Préface de son excellence le mufti d’Arabie
Saoudite
Qu’Allah soit loué exclusivement, et que la prière et le salut soient sur le
dernier des prophètes.
Les bienfaits d’Allah sur Ses serviteurs sont nombreux. Parmi les meilleurs
d’entre eux, après ceux de la foi et de la sécurité, on retrouve le bienfait de
la santé physique. Le prophète dit à ce sujet: « Quiconque d’entre vous se
réveille l’esprit en sécurité, le corps en bonne santé, possédant ses provisions
quotidiennes, c’est comme si toute la vie d’ici-bas lui avait été rassemblée. »
Ainsi, le bonheur d’être en bonne santé est un énorme bienfait qui exige du
musulman qu’il soit reconnaissant envers Allah, aussi bien avec son coeur
qu’avec sa langue et les autres membres de son corps, ceci en les utilisant
dans l’obéissance d’Allah.
Parfois, il arrive que des facteurs viennent affecter cette bonne santé et
l’affaiblir. Mais ce mal qui atteint le musulman ou la musulmane n’est qu’une
épreuve venant d’Allah, un moyen d’expier ses péchés et de l’élever en degrés,
à condition que le malade patiente en espérant la récompense d’Allah. Le
prophète dit à ce sujet: « Que l’affaire du croyant est réjouissante ! Tout ce
qui lui arrive est un bien pour lui, et ceci n’est valable pour personne d’autre
que le croyant. Si un bienfait l’atteint, il est reconnaissant et c’est alors un bien
pour lui. Et si un malheur l’atteint, il patiente et c’est alors un bien pour lui1. »
Il existe certaines règles qu’il convient d’appliquer pendant l’état de maladie,
de même qu’il existe des règles de bienséance pour la visite du malade. Il existe
également des règles qui se rapportent à la maladie elle-même, c’est notamment
une cause qui permet de disposer de certaines permissions dans les adorations.
En consultant cet écrit intitulé « T’inquiète pas, tout ira bien, in shâ Allah... »,
1 Rapporté par Muslim (n°7425), d’après le hadith de Suhayb .
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nous avons trouvé qu’il regroupe un ensemble de bonnes manières, de règles
religieuses, d’avis juridiques et d’histoires réelles qui concernent le malade –
notamment l’aspect moral, les adorations ou la façon de vivre avec la maladie
– mais aussi ceux qui souhaitent leur rendre visite puisqu’il détaille les bonnes
manières relatives à la visite du malade.
Qu’Allah récompense le sheikh cAbdulazîz As-Sadhân pour ses efforts et les
rende profitables, et qu’Il lui accorde Sa récompense.
Et qu’Allah prie, salue et bénisse notre prophète Muhammad ainsi que
l’ensemble de ses proches et ses compagnons.
Le Mufti Général du Royaume d’Arabie Saoudite, Directeur du Comité des
Grands Savants, Responsable de la Direction des Recherches Scientifiques et
de l’Iftâ’:
cAbdulazîz Ibn cAbdillah Ibn Muhammad Âli Sheikh,
Introduction: au chevet du malade
As-Salâm cAlaykum wa Rahmatullah wa Barakâtuh.
Mon frère malade ! Rien de grave, ce n’est qu’une purification si Allah le
veut ! Je demande à Allah l’Immense, le Seigneur de l’immense Trône, qu’Il te
guérisse ! Qu’Allah te guérisse, prenne soin de toi et te ramène au sein de tes
proches en bonne santé et plein de récompenses...Âmîn, Ô Seigneur de l’Univers.
Mon frère malade ! Je t’écris ces quelques feuilles en étant convaincu qu’Allah
te ramènera auprès de nous, guéri de tout mal.
Mon frère ! Qu’Allah prenne soin de toi ! Je sais comme tout le monde – et
je ne cherche en aucun cas à deviner l’inconnu – que les cas des malades sont
différents d’une maladie à l’autre. Ceux qui sont gravement malades sont plus
angoissés et chagrinés que ceux qui le sont légèrement.
Mais la bonne opinion d’Allah affaiblit toute difficulté, et la rend même facile.
Et chaque fois que le serviteur émet une bonne opinion d’Allah, sa maladie
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s’allège pour lui. Le prophète a dit: « Allah le Très-Haut a dit: « Je suis
comme l’opinion que Mon serviteur se fait de moi. Qu’il pense de Moi ce qu’il
veut, s’il pense du bien il aura un bien, et s’il pense du mal il aura un mal1.» »
Réfléchis à ce hadith, qu’Allah te guérisse, et médite-le tout le temps,
émets une bonne opinion d’Allah et sache qu’Il est Capable de toute chose.
Ainsi, si tu as une bonne opinion d’Allah et qu’Allah sait que tu es sincère dans
l’opinion que tu as de Lui, tu ressentiras la paix dans ton âme et la sérénité
dans ton coeur, et tu te blâmeras toi-même pour tous les jours passés où tu n’as
pas ressenti cet état d’esprit.
Qu’Allah te guérisse ! Alors que tu es sur le lit du malade, voyant les gens
venir et repartir, espérant un jour aller et venir comme eux le font. Et tu es
parfaitement en droit d’espérer cela, tout le monde souhaite avoir la santé à
chaque instant.
Mais t’es-tu demandé un instant pourquoi Allah t’a éprouvé par cette
maladie ?
En tout cas, « je demande à Allah l’Immense, le Seigneur de l’immense Trône,
de te guérir2. »
Mon frère, qu’Allah prenne soin de toi ! C’est une habitude d’Allah le Très-
Haut que d’éprouver Ses créatures par des malheurs. Ceux-ci diffèrent et
peuvent prendre plusieurs formes: ils peuvent parfois toucher le corps, les
biens ou les enfants...
Si tu comprends cela, tu sauras dès lors que le bienfait de la santé – qu’Allah
te la rende – est bien plus important que l’argent et tous les biens que l’on
puisse posséder, quels que soient leur valeur et leur nombre. C’est bien pour
cela que l’on remarque que le malade dépense de ses biens pour guérir sans
chercher à savoir combien cela lui coûte. Et ceci est clairement observable. Le
malade ne se préoccupe pas de savoir combien d’argent il perd, il arrive même
au contraire qu’il s’endette lorsque le besoin se fait ressentir sans se soucier
sur le moment de l’ampleur de la dette, étant donné le bienfait énorme que
constitue la guérison.
1 Rapporté par Ahmad (n°8715), At-Tabarânî (n°7951), Ibn Hibbân (n°639) et d’autres. Cf. « As-Silsilah »
d’Al-Albânî, (n°1663). Le hadith comporte d’autres variantes.
2 Le prophète prononçait cette invocation en présence du malade, comme rapporté par At-Tirmidhî
(n°2009) et Ahmad (n°2030).
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Les causes des épreuves
Mon frère, qu’Allah te guérisse ! Sais-tu pour quelle raison le musulman est
éprouvé, particulièrement dans sa santé ? La réponse est que l’apparition de la
maladie a des causes diverses:
Premièrement: que le serviteur fasse preuve de manquement ou de laxisme
vis-à-vis de certaines obligations d’Allah
Dans ce cas, la maladie constitue une punition d’Allah. En effet, Allah le Très-
Haut a dit:
« Quiconque fait un mal sera rétribué pour cela, et ne trouvera en sa faveur,
hors d’Allah, ni allié ni secoureur1. »
Allah a également dit:
« Tout malheur qui vous atteint est dû à ce que vos mains ont acquis. Et Il
pardonne beaucoup2. »
Une personne pieuse a dit un jour: « Je n’ai pas commis le moindre péché sans
en constater les conséquences néfastes sur mon corps, ma famille ou mes biens. »
Deuxièmement: que la maladie soit un moyen d’expier les péchés commis par
le serviteur
Le prophète dit à ce propos: « Rien n’atteint le musulman comme fatigue,
maladie, angoisse, souci ou difficulté – et même l’épine qui le pique – sans
qu’Allah ne lui expie pour cela un partie de ses péchés3. »
1 S. 4, v. 124.
2 S. 42, v. 30.
3 Rapporté par Al-Bukhârî (n°5641) et Muslim (n°6513).
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Troisièmement: que la maladie soit un moyen d’élever le rang du malade dans
l’au-delà
Le prophète dit à ce propos: « L’homme dispose parfois d’un rang auprès
d’Allah auquel il ne peut parvenir grâce à ses actes. C’est parce qu’Allah ne
cesse de l’éprouver par ce qu’il déteste qu’Il l’y fait parvenir1. »
On retrouve également dans ce sens sa parole: « Celui dont Allah veut du bien,
il l’éprouve2. » Ou encore: « Lorsqu’Allah aime un peuple, Il les éprouve3. »
Quatrièmement: que la maladie soit un moyen de repousser un autre mal
Allah a dit:
« Il se peut que vous ayez de l’aversion pour une chose alors qu’elle est un
bien pour vous4. »
Mon frère, qu’Allah prenne soin de toi et te guérisse ! Voici quatre causes
qui provoquent l’apparition de la maladie. Il arrive que ces causes se
produisent simultanément et parfois séparément. Interroge-toi – qu’Allah
t’accorde la guérison – pour savoir de quel catégorie tu fais partie. Si tu
as l’habitude de respecter les devoirs qu’Allah t’a imposés – et je suis
convaincu que c’est le cas – alors sois optimiste en espérant que ta maladie
soit une cause pour t’élever en degrés auprès d’Allah et t’expier tes
péchés précédents.
Fais tes propres comptes ! Qu’Allah te récompense ! Remets-toi en question
et cherche à savoir où tu en es ; et répète cela incessamment. Ce n’est pas
une honte en soi de faire une erreur, mais la vraie honte et la sottise et de
s’entêter dans son erreur. Je demande à Allah qu’Il fasse de ta maladie un
moyen d’élever ton rang ici-bas et dans l’au-delà.
1 Rapporté par Abû Yaclâ et Al-Hâkim, considéré comme bon (« Hasan ») par Al-Albânî.
2 Rapporté par Al-Bukhârî (n°5645).
3 Rapporté par At-Tirmidhî (n°2396), Ibn Mâjah (4031), Ahmad (n°23683), At-Tayâlusî et Al-Bayhaqî.
4 S. 2, v. 216.
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Le repentir sincère
Maintenant que tu sais cela mon frère – qu’Allah le Très-Haut te protège –
considère ce qui suit.
Si tu commets des manquements dans l’accomplissement des obligations,
alors demande pardon à Allah pour tes péchés et retourne de nouveau à Lui.
Rappelle-toi la parole d’Allah :
« Et je suis Grand Pardonneur envers celui qui se repent, croit, fait bonne
oeuvre, puis se met sur le bon chemin1. »
Et remémore-toi la parole d’Allah :
« Et quiconque se repent et accomplit une bonne oeuvre c’est vers Allah
qu’aboutira son retour2. »
Repense à la parole du prophète : « Quiconque se repent avant que le soleil
ne se lève à son couchant, Allah accepte son repentir3. »
Empresse-toi donc – qu’Allah te guérisse – de te défaire de tes péchés et
repens-toi très sincèrement à Allah, tu verras qu’Allah ’apportera
de quoi te réjouir et alléger ta poitrine.
Par contre – qu’Allah te soulage et t’élève en degrés – il est sûr que toi comme
moi, et beaucoup d’autres personnes, nous entendons parler du mot « repentir »
1 S. 20, v. 82.
2 S. 25, v. 71.
3 NdT: ou bien « Allah revient vers lui. » Hadith rapporté par Muslim (n°7801). « ...avant que le soleil ne
se lève à son couchant »: c’est-à-dire avant l’arrivée de l’Heure.
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mais malheureusement, certaines personnes – qu’Allah les guide – n’accordent
pas à ce terme la valeur qu’il mérite. En effet, tout ce qui est appelé « repentir »
n’est pas forcément un vrai repentir. Il existe un repentir qui n’est que par la
langue, et cette forme de repentir est comparable à un mirage dans une plaine
désertique que l’assoiffé prend pour de l’eau.
Mais il existe un repentir sincère, c’est celui qui est exigé par la religion. Mais
quelles sont donc les conditions du repentir sincère ?
Le repentir sincère a été défini par Ibn Kathîr en ces termes: « un retour
véridique plein de détermination, qui efface tous les méfaits qui le précèdent,
recompose la foi de son auteur, le revigore et le repousse loin des bassesses
qu’il avait l’habitude de commettre1. »
Les conditions du repentir sincère, lorsque celui-ci se rapporte à une
désobéissance entre le serviteur et Allah, sans injustice commise envers un
être humain, sont au nombre de trois:
LA PREMİÈRE: s’arrêter de commettre le péché
LA DEUXİÈME: regretter de l’avoir commis
LA TROİSİÈME: émettre la ferme intention de ne plus jamais le commettre
Et si l’une de ces conditions n’est pas respectée, alors le repentir n’est pas
accepté.
En revanche, lorsque le péché a des conséquences sur un être humain,
les conditions sont au nombre de quatre: les trois citées précédemment,
auxquelles on ajoute le fait de se débarrasser des biens d’autrui ou leur
restituer leurs droits. Par exemple, il s’agit pour quiconque s’est emparé
injustement des biens d’autrui de les rendre à son ayant-droit. Ou bien
lorsqu’on a accusé injustement une personne d’adultère, de se livrer auprès
de la personne accusée ou lui demander pardon, ce qui lui épargnera la
1 Cf. « Tafsîr Ibn Kathîr », (1/416).
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sentence prévue pour ce délit. Ou encore, lorsqu’on a médit d’une personne,
il s’agit de se rendre auprès d’elle et lui demander grâce1.
Aussi, il est obligatoire de se repentir de tous ses péchés. Si on ne se repent
que d’une partie d’entre eux, le repentir est valide pour ces péchés, mais il
reste toujours à se repentir des autres, comme l’ont dit les gens de la vérité.
Voici mon frère, qu’Allah te guérisse, un résumé des avis des gens de
science au sujet des conditions du repentir. Or chacun d’entre nous a besoin
de se repentir.
Nous demandons à Allah qu’Il revienne vers nous. Âmîn.
Mon frère, qu’Allah te rende la santé et t’en fasse profiter tout au long de ta
vie ! Peut-être réfléchis-tu maintenant à ta maladie en te demandant quand
est-ce que tu vas guérir, ou en te demandant si tu as de longs jours devant toi ?
En général, c’est le genre de questions qui survient à l’esprit du malade à
certains moments.
Mais il existe deux choses qui, si tu les connais, allègeront ta souffrance et
dissiperont ta tristesse et ton angoisse jusqu’à peut-être les faire complètement
disparaître – si Allah le veut.
LA PREMIÈRE: c’est que cette souffrance que tu éprouves n’a
pas atteint ta religion. Et cela est de nature à réduire l’impact de cette
épreuve. En effet, l’épreuve dans la religion, qu’Allah nous en préserve
– expose la personne éprouvée aux péchés et aux sanctions.
1 Dans son oeuvre « Madârij As-Sâlikîn », Ibn Al-Qayyim a détaillé la question de la médisance envers
son frère musulman ou son accusation à tort. Il s’est notamment intéressé à la question suivante: « est-il
nécessaire d’informer la personne victime de médisance, de colportage ou d’accusation injuste et lui
demander le pardon, ou est-il suffisant de se repentir uniquement auprès d’Allah ? » Il a rapporté deux
avis, un qui stipule qu’il est une condition du repentir que de l’informer, et l’autre qui affirme que cela
n’est pas une condition et qu’il est suffisant de se repentir auprès d’Allah et de mentionner cette personne
en bien dans les endroits où on l’a précédemment mentionné en mal, en compensant la médisance par
des louanges et la mention de ses qualités, en remplaçant l’accusation injuste par la mention de son
innocence et de sa chasteté ; et en demandant le pardon pour lui d’une manière équivalente à l’ampleur
de la médisance. Puis il a dit: « ceci est le choix de notre sheikh Abû Al-cAbbâs Ibn Taymiyah – qu’Allah
bénisse son âme. Et les adeptes de cet avis ont argumenté par le fait que d’informer la personne victime
n’engendre que des dégâts sans générer le moindre bénéfice, puisque cela n’ajoute à la victime que
nuisance, entêtement et tristesse, alors qu’elle était apaisée avant d’entendre cela. Ainsi, lorsqu’elle en
prend connaissance, il se peut qu’elle ne puisse le supporter et que cela lui cause des nuisances aussi bien
mentales et physiques » - cf. « Madârij As-Sâlikîn » (vol. 1/290-291).
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Quant au fait d’être éprouvé dans autre que la religion, comme par exemple dans
son corps, ses enfants, ses biens...si la personne qui subit cela espère la récompense
auprès d’Allah, il obtiendra certes la rétribution et la récompense d’Allah.
Espère donc la récompense de ce qui t’arrive, ô mon frère, et loue Allah pour
ne pas t’avoir éprouvé dans ta religion.
LA DEUXIÈME: c’est que ta souffrance est plus légère et facile que
celle des autres. Si tu demandais ou observais les autres malades autour
de toi, tu aurais constaté qu’ils endurent des douleurs plus intenses.
Remercie donc Allah pour la légèreté de ta douleur.
Aussi, je te rappelle la parole de Shurayh :
« Pas une épreuve ne m’a atteint sans que je loue Allah pour quatre raisons:
Qu’Il m’ait permis de patienter,
Qu’Il m’ait permis de dire: « C’est à Allah que nous appartenons et c’est
vers Lui que nous retournerons1, »
Qu’Il ne m’ait pas touché d’une plus grande souffrance,
Qu’Il ne m’ait pas éprouvé dans ma religion. »
Les étapes de la maladie
Mon frère, sache que le malade connaît différents stades: lors de sa maladie,
durant son traitement et après sa guérison.
Première étape: lors de la maladie
Chaque personne touchée d’un mal doit savoir que tout drame qui l’atteint lui
a certainement été destiné. Allah dit à ce propos:
1 En phonétique : « Innâ li_Llah wa innâ ilayhi râjicûn ».
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« Nul malheur ne se produit sur terre ni ne vous atteint, sans qu’il soit enregistré
dans un Livre avant que Nous ne l’ayons réalisé ; et cela est certainement
facile pour Allah1. »
Que le musulman prenne garde à se mettre en colère contre le décret d’Allah !
Et tu trouveras ci-dessous – qu’Allah le Tout-Puissant te guide vers ce dont
Il est satisfait – une réponse détaillée de l’érudit, le sheikh Muhammad Ibn
cUthaymîn . En fait, il a été interrogé au sujet d’une personne qui s’exaspère
du décret d’Allah lorsqu’un malheur l’atteint. Voici donc sa réponse:
« Les gens qui subissent un malheur se répartissent en quatre degrés.
Le premier degré: ceux qui s’exaspèrent. Cela peut avoir lieu de
plusieurs manières:
1. Par le coeur: comme le fait de s’irriter contre son Seigneur et d’être pris de colère
contre ce qu’Allah lui a destiné. Et ceci est strictement interdit (« Harâm ») et
peut même faire dériver vers la mécréance. Allah dit en effet:
« Il en est parmi les gens qui adorent Allah marginalement. S’il leur arrive
un bien, ils s’en tranquillisent, et s’il leur arrive une épreuve, ils détournent
leur visage, perdant ainsi (le bien) d’ici-bas et de l’au-delà. Telle est la
perte évidente !2 »
2. Par la langue: comme d’invoquer le malheur ou la destruction contre soimême
etc.
3. Par les membres: comme le fait de se frapper les joues, se déchirer les
vêtements, s’arracher les cheveux etc. Et tout cela est strictement interdit
car cela n’équivaut pas au minimum de patience exigé.
Le deuxième degré: ceux qui patientent et endurent. Et la patience est
comme le décrit un poète:
L’endurance a comme son nom l’indique, un goût amer,
Mais ses conséquences sont plus douces que le miel.
1 S. 57, v. 22.
2 S. 22, v. 11.
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La personne qui patiente ressent que le malheur qui l’atteint est difficile mais
elle s’efforce de le supporter. Et bien qu’elle éprouve de l’aversion pour ce qui
l’atteint, sa foi le garde de se mettre en colère. Cette personne préfère ne pas être
éprouvée. Cet état est le minimum requis car Allah a ordonné d’être patient:
« Obéissez à Allah et à Son messager ; et ne vous disputez pas, sinon vous
fléchirez et perdrez votre force. Et soyez endurants, car Allah est avec les
endurants1. »
Le troisième degré: ceux qui sont satisfaits du malheur qui leur arrive.
Pour ces personnes, le fait qu’un mal les touche ou non leur est égal, et
lorsqu’il se produit, cela ne leur est pas particulièrement difficile.
Ce degré est préférable mais n’est pas obligatoire, selon l’opinion la plus
probante. Et la différence avec le degré précédent est claire: ceux qui sont
satisfaits s’accommodent aussi bien de l’absence que de la présence d’une
épreuve tandis que les autres ressentent de la difficulté mais arrivent à patienter.
Le quatrième degré: ceux qui sont reconnaissants. Et ce degré est le plus
grandiose. Il consiste à être reconnaissant et remercier Allah pour le malheur
qu’Il a décrété, après avoir compris que ce malheur était un moyen d’expier les
péchés et même d’augmenter les bonnes actions. Le prophète dit à ce sujet:
« Pas un musulman n’est atteint de maladie douloureuse ou de tout autre gêne
sans qu’Allah ne lui efface ses péchés, à l’image de l’arbre qui perd ses feuilles2. »
- Fin de citation.
Après cette réponse judicieuse de notre référence Ibn cUthaymîn , il
convient pour quiconque a été touché d’un malheur d’avoir une bonne opinion
d’Allah à tout moment, et particulièrement pendant sa maladie. N’oublie
pas la parole du prophète qui a été mentionnée précédemment: « Allah le
Très-Haut a dit: « Je suis comme l’opinion que Mon serviteur se fait de moi.
Qu’il pense de Moi ce qu’il veut, s’il pense un bien il aura un bien, et s’il
pense du mal il aura un mal3.» »
1 S. 8, v. 46.
2 Rapporté par Al-Bukhârî (n°5660-5667) et Muslim (n°6504).
3 Rapporté par Ahmad (n°8715), At-Tabarânî (n°7951), Ibn Hibbân (n°639) et d’autres. Cf. « As-Silsilah »
d’Al-Albânî, (n°1663). Le hadith comporte d’autres variantes.
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Emets donc une bonne opinion d’Allah le Très-Haut et sois convaincu qu’Il va
te guérir de la maladie dont tu souffres.
Ibn Hajar a dit en commentant un hadith: « ...ceci indique que la guérison
des maladies, quelles qu’elles soient, en faisant des invocations et en demandant
secours à Allah est plus efficace et bénéfique que les remèdes médicaux ; et
que l’effet de l’invocation et la réaction qu’elle entraîne sur le corps est plus
effectif que l’action des médicaments. Toutefois, son efficacité est déterminée
par deux facteurs: le premier est dans la sincérité de l’intention, le second est
lié à la force de la personne qui soigne, autrement dit l’intensité avec laquelle
elle se dirige vers Allah, la force de son coeur, sa piété et la sincérité avec
laquelle elle s’en remet à Allah » – fin de citation1.
Mon frère, qu’Allah te guérisse ! Relis trois fois cette parole: « ...la guérison des
maladies, quelles qu’elles soient, en faisant des invocations et en demandant
secours à Allah est plus efficace et bénéfique que les remèdes médicaux... ». Mais
ne comprends surtout pas que les soins médicaux doivent être délaissés. Ce qui
est visé par cette parole est que d’invoquer Allah et Lui demander secours avec
honnêteté et sincérité fait plus d’effet que les médicaments et autres remèdes.
Mon frère, remercie Allah ! Nous avons tous la capacité d’invoquer Allah,
pourquoi donc nous privons-nous d’un bienfait dont le début est facile et dont
la fin est une récompense abondante.
Aussi, je te rappelle à l’occasion une invocation prophétique que le messager
d’Allah avait l’habitude d’enseigner à ceux qui se plaignaient d’une
maladie. cUthmân Ibn Abî Al-cÂs relate qu’il s’est plaint un jour auprès du
messager d’Allah d’une douleur qu’il ressentait depuis qu’il s’était converti
à l’Islam. Ce à quoi le prophète répondit: « Pose ta main sur la partie de ton
corps qui te fait mal et dis: « Bismillah » (trois fois), puis prononce sept fois:
« Acûdhû bi_cizzati_Llah wa qudratihî min sharri mâ ajidu wa uhâdhir2 »3 ».
Dépêche-toi donc – et qu’Allah te rende la santé – d’appliquer ce hadith sur
toi-même en prononçant la formule d’invocation qui a été rapportée tout en
ayant une bonne opinion d’Allah et en espérant qu’Il te guérisse. Et si tu ne
1 Cf. « Fath Al-Bârî » (vol. 10/p. 115).
2 Signification: « Je cherche refuge par la puissance et la force d’Allah contre le mal de ce que je ressens
et ce que je crains. »
3 Cf. « Sahîh Muslim » (n°5701) avec la formule « Acûdhû biLlahi wa qudratihî ». La forme qui contient
«bi_cizzati_Llah » a elle été rapportée par Ibn Mâjah (n°3522).
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vois pas d’effet immédiat, ne désespère pas car la miséricorde d’Allah est
vaste. Il connaît bien ton indigence et ta dépendance envers Sa miséricorde.
Par ailleurs, je te rappelle – et qu’Allah te guérisse – l’histoire des messagers
et prophètes d’Allah qui étaient les gens qui invoquaient le plus Allah .
Voici quelques versets qui illustrent cela:
Allah nous a informés qu’Ibrâhîm avait dit:
« Et lorsque je suis malade, c’est Lui qui me guérit1. »
Et qu’Ayyûb avait dit:
« Et Ayyûb, quand il implora son Seigneur: « Le mal m’a touché. Mais Toi, Tu
es le plus Miséricordieux ! » Nous l’exauçâmes, enlevâmes le mal qu’il avait,
lui rendîmes les siens et autant qu’eux avec eux, par miséricorde de Notre part
et en tant que rappel aux adorateurs. »
Et que Yacqûb avait dit:
« Il dit: « Je ne me plains de mon déchirement et de mon chagrin qu’à Allah.
Et je sais de la part d’Allah ce que vous ne savez pas2. »
Enfin, remémore-toi, cher serviteur d’Allah, ce qui touchait ton prophète,
bien qu’il fût le plus pieux des hommes et celui à la plus grande foi. En
fait, il subissait des maladies incomparables à celles que subissent les autres
gens, elles étaient bien plus intenses ! On retrouve la preuve de cela dans
le hadith que relate Ibn Mascûd , dans lequel il dit: « J’entrai chez le
messager d’Allah alors qu’il était souffrant.
1 S. 26, v. 80.
2 S. 12, v. 86.
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Je dis: « Ô messager d’Allah, tu es extrêmement souffrant ! »
Il dit: « Effectivement, je subis la souffrance de deux hommes d’entre vous. »
Je répondis: « Ceci afin que tu sois doublement récompensé. »
Il dit: « Effectivement, il en est ainsi. Pas un seul musulman n’est touché
par une épine ou quoi que ce soit de plus sans qu’Allah lui efface ses péchés
en échange, à l’image de l’arbre qui perd ses feuilles1. »
Je demande à Allah le Très-Haut de te rendre ta santé, et qu’il augmente ta foi
et ta soumission. Âmîn.
DEUXIÈME ÉTAPE: DURANT TON TRAITEMENT
Lors des soins, il nous est demandé de mettre en oeuvre les moyens qui
permettent la guérison. Allah dit:
« C’est Lui qui vous a soumis la terre: parcourez donc ses grandes étendues et
mangez de ce qu’Il vous fournit. Vers Lui est la Résurrection2. »
Allah a ordonné et incité à parcourir la terre car c’est un moyen d’obtenir
la subsistance. Lis également cet autre verset dans lequel Allah ordonne de
mettre en oeuvre les moyens nécessaires pour obtenir la subsistance:
« Puis quand la prière est achevée, dispersez-vous sur terre et recherchez de la
grâce d’Allah, et invoquez beaucoup Allah afin que vous réussissiez3. »
Ainsi, Allah a ordonné de se disperser sur terre pour dans la recherche de la
subsistance.
Et si tu veux méditer encore un peu plus, lis cet autre verset:
1 Rapporté par Al-Bukhârî (n°5648).
2 S. 67, v. 15.
3 S. 62, v. 10.
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« Secoue vers toi le tronc du palmier: il fera tomber sur toi des dattes fraîches
et mûres1. »
En effet, Maryam était en train de subir les douleurs de l’accouchement, et
la douleur et la tristesse l’avaient poussé à bout au point qu’elle dise:
« Malheur à moi ! Que je fusse morte avant cet instant et que je fusse
totalement oubliée !2 »
Et malgré cela, Allah lui a ordonné de mettre en oeuvre les moyens pour guérir
en lui disant: « Secoue vers toi le tronc du palmier: il fera tomber sur toi des
dattes fraîches et mûres. »
Et tout ce que je viens de mentionner ne t’est sûrement pas nouveau, mais je
voulais que cela s’ancre encore plus dans ton esprit.
Mon frère, qu’Allah prenne soin de toi ! Malgré tout cela, je veux dire par là
le fait qu’Allah ait légiféré d’accomplir les moyens permettant la guérison,
sache que si tous ces moyens étaient réunis – et même si les anges, les djinns
et les hommes se regroupaient en totalité et s’entraidaient les uns les autres –
ils n’auraient jamais la capacité de te causer le moindre bien ou mal à moins
qu’Allah le veuille:
« Cependant, vous ne pourrez vouloir, à moins qu’Allah veuille. Et Allah est
Omniscient et Sage3. »
Et Allah dit également:
« Mais vous ne pouvez vouloir, que si Allah veut, [Lui], le Seigneur de l’Univers4. »
1 S. 19, v. 25.
2 S. 19, v. 23.
3 S. 76, v. 30.
4 S. 81, v. 29.
19
Par ailleurs, le prophète a dit:
« Sache que si l’humanité se réunissait pour te faire quelque bien, ils ne
pourraient te faire qu’un bien qu’Allah t’a décrété. Et s’ils se réunissaient pour
te faire quelque mal, ils ne pourraient te faire qu’un mal qu’Allah t’a décrété. [Il
y a bien longtemps que] les plumes ont été levées et que les feuilles ont séché1. »
Je suis convaincu – si Allah le veut – que tu connais déjà tout cela.
Mon frère, qu’Allah te guérisse, lie-toi d’espoir en premier lieu et avant toute
chose avec Allah le Très Miséricordieux. Il est plus Miséricordieux envers toi que
ta propre mère ! Lie ton désir et ton espoir à Allah tout en ayant une bonne opinion
de Lui. Il connaît bien ta faiblesse et le besoin que tu as de Lui et Il n’a aucun
besoin de toi. Ô serviteur d’Allah, remets-toi à l’esprit la parole de ton Seigneur:
« Allah est Doux envers Ses serviteurs. Il pourvoie qui Il veut. Et Il est le Fort,
le Puissant2. »
Mon noble frère, tout ce matériel médical et cette panoplie d’appareils qui
t’entoure ne sont que des moyens de guérir. Si Allah te veut un bien, ils te
seront bénéfiques et sinon, ils ne te seront pas profitables. En conséquence, ne
place ton espoir qu’en Allah le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
Et avant de clore ce sujet, il est nécessaire d’attirer l’attention sur la question
du traitement médical et de la recherche de la guérison. En effet, il arrive
que certains malades se rendent vers des personnes connues pour prodiguer
des soins à l’aide de méthodes de médecine dite populaire, sans toutefois
s’interroger sur la croyance de ces « marabouts » ni sur leur méthode de
guérison. La seule raison qui les motive est qu’ils ont entendu de la part
d’autres personnes qu’untel ou untel s’est fait soigner auprès d’eux et a pu
guérir de sa maladie. Ainsi, on constate que certains malades ou certains
de leurs proches s’empressent d’aller voir ces personnes sans s’interroger à
leur compte. Or, ceci est un manquement, car ces soi-disant guérisseurs se
montrent sous un visage de bien et de piété devant les gens pour qu’ils pensent
qu’ils sont des bienfaiteurs qui soignent par le Coran. Prends garde, serviteur
d’Allah, à te rendre chez n’importe qui sans t’être renseigné préalablement.
1 Rapporté par Ahmad (n°2669), At-Tirmidhî (n°2516) et Al-Hâkim, d’après le hadith d’Ibn cAbbâs .
2 S. 42, v. 19.
20
Pour illustrer cela, je t’apporte une question qui a été posée à son excellence
le sheikh cAbdulazîz Ibn Bâz suivie de sa réponse.
Question: « Il existe une catégorie de personnes qui soignent par la médecine
soi-disant populaire. Et lorsque je me suis rendu chez l’un d’eux, il m’a
demandé d’écrire mon nom et celui de ma mère, puis de revenir consulter le
lendemain. Et lorsqu’on revient le consulter, il décrit au malade ce par quoi
il est atteint et lui prescrit le remède. Un d’entre eux prétend qu’il utilise la
parole d’Allah dans son remède. Que pensez-vous de ces personnes, et quel
est le statut religieux du fait de se rendre chez eux ? »
Réponse: « Le fait qu’une personne utilise ce genre de méthode de soin indique
qu’il utilise les djinns et qu’il prétend connaître l’inconnu. Il n’est donc pas
permis de se soigner de la sorte, ni de se rendre chez eux ou de les interroger, en
raison de la parole du prophète au sujet de ce type de personnes: « Quiconque
se rend chez un devin et l’interroge au sujet de quelque chose, sa prière ne sera
pas acceptée pendant quarante jours1. » Par ailleurs, il a été confirmé dans de
nombreux hadiths qu’il est interdit de se rendre chez les devins, le voyants,
les sorciers de même que l’interdiction de les interroger et de les croire. Le
prophète a dit: « Quiconque se rend chez un voyant et croit à ce qu’il dit a
assurément mécru à ce qui a été révélé à Muhammad 2. » Et le fait qu’une
personne prétende connaître l’inconnu en posant des cailloux, des coquillages
ou en traçant des lignes au sol, ou en interrogeant le malade sur son nom, celui
de sa mère ou de ses proches, est un indice qui montre qu’il fait partie des devins
et des voyants, ceux que le prophète a interdit de visiter et de croire.
Il est donc obligatoire de prendre garde à eux, à les interroger ou à se soigner
auprès d’eux, même s’ils prétendent guérir en utilisant le Coran. En effet, il fait
partie des habitudes des gens du faux que de se dissimuler et de tromper. Et il est
encore plus interdit de croire ce qu’ils disent. Par ailleurs, il est obligatoire pour
quiconque connaît l’un d’entre eux de porter plainte auprès des gouverneurs
que sont les juges et les émirs, ou les commissariats de chaque pays, afin qu’ils
les jugent par la loi d’Allah, et que les musulmans échappent à leur mal, leur
corruption et leur usurpation injuste des biens des musulmans. Et c’est à Allah
qu’on demande l’aide, il n’y a de force et de puissance que par Allah !3 »
1 Rapporté par Muslim (n°5782).
2 Rapporté par Ahmad (n°9532) et Al-Hâkim (n°15).
3 Cf. « Ad-Dacwah », p. 22-23.
21
TROISIÈME ÉTAPE: APRÈS LA MALADIE
Qu’Allah prenne soin de toi, après t’avoir comblé du bienfait de la guérison,
et t’avoir remplacé ta maladie par le bien-être et la bonne santé.
C’est comme si j’étais avec toi et que je voyais ta langue s’agiter en remerciant
Allah et en Le glorifiant ! Qu’Allah te préserve, mon frère, contre tout ce qui
t’est désagréable.
Et si tu réfléchissais à tes manquements – si toutefois tu en as – dans certaines
adorations et tu essayais de te rattraper ?! Et si tu te mettais à obéir à Allah,
qui t’a guéri de ta maladie ?!
Mon frère, qu’Allah fasse que ce qui t’a touché te purifie de tes péchés et
t’élève en degrés. Prends garde à la ruse d’Iblîs, et fais attention à son piège
et sa sournoiserie. Chaque fois que tu penses à commettre un péché, rappelletoi
ton état durant ta maladie. Est-ce qu’il est digne pour toi de désobéir à
ton Maître qui t’a guéri ? Aussi, la mauvaise conséquence des péchés ici-bas
comme dans l’au-delà ne t’est pas inconnue.
Mon frère !
Si tu as été négligent dans l’accomplissement de la prière, alors soit déterminé
à l’accomplir en groupe. Si tu as été négligent dans les prières obligatoires,
particulièrement celle du matin (« Fajr »), alors sois décidé après qu’Allah t’a
guéri, à devenir l’un des premiers à arriver à la mosquée.
Aussi, si Allah sait que tu es en lutte avec ton âme pour Lui obéir, Il t’aidera et te
fera aimer l’obéissance, de même qu’il te rendra le péché détestable. Allah صلى الله عليه وسلم a dit:
« Quant à ceux qui luttent pour Notre cause, Nous les guiderons assurément
sur Nos sentiers. Allah est en vérité avec les bienfaisants1. »
Et Il a dit:
1 S. 29, v. 69.
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« Et sachez que le messager d’Allah est parmi vous. S’il vous obéissait dans
maintes affaires, vous seriez en difficultés. Mais Allah vous a fait aimer la
foi et l’a embellie dans vos coeurs et vous a fait détester la mécréance, la
perversité et la désobéissance. Ceux-là sont les bien-dirigés1. »
Cherche en permanence à t’améliorer et préserve ton corps de ce qu’Allah a
interdit. Que tes oreilles n’écoutent que du bien, et que tes yeux ne s’arrêtent
pas sur ce qu’Allah t’a rendu illicite. Préserve ta langue contre la médisance,
le colportage, le mensonge ou toute parole qui ne contient pas de bien.
Préserve tes biens de l’illicite, et ne t’aventure pas dans un acte dont tu ne
connais pas le statut, avant d’avoir interrogé les gens de science, comme
Allah l’a ordonné dans Sa parole:
« Demandez donc aux gens du rappel, si vous ne savez pas2. »
Je me conseille à moi-même ainsi qu’à toi particulièrement de faire
extrêmement attention à commettre une désobéissance après qu’Allah t’a
comblé du bienfait de la santé. Ne sois pas comme ceux qui oublient le bien et
les grâces qu’on leur fait. Garde à l’esprit la parole d’Allah :
« Et lorsque votre Seigneur proclama: « Si vous êtes reconnaissants,
J’augmenterai très certainement [Mes bienfaits] pour vous. Mais si vous êtes
ingrats, Mon châtiment sera terrible3. »
Rappelle-toi la parole du prophète : « Il n’est pas un bienfait dont Allah
comble Son serviteur, qui Le loue pour cela, sans que ce qu’il dépense est
meilleur que ce qu’il a reçu4. »
1 S. 49, v. 7.
2 S. 21, v. 7.
3 S. 14, v. 7.
4 NdT : « ce qu’il dépense » c’est-à-dire le fait qu’il loue Allah. « Ce qu’il a reçu »: le bienfait. En
d’autres termes, ce hadith démontre que le fait de louer Allah pour un bienfait qu’on a reçu est meilleur
que le bienfait lui-même. « ...Qui le loue pour cela », dans une autre version: « qui dit Alhamdulillah »
(Louange à Allah). La première version est rapportée par At-Tabarâni, d’après le hadith d’Abû Umâmah
, et la seconde par Ibn As-Sunnî, d’après le hadith d’Anas .
23
Remercie donc Allah , loue-Le en abondance et sache que quiconque est
vraiment reconnaissant envers Allah délaissera son péché.
Nous demandons à Allah qu’Il fasse durer le bien-être et la bonne santé.
Mon frère, efforce-toi autant que possible – qu’Allah te bénisse – d’éviter les
péchés. Je ne sous-entends pas que le délaissement des péchés ne concerne que
le malade, c’est l’affaire de tous les musulmans. Mais c’est juste que le malade,
vu l’état dans lequel il se trouve, devrait être l’un des premiers à ne pas désobéir.
En fait, on remarque parfois que certains malades délaissent la prière ou la
retardent après son heure sans excuse. D’autres écoutent de la musique, de
la médisance ou bien des paroles illicites. Alors ne sois pas avare de conseils
sincères envers tes frères, et rappelle-leur que leur état fait qu’ils sont dans le
plus grand besoin de la miséricorde d’Allah et de Sa bienfaisance.
Présents
Mon frère malade, qu’Allah te guérisse ! Permets-moi de t’offrir des cadeaux
réjouissants. Ceux-ci sont un ensemble de nobles versets et de hadiths
éloquents de notre prophète , qui te seront profitables dans ta religion, ta
vie d’ici-bas et dans l’au-delà.
Le premier d’entre eux est la parole d’Allah :
« Très certainement, Nous vous éprouverons par un peu de peur, de faim et de
diminution de biens, de personnes et de fruits. Et fais la bonne annonce aux
endurants, ceux qui disent, quand un malheur les atteint: « Certes nous sommes
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à Allah, et c’est à Lui que nous retournerons. » Ceux-là reçoivent des prières
de leur Seigneur, ainsi qu’une miséricorde ; et ceux-là sont les biens guidés1. »
Observe donc mon frère quelles sont les récompenses des endurants qui
convoitent le récompense d’Allah. Et lis ce que les références en exégèse ont
dit au sujet de ces versets. Ibn Kathîr a dit au sujet de la parole «...ceux
qui disent, quand un malheur les atteint: « Certes nous sommes à Allah... » »:
« Ils se consolent par leur parole « Certes nous sommes à Allah et c’est à Lui
que nous retournerons » de ce qui les a touchés. Ils ont su qu’ils appartenaient
à Allah et que par conséquent, Il faisait ce qu’Il voulait de Ses serviteurs. Ils
ont également su que pas le moindre atome de leurs oeuvres de pouvait être
oublié le jour de la résurrection, ce qui les a menés à reconnaître qu’ils étaient
de simples esclaves et qu’ils allaient retourner vers Lui dans l’au-delà.
Alors Allah les a informés de ce qu’Il leur donnerait pour les récompenser:
« Ceux-là reçoivent des prières de leur Seigneur, ainsi qu’une miséricorde ».
C’est-à-dire qu’ils reçoivent des compliments de leur Seigneur. Sacîd Ibn
Jubayr dit quant à lui que cela signifie qu’Allah les mettra à l’abri du châtiment.
Puis Allah a dit: « et ceux-là sont les biens guidés ». Le chef des croyants
cUmar Ibn Al-Khattâb : « Que ces deux charges sont bonnes et quel bon
surplus ! » En effet, les deux charges2 sont: « Ceux-là reçoivent des prières de
leur Seigneur, ainsi qu’une miséricorde » et l’ajout est: « et ceux-là sont les
biens guidés ».
En effet, ceux-là ont obtenu leur récompense et ont reçu un complément. » -
fin de citation3.
Par ailleurs, on retrouve la parole d’Allah :صلى الله عليه وسلم
1 S. 2, v. 155-157.
2 NdT: pour mieux comprendre la métaphore de cUmar , on peut s’imaginer un âne qui porte deux sacs
de part et d’autre, puis un homme qui monte par-dessus. Pour l’âne, les sacs sont des charges, et l’homme
est un surplus de poids. »
3 Cf. « Tafsîr Ibn Kathîr ».
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« Le combat vous a été prescrit alors qu’il vous est désagréable. Or, il se peut
que vous ayez de l’aversion pour une chose alors qu’elle vous est un bien. Et il
se peut que vous aimiez une chose alors qu’elle vous est mauvaise. Allah sait,
alors que vous ne savez pas1. »
L’imam Al-Qurtubî a dit dans son explication de ce verset: «...Al-Hasan
a dit au sujet de ce verset: « N’ayez pas de l’aversion pour les malheurs qui
se produisent. Combien de choses vous sont désagréables alors qu’elles vous
sauveront, et combien de choses vous plaisent alors qu’elles vous feront
périr. » Et Abû Sacd Adh-Dharîr a déclamé:
« Si nombreuses sont les choses que tu crains, qui engendrent des conséquences
que tu aimes.
Dont les qualités sont cachées et les défauts sont apparents2. » »
Ensuite, écoute cette parole du prophète : « Rien n’atteint le musulman
comme fatigue, maladie, angoisse, souci ou difficulté – et même l’épine qui le
pique – sans qu’Allah ne lui expie pour cela un partie de ses péchés3. »
[Alors que la fatigue et la maladie sont de nature visible], l’angoisse et le
souci sont d’ordre psychologique et internes et par conséquent immatériels.
Le souci, quant à lui, a un sens général qui désigne toute maladie.
Regarde donc, mon frère, la clémence et la douceur d’Allah dans le fait que
tout mal, petit ou grand, qui atteint le musulman est une expiation pour lui.
Mon Seigneur, nous Te louons et Te remercions ! Mon Seigneur, fais de ce qui
nous a atteint une expiation de nos péchés et de nos erreurs et élève-nous en
degrés, Tu es Celui qui entend et répond.
Un autre cadeau est la parole du prophète : « Celui à qui Allah veut du bien,
Il l’éprouve4. »
Ainsi, lorsque le musulman subit un malheur et en espère la récompense
auprès d’Allah, ceci est un bien pour lui, et il obtiendra la récompense de la
part d’Allah.
1 S. 2, v. 216.
2 Cf. « Tafsîr Al-Qurtubî ».
3 Rapporté par Al-Bukhârî (n°5641) et Muslim (n°6513).
4 Rapporté par Al-Bukhârî (n°5654).
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Parmi les autres cadeaux, mon cher frère, on retrouve la parole du prophète
: « Que le cas du croyant est réjouissant ! Tout ce qui lui arrive est un bien
pour lui, et ceci n’est valable pour personne d’autre que le croyant. Si un
bienfait l’atteint, il est reconnaissant et c’est alors un bien pour lui. Et si un
malheur l’atteint, il patiente et c’est alors un bien pour lui1. »
Loue Allah – qu’Allah te guérisse – le musulman reste toujours dans le bien.
Qu’Allah nous affermisse sur Sa religion.
Dans une autre version, le noble messager صلى الله عليه وسلم a dit: « Je m’étonne du croyant,
tout ce qui est décrété est un bien pour lui2. »
Il صلى الله عليه وسلم a également dit: « Je m’étonne du musulman. Si un bien l’atteint, il loue
Allah et Le remercie et si un malheur l’atteint, il convoite la récompense et
patiente. Ainsi, le musulman est récompensé pour toute chose, et même pour
la portion qu’il met dans sa bouche3. »
Enfin, c’est comme si je me voyais auprès de toi et que tu te rappelais au bon
souvenir des bonnes actions que tu avais l’habitude d’accomplir lorsque tu
étais en bonne santé. C’est comme si tu espérais guérir pour les accomplir de
nouveau.
Eh bien, réjouis-toi d’un bien, et loue ton Seigneur, car ta rétribution continue
sans interruption pendant que tu es sur ton lit. Pour preuve, voici un autre
cadeau pour toi dans ce noble hadith: « Lorsqu’un serviteur est malade ou en
voyage, la même récompense que ce qu’il faisait lorsqu’il était résident et en
bonne santé lui est comptabilisée4. »
Remercie Allah pour Sa générosité et ses dons immenses. Il t’a accordé la
récompense d’actions que tu n’as même pas accomplies pour la raison que tu
avais l’habitude de les accomplir lorsque tu étais en bonne santé et résident.
Ceci est la grâce venant d’Allah.
Endure ce qui t’arrive et espère le bien d’Allah, tu verras de la part d’Allah ce
qui te réjouira.
1 Rapporté par Muslim (n°7425), d’après le hadith de Suhayb .
2 Rapporté par Ahmad (n°12184) et Abû Nucaym, d’après le hadith d’Anas .
3 Rapporté par At-Tayâlusî (n°211) et Al-Bayhaqî (n°6347), d’après le hadith de Sacd .
4 Rapporté par Ahmad (n°1534).