LA VERACITE ET L’HONNETETE DU MESSAGER D’ALLAH
AU NOM D’ALLAH, LE TOUT MISERICORDIEUX, LE TRES
MISERICORDIEUX
Le prophète () se fit connaître au sein de son peuple, avant même d’être
prophète, pour sa véracité et sa fidélité. Il était surnommé chez eux « Al-
Amîn », qui signifie : le digne de confiance. Un tel surnom ne pouvait être
attribué qu’à celui qui était parvenu au plus haut degré de véracité et
d’honnêteté sans compter d’autres nombreuses qualités.
A tel point que même ses ennemis attestaient de cela. Observons donc
Abû Jahl1. Celui-ci, malgré toute sa haine envers le prophète () et le fait
qu’il le traite de menteur, savait pertinemment qu’il disait vrai. Et c’est pour
cela que lorsqu’un homme l’a interrogé en lui disant :
- « Est-ce que Muhammad est véridique ou est-il un menteur ? ».
- Il dit : « Ne dis jamais cela ! Par Allah, Muhammad est assurément
véridique, il n’a jamais menti, ne serait-ce qu’une seule fois. C’est seulement
que si les Banû Qusaiy s’emparent de l’étendard de guerre, des provisions
des pèlerins, des clés de la Kacbah et de la prophétie, que restera-t-il aux
autres descendants de Quraysh2 ?! »
Observons aussi Abû Sufyan, qui était, avant sa conversion, parmi les plus
haineux envers le prophète (). Lorsqu’Héraclius l’interrogea :
- « L’accusiez-vous de mensonge avant qu’il ne dise ce qu’il a dit ? ».
- Abû Sufyan dit : « Non ».
1 Abu Jahl était l’un des plus injustes envers le prophète (), il le combattit de toutes ses
forces et mourut mécréant, le jour de Badr. Le messager d’Allah l’a qualifié de « Pharaon de
cette communauté ».
2 L’étendard, les provisions (le fait d’abreuver les pèlerins), les clés de la Kacbah étaient des
privilèges, tous détenus par Qusaiy, l’ancêtre du prophète. Ceux-ci procuraient au peuple
de Quraysh toute leur noblesse. Ils furent partagés entre certains de ses descendants. Il
restait encore à Abdul-Muttalib, le grand-père paternel du prophète (), le privilège de
nourrir les pèlerins et de les abreuver.
- 4 -
- Héraclius dit alors : « Je t’ai demandé si vous le suspectiez de mensonge
avant qu’il ne dise ce qu’il a dit, tu m’as répondu que non. Ainsi j’ai su que
s’il [ne s’autorisait pas] le mensonge envers les gens, il ne serait pas du genre
[à se permettre de] mentir sur Allah ».
Quant à Khadîjah (), lorsque lui vint le prophète (), en tremblotant de
peur et en disant : « Couvrez-moi ! Enveloppez-moi ! », et ce à cause de la
toute première révélation qu’il avait reçue dans la grotte de Hirâ’. Elle lui dit
alors : « Par Allah, rassure-toi ! Allah ne t’humiliera jamais ! Tu entretiens les liens
de parenté, et tu ne dis que la vérité…1 »
Ibn cAbbâs () rapporte que : « Lorsque le verset suivant descendit : Et
avertis les gens qui te sont le plus proches2 , le prophète s’en alla vers le mont
Safâ puis monta à son sommet et cria de toutes ses forces : « Ya Sabâhaaah3 ! » Ils
dirent : « Mais qui est-ce ? » puis se regroupèrent autour de lui. Il leur dit alors :
« Voyez-vous si je vous informais qu’une armée de l’autre côté de la
montagne venait vous combattre, me croiriez-vous ? ». Ils dirent : « Bien sûr,
nous n’avons observé de toi que la vérité ». Il dit : « Je vous avertis alors d’un dur
châtiment !4 ».
C’est l’honnêteté du prophète () et sa véracité qui faisaient que les
polythéistes de Quraysh bafouillaient dans leurs arguments contre lui. Ils
l’accusaient tantôt de sorcier et menteur, tantôt de poète, ou encore de devin,
ou même de possédé ; et ils se disputaient à ce sujet, car ils savaient que le
prophète () était irréprochable et innocent de tous ces attributs disgracieux
et ces surnoms déplaisants.
Observons An-Nadhr Ibn Al-Hârith. Alors qu’il avait dépassé toutes les
limites dans l’offense du messager d’Allah (), il dit un jour aux Quraysh :
- « Ô, peuple de Quraysh ! Par Allah ! Une chose vous est parvenue, rien
de semblable ne vous a éprouvés de la sorte auparavant. Muhammad était
certes un jeune homme parmi les plus raisonnables et pondérés d’entre vous,
le plus honnête, et le plus digne de confiance. [Il grandit auprès de vous]
1 Hadith unanimement reconnu.
2 S. 26, v. 214.
3 « Yâ Sabahaah » était une formule d’appel au secours connue chez les Quraysh. Lorsqu’une
personne voyait un ennemi s’approcher pour attaquer une tribu ou un peuple dans un
moment d’inattention, il criait cette formule de manière à ce qu’ils viennent rapidement à
son secours.
4 Hadith unanimement reconnu.
- 5 -
jusqu'à parvenir à l’âge de raison1, puis il vous vint avec ce qu’il dit et voilà que vous le [qualifiez de] sorcier ? Non, par Allah, il n’est pas un sorcier ! Vous le qualifiez de devin ? Non, par Allah, il n’est pas un devin ! Puis vous le qualifiez de poète, de possédé… », et il ajouta : « Ô, peuple de Quraysh ! Regardez plutôt de votre côté, une affaire grandiose vous est parvenue ! ».
Quant à son honnêteté (), elle était une cause directe qui avait poussé Khadîjah à devenir son épouse. De fait, elle l’avait nommé responsable pour une opération commerciale vers la région du Shâm2, et avait appris par le biais de son serviteur Maysarah des informations à propos de son honnêteté et de son noble caractère qui l’avaient éblouie.
C’est grâce à son honnêteté que les polythéistes de Quraysh, malgré le fait de le renier et de le traiter de menteur, déposaient leurs biens chez lui et lui demandaient d’en assurer la garde. Et lorsqu’Allah lui ordonna d’émigrer [à Médine], il confia la responsabilité à cAli [qui était resté à La Mecque et l’avait ensuite rejoint à Médine] de rendre ces biens à leurs ayants-droits.
Cependant, la plus grande charge que le prophète () avait reçue et honorée de la meilleure et la plus complète des manières était la responsabilité de la révélation et du message qu’Allah lui avait ordonné de transmettre aux hommes. Il a transmis ce message de façon formidable, a honoré sa responsabilité de manière grandiose, il a combattu les ennemis d’Allah () par les arguments et par la force jusqu'à ce qu’Allah lui donne la victoire, et que les poitrines des croyants s’ouvrent à son appel. Ils furent alors convaincus, crurent en lui, le défendirent et l’assistèrent, jusqu'à ce que la parole d’unicité soit la plus haute et que l’Islam se propage aux quatre coins du monde, sans que demeure une seule maison, nomade ou sédentaire, privée de cette religion.
Que les prières d’Allah soient sur le véridique, l’honnête, celui qui a combattu de toutes ses forces pour Allah, jusqu'à ce que lui vienne la certitude.
1 Littéralement: jusqu’à ce vous entrevoyiez la vieillesse sur ses tempes.
2 La région du Shâm se situe actuellement à cheval entre la Syrie, la Palestine et le Liban.