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Melissa Riter, ex-chrétienne, États-Unis


J’ai grandi au sein d’une famille dysfonctionnelle. Mon père était très antireligion


(toutes les religions) et ma mère était une baptiste non-pratiquante. Dans


la famille de mon père, la religion était une chose à ridiculiser lorsqu’on était


sobre et à adopter si on était saoul ou drogué. Dans la famille de ma mère, on


comprenait la religion et on la respectait jusqu’à un certain point, mais c’était un


sujet dont on ne parlait pas. Le père de ma mère avait déjà été pasteur, mais


encore là, la foi était considérée comme un sentiment qu’on n’exprimait que les


dimanches, à la messe.


Vers l’âge de neuf ou dix ans, je développai un intérêt pour la religion et pour


la messe dominicale. Mes parents me permirent de participer au camp d’été


biblique, trop heureux de ne plus m’avoir dans les jambes, et d’assister aux messes


dominicales parce que l’église servait un repas chaud après le service. J’appris des


chants religieux (Jésus m’aime, La petite lumière en moi). J’avais du plaisir à y


participer. Mais lorsque j’eus douze ans, mon père commença à m’interdire


d’aller à l’église, car il trouvait que les cours donnés aux jeunes devenaient trop


sérieux. En effet, on nous enseignait la morale (ne pas boire, ne pas fumer, ne pas


toucher aux drogues, ne jamais révéler ce qui se passe entre un mari et sa femme,


etc). Et moi, pleine de bonne volonté, je revenais à la maison et tentais


d’enseigner ces règles à ma famille. C’est à ce moment que mon père m’interdit


de retourner à l’église. Heureusement, j’en avais déjà suffisamment appris pour


avoir envie d’en apprendre davantage


Mes parents divorcèrent lorsque j’avais douze ans et demi. Je restai avec ma


mère, ce qui me donna plus de liberté au niveau religieux. Je recommençai à


assister aux messes dominicales, mais dans une église pentecôtiste, cette fois. J’y


appris à m’habiller « comme une femme » (pas de pantalons, pas de maquillage et


interdiction de porter les cheveux courts) et à chanter. J’appris à citer la Bible et à


adorer Jésus (que Dieu me pardonne!).


La première chose qui me fit prendre un tournant dans ma quête de vérité fut


ma remise en question du concept chrétien de la miséricorde de Dieu. Plus j’y


réfléchissais et plus je trouvais qu’il y avait quelque chose de fondamentalement


erroné dans ce concept. Selon cette croyance, peu importaient mes actions, si je


croyais en Jésus, j’étais sauvée et je ne pouvais entrer en Enfer. De plus, je


remarquai que jamais la Bible ne mentionnait les châtiments liés aux péchés ni


n’établissait de règles claires à suivre. Quel incitatif avait-on à croire en cette


religion?


Je quittai donc cette église et continuai d’étudier diverses religions. Par


instinct, je n’étudiai que les religions monothéistes. J’avais la conviction que Dieu


était la clef et que Jésus devait avoir sa place dans la religion de mon


choix. J’étudiai le judaïsme, mais lorsque j’appris qu’ils rejetaient Jésus, je me


tournai vers autre chose. Je considérai les diverses dénominations


chrétiennes. J’essayai le baptisme, mais trouvai qu’il ne laissait pas beaucoup de


place à la miséricorde; dès que vous faites quelque chose de mal, vous êtes voué à


l’Enfer! Une religion sans espoir, quoi. J’étudiai le catholicisme, mais adresser


ses prières à des saints me paraissait bien étrange. Les églises méthodiste et


presbytérienne n’éveillèrent rien, en moi. Finalement, je retournai à l’église


pentecôtiste pour l’unique raison que c’était la seule qui apportait un espoir de


rédemption.


Deux grandes questions occupaient mon esprit la plupart du temps. Si Jésus


était le fils de Dieu, comment pouvait-il aussi être Dieu? Et si Jésus était Dieu,


alors à qui adressait-il ses prières? Je posai ces deux questions à mon pasteur, qui


me répondit : « Si tu poses ces questions, tu iras en Enfer parce que,


manifestement, tu ne crois pas. » Je fus choquée par cette réponse! Et, pour citer


Galilée : « Je ne me sens pas obligé de croire que le Dieu qui nous a donné la


raison, la logique et l’intellect s’attend à ce que nous ne les utilisions pas. » Je


quittai alors pour de bon l’église pentecôtiste.


À l’âge de 19 ans, j’ouvris un jour ma porte à deux missionnaires


mormons. Je les fis entrer et, en discutant avec eux, je trouvai que leur religion


avait du bon. Ils me dirent que Jésus et Dieu n’étaient pas une seule et unique


personne. Ils me dirent également que ceux qui s’efforçaient de vivre


conformément à la seule et unique véritable religion seraient rétribués par le


Paradis et que ceux qui commettaient de graves péchés tout en ayant la foi ne


seraient châtiés que pour un temps. Autrement dit, les croyants ne passaient pas


l’éternité en Enfer. Ils me parlèrent des prophètes et me dirent que Moïse n’était


pas le dernier. Ils m’expliquèrent que même s’ils aimaient Jésus et qu’ils le


considéraient comme leur grand frère, ils n’adressaient leurs prières qu’à Dieu. Ce


que j’entendis me plut. Je me joignis à eux et demeurai membre de leur église


durant plus de 16 ans.


Durant ces seize années, je passai par des moments difficiles. À plusieurs


reprises, je cessai totalement de pratiquer ma religion. Je devins alcoolique et fis


des choses que font les alcooliques. Je divorçai mon mari et commençai à sortir


avec des hommes. Je me déshonorai complètement. Mais la foi, la croyance en


Dieu, elle, était toujours là. Je croyais toujours ce que les mormons m’avaient


enseigné. Alors je me racontai des histoires, me dis que peu importaient mes


actions, seuls les mécréants goûteraient l’Enfer éternel. Je n’aurais qu’à passer par


la « prison spirituelle », après ma mort, pour ensuite me repentir et aller au


Paradis.


Il y eut d’autres moments, durant ces 16 années, où je me ressaisissais et


retournais à l’église. Au fur et à mesure que vous en apprenez davantage, à


l’église mormone, vous entendez des choses qui sont cachées aux nouveaux


convertis ou à ceux qui viennent s’informer sur cette religion. C’est vers la fin de


l’an 2003 ou au début de l’an 2004 que l’on me « révéla » que Dieu avait été un


être humain, sur une autre planète, et qu’Il avait Lui-même adoré un autre


Dieu. Et que n’importe quel humain, sur terre, pouvait, à sa guise, devenir un dieu


s’il faisait les choses correctement. Cette « révélation » me troubla


passablement. Mais comme le mormonisme était ce qui se rapprochait le plus de


ce qui me semblait logique et sensé, sur le plan spirituel, je me racontai à nouveau


des histoires en me disant qu’ils avaient certainement voulu dire autre chose et que


j’avais mal compris.


En mai 2004, après avoir remarié et quitté (pour la dernière fois) mon mari, je


veillai tard, un soir, et jouai sur internet pour tuer le temps. Puis, en surfant,


j’entrai dans un salon de discussion qui me sembla plus intéressant que les autres


et fit la rencontre d’un jeune Égyptien qui se montra très gentil. Son nom était


Samy. Il était poli et ne discutait que de sujets convenables, ce qui était rare, sur


l’internet. Nous parlâmes de son pays et du mien, de nos familles


respectives. Nous partageâmes nos espoirs et nos rêves et parlâmes aussi de Dieu,


mais d’une manière très générale. Je découvris que nos croyances de base, sur


Dieu, étaient les mêmes. En août 2004, nous commençâmes à parler de


mariage. C’est alors que je décidai d’étudier sa religion : l’islam.


Je n’avais, au départ, nullement l’intention de me convertir. Après tout, j’étais


chrétienne, plus précisément mormone, et rejeter Jésus ou le Saint-Esprit


équivalait, pour moi, à une damnation éternelle. (En fait, je croyais que c’était


l’unique chose que pouvait faire une personne pour mériter l’Enfer éternel.) Je


n’avais donc l’intention que d’en apprendre un peu plus sur sa religion, par respect


pour lui et pour éviter de l’offenser sans le vouloir.


Samy me mit en contact avec son ami Ahmed, qui était plus versé que lui en


islam. Il le fit aussi parce qu’il ne voulait pas que notre relation influence ma


décision; selon lui, trop de femmes se convertissaient uniquement pour plaire à


leur mari. J’appris donc la nature de Dieu. Il n’y a qu’un seul et unique Dieu. Il


n’a pas besoin de Sa création, mais Sa création a besoin de Lui. Il n’a pas été


engendré et n’a jamais engendré. Et rien ne Lui ressemble. Ces notions étaient


faciles à accepter, pour moi. Mais j’hésitais à me convertir parce que je ne


pouvais m’imaginer laisser tomber Jésus et le Saint-Esprit.


Puis, j’en appris un peu plus sur les prophètes. J’appris que tous les prophètes


sont égaux et que Mohammed était le dernier prophète envoyé par Dieu. J’appris


également que Jésus était un simple prophète et non le fils de Dieu. J’eus d’abord


de la difficulté à accepter ce fait. Alors Ahmed me montra différents passages de


la Bible où d’autres prophètes que Jésus avaient été appelés fils de Dieu. Il me fit


remarquer que dans l’Évangile, Jésus fait référence à lui-même comme « fils de


l’homme ». Cela régla le problème de Jésus, mais je devais aussi régler celui des


prophètes du mormonisme. On me fit remarquer que les prophètes de la Bible


avaient transmis un message s’adressant à toute l’humanité, un message qui était


toujours le même : adorez Dieu seul et ne Lui associez rien. Je finis moi-même


par conclure que les prophètes du mormonisme étaient en fait des charlatans, qui


ne s’adressaient qu’aux membres de l’église mormone.


Durant sept mois, je continuai, petit à petit, à apprendre l’islam, tout en


martelant, encore et encore, que je n’avais aucune intention de me convertir. Et,


chaque fois, Samy et Ahmed me répondaient : « Oui, nous savons ». J’exigeai des


preuves issues de la Bible à l’appui de ce qu’ils avançaient et ils me les


montrèrent, y compris un obscur passage prophétisant la venue de Mohammed. Ils


me montrèrent même dans quel passage le nom d’Ahmed (diminutif de


Mohammed) avait été retiré de la Bible; sa venue avait été prophétisée par Jésus et


Moïse, mais son nom avait subséquemment été retiré.


En mars 2005, j’appris une chose qui me permit de me libérer de ma crainte de


l’Enfer et d’accepter l’islam de tout mon coeur. J’appris le point de vue islamique


sur le Saint-Esprit. En tant que mormone, je croyais que si je niais l’existence du


Saint-Esprit, je serais immédiatement condamnée à l’Enfer éternel, sans aucune


chance de repentir. Heureusement, j’appris que je n’avais pas à nier son


existence. Nous connaissons tous l’histoire de Marie, dans la Bible, lorsque le


Saint-Esprit lui est apparu. Le Saint-Esprit, ici, n’est nul autre que l’ange Gabriel,


auquel croient tous les musulmans et qui est abondamment cité dans le


Coran. C’est d’ailleurs Gabriel qui servit d’intermédiaire pour révéler le Coran à


Mohammed.


Le jour suivant, je discutai avec une amie virtuelle et lui dis que je souhaitais


me convertir. Je préparais une surprise pour Samy et Ahmed. Cette amie contacta


la mosquée de mon quartier et demanda à ce qu’on envoie une soeur et deux frères


chez moi pour que je prononce la shahadah devant eux. Ils vinrent et me firent


d’abord répéter la shahadah en anglais, puis en arabe (j’atteste qu’il n’y a pas


d’autre dieu qu’Allah et que Mohammed est Son dernier messager). La soeur me


donna mon tout premier hijab (foulard) et m’aida à le mettre comme symbole de


ma conversion.


Ce soir-là, je pris contact, via l’internet, avec Samy et Ahmed. Ils furent tous


deux très heureux d’apprendre que je m’étais convertie, mais pas vraiment


surpris. J’avais commencé ma quête de vérité en 1978 et, en mars 2005, à l’âge de


34 ans, je suis devenue musulmane.


Ma conversion m’a rendue plus responsable, plus intègre. Dieu voit tout et


sait tout. J’épousai Samy en juillet 2005 et il accepta la responsabilité de


m’enseigner l’islam. Il y a toujours quelque chose de nouveau à apprendre.



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