la femme et son appropriation ; à l’injustice commise contre les faibles, les prisonniers et les esclaves. La richesse et les biens étant considérés comme une épreuve, une épreuve qui peut diriger vers le bien ou vers le mal. C’est pourquoi le Qur’ân prescrit plusieurs moyens qui indiquent comment donner de ses biens, comment apprendre à donner pour aider son prochain, et qui répriment l’avarice et l’ostentation. Apprendre à donner est, en fait, un pivot humain et moral d’une grande importance dans le Qur’ân, car nous ne sommes que dépositaires, le Vrai Possesseur de tout étant Allah.


On peut donc réduire la réforme financière du Qur’ân, en général, dans les points suivants : Il admet la propriété privée, à condition de ne pas priver ou de porter atteinte à autrui, et de ne pas frauder ; il interdit l’usure et les jeux de hasard ; permet de mettre les prodigues sous tutelle, pour préserver leurs biens ; impose la Zakât 9


9 La Zakât n’est ni la dîme, ni l’aumône ou aumône légale comme la traduisent les orientalistes : c’est une somme précise, prélevée sur des revenus déterminés, à donner à des destinataires déterminés. Ces destinataires sont mentionnés dans la Sûrah 9, Verset 60 (le Repentir) ; les revenus sont désignés dans les Hadiths du Prophète. dès le début de l’Islam ;


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prescrit la subvention de l’épouse, en cas de divorce ; le soutient du nécessiteux et l’hospitalité due aux étrangers de passage ; les donations volontaires ; condamne l’exubérance, la prodigalité, l’avarice et la lésinerie. La réforme du système de la guerre vise l’écartement de ses ravages, et le maintient de ce qui représente le bien du genre humain. Cette réforme peut être résumée comme suit : Combattre les agresseurs est la première des règles, tout en interdisant de commencer l’attaque, d’opprimer ou de traiter injustement. Le but de ce combat - après le fait d’avoir repoussé l’agression - est la défense de la religion, sans aucune contrainte. Préférer la paix à la guerre, car la paix est l’état essentiel dans lequel les gens doivent vivre. Être aux aguets, par précaution. User de miséricorde en temps de guerre et envers les prisonniers. C’est pourquoi le Qur’ân insiste sur l’honneur, sur la probité, et condamne louvoiement et discrimination, préconise la droiture, conseil de tenir promesse, d’être fidèle aux traités signés et interdit la traîtrise. Le statut de la femme est un des grands apports de l’Islam qui, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, accorde des droits humanitaires, religieux et sociaux à cette « créature » tellement humiliée jusqu’alors. Dans les temps préislamiques comme dans toutes les communautés, y compris celles des gens du Livre (i.-e. juifs et chrétiens), elle était réduite à un état inhumain, discriminatoire. C’est avec la venue de l’Islam que le Qur’ân lui accorde les mêmes droits qu’à l’homme, à part ce qui fait exception, de par sa nature, en lui préconisant honneur, miséricorde et cordialité. Avant l’Islam, la femme faisait objet de vente et d’achat ; mariage ou prostitution lui étaient imposées ; elle était héritée en succession, et n’avait pas droit à l’héritage ; elle était même considérée comme objet souillé, profane, sans âme, par l’un des conciles de l’Eglise ! Son père avait droit de la vendre ou de l’enterrer vivante, à sa naissance. Alors que l’Islam lui accorda des droits de propriété, lui a permis d’hériter, et la combla de bienveillance, en rendant l’homme responsable de sa subvention, même si elle était riche ; lui accorda le droit de diriger ses propres biens, lui permettant la vente et l’achat, les donations, la défense de ses biens et le droit de recourir aux procédures juridiques. Ce dont nombre d’occidentales ne connaissent presque pas encore !


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Dans cet éventail d’actes d’honneur accordés à la femme, le Qur’ân abolit et interdit strictement la prostitution, l’adultère, et prescrit à leur égard de sévères sanctions : flagellation ou lapidation. De même, le nombre d’épouses, qui était illimité chez les juifs et les païens, le Qur’ân le limite à quatre, sous conditions, comme la maladie incurable ou la stérilité, en insistant foncièrement sur l’équité et la miséricorde : « Et si vous avez peur d’être inéquitables envers les orphelins, alors épousez d’entre les femmes qui vous plaisent, deux, trois ou quatre. Mais si vous avez peur d’être injustes, alors épousez une seule, ou bien ce que vous possédez d’esclaves. Cela est le moindre, pour éviter la partialité. » (4 : 3) . Et un peu plus loin, dans la même Sûrah, il est dit : « Vous ne pourrez point être équitables entre les femmes, même si vous y tenez... » (4 :129) . Donc, celui qui veut vraiment suivre les préceptes Divins, n’a qu’à s’en tenir à ce qui est l’essentiel, à savoir : l’équité. Le chemin à suivre et le choix à faire sont bien clairs. On ne saurait parler des principaux objectifs du Qur’ân sans aborder celui de la liberté et de l’affranchissement des esclaves ou le traitement des prisonniers. Il est vrai que le droit du plus fort a toujours été en usage, dans toutes les anciennes sociétés, et même de nos jours, à ne citer que l’insurpassable arrogance de la politique américaine actuelle, et son vagabondage déchaîné de par la terre ! Toutes les anciennes civilisations ont maltraité les esclaves et leur imposaient les plus rudes des travaux, injustice et discrimination étant la règle. Cet état de choses fut maintenu dans le judaïsme et le Christianisme. L’esclavage resta en vigueur en Europe et aux Etats Unis jusqu’à la fin du dix-huitième siècle. Il ne fut aboli, en Angleterre, que vers la fin du dix-neuvième. Il ne serait même pas trop de dire que ces pays n’entreprirent ce genre de mesures que pour leurs propres intérêts coloniaux et impérialistes. D’ailleurs nul n’ignore à quel point la couleur de la peau continue à influencer dans ces sociétés. Alors qu’avec la venue de l’Islam, au septième siècle, le Qur’ân prescrit l’affranchissement de l’esclave, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, tout en tenant compte de l’intérêt du propriétaire, et de la miséricorde envers l’affranchi.


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La Morale du Qur’ân : Tel était, en ses grandes lignes, l’aperçu général sur les objectifs du Qur’ân. Reste à présenter la morale, à travers les obligations, la responsabilité, les sanctions, l’intention, l’effort, qui sont tous des concepts associés au système éducatif du Qur’ân, et représentent les principaux piliers sur lesquels s’élève cet enseignement. Enseignement le long duquel la distinction entre ce qui est prescrit, ce qui est permis et ce qui est interdit ou défendu y est nettement précisée. D’un autre côté, la morale du Qur’ân s’affirme comme une loi, comme une règle générale, constante, et revendique son application sur l’ensemble de l’humanité. Car chaque principe énoncé par le Qur’ân peut être invariablement appliqué à soi-même ou à autrui, aux riches comme aux pauvres.


Cependant, il est étonnant de voir comment les orientalistes, qui fouillèrent le Qur’ân à la loupe, pour l’attaquer, gardèrent un silence absolu, pour ne pas dire un silence de morts, sur la morale qur’ânique qui est d’une valeur frappante, inestimable, ainsi que sur les principes éthiques généraux, dont les éléments essentiels traitent de la connaissance et de la conduite. L’ensemble des Versets, relatifs à ces deux domaines, constitue un enseignement pour le comportement humain dans la vie quotidienne, et mènent vers la tranquillité d’esprit par rapport à la vie Future. C’est une législation d’une double perfection, comme le dit Cheikh Draz : une douceur dans la fermeté, un progrès dans la stabilité, une nuance dans l’unité. Ce qui permet à l’âme humaine de s’assurer un double bonheur difficilement conciliable : une sorte de soumission dans la liberté, une aisance dans la lutte, une initiative dans la continuité. Malheureusement, nombre d’occidentaux n’ont pas saisi la portée de cette sagesse ni sa profondeur. Car le Qur’ân appelle au bon sens, incite à la réflexion et à la méditation. La conscience à laquelle s’adresse le Qur’ân est éclairée par un enseignement positif, où les devoirs sont définis et hiérarchisés, font face à une réalité vivante. Etait-ce tellement difficile à saisir ?! Pourtant, le caractère universel de la loi morale y est d’une évidence incontestable. L’ensemble de ses commandements s’adresse à l’humanité entière, la même règle, comme on vient de le voir à l’instant, peut être appliquée à soi-même ou à autrui, à ses proches ou aux étrangers, aux pauvres comme aux riches, à l’intérieur de la communauté comme à l’extérieur. Chaque arrêt de cette loi est tenu pour principe universalisable, pouvant être appliqué aux cas


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analogues. A préciser, que l’obligation morale dans le Qur’ân est doublement conditionnée : l’action qu’elle porte préconise qu’elle doit être accessible à la nature humaine et praticable en même temps, loin de toute tyrannie dans la réalité concrète de la vie. De l’obligation, telle qu’elle est présentée dans le Qur’ân, découlent deux corollaires : la responsabilité et la sanction. La responsabilité morale et religieuse étant personnelle, elle ne permet aucun transfert ni la moindre confusion. Chaque personne porte la responsabilité entière de ses propres actions. Nul ne portera la charge d’autrui. Les sanctions civiles dépendent des procédures juridiques, les sanctions relatives à l’intention, à la conscience, tiennent du Créateur. La doctrine du Qur’ân est une synthèse, une synthèse des synthèses, si l’on peut dire, tellement la forme et le contenu sont intimement liés, en un style aussi compacte que précis. Elle répond à toutes les exigences légitimes, morales, sociales et religieuses de l’être humain. Le tout de cet ensemble est pénétré d’un esprit conciliateur, qui fait que cette doctrine soit libérale et disciplinaire, rationaliste et mystique, souple et ferme, conservatrice et progressiste à la fois. C’est une structure organique où tous ces éléments chantent à l’unisson pour se tenir solidaires, sans la moindre contradiction. Ce n’est point une juxtaposition de contraires, mais une complémentarité positive, qui maintient l’ordre et permet le progrès humanitaire, universel. Ces notions se réfèrent l’une à l’autre : la raison, mène à la foi, et la foi se réfère à la raison. L’individu, en assumant ses obligations et sa responsabilité, veille au bon fonctionnement de la moralité commune. La piété, en toutes lettres majuscules, est le concept de base qui réunit le respect de l’idéal et la recherche du meilleur.


Une vue à vol d’oiseau donnerait peut-être une idée un peu plus concrète de ce qui vient d’être dit. Nous nous référons à la thèse du docteur Draz 10


10 La Morale du Coran, thèse de doctorat présentée à la Sorbonne, éditée par les Presses Universitaires de France, à Paris, en 1951. pour faire une sorte de classement subjectif des Versets traitant de la morale individuelle, familiale, sociale, ainsi que de la morale de l’Etat, et la morale religieuse. 1- Morale individuelle : Elle comprend quatre groupes d’enseignements :


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a- Les commandements, comprennent : des instructions générales ; des instructions morales ; des incitations à l’effort moral, préconisant la pureté de l’âme ; la droiture ; la chasteté ; la décence ; la continence des regards ; la domination des penchants ; l’abstention périodique de la nourriture et du sexe ; la maîtrise de la colère ; la sincérité ; la douceur et la modestie ; la circonspection dans les jugements ; l’abstention dans le doute ; la constance et l’endurance ; la conformité aux bons exemples ; le maintient du juste milieu ; faire le meilleur ; rivaliser pour le meilleur ; savoir écouter et choisir le plus beau conseil ; la pureté des intentions. b- Les interdictions, comprennent : le suicide ; la mutilation et la défiguration de son propre corps ; le mensonge ; l’hypocrisie ; les actes qui contredisent les paroles ; l’avarice ; la prodigalité ; l’ostentation ; la conduite hautaine ; l’orgueil ; la vanité ; la vantardise ; la fierté tirée de sa puissance ou de sa science ; l’attachement à ce bas monde ; la jalousie et la convoitise ; le regret inutile ou la réjouissance outrée ; la débauche ; l’usage des boissons alcoolisées et les choses impures ; toutes souillures (morale ou physique) ; l’usage d’un bien mal acquis ; ainsi que la mauvaise gérance. c- Les permissions, comprennent : l’usage modéré des bonnes choses. d- La dérogation : elle est permise par nécessité de force majeure. 2 - Morale familiale : Comprend quatre groupes d’enseignements : a- Les devoirs envers les ascendants et les descendants, comprennent : la bienfaisance ; l’humilité ; l’obéissance aux père et mère ; le respect de la vie des enfants ; l’éducation morale des enfants et de la famille en général.


b- Les devoirs entre époux, comprennent : 1- La constitution du ménage : alliances prohibées et alliances autorisées ; les qualités requises ou préconisées ; le consentement libre et réciproque ; la dot ; les conditions de la polygamie. 2- La vie conjugale : les liens sacrés et respectés, la paix intérieure ; l’affection et la compassion ; la propagation de l’espèce ; l’égalité des droits et des devoirs ; la délibération et le consentement commun ; les entretiens humains ; vivre en bon ménage, même en cas d’antipathie ; la réconciliation, même en cas de conflit ; l’arbitrage. 3- le divorce : la séparation est un pis-aller ;


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la période d’attente ; le logement et le traitement honnêtes, dans l’espoir d’une réconciliation ; pas d’attente obligatoire pour une femme divorcée avant la cohabitation ; après l’attente : ou retour bien intentionné, ou séparation donnant droit à un autre mariage ; ne rien extorquer sur la femme divorcée ; le divorce n’est définitif qu’à la troisième fois ; indemnité pour les divorcées non dotées ; indemnité pour les divorcées en général. c- Les devoirs envers les proches, comprennent : partager notre bonheur ; le testament. d- L’héritage, comprend : les droits réservés aux mâles, ni aux aînés ni aux seuls enfants ; règles de la répartition. 3 - Morale sociale : Comprend trois groupes d’enseignements : a- Les interdictions, comprennent : l’homicide ; le vol ; la fraude ; le prêt à intérêt ; toutes sortes de spoliations ; toutes sortes d’appropriation illégale ; le détournement des biens, de l’orphelin en particulier ; la trahison et l’abus de confiance ; l’offense injustifiée ; l’iniquité ; la complicité ; la défense des injustes ; l’infidélité aux engagements ; la perfidie et la tromperie ; tromper ou corrompre les juges ; le faux témoignage ; la dissimulation ; l’injure ; maltraiter le pauvre et l’orphelin ; la raillerie ; les gestes dédaigneux ; l’espionnage ; la médisance et la calomnie ; les rapports malveillants et la crédulité complice ; la diffamation ; l’intervention nuisible ; l’indifférence au mal public.


b- Les commandements, comprennent : rendre le dépôt ; légaliser les transactions pour écarter les doutes ; observer ses engagements et ses promesses ; rendre un témoignage juste ; établir la paix entre les hommes ; l’intercession : non-acceptée en faveur des criminels ; l’humilité et la compassion réciproque ; la bienfaisance, surtout envers les faibles ; fructifier les biens des orphelins ; libérer les esclaves ou faciliter leur liberté ; pardonner, et en tous cas ne pas dépasser l’offense ; rendre le bien pour le mal ; exhorter au bien et détourner du mal ; répandre la science ; l’amitié et l’hospitalité ; l’amour universel ; la justice et la charité, conjointement. A part cela, on y trouve trois attitudes plus ou moins légitimes : Tenir à user de ses droits, générosité dans l’aisance, altruisme héroïque. Le devoir strict tient le milieu. Donner est un devoir universel. Les conditions requises dans l’exercice


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de la charité : Sa destination, son intention, qualité du don, manière de donner (plutôt en secret, ne pas humilier le bénéficier). Exhortation à la libéralité ; condamnation de la thésaurisation. c- Le code de la politesse, comprend : Demander permission d’entrer chez autrui ; baisser la voix et ne pas appeler les grands du dehors ; saluer en entrant ; répondre au salut par un meilleur ; se ranger ; choisir pour les entretiens des sujets honnêtes ; employer les propos les plus doux ; demander permission de quitter l’assemblée. 4 - Morale de l’Etat : Comprend deux groupes d’enseignements : a - Le rapport du Chef et du Peuple, comprend deux côtés : I- Devoir des chefs : Consulter le peuple ; appliquer énergiquement la décision prise, selon la règle de la justice ; établir l’ordre ; sauvegarder, ne pas subtiliser , les biens communs ; ne pas en faire bénéficier les riches ; laisser aux confessions locales leur liberté juridique. II- Devoir du peuple : Discipline ; obéissance conditionnée ; union autour de l’idéal ; délibérations dans les affaires communes ; éviter perturbation et vandalisme ; préparer la défense commune ; censure morale ; éviter connivence et alliance avec l’ennemi. b - Les relations extérieures : comprennent deux côtés : I- Dans les circonstances normales : souci du salut universel ; prêcher la doctrine du salut, sans contrainte, ni provocation de haine ; ne pas chercher hégémonie ou trouble ; ne pas entamer la sécurité des neutres ; bon voisinage, justice et bonté. II- En cas d’hostilité : Ne pas craindre l’initiative des armes ; ne pas combattre pendant les mois sacrés, ni dans les régions sacrées. Deux cas de guerre légitime : 1-Défense de soi. 2- Secours des faibles sans défense. Combattre les seuls combattants ; ne pas fuire devant l’agresseur ; fermeté et union ; patience et espérance ; ne pas craindre la mort, elle vient à son temps ; craindre plutôt les épreuves et les tentations des infidèles ; ne pas capituler, mais accepter la paix et ne pas poursuivre l’ennemi qui capitule ; fidélité aux traités conclus ; ne pas répondre à la perfidie par la pareille ; loyauté aux clauses, même désavantageuses. Sus à l’ambition ! Fraternité humaine : lieu sacré, au-dessus du préjugé de races et de sexes. Critérium du mérite.


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5 - Morale religieuse : Comprend les devoirs envers Allah : Croire en Lui et aux vérités qu’Il Décrète ; Lui obéir, inconditionnellement ; méditer sur Ses paroles, et sur Ses oeuvres ; reconnaître Ses bienfaits et Lui rendre grâce ; supporter Ses épreuves avec résignation ; se fier à Lui ; ne pas désespérer de Sa grâce, ni être trop rassuré contre Ses desseins ; subordonner toute décision future à Sa volonté ; remplir les voeux et promesses faites à Allah ; ne pas provoquer des propos irrévérencieux à son sujet ; éviter toute complicité de propos impies ; ne pas jurer souvent par Son nom ; respecter le sermon une fois prêté ; se souvenir constamment d’Allah ; Le sanctifier et le glorifier ; Lui rendre le culte quotidien ; visiter la Ka’ba (au moins une fois dans la vie) ; se passer de l’univers ; invoquer Allah fréquemment avec crainte et espoir ; revenir à Lui et implorer son pardon ; L’aimer, et L’aimer par dessus tout.


Janvier 2002


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Conclusion Il n’est pas lieu ici de parler des manipulations opérées dans la Bible hébraïque ou dans l’Ancien Testament chrétien, par l’addition de quelques livres qui n’existaient pas en hébreu ou par les coupes effectuées par l’Eglise. Des coupes extrêmement importantes sur la vie de Jésus ou sur les enseignements qu’il a donnés, comme le dit justement Maurice Bucaille, car l’église « n’a conservé dans le Nouveau Testament qu’un nombre limité d’écrits dont les principaux sont les quatre Evangiles canoniques. » ( p. 5 de l’introduction ) D’ailleurs ce n’est pas sans raison que le document n° 4 de Vatican II, en parlant de ces Livres anciens, précise : « qu’ils contiennent de l’imparfait et du caduc », sans oublier toutefois d’ajouter à la même phrase qu’ils sont pourtant : « les témoins d’une véritable pédagogie divine » !! Mais malgré ces données qui ne sont plus ignorées, et qui sont une des causes directes de l’athéisme en Occident, il est à noter que le judaïsme n’accepte aucune Révélation postérieure à la sienne, attitude dont personne ne parle, surtout l’Eglise, même après les avoir réhabilités du meurtre déicide ; et le christianisme ne prend pas en considération une Révélation postérieure à Jésus. Tous deux, malgré les divergences et les animosités théologiques qui les opposent, s’accordent pour refuser d’accepter une Révélation postérieure à la leur, bien qu’elle ait sa raison d’être ! Car, comme le dit justement le Père Lelong : « Le message du Coran, la personnalité du Prophète Muhammad, la pensée islamique classique et contemporaine demeurent étrangement méconnus dans l’opinion publique occidentale. Bien plus, celle-ci est tellement conditionnée par les préjugés nés de l’Histoire et par les raccourcis médiatiques de notre temps qu’elle croit savoir, sans connaître vraiment. » (p.75 ) A quoi ajoute Maurice Bucaille, en toute connaissance de cause : « Le Coran contient la Parole de Dieu, à l’exclusion de tout apport humain. La possession de manuscrits du Ier siècle de l’ère islamique authentifie le texte actuel », car « Pour le Coran il n’y a pas opposition mais harmonie entre l’Ecriture et les connaissances modernes, harmonie humainement inexplicable. » ( idem. p.2 et 3 de l’avant-propos.) D’un autre côté, le Qur’ân prescrit à chaque musulman de croire aux deux Révélations précédentes, telles qu’elles furent Révélées, loin de toutes les manipulations opérées.


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Donc, comprendre l’Islam, tel qu’il fut Révélé, est une nécessité qui s’impose de nos jours, si jamais nous tenons à ce que la probité humaine soit mise en relief. Car saisir cette distinction qui le caractérise, ayant comme base et critère à la fois, l’Unicité absolue d’Allah et Sa Transcendance, permettra de saisir le pourquoi de son rejet de toutes les formes de polythéisme, du culte de l’homme, de l’adoration des anges, des djinns et des icônes, des intermédiaires, de toute forme d’anthropomorphisme, et surtout son rejet de la déification de Jésus, faite au Ier concile de Nicée, en 325, car on ne peut réduire le Créateur à un être de Sa création. C’est ce qui explique, le fond et la cause de l’idée médiévale, qui fit de l’Islam et des musulmans « l’ennemi » de la chrétienté. Idée qui continue hélas à être magistralement enfoncée dans la conscience humaine, avec une intransigeante ténacité. Il suffit de lire le livre de Philip Agee : « Journal d’un agent secret : dix ans dans la C.I.A. », paru en 1975, pour voir à quel point l’intervention politique s’infiltra au Vatican ; comme il suffit de lire le livre de Monseigneur Luigi Marinelli : « Le Vatican mis à nu », un livre à révélations explosives, qui dénonce les pesanteurs et les scandales de toutes natures, qui prolifèrent impunément dans une administration qui plongea, de longue date, dans les bas-fonds de la politique et ses intrigues. L’Islam, tel qu’on vient de le voir, n’est point contraire à la raison, à l’esprit scientifique, aux droits de l’homme ou comme le dit abusivement Jean-Claude Barreau : « Une religion née du désert et créatrice de déserts », se joignant ainsi à tous ceux qui insistent obstinément à l’éliminer. D’ailleurs il le dit carrément à la fin de son ouvrage, faisant l’éloge de la modernité : « Une modernité qui dure est irrévocable : l’islam serait obligé de s’y adapter, pour le plus grand bien de l’humanité, ou de disparaître » ( p. 134 ) !! Cette prétendue « modernité qui dure », cette modernité « édifiée sur la mort de Dieu », l’Occident qui l’a créée de toutes pièces et aux dépens d’innombrables dégâts, est le premier à s’en plaindre de nos jours. Car c’est la raison essentielle du déraillement duquel il souffre. Donc, s’y adapter ou disparaître, n’est pas de mise, car on ne s’adapte jamais à une chose nécrosée, gangrenée, qui tombe en désuétude. Une modernité basée sur l’élimination du Créateur, pour mettre à Sa place progrès matériel, argent, égoïsme et dévergondage, sous prétexte de liberté personnelle, va à l’encontre de toute logique et de toute morale.


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En insistant sur l’importance de la raison, de la science et du savoir ; en mettant en relief et comme critère l’équité, la justice et la liberté ; en soulignant l’importance de la solidarité, sous toutes ses formes, l’Islam, qui comprend les directives cultuelles, sociales, économiques, politiques et militaires, prouve qu’il est une Religion et un Système social complet, une mouvance à l’intérieure d’un règlement stable, autour d’un pivot stable, qui respecte la dignité de l’être humain, l’invite à suivre le chemin de la rectitude et de l’évolution, sans mélanger les cartes. Telles sont les lignes générales, qui ressortent de la lecture du Qur’ân, et que nous essayâmes de dégager sous ses deux principaux aspects : Les objectifs et la morale. Aspects qui montrent et qui prouvent à la fois que le Qur’ân n’est point contraire à la raison, à l’esprit scientifique, ne se situe point « Très en dessous des autres grands textes religieux de l’humanité », comme le dit Barreau, n’est point indifférent à l’égard des droits de l’homme, ni une religion guerrière ou « Une religion née du désert et créatrice de déserts » comme il l’affirme à la page 110 de son ouvrage, pour arriver à cette constatation avec laquelle il clôt son livre, en soulignant l’importance et la valeur de la modernité occidentale, que nous venons de citer, pour dire que « l’islam serait obligé de s’y adapter, pour le plus grand bien de l’humanité, ou de disparaître » !


Sourire d’amertume passé, on ne peut s’empêcher de faire le rapprochement entre la date de parution de cet ouvrage, en 1991, et la décision prise à Vatican II en 1965, d’éliminer l’Islam dans les années 90. Exactement comme eut déjà lieu l’élimination du communisme, précisée pour les années 80 ( le mur de Berlin étant tombé en 1989 et l’Union Soviétique en 1992 ), avec deux ans de décalage ! Nul n’ignore de nos jours que cet effondrement commença avec le nouveau dialogue entamé avec le marxisme, à la lumière du dit Vatican, la création de l’année mariale et autres préparatifs, à ne citer que le fameux « Plan quinquennal » de Jean-Paul II. Ce qui permet de saisir clairement que ce petit ouvrage de Barreau, en général, et tant d’autres, en particuliers, représentent le feu vert donné à cette nouvelle et implacable vague d’attaque, qui commence aussi sous les auspices du dialogue inter-religieux, de l’arrogance vagabonde et inhumaine des meneurs du jeu, sous le silence odieux et fanatique de cette fameuse Omerta ou loi du silence, à laquelle personne n’ose approcher. Une Croisade voulue, qui a effectivement déferlé avec la comédie montée du fameux 11 septembre


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2001. Rien de choquant, certes, dans cette appellation, car, non seulement nombreux sont les scénarios de films américains qui prennent un crime prémédité comme prétexte, pour la réalisation d’un autre crime, beaucoup plus grand, mais nombreuses sont les preuves qui se révélèrent depuis, qui le prouvent, et qui sont tenus sous le boisseau. Cette date funeste ne désigne en réalité que la mise en pratique de ce décret, prônant l’élimination de l’Islam dans les années 90, afin que le troisième millénaire commence avec un monde entièrement christianisé sous l’égide du catholicisme vaticanais ! C’est triste à dire, c’est peut-être triste à lire, mais c’est beaucoup plus triste à vivre face à ce mutisme absolu de ceux qui observent sans réagir... Une vraie chasse à l’homme, exclusivement agencée contre les musulmans, férocement désignés depuis quatorze siècles comme « ennemis », et qui représente une preuve éclatante et terrifiante à la fois du rôle inhumain et criminel des meneurs du jeu. Un nouveau crime contre l’humanité, qui se passe sous les yeux de tout le monde... Un monde qui s’est tût sur beaucoup d’autres crimes, ces dernières décennies, à ne citer comme exemple que la Palestine usurpée : Tout le monde connaît parfaitement quand, qui, comment et pourquoi cette terre a été arrachée, et continue à l’être, chaque jour, systématiquement, face à un monde habitué à se taire, à accepter les partis pris, et surtout à mettre oppresseurs et oppressés à pieds d’égalité ! Un monde qui se veut civilisé, évolué, et supérieur ! ! Au lieu de nourrire tant de haine à l’égard de l’Islam et des musulmans, une haine héritée à travers les âges, méthodiquement absorbée par l’intermédiaire des livres d’études et les médias, de sorte qu’elle devint partie intégrante et innée du caractère occidental ; au lieu de mettre à pied d’égalité le faux et le vrai, au lieu d’imposer cruellement le faux au-dessus du vrai, au prix de massacrer plus d’un billion d’êtres humains, dont le seul défaut - aux yeux des dirigeants de ce massacre - est d’avoir maintenu leur Religion intacte, sans la moindre manipulation, faite valoir votre humanité et votre conscience... L’Islam ne s’impose à personne : « Que celui donc qui veut qu’il devienne croyant et celui qui veut qu’il devienne mécréant ! » ( XVIII : 29 ) C’est ce que dit le Qur’ân.


L’Islam ne fut Révélé que parce que les deux Révélations monothéistes précédentes furent manipulées. Le monothéisme est un, l’Unicité d’Allah est ABsolue : « Rien absolument ne Lui est semblable. » (XXII : 11 ) Les Juifs ont dévié en reprenant le veau


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comme déité, en tuant Messagers et Prophètes ; Jésus n’a été envoyé que pour les brebis perdues d’Israël (Mt.15 : 24). C’est-à-dire pour les ramener au Monothéisme. Les Chrétiens dévièrent en déifiant Jésus et en imposant la trinité, instaurant ainsi une sorte de polythéisme. C’est ce qui donna lieu à tant de massacres, entre chrétiens et juifs d’abord, puis et surtout entre chrétiens, puis, de ces mêmes manipulateurs, contre les musulmans. N’est-il pas temps de comprendre, après deux mille ans de massacres, comme le dit justement le Père Lelong (p. 73 ), que contrecarrer l’Islam par tous les moyens, par toutes ces répressions politiques et toutes ces persécutions religieuses, n’est jamais parvenu à supprimer l’aspiration des peuples à être libres, ni à tenir fermement à leur Religion ?! Prendre part à l’arrêt de ce massacre global, à cette infernale Croisade, est laissé à la conscience du lecteur... car nous, musulmans, poussés à la boucherie, ne possédons que notre conviction, notre Foi pure et simple, loin de tout appui de la part de qui que ce soit, même de la plus part de nos dirigeants, qui, pour la grande majorité d’entre eux, sont instaurés ou soutenus par les gros meneurs de ce macabre jeu auquel assiste, en sourdine, la société humaine, internationale, la dite civilisée...


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Bibliographie 1- Al-Qur’ân al-Karîm 2- Barreau, Jean-Claude : De l’Islam en général et du monde moderne en particulier. éd. le Pré aux clercs, Paris, 1991. 3- Bucaille, Maurice : la Bible, le Coran et la Science. éd. Seghers, Poitiers/Ligugé, 1980 4- Draz, Muhammad ‘Abdallah : la Morale du Coran. éd. P.U.F., Paris, 1951 ; 2e éd. le Ministère des Habous et des Affaires Islamiques, Royaume du Maroc, Rabat, 1983. 5- Al-Ghazâli, Muhammad : al-Mahâwer al-khamsa lel-Qur’ân al-Karîm ( les Cinq Piliers du Glorieux Qur’ân ) éd. Dar al-Shurûq, le Caire, 2000. 6- El-Houfy, Ahmad dr : Samâhet al-Islam ( Tolérance de l’Islam ) éd. Conseil Suprême des Affaires Islamiques, le Caire, 1994. 7- Kotb, Sayed : Khasa’es al-Tasawwur al-Islâmi ( Caractéristiques de la conception islamique ) éd. Dar al-Shurûq, le Caire, 14e éd., 1997. 8- Lelong, Michel, Père : l’Eglise catholique et l’Islam éd. Maisonneuve/Larose, Paris, 1993. 9- Qamhâwi, Muhammad al-Sâdeq : Shubuhât maz’ûma ded al-Islam wa raddaha ( Suspicions prétendues contre l’Islam et leur réponses ) éd. Dar al-Anwâr, le Caire, 1978. 10- Reda, Muhammad Rachid : Al-wah’y al-Muhammady ( le Message Muhammadien ) éd. Conseil Suprême des Affaires Islamiques, le Caire, 1994. 11- Thomas, Joseph : le Concile Vatican II éd. Cerf/Fidès, Paris, 1989 12- Vatican II, Documents conciliaires éd. le Centurion, Paris, 1966


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JIHĀD et TERRORISME


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« Le meilleur du Jihâd est une parole de Vérité


face à u n Souverain tyrannique... »


le Prophète Muhammad


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Introduction


Le mot Jihād est un des mots-clé de l’Islam, dans le sens où il fait partie intégrante de la vie quotidienne des musulmans : dans la pratique de l’évolution de l’être humain, comme dans la pratique du quotidien vécu. C’est un des mots-pivot qui rappelle constamment la personne à l’effort qu’il faut fournir sur soi, dans le choix entre le bien et le mal, pour éviter toute convoitise, pour combattre toute tentation qui puisse faire dérailler ou éloigner le croyant du chemin de la rectitude. C’est un mot qui donne lieu à trois ou quatre groupes d’énoncés racine, chaque groupe comprenant une dizaine de dérivés principaux. Le combat guerrier représente un de ces dérivés. Il est donc ridicule de voir comment orientalistes ou autres se plurent à restreindre le sens, ou plutôt à l’amputer de toute la profondeur humaine de ses dérivés, pour insister sur une signification d’agressivité, pour le réduire et le limiter à « guerre sainte », dans le sens fanatique de Croisade, i.e. « tuer pour tuer », « tuer pour éliminer », à quoi s’ajoute tout l’éventail des brutalités... En fait, il n’y a pas de mot en français qui puisse exprimer le sens du mot Jihād, dans toute l’étendue du terme, qui se passe sur deux plans personnels : individuel et collectif, interne et externe ou, sur un niveau plus élevé, ésotérique et exotérique. Il est vrai que la langue arabe, contrairement à la langue française, jouit d’une flexibilité de dérivations sans pareille, d’une maniabilité allant facilement jusqu’à donner quatre-vingts dérivés, et dans certains cas jusqu’à deux cent, alors qu’en français, des fois les lacunes vont jusqu’à l’inexistence du verbe ou de l’adjectif d’un substantif, ni la forme du duel, ni le féminin de certaines formes de conjugaison comme l’impératif. Ce qui représente une vraie difficulté pour la traduction et nécessite, du traducteur, de trouver un équivalent différent pour chacun des sens désignés dans le contexte.


Réduire la signification d’un mot d’une étendue pareille et la restreindre à un seul de ses domaines variés, ne porte atteinte qu’à l’intention, qu’à la capacité intellectuelle et qu’à la probité du traducteur, pour ne rien dire de l’impacte d’une telle traduction erronée sur la compréhension de l’Islam et des musulmans, ni de la complicité d’une telle traduction préméditée avec le domaine politique, qui finit par lui


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imposer l’étiquette de terreur, terrorisme et terroriste ! De même, si quelques musulmans se bornent à ne voir dans le Jihād que le sens limité de « tuerie », ce n’est point la faute au Jihād, qui, en réalité, est d’une portée très étendue et classe le domaine guerrier dans un degré inférieur par rapport aux autres. Ce travail portera donc essentiellement sur la clarification du sens du mot Jihād, dans le domaine de la guerre et du combat, mettant en plein jour les normes et les règles prescrites, qui sont une obligation à suivre, à être respectées par le combattant musulman. Car, même en temps de guerre, l’Islam prend en considération le côté humain, respecte la vie humaine, prohibe tout acte d’agression, de vandalisme ou de massacre. La conception de la guerre en Islam étant de prendre la défense, que ce soit la défense de soi, de la patrie ou de la religion, dans la mesure de l’attaque et, surtout, de ne point commencer par l’agression. C’est ce qui sera développé à travers trois chapitres. Le premier portera sur une comparaison du combat entre les trois religions monothéistes ; le second traitera du Jihād à travers les Textes du Qur’ān et de la Sunna, les combats menés par le Prophète Muhammad, parmi les siens, les tribus parentes, pour réfuter l’idée erronée, imposée le long des siècles, voulant que l’Islam ait été répandu par l’épée ; le troisième rectifiera cette accusation fallacieuse de terreur, terrorisme et terroriste, qui fut pratiquement professée par la politique occidentale, bien avant le Moyen Âge jusqu’à nos jours, avec une furie discriminatoire inouïe, ascendante, injustifiée, dénudée de toute logique, pour extirper les ressources de ceux qui furent réduits à la misère humiliante, qui furent intitulés par un racisme éhonté, Tiers Monde ou monde sous-développé. Est-il lieu d’ajouter que ce vagabondage en cours, ou ces rodomontades armées enlèvent toute crédibilité aux promesses d’une Civilisation qui se voulait, hélas, directrice de la Terre ?! Une conclusion mettra au point les idées développées. Les prononciations francisées de Mecque et Médine sont rectifiées, selon leur prononciation correcte en Makkah et al-Madinah, dans l’espoir de les voir rectifiées dans les textes français.


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La traduction des Versets du Qur’ān est de l’auteur, la publication de la traduction intégrale du sens du Qur’ān a été assumée par l’Association Mondiale de l’Appel Islamique ( 2002 ) Reste une remarque à faire à propos du mot Jihād, qui vient d’être efféminé par les médias français, après le fameux 11 septembre et la campagne qui en découla ! Nul n’ignore que le mot djihād ou Jihād, dès son admission dans la langue française, est cité au masculin, car l’article se met au genre du nom sous-entendu, et le sens du nom sous-entendu ici est le combat. Bien plus, l’article le reste invariable quand on veut marquer qu’un être ou un objet atteint, au moment indiqué par le contexte, le plus haut degré d’une certaine qualité. Dans l’Encyclopédie de l’Islam, ouvrage patronné par l’Association internationale des Académies, en 1908, djihād est au masculin. Le petit Larousse de l’an 2000 le cite au masculin. Tous les auteurs français de même. Pourquoi donc ce virement soudain par ces quelques personnes qui donnèrent le la pour l’efféminer ?! Efféminer, qui est souvent au péjoratif, désigne : donner les caractères physiques et moraux qu’on prête traditionnellement aux femmes à un homme, à un groupe, etc. , et c’est toujours pris dans le sens d’abâtardir, d’affaiblir, d’amollir, d’émasculer, de féminiser ou de ramollir. Même en parlant des choses, cela désigne : mou, sans énergie, sans virilité ! Pourquoi donc vouloir avilir, dégrader, avec une telle préméditation ? Il est vrai que l’usage a féminisé certains mots, car leur domaine d’origine est féminin, par exemple : le mot « entrecôte », qui était masculin, a été féminisé par l’Académie, puisqu’il fait partie intégrante de la viande. Malheureusement, ce virement imposé, malgré la protestation de quelques musulmans vivants en France, ne porte atteinte qu’à ceux qui l’ont imposé : Il met à nu une complicité bon marché, qui prend part à cette marche macabre visant à éliminer l’Islam et les musulmans. Au lieu de nuire méchamment, n’est-il pas plus probe, plus civilisé, d’essayer de comprendre, de voir la réalité même si elle vous chagrine ? Face à ce comportement d’une injuste animosité, peut-on ressentir le moindre respect ? Probité exige que ceux qui s’ingénièrent à mener ce piètre jeu reconsidérassent leurs actes...


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Le Jihād en Islam


Etude Comparative Parler du Jihād en Islam nécessite forcément de commencer par l’explication du terme, vu l’incessant labeur avec lequel orientalistes et médias occidentaux insistent obstinément à dénaturer le sens, à le limiter à une seule de ses significations, celle de « guerre sainte », sous-entendant : Tuerie et massacre! Pourtant, le Jihād, dans la vaste étendue du terme, n’est point une guerre genre croisades, c’est-à-dire une guerre d’exécration, de destruction et d’extermination, d’annihilation de tout un peuple, tel le Herem biblique, qui fait passer tous ceux qu’il envahit au fil de l’épée ! C’est un mot d’une grande richesse humaine, dont la racine donne tout un éventail d’énoncés. Si nous nous reportons à un dictionnaire Arabe / Français, qui se veut un instrument de travail sérieux et académique à la fois, on trouvera les définitions suivantes, représentant un minimum des variétés de la racine j.h.d., qui donnent lieu à quatre ramifications essentielles : 1- L’effort ; l’application ; l’assiduité ; le zèle ; la faculté ; la force et la puissance ; 2- Difficulté ; fatigue ; peine ; effort physique, intellectuel ; contention d’esprit ; consacrer toutes ses forces ( à qqch. ) ; lutter contre les difficultés ; 3- Militer ; combattre / lutter contre ; militer pour la cause de... ; persévérer ; 4- Appel à la vraie Foi ; prédication surtout par des moyens pacifiques, par le bon exemple et la persuasion ; guerre sainte contre les infidèles et les hérétiques.


Tel qu’on le voit, une branche concerne l’effort zélé, une autre concerne la fatigue, une troisième concerne le combat ou la lutte, quel que soit le but ou la raison, et une quatrième concerne l’Appel à la vraie Foi, à la guerre sainte, dans le sens de prendre la défense de la religion, contre les mécréants. Le Jihād est une guerre qui a ses lois, ses règles et ses normes. Pour ne rien dire des autres dérivés, à ne citer que : Mujāhid,


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celui qui fait des efforts, qui lutte ou : ijtihād : application, étude assidue et approfondie, qui rend capable de résoudre les questions de droits. Il est donc triste et ridicule à la fois de voir l’insistance avec laquelle médias et orientalistes occidentaux escamotent la plupart des significations, pour ne garder qu’une seule, celle qui facilite un travail de sape qui se perpétue, non seulement dans les ouvrages de polémiques, mais qui se prolonge même jusqu’aux instruments de travail, censés être d’une probité impartiale ! Il est décevant de voir, par exemple, comment un D. B. Macdonald commence sa participation à l’Encyclopédie de l’Islam, en ne mettant en relief que ce seul sens, du début jusqu’à la fin de son article : «Djihād, la propagation de l’Islam par les armes : C’est un devoir religieux pour les Musulmans, d’une façon générale. Il s’en est fallu de peu que le djihâd ne devînt un sixième rukn ou devoir fondamental, et effectivement, il est regardé comme tel par les descendants des Kharidjites. On est arrivé à cette conception de djihâd d’une façon progressive mais rapide... » etc. afin de propager une idée erronée sur l’Islam et implanter injustement qu’il a été répandu par l’épée, qu’il incite à la guerre et à la violence, à quoi s’ajoutent, de nos jours, les fameux termes de terreur et terrorisme ! Le Jihād, dans la vaste étendue du terme, touche et comprend plusieurs domaines : individuel, sociologique, éthique, théologique ; fait jumeler deux concepts : la lutte contre le mauvais musulman, l’infidèle et le mécréant, ainsi que la lutte contre la corruption ; et par là, il connote deux principaux éléments : effort individuel et effort sacré.


En ce qui concerne l’effort individuel, il met l’accent sur le zèle, la persévérance, la résistance constante à l’abandon au désespoir, incite au dépassement dynamique de l’être et à l’ascension spirituelle. En ce qui concerne l’effort sacré, il met l’accent sur la purification de son accomplissement, sur l’accommodement de ses moyens à sa fin et incite à la lutte contre la corruption qui menace de submerger la société islamique. Autrement dit : sa mission suprême comprend, d’un côté, la constance, la persévérance, l’obéissance, l’effort sur soi, la lutte contre soi, pour parvenir au perfectionnement, à l’épanouissement de soi-même. Ce n’est donc plus le fameux « Connais-toi toi-même » de la devise grecque, mais : « Améliore-toi » , « Deviens meilleur », « Évolue » en tant qu’être humain. De l’autre côté, il comprend la défense de la foi et des croyants, la diffusion absolue du message divin,


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universel, tel qu’il fut prescrit dans la troisième et dernière Révélation du monothéisme. Cette délimitation première étant indispensable pour mettre le lecteur, dès le début, en présence avec le vrai sens du mot Jihād, ou plutôt avec toutes les données qu’il comprend, il est nécessaire ensuite d’aborder les Versets du Qur’ān, ayant trait à ce sujet, pour voir de près, textes en main, la grande imposture avec laquelle le sens du mot Jihād a été manipulé à travers le temps, ou plus exactement, depuis que le fanatisme ecclésial commença à attaquer l’Islam. Mais avant d’aborder ces Versets, il serait peut-être plus logique, pour la comparaison, de commencer par l’ordre chronologique, pour voir comment se présentent les mots « guerres » ou « combats » dans la Bible, Ancien et Nouveau Testament. Nul n’ignore le carnage qui se trouve décrit dans l’Ancien Testament. Un carnage d’une incroyable et effroyable sauvagerie, tout de destructions, d’exterminations ou de décimations. Une boucherie au vrai sens du terme, le critère étant de passer tout un peuple vaincu ‘‘au fil de l’épée’’, expression qui revient comme un leitmotive le long de ces Textes. Mutiler, abattre, ne rien laisser subsister de vivant sur place ! Tel est le sens du combat ou de la guerre dans ces Livres. Il serait pratiquement difficile de relever toutes ces descriptions qui abondent, mais citons à titre d’exemple les Versets suivants : « Ils dévouèrent à l’anathème tout ce qui se trouvait dans la ville, hommes et femmes, jeunes et vieux, jusqu’aux taureaux, aux moutons et aux ânes, les passant au fil de l’épée. » ( Josué 6 : 21 ) « On brûla la ville et tout ce qu’elle contenait, sauf l’argent, l’or et les objets de bronze et de fer qu’on livra au trésor de la maison de Yahvé. » ( Josué 6 : 24 )


Une oeuvre d’extermination, d’éradication, qui va jusqu’à effacer le souvenir des êtres de dessous les cieux ! Tuer tous les mâles, tuer les rois, razzier tout le bétail, tous les troupeaux et tous les biens, surtout l’or ou le bronze ! Mettre le feu aux villes ainsi qu’à tous les campements, battre jusqu’à ce qu’il n’en reste plus un survivant ni un rescapé, passer toute la population au fil de l’épée ! Redoubler le combat contre une ville et la détruire... Tuer, tuer sans pitié, sans retenue, tuer hommes et femmes, enfants et nourrissons, boeufs et brebis, chameaux et ânes... tuer sans oublier de passer tout le peuple au fil de l’épée ! Dévaster le pays, ne laisser en vie ni homme ni femme, enlever le bétail



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