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Jonathan Abdillah, ex-chrétien, Canada


C’est un honneur, pour moi, d’être musulman.


Et ce, pour plusieurs raisons. Plusieurs normes de la société dont je fais partie


vont à l’encontre de l’islam. Et quand je me suis converti, je ne savais trop


comment j’allais composer avec tout cela. Car devenir musulman, c’était me


joindre à une minorité visible et ce n’est pas là le genre de chose que j’aurais


d’ordinaire choisi. Mais après avoir étudié l’islam, je savais que je ne pouvais


revenir en arrière, car j’étais convaincu qu’il s’agissait de la vérité absolue. Je


devais donc me convertir.


Comme j’ai passé la plus grande partie de ma courte vie en tant que nonmusulman,


je connais très bien les ténèbres auxquelles Dieu fait référence dans le


Coran. Je me souviens du moment où Dieu m’a ouvert les yeux et a fait jaillir la


lumière là où, auparavant, il n’y avait eu que de l’obscurité. Car dans ma vie,


avant l’islam, je n’avais connu aucune spiritualité.


Les actes les plus simples de la création me dépassaient. J’étais totalement


inconscient des miracles de Dieu, tout autour de moi. Je me souviens de cette fois


où j’appris, à l’école, le phénomène de l’évaporation. J’étais incapable de le


comprendre. C’est-à-dire que j’en comprenais le processus, mais je ne comprenais


pas la raison d’être de ce phénomène.


Lorsque je pensais à ce phénomène, sans y inclure Dieu, mon esprit souffrait


d’un blocage et je n’arrivais pas à pousser plus loin ma réflexion. Je finis par


repousser cette question et par l’enterrer au plus profond de mon esprit.


C’était de même lorsque je pensais au corps humain ou à l’univers et que je


tentais de comprendre ce qu’il y avait derrière ces deux phénomènes. Je me


retrouvais avec le même blocage mental, qui m’empêchait de comprendre la raison


de leur existence.


Je constatais que les scientifiques arrivaient, sans problème, à expliquer le


comment des choses; mais jamais le pourquoi. Ils expliquaient le pourquoi de


certains mécanismes de la création en lien avec d’autres mécanismes, mais jamais


la raison d’être de leur existence. Quelle était la cause première de ces


mécanismes? Comment la nature était-elle venue à développer des « lois »?


Élevé dans une famille chrétienne pas du tout pratiquante, j’avais une idée


générale des principes du christianisme. Et la raison pour laquelle je ne me suis


jamais tourné vers cette religion, c’est qu’elle n’avait aucun sens à mes yeux. Les


rares fois où j’avais entendu parler de « Dieu », enfant, j’avais tout de suite


imaginé un Être absolu, seul et omnipotent, quelque part dans le ciel.


J’avais un problème avec la façon dont Dieu est perçu, dans le christianisme,


et plus particulièrement avec la trinité, dans laquelle trois êtres différents


s’unissent pour jouer le rôle d’un Dieu unique. Je sais que ce n’est pas ainsi que


cette doctrine est présentée officiellement et n’importe quel chrétien un peu versé


dans la Bible me reprocherait de n’y rien comprendre, mais c’est ainsi que je vois


la chose.


En plus du problème de la trinité, il y a celui de l’adoration de Jésus par les


chrétiens. Je me souviens m’être demandé : « S’ils adorent Jésus, où se situe Dieu


dans tout cela? ». Surtout si l’on considère que Jésus aurait dit, dans la Bible, que


le « Père », qui est aux cieux, est le plus Grand.


Durant cette période, je rejetai le christianisme et devins agnostique. Je tentai


de vivre ma vie en me réconciliant avec mon entourage et avec moimême.


Ignorant qu’il existait une raison d’être à mon existence, je ne vis aucun


problème à faire absolument tout ce que je voulais, tant que j’en retirais une forme


ou une autre de satisfaction.


Je n’avais que peu de respect pour mon propre corps ou celui des


autres. Enclin à fuir la réalité, je finis par me tourner vers les drogues et


l’alcool. Au début, j’en faisais usage socialement, mais je finis par les utiliser


quotidiennement pour leur effet sédatif. Quand des gens me faisaient remarquer


que je devais diminuer ma consommation, je leur répondais que j’arrêterais quand


j’aurais une raison de le faire, mais que pour l’instant, je n’avais aucune raison. Et


je menai ainsi ma vie durant quelques années, essayant divers types de drogues et


descendant toujours un peu plus bas, jusqu’à devenir revendeur.


Puis, je commençai à ressentir, au fond de moi, un profond besoin de


réconfort. Comme j’étais perdu dans l’obscurité totale et que je n’avais jamais vu


la lumière, je ne savais faire la différence entre les deux. Je me mis à réfléchir et à


contempler l’ensemble de ma vie. Je me mis à penser à la mort. Je tentai de


comprendre le concept du vide total, du néant et, encore une fois, cela provoqua


chez moi un blocage mental. Jusqu’à ce qu’un soir, étendu sur mon lit, je tourne


mon visage vers le ciel et dis : « Dieu, si Tu es là et que Tu existes vraiment, aidemoi,


je T’en supplie! ».


Ce soir-là, je m’endormis sans repenser à cette invocation que je venais de


faire. Puis, vint le 11 septembre 2001. Comme beaucoup, j’étais confus et ne


comprenais pas ce qui arrivait exactement ni pourquoi cela arrivait. Et je me


demandais comment ils pouvaient savoir aussi vite qui avait fait le coup. Pour la


première fois, j’entendis parler d’islam de manière plus détaillée.


Sans farce, j’avais cru, jusque-là, que l’islam était une île, sise quelque part au


Moyen-Orient (et vous seriez surpris d’apprendre combien de gens croient encore


que l’islam est un pays). J’avais déjà vu des musulmans, mais je les considérais


comme des bouddhistes, avec d’étranges rituels. Je croyais même qu’ils adoraient


des idoles. Mais ce soir-là, lorsque j’allai rencontrer mes amis, l’islam fut le sujet


chaud de la soirée.


Certains de mes amis se mirent à critiquer l’islam, disant qu’il s’agissait d’une


religion stupide. Je fus surpris d’apprendre que certains de mes amis étaient


d’origine musulmane; ils se mirent aussitôt à défendre leur religion. Curieux, je


décidai de faire mes propres recherches. Et ce que je trouvai me surpris


beaucoup. Je découvris que les musulmans adorent un Dieu unique et qu’ils


croient en Jésus en tant que prophète et messager de Dieu, que Dieu sauva celui-ci


de la crucifixion et qu’il ne fut jamais été un être divin ni le fils de Dieu.


Ces informations réveillèrent des souvenirs, chez moi, car je me souvins que,


plus jeune, je m’étais dit que Dieu ne pouvait être qu’unique et j’avais d’ailleurs


rejeté le christianisme à cause de son concept de trinité et de son adoration de


Jésus.


C’est alors que j’entrepris ma propre enquête, à la fois sur l’islam et sur le


christianisme. Je lisais constamment sur le sujet. Je consultais ma grand-mère sur


des questions relatives au christianisme et mes amis sur des questions relatives à


l’islam. Je transmettais à chaque partie les arguments de l’autre partie et j’évaluais


quels arguments avaient le plus de sens.


Finalement, après avoir lu le Coran et la Bible, observé les miracles de Dieu


tout autour de moi et sondé le plus profond de mon âme, je me dis, en moi-même :


« l’islam semble être la vérité; mais l’est-il vraiment? ». Et, juste à ce moment, je


me souvins de l’invocation que j’avais faite : « Dieu, si Tu es là et que Tu existes


vraiment, aide-moi, je T’en supplie! ». À ce souvenir, mon corps se couvrit de


chair de poule. Je compris que c’était là la réponse de Dieu à mon


invocation. Mais je n’étais toujours pas absolument certain de vouloir devenir


musulman, car je craignais de ne pas arriver à m’intégrer au sein d’une


communauté composée de gens très différents de moi.


Je poursuivis mes lectures, à la recherche de quelque chose pouvant me


conforter dans ma décision. Puis, un jour, alors que je lisais la Bible, je tombai sur


le verset 26 :39 de l’Évangile selon Matthieu :


Puis il fit quelques pas, se laissa tomber la face contre terre, et pria ainsi:


« O Père, si tu le veux, écarte de moi cette coupe! Toutefois, que les choses se


passent, non pas comme moi je le veux, mais comme toi tu le veux. »


Pour moi, ce verset confirmait trois choses que j’avais apprises, sur Jésus, d’un


point de vue islamique. Qu’il était musulman, car il priait face contre terre comme


les musulmans; qu’il ne voulait pas mourir, car il priait pour que la coupe de la


mort soit éloignée de lui; et qu’il n’était pas Dieu, car il adressait ses prières à


Dieu.


C’était là la confirmation dont j’avais besoin pour me conforter dans ma


décision d’embrasser l’islam. Alors le 28 décembre 2001, par la grâce d’Allah, je


prononçai l’attestation de foi et devins musulman. Et depuis, par la grâce d’Allah,


j’ai réalisé plusieurs projets, j’ai voyagé et j’ai fait des choses que jamais je


n’aurais cru être capable de faire.


Après avoir goûté à la foi, je connais les fruits qui en découlent, et je prie


Allah de me donner la possibilité de faire encore plus de bien et de faire en sorte


que je passe le reste de ma vie sur Son chemin. Toutes les louanges sont à Allah


et que Sa paix et Ses bénédictions soient sur Son messager Mohammed. Amine.



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