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Le prophète


de la promesse


Mouhammad dans la Bible





Nul doute que les Ecritures ont annoncé l’avènement de ce prophète qui a changé le cours de l’Histoire, soit pour mettre en garde les hommes contre lui, s’il fut un faux prophète, soit pour le célébrer et leur ordonner de le suivre, s’il fut véritablement envoyé par le Seigneur. Or, si les prophètes bibliques avaient mis en garde les hommes contre sa venue, ces textes auraient été utilisés par ses nombreux détracteurs parmi les juifs et surtout les chrétiens. Puisque ce ne fut pas le cas, alors il existe nécessairement des textes bibliques qui célèbrent le prophète Mouhammad et ordonnent aux croyants de le suivre. Selon certains musulmans ayant étudié les Ecritures dans leur langue originale, l’hébreu, le prophète Mouhammad y est annoncé nommément, mais ses noms Mouhammad ou Ahmad, qui signifient « immensément loué » et « le plus digne d’être loué » ont été, volontairement ou non, traduits. Il est également annoncé à travers sa nation, les Arabes, descendants d’Ismaël, premier-né d’Abraham à travers lequel l’ange a promis au patriarche une immense postérité, et son pays, l’Arabie, comme nous le montrerons dans cette étude. Et il est, selon nombre de musulmans, « le Prophète » annoncé par Moïse, « celui auquel tout doit revenir » (Chiloh) prédit par Jacob, le « serviteur de Dieu » prophétisé par Esaïe, le « fils de l’homme » de la vision de Daniel, et « l’intercesseur » (le Paraclet) annoncé par Jésus à ses disciples. Car si Jésus fut envoyé aux juifs pour les remettre sur le droit chemin, il fut également et surtout suscité afin de les préparer à l’avènement prochain du royaume de Dieu que devait établir le dernier des prophètes.


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Chapitre 1


La nation bénie


A l’égard d’Ismaël, je t’ai exaucé. Voici, je le bénirai, je le rendrai fécond, et je le multiplierai à l’infini. Il engendrera douze princes, et je ferai de lui une grande nation. (Genèse 17, 20)


Les peuples élus


En vérité, Dieu a élu parmi tous les hommes Adam, Noé, la famille d’Abraham et la famille d’Imran, croyants issus les uns des autres. (Coran 3, 33-34)


Dieu a élu et béni une partie des peuples de la terre, contractant une alliance avec eux et choisissant ses prophètes parmi eux. Les premiers à bénéficier de cette alliance, dont le signe est un arc-en-ciel, sont Noé et sa descendance, et ce, après le Déluge. On peut ainsi lire dans la Genèse :


Dieu parla encore à Noé et à ses fils avec lui, en disant : « Voici, j’établis mon alliance avec vous et avec votre postérité après vous. » (Genèse 9, 8-9)


Mais l’un des trois fils de Noé, son premier-né Sem, semble occuper une place toute particulière puisqu’il est béni par son père, tandis que Cham est maudit par lui. Japhet, le troisième fils, se voit promettre par Noé une vaste expansion territoriale mais sans avoir droit, comme Sem, aux bénédictions de son père.


Et il dit : « Maudit soit Canaan ! Qu’il soit l’esclave des esclaves de ses frères ! » Il dit encore : « Béni soit l'Eternel, Dieu de Sem, et que Canaan soit leur esclave ! Que Dieu étende les possessions de Japhet, qu’il habite dans les tentes de Sem, et que Canaan soit leur esclave ! » (Genèse 9, 25-27)


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Or, Sem est l’ancêtre des Juifs et des Arabes, mais pas seulement1. Puis l’alliance se rétrécie encore, se limitant, parmi les Sémites, à la seule descendance d’Abraham qui se voit promettre une innombrable postérité. L’Ancien Testament fait état de cette alliance :


Lorsque Abram fut âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans, l’Eternel apparut à Abram, et lui dit : « Je suis le Dieu tout-puissant. Marche devant ma face, et sois intègre. J’établirai mon alliance entre moi et toi, et je te multiplierai à l’infini. » Abram tomba sur sa face et Dieu lui parla, en disant : « Voici mon alliance, que je fais avec toi. Tu deviendras père d’une multitude de nations. On ne t’appellera plus Abram, mais ton nom sera Abraham, car je te rends père d’une multitude de nations. Je te rendrai fécond à l’infini, je ferai de toi des nations et des rois sortiront de toi. J’établirai mon alliance entre moi et toi, et tes descendants après toi, selon leurs générations : ce sera une alliance perpétuelle, en vertu de laquelle je serai ton Dieu et celui de ta postérité après toi. » (Genèse 17, 1-7)


Trois passages de cette alliance sont à retenir. Le premier indique que cette alliance est « perpétuelle », le second qu’elle concerne toute la « postérité » d’Abraham et le troisième stipule les conditions que doit remplir le contractant : « Marche devant ma face, et sois intègre », dit l’Eternel. Autrement dit : « Obéis-moi. » Mais nous y reviendrons.


L’alliance conclue avec Abraham apportera à ce dernier une innombrable postérité et à celle-ci un immense territoire :


En ce jour-là, l’Eternel fit alliance avec Abram, et dit : « Je donne ce pays à ta postérité, depuis le fleuve d’Egypte jusqu’au grand fleuve, au fleuve d’Euphrate. » (Genèse 15, 18)


Il est intéressant de remarquer que cette promesse de possession territoriale est immédiatement suivie du récit d’Agar, seconde épouse d’Abraham qui, maltraitée par sa maîtresse Sara, se voit promettre dans le désert où elle s’est enfuie une immense postérité


1 Sem serait encore l’ancêtre des Assyriens par son fils Assour et des Araméens par Aram (Voir Dictionnaire de la Bible, André-Marie Gérard, page 1263, Editions Robert Laffont, 1989).


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à travers son fils Ismaël qu’elle porte encore en son sein2. Or, ce sont précisément ses descendants, les Arabes, qui avec l’avènement de l’islam conquerront l’ensemble de ce territoire promis à leur ancêtre Abraham. Voici le récit de l’apparition de l’ange à Agar dans le désert :


L'ange de l'Eternel lui dit : « Je multiplierai ta postérité, et elle sera si nombreuse qu'on ne pourra la compter. » L'ange de l'Eternel lui dit : « Voici, tu es enceinte, et tu enfanteras un fils à qui tu donneras le nom d'Ismaël, car l'Eternel t'a entendue dans ton affliction3. » (Genèse 16, 10)


Le signe de l’alliance


La suite du passage biblique relatif à l’alliance avec Abraham apporte une précision capitale sur le signe de cette alliance :


C’est ici mon alliance, que vous garderez entre moi et vous, et ta postérité après toi : tout mâle parmi vous sera circoncis. Vous vous circoncirez, et ce sera un signe d’alliance entre moi et vous. (Genèse 17, 10-11)


La circoncision, signe extérieur de soumission au Seigneur, est symboliquement si importante que l’incirconcis sera « retranché de son peuple pour avoir violé l’alliance »4, tandis que les esclaves étrangers devront eux aussi se plier à cette obligation et être circoncis5.


Pourtant Paul, qu’il faut considérer comme le véritable fondateur du christianisme, abrogera cette obligation, avec toutes les conséquences que cette décision aura sur l’histoire du Salut, sans se fonder sur la moindre parole de Jésus qui fut pourtant lui-même circoncis comme tous les juifs de son époque :


2 Sara, première épouse d’Abraham, vieillissante et se croyant stérile, avait offert comme concubine à ce dernier sa servante, Agar l’Egyptienne, afin d’assurer à son époux une descendance (Genèse 16, 1-9). De même que Sara, mère d’Isaac, est vénérée par les Juifs comme leur ancêtre, Agar l’est par les Arabes.


3 Ismaël, signifie « Dieu entend » en hébreu.


4 Genèse 17, 14.


5 Genèse 17, 12-13.


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Le huitième jour, auquel l'enfant devait être circoncis, étant arrivé, on lui donna le nom de Jésus, nom qu'avait indiqué l'ange avant qu'il fût conçu dans le sein de sa mère. (Luc 2, 21)


L’attitude de Paul sera d’ailleurs farouchement combattue par les premiers chrétiens, issus de la communauté juive de Jérusalem, les judéo-chrétiens. Ainsi, selon le témoignage de Jacques le Juste, dit le frère du Seigneur, premier chef de l’Église de Jérusalem, tous les fidèles de la ville sainte appliquaient la Loi avec zèle et se scandalisaient en apprenant que Paul dispensait les Juifs de la diaspora de l’obligation de faire circoncire leurs enfants6. Ces judéo-chrétiens ne faisaient là que se conformer aux enseignements de Jésus pour qui la loi devait être appliquée à la lettre :


Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes. Je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. Car, je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu’à ce que tout soit arrivé. (Matthieu 5, 17-18)


Non content d’abroger cette pratique imposée par l’Eternel à la descendance d’Abraham, Paul condamnera même avec la plus grande sévérité ceux qui s’y attachent, disant :


Moi Paul, je vous dis que, si vous vous faites circoncire, Christ ne vous servira de rien. (Galates 5, 2)


Juifs et musulmans, pour leur part, perpétuent jusqu’à ce jour cette tradition. Avant même l’avènement de l’islam, les Arabes pratiquaient la circoncision, sceau de l’ancienne alliance conclue par l’Eternel avec leur ancêtre Abraham.


Isaac et Ismaël


Deux noms, parmi les fils d’Abraham, ressortent du récit biblique de l’alliance que le patriarche contracte avec l’Eternel : Isaac et Ismaël, ou plutôt Ismaël et Isaac, puisque c’est le fils aîné d’Abraham que lui donne Agar qui sera le premier béni par l’ange


6 Actes 21, 20-21.


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se présentant à sa mère dans le désert7 et c’est à travers lui qu’Abraham reçoit la promesse d’une « grande nation » en Genèse 17, 20 :


A l’égard d’Ismaël, je t’ai exaucé. Voici, je le bénirai, je le rendrai fécond, et je le multiplierai à l’infini. Il engendrera douze princes, et je ferai de lui une grande nation8.


L’expression « grande nation » revient cinq fois seulement dans la Genèse : deux fois au sujet d’Ismaël en Genèse 17, 20 et 21, 18, deux fois à propos d’Abraham, en Genèse 12, 2 et 18, 18, et une fois pour Jacob en Genèse 46, 3, Jacob qui, comme Ismaël, aura douze fils.


Isaac est lui aussi béni par l’Eternel9, bénédiction qui, suite à son invocation, sera transmise à son second fils, Jacob, à travers lequel se perpétuera l’alliance parmi les fils d’Israël10, alliance qui sera confirmée sur le Sinaï avec Moïse au moment où il recevra les Tables de la Loi : « L'Eternel dit à Moïse : Ecris ces paroles ; car c'est conformément à ces paroles que je traite alliance avec toi et avec Israël. »11


Les deux fils d’Abraham sont donc tous deux bénis par l’Eternel. Et ils ont bien d’autres points communs : leur naissance est annoncée par un ange, leur nom est choisi par l’Eternel, un ange les sauve de la mort, l’un et l’autre sont circoncis, signe de l’alliance, et tous deux sont présents lors de l’enterrement de leur père Abraham :


Isaac et Ismaël, ses fils, l'enterrèrent dans la caverne de Macpéla, dans le champ d'Ephron, fils de Tsochar, le Héthien, vis-à-vis de Mamré. (Genèse 25, 9)


7 Genèse 16, 10.


8 Abraham, craignant qu’Ismaël, son premier-né, ne soit pas concerné par la promesse divine qui lui fut faite à travers son fils Isaac, avait imploré : « Qu’Ismaël vive devant ta face ! » (Genèse 17, 18)


9 Genèse 17, 15-16.


10 Genèse 28, 1-14.


11 Exode 34, 27.


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Par la suite, les descendants d’Ismaël et d’Isaac maintiendront des liens étroits. La Bible nous apprend ainsi qu’Esaü, fils d’Isaac, prend pour femme la fille de son oncle Ismaël12. Le destin, si particulier, des deux fils aînés d’Abraham n’est partagé par aucun de ses autres fils, au nombre de six, que lui donne sa troisième femme, Qetoura, pour lesquels Abraham ne reçoit aucune promesse. C’est donc à travers ses deux premiers fils, Ismaël et Isaac, ancêtres des ismaélites et des israélites, qu’Abraham reçoit la promesse de donner naissance à deux nations bénies qui joueront un rôle primordial dans l’histoire du Salut. Précisons toutefois que l’un des fils de cette Qetoura, Madian (Genèse 25, 1-2) est l’ancêtre éponyme du peuple de Madian dont est issu le prophète Chou’ayb du Coran (le Jethro de la Bible) qui accueillera Moïse après sa fuite d’Egypte13.


Une partie des juifs et des chrétiens, en contradiction avec les termes explicites de la Bible, veulent pourtant réserver à Isaac, et à lui seul, l’alliance contractée par Abraham avec le Seigneur, de manière à en exclure les descendants d’Ismaël, les Arabes et donc les musulmans. Or, l’Eternel dit à Abraham :


Je ferai aussi une nation du fils de ta servante, car il est ta postérité. (Genèse 21, 13)


Souvenons-nous des termes de l’alliance : « J’établirai mon alliance entre moi et toi, et tes descendants après toi, selon leurs générations : ce sera une alliance perpétuelle, en vertu de laquelle je serai ton Dieu et celui de ta postérité après toi. »14 Les termes sont encore plus explicites en Genèse 18, 18-19 :


Abraham deviendra certainement une nation grande et puissante, et en lui seront bénies toutes les nations de la terre. Car je l’ai choisi, afin qu’il ordonne à ses fils et à sa maison après lui de garder la voie de l’Eternel,


12 Genèse 28, 9.


13 Pharaon apprit ce qui s'était passé, et il cherchait à faire mourir Moïse. Mais Moïse s'enfuit de devant Pharaon, et il se retira dans le pays de Madian (Exode 2, 15).


14 Genèse 17, 7.


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en pratiquant la droiture et la justice, et qu’ainsi l’Eternel accomplisse en faveur d’Abraham les promesses qu’il lui a faites.


Quant aux fils que lui donnera Qetoura, ils ne sont pas encore nés à cette époque, puisque le patriarche ne la prendra pour épouse qu’en Genèse 25, 1.


D’ailleurs, selon les juifs et les chrétiens, cette alliance propre aux descendants d’Abraham concerne, sans distinction, tout le peuple d’Israël né des douze fils de Jacob. Pourtant, quatre d’entre eux ont été donnés au patriarche par les servantes de ses deux épouses Léa et Rachel. Dan et Nephtali, cinquième et sixième des douze fils de Jacob, sont nés de Bilha, servante de Rachel. De même, Gad et Aser, septième et huitième des fils de Jacob, ont pour mère naturelle Zilpa, servante de Léa :


Lorsque Rachel vit qu’elle ne donnait point d'enfants à Jacob, elle porta envie à sa soeur, et elle dit à Jacob : « Donne-moi des enfants, ou je meurs ! » La colère de Jacob s’enflamma contre Rachel, et il dit : « Suis-je à la place de Dieu, qui t’empêche d'être féconde ? » Elle dit : « Voici ma servante Bilha, va vers elle, qu’elle enfante sur mes genoux, et que par elle j’aie aussi des fils. » Et elle lui donna pour femme Bilha, sa servante, et Jacob alla vers elle. Bilha devint enceinte, et enfanta un fils à Jacob. (Genèse 30, 1-5)


Si les juifs et les chrétiens veulent exclure Ismaël de l’alliance, parce que fils de la servante de Sara, ils doivent en faire de même de quatre des douze tribus d’Israël, celles nées de Dan, Nephtali, Gad et Aser, enfantés eux aussi par des servantes devenues concubines de Jacob.


La rupture de l’alliance


Nous avons vu que l’Eternel, au moment où Il annonce à Abraham l’alliance qu’Il va établir avec sa descendance, en stipule les conditions : « Marche devant ma face, et sois intègre. J’établirai mon alliance entre moi et toi, et je te multiplierai à l’infini. »15 Plus tard, le Seigneur rappellera aux fils d’Israël, descendants d’Isaac par


15 Genèse 17, 1-2.


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son fils Jacob, les termes de l’alliance qu’ils se doivent d’observer s’ils veulent que celle-ci soit perpétuée :


Ainsi, observe les commandements, les lois et les ordonnances que je te prescris aujourd’hui, et mets-les en pratique. Si vous écoutez ces ordonnances, si vous les observez et les mettez en pratique, l’Eternel, ton Dieu, gardera envers toi l’alliance et la miséricorde qu’il a jurées à tes pères. (Deutéronome 7, 11-12)


Si le peuple hébreu veut continuer à prétendre à l’élection divine, il doit se garder de violer la Loi :


Si ces lois viennent à cesser devant moi, dit l’Eternel, la race d’Israël aussi cessera pour toujours d’être une nation devant moi. (Jérémie 31, 36)


Mais les fils d’Israël n’ont cessé de violer le premier de ces commandements, le Chema Israël, celui de vouer un culte exclusif au Seigneur : « Ecoute, Israël ! L’Eternel, notre Dieu, est le seul Eternel », comme le rappelle l’un de leurs prophètes, Elie qui lie la rupture de l’alliance à deux éléments : l’idolâtrie et le meurtre des prophètes :


Les enfants d’Israël ont abandonné ton alliance, ils ont renversé tes autels et ils ont tué par l’épée tes prophètes. (1 Rois 19, 14)


Elie leur fait le même reproche dans le Coran :


Ne craignez-vous pas Dieu ? Adorez-vous Baal plutôt que le Créateur par excellence, Dieu, votre Seigneur et Celui de vos ancêtres les plus éloignés ?! (Coran 37, 124-126)


La bénédiction du peuple de Dieu se transformera en malédiction s’il se détourne de la Loi et se tourne vers d’autres divinités :


Vois, je mets aujourd’hui devant vous la bénédiction et la malédiction : la bénédiction, si vous obéissez aux commandements de l'Eternel, votre Dieu, que je vous prescris en ce jour, la malédiction, si vous n’obéissez pas aux commandements de l'Eternel, votre Dieu, et si vous vous détournez de la voie que je vous prescris en ce jour, pour aller après d'autres dieux que vous ne connaissez point. (Deutéronome 11, 26-28)


Jésus lui-même reproche à ses contemporains juifs l’attitude de leur peuple envers les prophètes :


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Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble sa couvée sous ses ailes, et vous ne l'avez pas voulu. (Luc 13, 34)


A la suite de la parabole des vignerons16 où est décrite symboliquement la manière dont les fils d’Israël ont persécuté et tué les prophètes, Jésus annonce donc clairement à ses contemporains juifs que le royaume de Dieu leur sera enlevé et donné à une autre nation :


C’est pourquoi, je vous le dis, le royaume de Dieu vous sera enlevé et sera donné à une nation qui en rendra les fruits. (Matthieu 21, 43)


L’expression « royaume de Dieu » désigne, semble-t-il, dans la bouche de Jésus, la religion de Dieu ou une société fondée sur la loi de Dieu, une société où les hommes se soumettent à la volonté de leur Créateur. En effet, les juifs n’ont jamais été maîtres d’un royaume terrestre, mais presque toujours, et précisément à l’époque où Jésus prononce ces mots, sous la domination d’autres puissances. Ce « royaume de Dieu » peut également désigner un empire terrestre promis aux juifs mais qui, en raison de leur attitude, leur sera finalement enlevé pour être attribué à un autre peuple.


La nation qui en rendra les fruits


Quelle est donc cette nation qui héritera du royaume de Dieu et qui en rendra les fruits ? Selon les chrétiens, cette « nation » est celle des Gentils, c’est-à-dire, tous les peuples non juifs. Pourtant, le terme grec employé ne laisse aucune place au doute (le singulier « ethnos » et non le pluriel « ethnè ») : le royaume de Dieu sera donné à une seule nation, non à toutes les nations de la terre. Précision importante : le grec « ethnos » renferme l’idée de race. Le fameux dictionnaire Strong (n°1484) le définit ainsi : « Une race, une nation, un peuple. » Il a notamment donné le français


16 Matthieu 21, 33-39.


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« ethnie ». Il s’agit donc ici d’une seule race et non de toutes les races de la terre.


Cette prophétie de Jésus est à rapprocher de ces paroles que Moïse rapporte de son Seigneur au sujet des Hébreux :


Ils ont excité ma jalousie par ce qui n’est point Dieu. Ils m’ont irrité par leurs vaines idoles. Et moi, j’exciterai leur jalousie par ce qui n’est point un peuple. Je les irriterai par une nation insensée. » (Deutéronome 32, 21)


Remarquons, là encore, que le terme « nation » est ici au singulier. Selon les commentateurs musulmans, cette « nation insensée », c’est-à-dire, ignorante, ne peut être que la nation arabe à laquelle la mission de prophète va être confiée, ce qui provoquera la jalousie du peuple juif. En effet, les Arabes, avant l’islam, ne formaient pas un peuple uni mais une multitude de tribus toujours en conflit et qui se caractérisaient par une telle ignorance que l’époque préislamique est désignée dans le Coran comme le « temps de l’ignorance » (Jahiliyyah)17. Décrivant les moeurs des Bédouins d’Arabie, Edouard gibbon écrit dans son Histoire de la décadence et de la chute de l’empire romain : « Dans ce misérable état, qui mérite peu le nom de société, la brute qu’on appelle homme, sans arts et sans lois, presque dépourvue d’idées et de langage, se trouvait peu au-dessus du reste des animaux. » Et, un peu plus loin : « Une vague ressemblance d’idiomes et de moeurs était le seul lien qui constituât ces tribus en corps de nation ; et, dans chaque communauté, la juridiction du magistrat était impuissante et muette ; la tradition conserve le souvenir de dix-sept cents batailles, données à ces époques d’ignorance qui précédèrent Mahomet. »18


La prophétie de Jésus est également à rapprocher de ces paroles du Seigneur rapportées en Esaïe 65, 1 :


17 Voir notamment Coran 3, 154. 18 Histoire de la décadence et de la chute de l’empire romain, Edouard gibbon. Traduit de l’anglais par M. F. Guizot, tome 10, chapitre L, Paris, 1819.


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J’ai exaucé ceux qui ne demandaient rien. Je me suis laissé trouver par ceux qui ne me cherchaient pas. J’ai dit : Me voici, me voici à une nation qui ne s’appelait pas de mon nom.


La nation qui s’appelle du nom de Dieu est sans aucun doute Israël, formé sur le suffixe El qui signifie « Dieu » en hébreu, remplacée par la nation arabe qui ne porte pas en elle le nom de l’Eternel.


Jésus est venu annoncer plutôt qu’établir ce « royaume de Dieu » qui sera instauré par un autre que lui. Il répète en effet à plusieurs reprises durant sa vie publique que le Royaume n’est pas encore arrivé :


Il disait : « Le temps est accompli, et le royaume de Dieu est proche. Repentez-vous, et croyez à la bonne nouvelle. (Marc 1, 15)


L’avènement prochain du royaume de Dieu est donc la « bonne nouvelle » que Jésus est venu annoncer. Rappelons que le terme évangile, tiré du grec « euaggelion », signifie précisément « bonne nouvelle ». La principale mission de Jésus est d’annoncer le Royaume de Dieu à son peuple, les juifs, afin qu’ils s’y préparent. « Et l’on ne se trompera pas en voyant dans « le royaume de Dieu » le concept fondamental de la prédication de Jésus », peut-on lire dans le Dictionnaire Vigouroux de la Bible19. Et, à la page suivante : « Selon J. Weiss, Die Predigt Jesu vom Reiche Gottes, Goettingue, 2e édit., 1900 ; Shailer Mathews, The messianic Hope in the N. T., 1906 ; A. Schweitzer, Von Reimarus zu Wrede, Tubingue, 1906 ; A. Loisy, L'Evangile et l’Eglise, Paris, 1902; Autour d’un petit livre, 1903 ; Les Evangiles synoptiques, 1907, et d'autres auteurs, Jésus ne prévoyait que le royaume eschatologique, s’établissant par un coup de théâtre dans un monde transformé; il n’est Messie qu'en expectative, sa morale est purement provisoire, et n’a d’autre but que de préparer les hommes à l’avènement imminent du règne. »20 Il dit lui-même :


19 Dictionnaire Vigouroux de la Bible, tome cinquième, première partie, p. 1242, Paris, 1912.


20 Ibidem, p. 1243.


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Il faut aussi que j’annonce aux autres villes la bonne nouvelle du royaume de Dieu, car c’est pour cela que j’ai été envoyé. (Luc 4, 43)


Par les « autres villes », Jésus entend les villes de Palestine habitées par les juifs.


L'expression « royaume de Dieu », sous ses différentes formes, se retrouve donc près de cent fois dans la bouche de Jésus qui utilise pas moins de onze paraboles pour le décrire à ses fidèles, dont un certain nombre sont réunis dans ce passage de Matthieu :


Il leur proposa une autre parabole, et il dit : « Le royaume des cieux est semblable à un grain de sénevé qu'un homme a pris et semé dans son champ. » C'est la plus petite de toutes les semences, mais, quand il a poussé, il est plus grand que les légumes et devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent habiter dans ses branches. » Il leur dit cette autre parabole : « Le royaume des cieux est semblable à du levain qu'une femme a pris et mis dans trois mesures de farine, jusqu'à ce que la pâte soit toute levée. » Jésus dit à la foule toutes ces choses en paraboles, et il ne lui parlait point sans parabole, afin que s'accomplît ce qui avait été annoncé par le prophète : « J'ouvrirai ma bouche en paraboles, je publierai des choses cachées depuis la création du monde. » Alors il renvoya la foule, et entra dans la maison. Ses disciples s'approchèrent de lui, et dirent : « Explique-nous la parabole de l'ivraie du champ. » Il répondit : « Celui qui sème la bonne semence, c'est le Fils de l'homme, le champ, c'est le monde, la bonne semence, ce sont les fils du royaume, l'ivraie, ce sont les fils du malin, l'ennemi qui l'a semée, c'est le diable, la moisson, c'est la fin du monde, les moissonneurs, ce sont les anges. Or, comme on arrache l'ivraie et qu'on la jette au feu, il en sera de même à la fin du monde. Le Fils de l'homme enverra ses anges, qui arracheront de son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l'iniquité : et ils les jetteront dans la fournaise ardente, où il y aura des pleurs et des grincements de dents. Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende. Le royaume des cieux est encore semblable à un trésor caché dans un champ. L'homme qui l'a trouvé le cache, et, dans sa joie, il va vendre tout ce qu'il a, et achète ce champ. Le royaume des cieux est encore semblable à un marchand qui cherche de belles perles. Il a trouvé une perle de grand prix, et il est allé vendre tout ce qu'il avait, et l'a


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achetée. Le royaume des cieux est encore semblable à un filet jeté dans la mer et ramassant des poissons de toute espèce. » (Matthieu 13, 31-47)


Le royaume de Dieu est donc à venir, il n’est pas contemporain de Jésus qui demande à ses fidèles de l’attendre et de s’y préparer. Il ordonne même aux douze apôtres de l’annoncer avec lui aux juifs :


N’allez pas vers les païens, et n’entrez pas dans les villes des Samaritains. Allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël. Allez, prêchez, et dites : Le royaume des cieux est proche. » (Matthieu 10, 5-7)


Contrairement à ce que pensent certains chrétiens, trompés par la formule « royaume des cieux », utilisée parfois comme ici pour désigner le Royaume de Dieu21, ce dernier est bel et bien terrestre. Bart Ehrman, professeur à la faculté de théologie de l’université de Caroline du Nord, spécialiste reconnu du Nouveau Testament, est catégorique sur ce point : « Ce royaume de Dieu n'est pas le « ciel » - l'endroit où vous vous rendez quand vous mourez (comme dans la tradition chrétienne ultérieure). C'est un vrai royaume terrestre. »22


Pour les musulmans, cette nation qui héritera du royaume de Dieu et qui en rendra les fruits ne peut être que celle qui descend d’Abraham à travers Ismaël. Car si les fils d’Israël, descendants d’Isaac, ont rompu l’alliance conclue avec leur ancêtre Abraham et renouvelée avec Moïse, les fils d’Ismaël, sont plus en droit que quiconque d’hériter de la mission prophétique, compte tenu de la promesse faite à Abraham, en Genèse 17, 20, de faire de son premier-né, Ismaël, et de sa descendance, une grande nation. Rappelons en effet que, selon les termes de la Bible, l’alliance


21 Le dictionnaire Vigouroux explique que les deux expressions sont synonymes, « cieux » étant simplement une métonymie pour « Dieu », en usage chez les rabbins pour designer Dieu dont on évitait de prononcer le nom (tome cinquième, première partie, p. 1242). D'ailleurs, seul Matthieu, qui écrivait pour des judéo-chrétiens, utilise l'expression « royaume des cieux ».


22 Jesus, Interrupted, Revealing the Hidden Contradictions in the Bible, Bart Ehrman, Harper Collins, 2009, p. 157.


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conclue avec Abraham est « perpétuelle ». D’ailleurs, de l’avis même des rabbins, cette prédiction s’est bel et bien réalisée plus de 2000 ans après la promesse faite à Abraham avec l’avènement du prophète Mouhammad et de l’islam. On peut ainsi lire dans la traduction de la Thora aux éditions Edmont J.Safra, à Genèse 17, 20, ce commentaire de Rabbi Bekhaye qui cite Rabbi Khanael, deux éminents rabbins du 13ème et 11ème siècles : « Nous voyons que l’accomplissement de la promesse faite ici à Ichmaël (Ismaël) a mis 2333 ans à s’accomplir [avec l’essor de l’Islam au septième siècle de l’ère courante]. Ce retard n’était pas dû à leurs fautes…Durant cette longue période, les descendants d’Ichmaël ont continué à nourrir un ardent espoir jusqu’à ce que la promesse s’accomplisse finalement et qu’ils dominent le monde. Nous-mêmes, descendants d’Isaac, qui devons attribuer à nos fautes le fait que les promesses qui nous ont été faites ne se réalisent pas…ne devons-nous pas, a fortiori, espérer la réalisation de la promesse de Dieu et ne pas désespérer ? »23 Le commentaire entre crochets est celui des rabbins contemporains qui ont collaboré à cette édition, qui clarifient donc l’explication de Rabbi Bekhaye qui cite lui-même Rabbi Khanael.


Selon les rabbins, en promettant à Abraham de faire d’Ismaël une « grande nation », le Seigneur annonce l’avènement de la nation musulmane et donc de son prophète : Mouhammad, le plus illustre de ses descendants.


Pourtant, selon les détracteurs de l’islam, la « grande nation » promise à Ismaël est purement terrestre, simplement profane. Il ne s’agit pas d’une nation au sens religieux du terme, une nation guidée par un prophète. Pour eux donc, cette promesse ne fait pas nécessairement de Mouhammad un vrai prophète. Or, si tel était le cas, comment le Seigneur aurait-il pu bénir Abraham en lui promettant une « grande nation » qui donnerait naissance à un faux prophète et comment Abraham aurait-il pu s’en réjouir ! D’ailleurs, les promesses divines ne sont jamais simplement profanes, comme


23 Le Houmach, p. 79, Editions Edmont J.Safra, 2014.


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l’explique très bien l’écrivain anglais Martin Lings : « Ce n’était pas une seule mais deux grandes nations qui devaient regarder Abraham comme leur père. Deux grandes nations, c’est-à-dire deux puissances bien guidées, deux instruments faits pour accomplir la volonté du Ciel, car la bénédiction promise par Dieu n’est pas d’ordre profane, et il n’est de grandeur devant Dieu que la grandeur selon l’Esprit. Ainsi Abraham fut-il la source de deux courants spirituels, qui ne devaient pas s’écouler ensemble mais suivre chacun son propre cours. »24


En réalité, l’alliance conclue avec Abraham est intimement liée à la naissance de nations issues de sa postérité - les nations juives et arabes notamment - comme l’indiquent clairement les termes de l’alliance :


Voici mon alliance, que je fais avec toi. Tu deviendras père d’une multitude de nations. (Genèse 17, 4)


Ces nations ne peuvent donc être que religieuses, guidées par un prophète.


La vision de Daniel


La prophétie de Jésus relative au « royaume de Dieu » est à mettre en parallèle avec la vision du prophète Daniel dans laquelle celui-ci voit quatre immenses bêtes. Malgré sa longueur, nous reproduisons ici entièrement cette vision en soulignant les passages qui seront commentés :


Daniel commença et dit : Je regardais pendant ma vision nocturne, et voici, les quatre vents des cieux firent irruption sur la grande mer. Et quatre grands animaux sortirent de la mer, différents l'un de l'autre. Le premier était semblable à un lion, et avait des ailes d'aigles. Je regardai, jusqu'au moment où ses ailes furent arrachées ; il fut enlevé de terre et mis debout sur ses pieds comme un homme, et un coeur d'homme lui fut donné. Et voici, un second animal était semblable à un ours, et se tenait sur un côté. Il avait trois côtes dans la gueule entre les dents, et on lui disait : « Lève-toi, mange beaucoup de chair. » Après cela je regardai, et


24 Le Prophète Muhammad. Sa vie d’après les sources les plus anciennes, traduit de l’anglais par Jean-Louis Michon, éditions du Seuil, 1986, p. 12.


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voici, un autre était semblable à un léopard, et avait sur le dos quatre ailes comme un oiseau. Cet animal avait quatre têtes, et la domination lui fut donnée. Après cela, je regardai pendant mes visions nocturnes, et voici, il y avait un quatrième animal, terrible, épouvantable et extraordinairement fort. Il avait de grandes dents de fer, il mangeait, brisait, et il foulait aux pieds ce qui restait. Il était différent de tous les animaux précédents, et il avait dix cornes. Je considérai les cornes, et voici, une autre petite corne sortit du milieu d’elles, et trois des premières cornes furent arrachées devant cette corne. Et voici, elle avait des yeux comme des yeux d'homme, et une bouche, qui parlait avec arrogance. Je regardai, pendant que l'on plaçait des trônes. Et l'ancien des jours s'assit. Son vêtement était blanc comme la neige, et les cheveux de sa tête étaient comme de la laine pure. Son trône était comme des flammes de feu, et les roues comme un feu ardent. Un fleuve de feu coulait et sortait de devant lui. Mille milliers le servaient, et dix mille millions se tenaient en sa présence. Les juges s'assirent, et les livres furent ouverts. Je regardai alors, à cause des paroles arrogantes que prononçait la corne. Et tandis que je regardais, l'animal fut tué, et son corps fut anéanti, livré au feu pour être brûlé. Les autres animaux furent dépouillés de leur puissance, mais une prolongation de vie leur fut accordée jusqu'à un certain temps. Je regardai pendant mes visions nocturnes, et voici, sur les nuées des cieux arriva quelqu'un de semblable à un fils de l'homme. Il s'avança vers l'ancien des jours, et on le fit approcher de lui. On lui donna la domination, la gloire et le règne ; et tous les peuples, les nations, et les hommes de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle qui ne passera point, et son règne ne sera jamais détruit. Moi, Daniel, j'eus l'esprit troublé au dedans de moi, et les visions de ma tête m'effrayèrent. Je m'approchai de l'un de ceux qui étaient là, et je lui demandai ce qu'il y avait de vrai dans toutes ces choses. Il me le dit, et m'en donna l'explication : « Ces quatre grands animaux, ce sont quatre rois qui s'élèveront de la terre. Mais les saints du Très Haut recevront le royaume, et ils posséderont le royaume éternellement, d'éternité en éternité. » Ensuite je désirai savoir la vérité sur le quatrième animal, qui était différent de tous les autres, extrêmement terrible, qui avait des dents de fer et des ongles d'airain, qui mangeait, brisait, et foulait aux pieds ce qu'il restait. Et sur les dix cornes qu'il avait à la tête, et sur l'autre qui était sortie et devant laquelle trois étaient tombées, sur cette corne qui avait des yeux, une bouche parlant avec arrogance, et une plus grande



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