introduction
louange à allah, seigneur souverain[1] de l’univers. que sa miséricorde et sa paix soient sur notre prophète muhammad, sur sa famille et tous ses compagnons.
parler de muhammad r[2], le messager de l'islam, revient à parler de la personnalité la plus influente de tous les temps. il ne s’agit pas d’une affirmation gratuite. en effet, quiconque lit sa biographie, prend connaissance de sa moralité et ses vertus, se défait de tout fanatisme religieux et des penchants personnels, témoignera de la véracité de notre jugement. nous prendrons à témoins les impartiaux parmi les non musulmans.
le professeur hassan ali –qu'allah lui accorde la miséricorde– dit dans le magazine nouroul islam[3] qu’un de ses amis de confession brahmanique lui a dit un jour : «j’estime que le messager de l'islam est l'homme le plus grand et le plus parfait de tous les temps. le professeur hassan ali lui rétorqua : –pourquoi le messager de l'islam est-il, à ton avis, l’homme le plus parfait de l'histoire ? il répondit : –parce qu'il rassemblait en lui diverses qualités et conduites morales telles qu'on en a connues chez personne d'autre dans l’histoire universelle : il fut un roi à qui étaient soumises toutes ses contrées. pourtant, il restait humble et estimait qu’il n’avait aucune part dans cet état des choses. selon lui, le pouvoir était entièrement entre les mains de son seigneur.
il était immensément riche : des chameaux chargés des trésors affluaient de toutes parts à destination de sa capitale. malgré tout, il restait dans le besoin. on passait des journées entières chez lui sans mettre une marmite au feu. très souvent, il se ployait sous le coup de la faim.
il était un grand commandant : à la tête d’une armée peu nombreuse et sous-équipée, il infligeait des défaites cuisantes à des milliers de soldats armés jusqu’aux dents. cependant, en tant qu’homme épris de paix, il optait pour la signature des accords de paix qu'il respectait loyalement, bien qu'ayant à sa disposition des milliers de compagnons courageux, valeureux et enthousiastes, tous prêts à se battre individuellement, sans crainte aucune, contre de milliers d'ennemis (ce fut le cas lors de l’expédition d’al houdeibya). il restait tout de même sensible, compatissant et clément. il s’abstenait, dans la mesure du possible, de verser une seule goutte de sang. il était préoccupé par les problèmes de l’ensemble de la péninsule arabique tout en restant à l'écoute de son foyer, de ses épouses, de ses enfants et des pauvres et indigents musulmans. il s’attelait à ramener sur le droit chemin les gens qui avaient oublié leur créateur.
en un mot, c’était un homme préoccupé par le bien-être et l'épanouissement de l'humanité, sans pour autant sombrer dans l'accumulation des biens de ce bas monde. il se consacrait au plus haut point au culte exclusif d’allah et toutes ses actions ne visaient qu'à lui plaire. il se trouvait dans ce monde mais n’y était pas, parce que son cœur n’était attaché qu’à allah et à ce qu’il a agréé. il ne s’était jamais vengé de personne pour l'avoir personnellement offensé. au contraire, il implorait le bien en faveur de ses ennemis. cependant, il ne pardonnait pas aux ennemis d’allah. il ne leur donnait aucun répit. il mettait sans cesse en garde ceux qui obstruent le chemin d’allah contre le châtiment de la géhenne.
dans ce bas monde, il menait une vie ascétique. il était adorateur et évoquait allah toute la nuit durant. il se confiait sans cesse à lui. on rapporte également qu’il était un soldat valeureux qui se rendait lui-même au front, son épée à la main. c’était un messager sage, un prophète infaillible et vainqueur qui conquérait des nations tout entières pour l'amour de dieu.
il se couchait sur une natte en feuilles de palmier dattier et son oreiller était rembourré de fibres végétales alors qu’il avait toutes les qualités d’un sultan ou d’un roi des pays arabes. les gens de sa maison vivaient des situations de misère et de malheur alors qu’il recevait d’importantes richesses venant des quatre coins de la péninsule arabique.
un jour, alors que se trouvaient des troupeaux de chameaux sur l’esplanade de sa mosquée, fatima, sa fille chérie, vint le trouver pour se plaindre des douleurs qu'elle ressentait aux bras, du fait de l'utilisation du moulin à bras, et de la marque laissée par le transport de l'outre sur son corps. bien qu'à ce moment-là il était en train de distribuer aux musulmans les captifs et captives de guerre qu’allah leur avait fait gagnés, le messager r ne se contenta que d'invoquer dieu en faveur de sa fille et de lui apprendre comment le faire elle-même.
dans le même ordre d'idées, en promenant son regard dans son appartement un jour, son compagnon oumar[4] t[5] ne trouva qu’une natte de paille, sans literie, sur laquelle s’était couché le messager r. ladite natte avait même laissé des traces sur son flanc. il n’y avait en tout et pour tout dans sa maison que la mesure d’un sâ’a d’orge dans un récipient en plus d’une vieille petite outre d'eau accrochée à un pieu. c’est tout ce que possédait le messager d’allah r le jour où la moitié des arabes s’étaient soumis à lui. lorsqu’oumar t vit tout cela, il ne put s’empêcher de verser les larmes. le messager d’allah r lui demanda alors : « pourquoi pleures-tu ? – ô envoyé d’allah, répondit-t-il, j’essaie juste d’établir un parallèle entre ta situation et celle de chosroês et césar qui savourent toutes sortes de plaisir dans ce monde. pourquoi pas toi qui es l’envoyé d’allah de surcroît ? –n’es-tu donc pas satisfait, répliqua-t-il, qu’ils aient les biens de ce bas monde, et que, nous, nous ayons ceux de la vie future ? »
en compagnie d'al abbas (l’oncle du prophète r), abû soufyan encore hostile à l'islam observait les combattants musulmans précédés par plusieurs étendards lorsque le messager d’allah r et son armée assiégèrent la mecque pour la conquérir. abû soufyan prit alors peur de l'immensité de la foule de combattants de départ et des tribus musulmanes qui les avaient rejoints pendant qu’ils marchaient sur la vallée de la mecque comme un torrent envahissant que rien ni personne ne pouvait endiguer. il dit alors à son compagnon : « ô abbas, ton neveu est devenu un grand roi. al abbas lui répondit : – ceci n’a rien à voir avec la royauté, ô abû soufyan ; il ne s’agit que de la prophétie et du message divin ».
alors qu’il était encore dans le christianisme, ady at-tâiy, chef des taiy et fils du très célèbre hâtim, qui est un modèle en matière de largesse et de générosité, se présenta un jour à l’assemblée du messager r. lorsqu’il vit le respect accordé au messager r par ses compagnons, munis de leurs équipements du djihad (tels que les armes et les armures), il eut beaucoup de peine à faire la part des choses entre la prophétie et le pouvoir : il se demanda si celui-ci était le roi des rois ou un messager parmi les messagers d’allah ? pendant que cette question le préoccupait, une habitante de médine, pauvre et esclave de son état, vint trouver le prophète r et lui dit : « je veux, ô messager d’allah, te dire quelque chose en secret. le prophète r lui répondit –dans quelle rue de médine veux-tu me parler en toute discrétion ? » puis, il se leva avec elle et résolut son problème. lorsqu’ibn hâtim at-tâiy vit cette grande modestie du messager r alors qu’il était parmi ses compagnons comme un roi majestueux, son illusion se dissipa et la vérité se manifesta clairement devant lui. il eut dès lors la ferme conviction qu’il s’agissait effectivement d’un message d’allah. il se débarrassa de sa croix, puis entra avec les compagnons du messager d’allah r dans la lumière de l'islam.»
nous évoquerons des déclarations de certains orientalistes[6] au sujet de muhammad r. en tant que musulmans, croyant en son message et en sa prophétie, nous n’avons pas besoin de ce genre de références pour nous convaincre de la véracité du message divin. toutefois, notre démarche s’inscrit dans une double logique :
– celle du rappel et d'avertissement aux musulmans de nom qui se sont détournés de leur prophète et de ses enseignements. ainsi pourraient-ils reprendre le chemin de leur religion avec toute la conviction nécessaire ;
– celle de permettre aux non musulmans qui nous liront de comprendre effectivement, de la bouche de leurs coreligionnaires, qui est réellement ce messager digne de confiance. peut-être emprunteront-ils la bonne voie qu'est l'islam.
que nos lecteurs se débarrassent de tout préjugé en ce qui concerne la recherche de la vérité, fut-elle à travers le présent manuel ou tout autre document islamique.
puisse allah ouvrir nos cœurs à la vérité. qu’il nous oriente et nous guide dans la bonne voie.
la généalogie de muhammad
le messager r est abû qassim muhammad (muhammad, père d’al-qassim), fils d'abdullah, fils d'abdul muttalib. sa généalogie remonte jusqu'à adnan, l'un des descendants d’ismail u (prophète d’allah et fils d’ibrahim u, l’ami privilégié d’allah). sa mère est amina, fille de wahb.
le prophète r a dit : « en vérité, parmi les fils d’ismail allah a jeté son dévolu sur kinâna; dans la descendance de kinâna, il a choisi quraich et dans la lignée de quraich, il a choisi les fils de hâchim et m’a élu parmi les fils de hâchim »[1]. c'est dire qu'il est le meilleur des hommes du point de vue généalogique, même de l’avis de ses ennemis. abû soufyâ en a témoigné auprès d’héraclius 1er, l'empereur romain, avant même d’embrasser l'islam.
d’après abdullah ibn abbas t, le messager d’allah r avait envoyé à césar une lettre d’invitation à l'islam. dihya al kalby qui fut chargé d’acheminer cette correspondance la fit transiter par le gouverneur de bosrâ qui la remit à son destinataire (i.e., césar). ce dernier, en signe de gratitude à allah qui lui avait donné la victoire sur l’armée perse, avait marché d’émesse à îliyâ (jérusalem). après avoir lu la lettre de l’envoyé d’allah, il tint ces propos : « cherchez-moi ici quelque compatriote de cet homme qui pourra me renseigner au sujet de l’envoyé d’allah ».
ibn abbas t déclare en avoir été informé par abû soufyân ibn harb qui (selon ses dires) se trouvait en syrie à la tête d’une caravane de marchands qorayshites ; pendant la trêve conclue entre l’envoyé d’allah r et les infidèles de qoraïch : « l’émissaire de césar, dit abû soufyân, nous ayant rencontré dans une localité de syrie, nous emmena, mes compagnons et moi, jusqu’à îliyâ. on nous introduisit auprès de l’empereur, et nous le vîmes assis dans la salle de conseil, le front ceint d’un diadème. entouré de hauts dignitaires grecs, il dit à son interprète : –demande-leur lequel d’entre eux est le plus proche parent de cet homme qui prétend être prophète. –c’est moi, répondis-je. –et quel est ton degré de parenté avec lui, interrogea césar. –c’est mon cousin [mot-à-mot : le fils de mon oncle paternel], repartis-je.
(en tout honnêteté, il n’y avait dans la caravane aucun autre banoû abdu manâf que moi). –qu’on le fasse approcher, dit l’empereur qui donna aussitôt l’ordre qu’on plaçât mes compagnons juste derrière moi.
ensuite, il dit à son interprète. –dis-leur que je vais interroger cet homme au sujet du prétendu prophète. que ses compagnons le contredisent immédiatement s'il ment. (or, par allah, si je n’avais eu honte alors de voir mes mensonges éventuellement dénoncés par mes compagnons, j’eusse menti lorsque l’empereur m’interrogea sur muhammad. c'est pourquoi je pris la résolution de dire la vérité). césar dit à son interprète : –demande-lui quel rang la famille de ce prophète occupe chez les leurs. –il est de bonne naissance, répondis-je. –quelqu’un parmi vous a-t-il jamais tenu avant lui des discours semblables ? –non. –le soupçonniez-vous de mensonge avant qu’il tînt ce discours ? –non. –y a-t-il eu des rois parmi ses ancêtres ? –non. –ses partisans se recrutent-ils dans les hautes classes ou parmi les humbles ? –parmi les humbles. –leur nombre augmente-t-il ou va-t-il décroissant ? –il augmente. –y en a-t-il parmi eux qui, après avoir adopté sa religion, la prennent ensuite en aversion et apostasient ? –non. –trahit-il ses engagements ? –non, mais nous avons conclu une trêve avec lui en ce moment, et nous craignons qu’à ce propos, il ne la viole ». cette réponse fut la seule où je pus glisser une insinuation défavorable au prophète, sans craindre de la voir relever ».
poursuivant ses questions, l’empereur dit : « avez-vous été en guerre avec lui ? –oui, répondis-je. –quelle a été l’issue des combats ? –la guerre entre nous a eu des alternatives : il a eu des moments de victoire sur nous autant que nous avons parfois eu à prendre le dessus. –et que vous ordonne-t-il donc ? –il nous ordonne de n’adorer qu’allah seul, de n'associer à lui aucun être, de renoncer au culte de nos pères, de faire la prière, l’aumône, d’être chastes, de tenir nos engagements et de rendre les dépôts à nous confiés. »
après avoir entendu mes propos, l’empereur dit à son interprète : « dis-lui : je t’ai interrogé au sujet de sa famille et tu m’as prétendu qu’il était de bonne naissance. or allah a toujours choisi ses messagers parmi les nobles de leurs communautés respectives.
je t’ai demandé si parmi vous quelqu'un, avant lui, aurait eu à tenir un discours semblable, et tu as prétendu que non. alors en moi-même j’ai pensé que si quelqu'un avant lui avait tenu les mêmes propos, j’aurais pu croire que cet homme ne fait qu’imiter ses prédécesseurs.
je t’ai demandé si avant qu’il ne tînt ce discours, vous le soupçonniez d’être un menteur, et tu as prétendu que non. j’ai compris par là que, s’il n’était pas homme à mentir à l’égard de ses semblables, il ne pouvait, à plus forte raison, mentir à l’égard d’allah.
je t’ai demandé s'il y a eu des rois parmi ses ancêtres, et tu as prétendu que non. j’ai alors pensé que si quelqu'un parmi ses ancêtres avait régné, je me serais dit : cet homme cherche à remonter sur le trône de ses pères.
je t’ai demandé si ses adeptes se recrutaient parmi les humbles ou parmi les grands, et tu as répondu que c’était parmi les humbles. en fait, c’est toujours eux qui forment les partisans des prophètes.
je t’ai demandé s’ils augmentaient en nombre ou s’ils diminuaient au contraire, et tu as prétendu que leur nombre était de plus en plus important. or, c’est bien là le propre de la foi de croître jusqu'à sa complète évolution.
je t’ai demandé si quelques-uns d’entre eux, après avoir embrassé sa religion, s’en sont détournés pour la prendre en aversion, et tu as prétendu que non. et c’est bien ainsi qu’il en est de la foi : les cœurs que sa grâce a pénétrés ne la prennent pas en aversion.
je t’ai demandé s’il manquait à ses engagements, et tu as prétendu que non : il en est ainsi des prophètes, ils ne trahissent point.
je t’ai demandé si vous avez été en guerre contre lui, et tu as prétendu que oui, que la guerre entre vous avaient eu des alternatives, tantôt à son avantage, tantôt au vôtre. il en est ainsi des prophètes : ils subissent des épreuves, mais le succès final leur appartient.
je t’ai demandé ce qu’il ordonnait, et tu as prétendu qu’il vous interdisait d’adorer ce qu’adoraient vos ancêtres, qu’il vous prescrivait la prière, l’aumône, la pureté des mœurs, le respect de vos engagements et la restitution des dépôts à vous confiés.
tout cela, poursuivit césar, répond bien au portrait d’un vrai prophète. je savais bien que cet homme allait paraître, mais je n'imaginais pas qu’il serait des vôtres (les arabes). si tu as dit vrai, il ne s’en faut guère que cet homme conquière cet endroit même où je me trouve. quant à moi, s’il m’était possible de l’approcher, je m’efforcerais de le rencontrer. et si j’étais auprès de lui, je lui laverais les pieds ».
ensuite l’empereur fit apporter la lettre de l’envoyé d’allah r. on la lut et elle fut ainsi conçue :
« au nom d’allah, le tout miséricordieux, le très miséricordieux. de la part de muhammad, adorateur [esclave] et messager d’allah, à héraclius, le chef des grecs. paix sur quiconque suit la bonne voie. je t’invite à la foi musulmane. convertis-toi à l'islam, tu seras sauvé, convertis-toi à l'islam, allah te donnera une double part de récompense. si tu t'en détournes, tu seras en outre responsable des péchés de tes sujets ;
(dis : “ô gens du livre, venez à une parole commune entre nous et vous : que nous n’adorions qu’allah, sans rien lui associer, et que nous ne prenions point les uns les autres pour seigneurs en dehors d’allah”. puis, s’ils tournent le dos, dites : “soyez témoins que nous, nous sommes soumis”)[2]».
abû soufyân poursuit son récit en ces termes : « lorsque héraclius eut fini de parler, des cris violents furent poussés par les grands personnages grecs qui l’entouraient, et un grand tumulte s’éleva ; je ne sais pas ce qu’ils disaient. l’empereur donna alors l’ordre qu’on nous fasse sortir. lorsque nous fûmes dehors, seul avec mes compagnons, je leur dis : –les affaires du fils d’abû kabcha doivent avoir pris de l’ampleur, puisque le prince des banoûl asfar (rome) le redoute.
depuis lors (malgré ma répugnance) et jusqu’au jour où, allah i ouvrit mon cœur à l'islam, je suis resté humblement convaincu du succès de muhammad »[3].
naissance, enfance et prophétie de muhammadr
muhammad est né en l’an 571 après. j-c. à la mecque (considérée comme le centre religieux de la péninsule arabique) dans la tribu des qoraïch pour laquelle les arabes avaient beaucoup de respect et de considération. en effet, c’est dans cette ville que ces derniers accomplissaient le pèlerinage et faisaient la circumambulation autour de la kaaba noble, qu’avaient bâtie ibrahim et son fils ismail .
son père mourut avant même sa naissance et sa mère le quitta six années après l'avoir mis au monde. il vécut alors orphelin sous la charge de son grand-père abdul muttalib. a la mort de ce dernier, son oncle abû tâlib le prit à sa charge. sa tribu et les tribus voisines adoraient des idoles qu’elles avaient fabriquées à partir d’arbres, de pierres ou encore d’or et placées autour de la kaaba. elles croyaient qu’elles avaient le pouvoir de nuire ou d'aider.
le prophète s'est caractérisé tout au long de sa vie par la vérité et la loyauté. il n’avait jamais trahi, ni menti, ni trompé, encore moins manqué à son engagement. il était connu par son peuple comme étant le digne de confiance (al-amine). aussi lui confiaient-ils leurs dépôts et leurs biens lorsqu’ils voulaient voyager. il était également connu comme le véridique, en raison de la sincérité qu’ils lui connaissaient dans ses propos. il était bien éduqué et s’exprimait avec convenance et éloquence. il aimait assister les âmes en détresse. son peuple l’aimait et le respectait. tous le révéraient pour ses multiples qualités physiques et morales. le seigneur dit à son sujet : et tu es certes, d’une moralité éminente [1]
thomas carlyle[2] (1785-1881), dit dans son livre les héros et le culte des héros publié en 1841: « dès sa plus tendre enfance, muhammad se fit remarquer comme un jeune méditatif. ses compagnons l’avaient même surnommé al amine (homme sincère et loyal). il était sincère et loyal dans ses actes, ses propos et ses pensées. ils avaient remarqué que ses propos étaient toujours pertinents. c'était un homme très pondéré qui savait tenir sa langue là où il n’était pas nécessaire de parler. lorsqu’il fallait s’exprimer, il était sincère, sage, pertinent et perspicace. tout au long de sa vie, il fut un homme de principe, plein de bonté, généreux, clément, pieux, digne, libre, courageux, sérieux, sincère et résolu, aspirant aux grands desseins. il restait pourtant affable et aimable et manifestait beaucoup de bonne humeur et de sérénité. il était sympathique et très plaisant. mieux encore, il lui arrivait de plaisanter et même de jouer. son visage était généralement radieux et resplendissant et affichait un sourire sincère… il était intelligent et doué de sagacité…, doté naturellement d’une grandeur : aucune école ne l’a instruit et aucun enseignant ne l’a éduqué. il n’avait nullement besoin de tout cela… il accomplit son œuvre dans la vie tout seul dans les profondeurs du désert ».
il ne s'était jamais impliqué dans une histoire de mensonge, de consommation des boissons alcooliques, de prosternation devant une statue ou une idole, encore moins d'allégeance ou de sacrifice à leur endroit. pendant longtemps, il avait été le gardien de troupeaux de moutons appartenant à son peuple. de la bouche même de muhammad r, « tous les prophètes de dieu, sans exception, ont eu à garder des moutons. lorsque ses compagnons lui demandèrent : – même toi, ô messager d'allah? il répondit : – bien sûr, moi aussi, j'ai eu à garder des moutons des mecquois moyennant quelques qirât[3].»[4]
avant que la mission ne lui soit confiée, il était enclin à la solitude et passait des nuits entières à méditer dans la grotte de hirâ.
a l’âge de quarante ans, il reçut la révélation du ciel alors qu’il se trouvait en méditation à la mecque dans la grotte de hirâ. comme le rapporte aïcha[5] , la mère des croyants –qu’allah soit satisfait d’elle– : « la révélation débuta chez le prophète par de pieuses visions au cours du sommeil. chacune de ces visions se réalisait avec une clarté semblable à celle de l’aurore. après qu'on lui fit aimer la retraite, il se retira alors dans la grotte de hirâ, où il se livra au tahannouts[6] (c'est-à-dire l’adoration)[7] pour un bon nombre de jours et nuits consécutifs, sans revenir chez lui. lorsqu'il revenait vers khadîdja[8] –qu'allah soit satisfait d'elle–, il se ravitaillait de provisions nécessaires avant de retourner dans la grotte pour une nouvelle retraite.
l’ange vint le trouver un jour dans cette grotte et lui ordonna de lire : lis ! « je ne suis point de ceux qui lisent », répondit-il. l’ange saisit aussitôt le prophète , le pressa au point de lui faire perdre toute sa force et lui répéta : lis ! il répliqua « je ne suis point de ceux qui lisent ». l’ange le saisit pour la troisième fois, le pressa, puis le lâcha en disant : lis, au nom de ton seigneur qui a créé, qui a créé l’homme d’une adhérence. lis ! ton seigneur est le très généreux [9].
le cœur tout palpitant, le messager d’allah rentra chez khadîdja bintou khouwaïlid –qu’allah soit satisfait d’elle– et s’écria : « couvrez-moi ! couvrez-moi !» aussi l’enveloppa-t-elle jusqu'au moment où son effroi fut dissipé. alors, il mit sa femme au courant de ce qui s’était passé, puis ajouta : « ah ! j’ai cru que ma vie était en danger ! » mais khadîdja–qu’allah soit satisfait d’elle– le rassura en ces termes « pas du tout ! je jure par allah ! jamais allah ne t’infligera d’affronts, car tu fais du bien à ta famille et à tes proches parents; tu donnes à ceux qui n’ont rien; tu es hospitalier et portes assistance aux faibles et aux nécessiteux ».
alors, khadîdja–qu’allah soit satisfait d’elle– emmena muhammad chez waraqa ibn nawfal ibn asad ibn abdel ouzza, un de ses cousins (du côté paternels) qui avait embrassé le christianisme aux temps antéislamiques. c'était un scribe qui transcrivait l’evangile en hébreux, mais devenu aveugle avec le temps.
« ô mon cousin, lui dit khadîdja, écoute ce que va te dire le fils de ton frère. –ô fils de mon frère, répondit waraqa, de quoi s’agit-il ? » le messager d’allah lui raconta alors ce qu’il avait vu. waraqa lui répondit : « c’est le confident[10] qu’allah a envoyé autrefois à moïse. plût à allah que je fusse jeune en ce moment ! ah ! que je voudrais être encore vivant à l’époque où ton peuple te bannira ! –ils me chasseront donc, s’écria le prophète ? –oui, reprit waraqa. tous les hommes qui ont eu à porter un message comme le tien n'ont jamais échappé à la persécution ! si je suis encore en vie à ce moment-là, je te défendrai de mon mieux». waraqa ne tarda malheureusement pas à mourir. la révélation connut par ailleurs une interruption »[11].cette sourate-là marque le début de sa prophétie.
ensuite, allah i lui révéla les versets suivants : ô, toi (muhammad) ! le revêtu d’un manteau ! lève-toi et avertis. et de ton seigneur, célèbre la grandeur. et tes vêtements, purifie-les. et de tout péché, écarte-toi [12].
avec la révélation de cette autre sourate, muhammad commença à inviter ouvertement les mecquois à l'islam, à commencer par ses proches et sa tribu. mais il fit face à une fin de non recevoir de la plupart d'entre eux tout simplement parce que son message leur était étrange et s'opposait à la pratique de l'idolâtrie qui avait cours depuis des générations.
l'islam est un mode de vie complet qui traite des affaires religieuses, politiques et socio-économiques. il prêchait non seulement l’unicité d’allah, mais interdisait aussi l’adoration des idoles et tout être autre que lui. il interdisait également certaines choses qui constituaient des sources de jouissance, de richesse, et de fierté, à l'instar de l’usure, la fornication, les jeux de hasard et du vin. il invitait par ailleurs à l’équité entre tous les hommes et faisait comprendre que seule la piété pouvait établir une hiérarchie entre les uns les autres.
comment les qorayshites, qui constituent la classe la plus noble chez les arabes, pouvaient-ils accepter d’être traités au même pied d’égalité que les classes inférieures et même les esclaves ? c’est pourquoi, ils ne se limitèrent pas au rejet total de son appel, mais aussi ils le persécutèrent et lui portèrent préjudice en le traitant de fou, de sorcier et de menteur afin de le discréditer. or, il jouissait plutôt d’une bonne réputation avant le début de sa mission. ils poussèrent les ignorants parmi eux à lui porter physiquement atteinte.
abdullah ibn mas’oud rapporte qu’ : « un jour, alors que le messager d’allah , debout, faisait la prière dans la kaaba, l'un des qorayshites qui tenaient une de réunions à ce même endroit se mit à dire : « hé ! voyez donc l’ostentation de cet homme. qui d’entre vous voudra aller à l’abattoir des banou untel chercher des tripailles, du sang, des membranes de fœtus, et attendre que cet homme se prosterne pour lui mettre le tout sur les épaules ? » le plus misérable d’entre eux se décida à le faire et, au moment où le messager d’allah se prosterna, il lui déposa ces détritus sur les épaules. les qorayshites se mirent à rire au point qu’ils se cognaient les uns contre les autres. aussitôt prévenue, fatima, alors toute jeune fille, arriva en courant. le prophète ne se releva de sa prosternation qu’au moment où elle le débarrassa de ces immondices. puis, elle se tourna vers les qorayshites et les invectiva »[13].
mounib al-azdy dit : j’ai entendu le messager r pendant la jahiliyyah dire : « ô hommes ! dites : il n’y a de divinité qu’allah et vous serez bienheureux ». les uns lui ont craché sur le visage, d’autres lui ont versé la poussière et d’autres encore l’ont insulté jusqu’au milieu de la journée. alors, une jeune fille lui présenta une grande coupe d’eau. il se lava le visage et les mains et dit : « ma fille, ne crains pour ton père ni indigence ni avilissement »[14].
interrogé au sujet de la violence la plus grave dont les polythéistes usèrent à l’égard du prophète , abdullah ibn amr ibn al ace, un compagnon de muhammad , répondit : « pendant que le prophète était dans l’enceinte de la kaaba, ouqba ibn mo’ît [un païen] s’avança vers lui, lui enroula son vêtement autour du cou et le serra avec une grande violence. abû bakr , intervint alors, pris ouqba par le bras et l’éloigna en disant : « allez-vous tuer un homme parce qu’il dit : mon seigneur est allah ? alors qu’il est venu à vous avec les preuves évidentes de la part de votre seigneur [15]».
tous ces événements n’ont pas empêché le messager d’allah de poursuivre sa mission. il faisait part de son message aux tribus qui venaient accomplir le pèlerinage à la mecque. un groupe d’habitants de yathrib –aujourd’hui appelé médine, la lumineuse– prirent l’engagement de le soutenir et de le protéger s’il venait chez eux. il envoya avec eux mous’ab ibn oumaïr t, un de ses compagnons, leur apprendre les enseignements de l’islam. suite aux souffrances et à la persécution infligées aux musulmans à la mecque par leurs propres frères, l’autorisation leur fut donnée d’émigrer à médine, la lumineuse où ils reçurent un accueil chaleureux. ce fut le véritable déclic de sa mission. par conséquent, cette ville devint la capitale du nouvel etat islamique où la religion prit son envol avant de se répandre aux quatre coins du globe.
le prophète enseigna le qur'an et les préceptes de sa religion aux habitants de médine. ces derniers furent influencés par son caractère noble et ses attributs sublimes au point qu'ils en vinrent à l’aimer plus que leurs propres personnes. ils s’empressaient de le servir et sacrifiaient ce qu’ils avaient de plus cher pour sa cause. ils bâtirent une société riche et prospère caractérisée par la piété, l’amour, la concorde et la fraternité. le riche et le pauvre, le noble et le roturier, le blanc et le noir, l’arabe et le non arabe devinrent égaux dans cette grande religion où il n’y a de supériorité et de différence entre les gens que par la piété et les bonnes actions.
une année après son installation à médine, les affrontements commencèrent entre lui et son peuple (les qorayshites) qui n’appréciait guère la portée sans cesse croissante de son message. c’est alors que la première bataille de l’islam (la bataille de badr) eut lieu entre deux groupes inégaux tant en ressources humaines qu'en armement : les musulmans comptaient 314 combattants contre 1000 mécréants. par la grâce d'allah, le messager et ses compagnons en sortirent victorieux. il se succéda ainsi une série de batailles entre les musulmans et les mécréants.
huit années plus tard, le prophète put constituer une armée de 10.000 combattants qui marcha sur la mecque et la conquit. ainsi, il mit en déroute sa tribu et son peuple qui lui avaient causé toutes formes de tort et persécuté ses adeptes au point qu’ils durent abandonner leurs biens, leurs enfants et leur pays. il obtint une victoire décisive et fort symbolique sur son peuple sans toutefois céder à la revanche. il baptisa cette année-là, "l’année de la victoire". allah dit à ce propos : lorsque vient le secours d’allah ainsi que la victoire, et que tu vois les gens entrer en foule dans la religion d’allah, alors, par la louange, célèbre la gloire de ton seigneur et implore son pardon. car c’est lui le grand accueillant au repentir [16].
fort de cette victoire, muhammad rassembla les mecquois et leur dit : « que pensez-vous que je vais vous faire ? » ils répondirent : « du bien, car tu es un frère généreux, fils d’un frère généreux ». alors le prophète reprit : « vous pouvez disposer, vous êtes libres ! »[17]. cette amnistie incita bon nombre d’entre eux à embrasser l'islam. le messager retourna à médine et reprit la direction de la mecque quelque temps après, accompagné de 114 000 de ses compagnons pour le pèlerinage. cet unique pèlerinage qu’il a accompli est également connu comme le pèlerinage d’adieu.
le prophète délivra son sermon d'adieu au neuvième jour du mois de dzul-hijja au mont arafat. après avoir rendu grâce à allah, il tint ces propos : « ô hommes! ecoutez-moi attentivement parce que je ne suis pas certain d'être encore avec vous l'année prochaine ! ecoutez-moi avec la plus grande attention et transmettez mon message à ceux qui n'ont pas pu être présents aujourd'hui.
ô hommes ! tout comme vous considérez ce mois, ce jour et cette ville comme sacrés, je vous invite à considérer la vie et les biens des musulmans comme sacrés. rendez les dépôts à vous confiés à leurs légitimes propriétaires. n'offensez personne afin que personne ne vous offense. rappelez-vous que vous aurez vraiment à rencontrer votre seigneur et il appréciera infailliblement toutes vos actions. allah vous a interdit de prélever l'intérêt [dans vos transactions]. alors, tout intérêt est désormais prohibé. cependant, le capital vous appartient et vous revient de droit. vous ne devez ni pratiquer, ni subir l'iniquité dans vos transactions financières. méfiez-vous de satan, si vous voulez protéger votre foi. il a perdu tout espoir de passer par les grandes choses pour vous entraîner hors du droit chemin. prenez garde de ne pas vous laisser influencer par lui dans les toutes petites actions.
ô hommes! il est, certes, vrai que vous avez des droits sur vos épouses, mais sachez qu'elles aussi ont des droits sur vous. n'oubliez pas que vous ne les avez prises pour épouses que dans la foi en allah et avec sa permission. si elles respectent vos droits, alors il leur revient le droit d'être nourries et habillées avec générosité. traitez vos femmes avec bonté et gentillesse parce qu'elles sont vos partenaires et assistantes dévouées. bien sûr, il est de votre droit qu'elles veillent à leur chasteté et ne prennent pas pour amies intimes celles dont vous ne voulez pas.
ô hommes ! ecoutez-moi sérieusement : adorez allah, accomplissez vos cinq prières quotidiennes, jeûnez au mois de ramadan, faites l'aumône et accomplissez le pèlerinage si vous en avez les moyens. tous les hommes sont issus d'adam et adam a été créé à partir de la terre. il n'existe aucune supériorité d'un arabe sur un non arabe, d'un blanc sur un noir ou d'un noir sur un blanc, si ce n'est par rapport à la piété. retenez que les musulmans, sans distinction aucune, sont tous des frères et forment une seule et même communauté. aucune propriété appartenant à un musulman ne saurait être légitime à un autre musulman à moins qu'elle ne lui ait été cédée volontairement et librement. ne soyez donc pas injustes envers vous-mêmes.
rappelez-vous qu'un jour vous aurez à comparaître devant allah pour répondre de vos actes. prenez donc garde. ne vous écartez pas du chemin de la justice après mon départ. ô hommes ! aucun autre prophète ou messager ne viendra après moi et aucune nouvelle foi, non plus, ne verra le jour. réfléchissez bien, ô hommes, et vous comprendrez le message que je vous transmets. je vous laisse deux choses qui vous permettront de ne jamais vous égarer si vous les suivez : le livre d'allah (le qur'an) et ma sunna. que tous ceux qui m'écoutent transmettent mon message aux autres et que ces autres le transmettent à d'autres encore. il se peut que les tout derniers à écouter mon message le comprennent mieux que ceux qui l'ont écouté directement ! je te prends à témoin, ô allah, que j'ai transmis ton message à ton peuple. »
le prophète mourut, selon certaines sources, au douzième jour du mois de rabiou-awal de l’an 11 de l’hégire à médine où il fut enterré. sa mort fut un grand choc pour les musulmans au point que certains n’y ont pas cru. oumar ibn al-khatab t, par exemple, avait alors dit : « si j’entends de la bouche de quelqu'un que muhammad est mort, je le décapiterai ». abû bakr s'adressa alors aux musulmans, puis récita cette parole d’allah : muhammad n’est qu’un messager – des messagers avant lui sont passés -. s’il mourait, donc, ou s’il était tué, retourneriez-vous sur vos talons ? quiconque retourne sur ses talons ne nuira en rien à allah ; et allah récompensera bientôt les reconnaissants [18]
lorsqu’oumar suivit ce verset, il revint aussitôt à de meilleurs sentiments, car il ne transgressait jamais l’ordre d’allah.
le prophète mourut à l'âge de 63 ans : il vécut 40 ans à la mecque avant de recevoir la révélation. il passa ensuite 13 ans à inviter les mecquois au tawhid (l'unicité d'allah). emigré à médine, il passa 10 ans à recevoir sans interruption le message divin jusqu’à la révélation complète du qur'an et au parachèvement des lois de l’islam.
le célèbre dramaturge et critique, george bernard shaw (1856-1950) dit à propos de muhammad r : « j'ai toujours eu beaucoup de respect pour la religion de muhammad, du fait de son excellente vitalité. c'est la seule religion qui semble avoir cette capacité d'adaptation aux différentes phases de l'évolution d'un monde en pleine mutation et qui s'impose à tous les âges. je puis prédire que la religion de muhammad qui commence aujourd'hui à être acceptée en europe sera plus que jamais vivante demain. le ecclésiastes de la période médiévale avaient soit par ignorance, soit par fanatisme, peint le mahométisme avec les couleurs les plus sombres. en fait, ils étaient formés à la haine aussi bien de la personne de muhammad que de sa religion. selon eux, muhammad était un antéchrist. j'ai étudié cet homme merveilleux et, à mon avis, loin d'être un antéchrist, il se présente plutôt comme le sauveur de l'humanité. »
portrait du prophète
le prophète r était d'une taille un peu au-dessus de la moyenne. mais curieusement, dans les rassemblements, il paraissait plus grand que ceux qui, en fait, étaient plus géant que lui –jusqu'à ce que la foule se disperse. sa peau était d’une blancheur légèrement terne. ses cheveux légèrement ondulés étaient noirs comme du jais et retombaient tout le long des lobes de ses oreilles jusqu'aux épaules. de fois, il se faisait une raie au milieu. il lui arrivait aussi de se faire des nattes. muhammad était d'un physique imposant. il avait de larges épaules entre lesquelles se trouvait le sceau de la prophétie. il avait de longs membres bien musclés, des articulations et une tour de taille larges, le ventre et la poitrine en harmonie. son visage était radieux et éclatant, « tel le soleil suivant son cours », affirme l'un de ses compagnons. son cou était d'un blanc argenté. il avait un front saillant; des pupilles larges et noirs, des cils longs et abondants, un nez aquilin et bien fait. au moment de sa mort, le prophète r comptait exactement 17 cheveux blancs disséminés sur ses tempes et son menton touffu. ses avant-bras et ses pectoraux étaient couverts de poils qui formaient d'ailleurs une ligne du haut de sa poitrine au nombril.
il marchait de manière aisée, humble et à grands pas. en marchant, il restait dressé comme s’il était sur une pente. quand il fallait se retourner, il le faisait de tout son corps, écoutait attentivement celui qui lui adressait la parole et se montrait préoccupé par ce qu'on lui disait. lorsqu'il indiquait quelqu'un ou quelque chose, il le faisait avec toute une main ouverte de façon à n’offenser personne. de la même façon, quand il faisait des reproches, il ne nommait jamais les concernés. il disait tout simplement : « pourquoi certaines personnes agissent-elles comme ceci ou comme cela ? » il ne riait qu'au point de laisser entrevoir un vide entre les incisives de sa mâchoire supérieure de celles de sa mâchoire inférieure. sa colère ne s'exprimait que par la rougeur de sa face et le gonflement de la veine entre ses beaux sourcils. une fois même, il a eu à tenir les propos suivants : « je suis le maître des fils d'adam et je ne le dit pas par orgueil. »[1]
en fait, sa distance par rapport à l'orgueil était tellement évidente que même les tout petits enfants l'entraînaient dans leurs jeux à travers les rues de médine en s'agrippant à sa main. il dit à ce propos : « quiconque ne fait pas montre de sympathie pour les jeunes et d'honneur pour les veilles personnes, n'est pas des nôtres. »[2] dans le même ordre d'idées, allah u dit : [allah vous a envoyé] un messager qui vous récite les versets d'allah comme preuves claires, afin de faire sortir ceux qui croient et accomplissent les bonnes œuvres des ténèbres à la lumière […] [3]
ali , cousin et beau-fils du prophète r dit au sujet de muhammad r : « il était le dernier des prophètes, l'homme au cœur le plus généreux et au meilleur tempérament, le plus véridique et le plus sociable. quiconque le voyait, même à tout hasard, se levait par respect pour lui et quiconque avait l'occasion de lui tenir compagnie et parvenait à le connaître succombait inévitablement à son charme. ceux qui le décrivait disait : '' je n'ai jamais eu à rencontrer son pareil depuis que je suis né '' »
aïcha –qu’allah soit satisfait d’elle–, la femme chérie du prophète r dit à propos de son mari : « il participait toujours aux travaux domestiques. il lui arrivait de raccommoder ses habits, de réparer ses chaussures et de balayer le sol. il avait également l'habitude d'attacher, de faire paître et de traire ses animaux. »[4]
elle a également présenté son comportement comme étant « (l'incarnation du) qur'an »
en effet, vous avez dans le messager d'allah un excellent modèle [à suivre], pour quiconque espère en allah et au jour dernier invoque allah fréquemment.[5]
conclusion
nous conclurons cette étude avec ces mots du poète français, alphonse de lamartine, célébrant la grandeur de muhammad r[1]:
« jamais homme ne se proposa volontairement ou involontairement un but plus sublime, puisque ce but était surhumain : saper les superstitions entre la créature et le créateur, rendre dieu à l’homme et l’homme à dieu, restaurer l’idée rationnelle et sainte de la divinité dans ce chaos de dieux matériels et défigurés de l’idolâtrie. « jamais homme n’entreprit, avec de si faibles moyens, une œuvre si démesurée aux forces humaines puisqu’il n’a eu, dans la conception et dans l’exécution d’un si grand dessein, d’autre instrument que lui-même et d’autres auxiliaires qu’une poignée de barbares dans un coin du désert.
enfin, jamais homme n’accomplit en moins de temps une si immense et si durable révolution dans le monde puisque, moins de deux siècles après sa prédication, l’islamisme, prêché et armé, régnait sur les trois arabies, conquit la perse, le khorasan, la transoxiane, l’inde occidentale, la syrie, l’ethiopie, tout le continent connu de l’afrique septentrionale, plusieurs des îles de la méditerranée, l’espagne et une partie de la gaule.
si la grandeur du dessein, la petitesse des moyens, l’immensité du résultat sont les trois mesures du génie de l’homme, qui osera comparer humainement un grand homme de l’histoire moderne à mahomet (muhammad) ? les plus fameux n’ont remué que des armes, des lois, des empires ; ils n’ont fondé (quand ils ont fondé quelque chose) que des puissances matérielles écroulées souvent avant eux. celui-là a remué des armées, des législations, des empires, des peuples, des dynasties, des millions d’hommes sur le tiers du globe habité : mais il a remué, de plus, des autels, des dieux, des religions, des idées, des croyances, des âmes ; il a fondé, sur un livre dont chaque lettre est devenue loi, une nationalité spirituelle qui englobe des peuples de toute race, et il a imprimé, pour caractère indélébile de cette nationalité musulmane, la haine des idoles et la passion du dieu unique. ce patriotisme, vengeur des profanations du ciel, fut la vertu des enfants de mahomet (muhammad). l’idée de l’unité de dieu, proclamée dans la lassitude des théogonies fabuleuses, avait elle-même une telle vertu, qu’en faisant explosion sur ses lèvres, elle incendia tous les vieux temples des idoles et alluma de ses lueurs un tiers du monde.
cet homme était-il un imposteur ? nous ne le pensons pas, après avoir étudié son histoire. l’imposture est l’hypocrisie de la conviction. l’hypocrisie n’a pas la puissance de la conviction, comme le mensonge n’a jamais la puissance de la vérité.
si la force de projection est, en mécanique, la mesure exacte de la force d’impulsion, l’action est de même, en histoire, la mesure de la force d’inspiration. une pensée qui porte si haut, si loin et si longtemps est une pensée forte ; pour être forte, il faut qu’elle ait été bien sincère et bien convaincue…
mais sa vie, son recueillement, ses blasphèmes héroïques contre les superstitions de son pays, son audace à affronter les fureurs des idolâtres, sa constance à les supporter quinze ans à la mecque, son acceptation du rôle de scandale public et presque de victime parmi ses compatriotes, sa fuite enfin, sa prédication incessante, ses guerres inégales, sa confiance dans les succès, sa sécurité surhumaine dans les revers, sa longanimité dans la victoire, son ambition toute d’idée, nullement d’empire, sa prière sans fin, sa conversation mystique avec dieu, sa mort et son triomphe après le tombeau : plus qu’une imposture, une conviction. ce fut cette conviction qui lui donna la puissance de restaurer un dogme. ce dogme était double, l’unité de dieu et l’immatérialité de dieu, l’un disant ce que dieu est, l’autre disant ce qu’il n’est pas ; l’un renversant avec le sabre des dieux mensonges, l’autre inaugurant avec la parole une idée !
philosophe, orateur, apôtre, législateur, guerrier, conquérant d’idées, restaurateur de dogmes, fondateur de vingt empires terrestres et d’un empire spirituel, voilà mahomet (muhammad).
a toutes les échelles où l’on mesure la grandeur humaine, quel homme fut plus grand ?