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Les Compagnons, qu'Allah soit satisfait d'eux, transmirent les hadiths du Messager () et firent de leur mieux pour les préserver contre la manipulation et la falsification. Les facteurs de préservation intrinsèque que renferme cette religion constituèrent, pour eux et pour les imams qui leur succédèrent, la meilleure aide à cet effet. Les directives de la Charia posèrent les fondements des règles de transmission des hadiths et de leur vérification. Nous pouvons citer à ce propos le verset coranique où Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset): «Seuls forgent le mensonge ceux qui ne croient pas aux versets d’Allah; et tels sont les menteurs.» (Coran 16/105) et le verset où Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset): «Et ne poursuis pas ce dont tu n’as aucune connaissance. L’ouïe, la vue et le cœur : sur tout cela, en vérité, on sera interrogé.» (Coran 17/36) ainsi que le verset où Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset): «ô vous qui avez cru! Si un pervers vous apporte une nouvelle, voyez bien clair [de crainte] que par inadvertance vous ne portiez atteinte à des gens et que vous ne regrettiez par la suite ce que vous avez fait.» (Coran 49/6).





Citons aussi le hadith où le Messager () dit : "Que celui qui profère intentionnellement un mensonge à mon sujet se prépare pour prendre sa place en Enfer.". Qui plus est, le Messager () imputa à celui qui transmet un mensonge le même péché qu’à celui qui a forgé ce mensonge, et ce dans le long et fameux hadith où le Messager () a dit : "Celui qui rapporte un Hadith qu'il m'attribue tout en sachant qu'il n'est pas de moi fait partie des menteurs " (Mouslim)





Il découla de ces directives les règles et les principes de la narration des hadiths, lesquels garantissent la préservation et la sauvegarde de ces hadiths contre la manipulation et la falsification. Les gens étaient alors tous intègres et il n'était donc pas besoin de recourir à la science du Djarh wa-l-Ta'dîl (la science de la critique et la qualification des transmetteurs de hadiths). Cette époque fut celle des Compagnons qui étaient tous intègres. Il n’y eut donc besoin que de vérifier les choses équivoques et les possibles erreurs. Les Compagnons suivirent alors les lois de la narration dont ils avaient besoin à leur époque pour vérifier l'authenticité de la transmission et éviter les erreurs possibles. Ces lois continuèrent à se ramifier pour répondre aux nouvelles exigences des époques qui se suivirent jusqu’à atteindre leur apogée. Citons parmi les plus importantes règles de la narration au temps des Compagnons :





Premièrement : la réduction du nombre de hadiths transmis du Messager () de peur que les rapporteurs de trop nombreux hadiths ne soient victimes d'oubli ou ne commettent des erreurs, tombant ainsi dans la présomption de mensonge à l’encontre du Messager (). Outre le fait que les gens devaient alors se consacrer plutôt à la mémorisation du Coran et ne pas s'occuper d'autre chose. Abû Bakr et ‘Umar, qu'Allah soit satisfait d’eux, faisaient alors preuve de fermeté à cet égard et les Compagnons suivirent leur voie si bien que le hadith marfû' et mawqûf qu’ils rapportèrent du Messager () : " Il suffit pour être grand menteur de raconter tout ce qu’on entend " (Mouslim) devint réputé.





Deuxièmement, la vérification de la transmission en la recevant des autres et en la communiquant. L'imam al-Dhahabî, qu'Allah lui fasse miséricorde, dit dans la biographie d'Abû Bakr, qu'Allah soit satisfait de lui : "Il fut le premier à faire preuve de méfiance avant d'admettre les transmissions de hadiths. Ibn Chihâb, qu'Allah lui fasse miséricorde, rapporta que selon Qabisa ibn Dhuayb qu’une grand-mère se rendit chez Abû Bakr, pour lui demander de lui donner sa part dans l'héritage d’un de ses petits-enfants. Il lui dit alors : "Je ne trouve dans le Livre d'Allah, exalté soit-Il, rien qui te donne droit à une part d'héritage, et à ma connaissance, le Messager () ne t’a rien accordé de l’héritage". Puis il interrogea les gens à ce sujet, al-Mughîra se leva et lui dit : " J'ai vu le Messager () lui donner le sixième "Abû Bakr, qu'Allah soit satisfait de lui, lui dit : "Y a-t-il quelqu'un d'autre qui peut témoigner avec toi ?" Muhammad ibn Maslama témoigna alors avec lui, ce qui fit qu'Abû Bakr, qu'Allah soit satisfait de lui, mit en application ce qu'ils avaient dit (en donnant à cette grand-mère le sixième de l'héritage).





Al-Dhahabî, qu'Allah lui fasse miséricorde, dit aussi dans la biographie de 'Umar ibn al-Khattâb, qu'Allah soit satisfait de lui : "C'est lui qui établit comme coutume, pour les savants spécialisés dans la science du hadith, la vérification dans le relais d’une information. Il se pouvait également qu'il s'arrête sur un hadith ahâd lorsqu'il avait un doute. Selon al-Djurayrî, Abû Mûsâ, qu'Allah soit satisfait de lui, demanda la permission d'entrer chez 'Umar à trois reprises de derrière la porte, mais la permission ne lui fut pas accordée. Suite à quoi il s’en retourna. 'Umar, dépêcha quelqu'un pour lui dire de revenir. Et, une fois de retour, 'Umar lui dit : "Pourquoi t'en es-tu allé ?" il répondit alors : "J'ai entendu le Messager () dire : Si l'un de vous demande la permission d'entrer chez autrui à trois reprises et qu'elle ne lui est pas accordée, qu'il s'en aille", 'Umar lui dit alors : "Donne une preuve étayant ce hadith, sinon, je t'infligerai tel ou tel châtiment. Abû Mûsâ vint nous trouver, l'air effrayé, alors que nous étions réunis ensemble. Nous lui dîmes alors : "Qu'as-tu ?", il nous informa de ce qui s’était passé. Puis il nous dit : "Y a-t-il quelqu'un parmi vous qui a entendu le Messager () dire ce hadith ?". Nous lui dîmes alors : "Oui, nous avons tous entendu le Messager () le dire". Puis ils envoyèrent l’un d'entre eux pour en informer 'Umar";





Dans la biographie de 'Alî, qu'Allah soit satisfait de lui, al-Dhahabî a dit de lui qu'il était un imam érudit qui vérifiait tous les hadiths qu'on lui rapportait, à tel point qu'il demandait à ceux qui lui transmettaient les hadiths de jurer de l'authenticité du hadith.





Troisièmement, la critique des transmissions de hadiths, et ce en les confrontant aux textes et aux règles de la Charia ; et si l'on trouvait qu'ils les contredisaient en quoi que ce soit, on ne l’appliquait pas. Citons à ce propos le hadith où Aicha, , rapporta de 'Umar et son fils ces propos du Messager () : "Le défunt subit un châtiment à cause des pleurs de ses proches parents". Elle dit alors : " Qu'Allah fasse miséricorde à 'Umar. Par Allah, le Messager () n'a pas dit que le croyant qui venait de mourir subissait un châtiment à cause des pleurs de ses proches parents, mais il a dit plutôt : "Certes Allah aggrave le châtiment du mécréant qui vient de mourir à cause des pleurs de ses proches parents' ". Puis elle leur dit : "Il vous suffit comme preuve à ce sujet le verset coranique où Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : « Nul pécheur ne portera les péchés d'autrui.» (Coran 39/7)" (Boukhari et Mouslim). Et l'imam Mouslim ajouta dans sa version : "Certes vous rapportez les propos de personnes qui ne sont pas des menteurs et dont les gens n’accusent pas de mensonges, cependant on peut avoir mal entendu".


Il faut faire remarquer qu'ils ne faisaient cela que pour prendre leur précaution quant à l'authenticité du hadith et non pour accuser les autres, ni parce qu’ils avaient une mauvaise opinion d’eux. Voilà pourquoi 'Umar, qu'Allah soit satisfait de lui, dit à Abû Mûsâ : "Je ne t’ai pas accusé, mais j'ai voulu plutôt vérifier l'authenticité du hadith". En ce sens, ils rejetaient certains hadiths sur base de l'idjtihâd de leur part, étant donné l'incompatibilité de ces hadiths avec ce qu'ils déduisaient du Coran. Il se pouvait également que d'autres Compagnons agissent autrement, aussi sur base de leur propre idjtihâd et acceptent le hadith rejeté par d'autres. Bref, ils n'acceptaient pas facilement tout ce qu'ils entendaient comme hadiths attribués au Messager ().





Voilà donc certaines des règles que les Compagnons, qu'Allah soit satisfait d'eux, adoptaient dans leur transmission des hadiths prophétiques. Ils agissaient de la sorte car ils étaient particulièrement soucieux de vérifier l'authenticité de ces hadiths et de préserver les hadiths du Messager () contre la falsification et la manipulation.





La source Manhadj al-Naqd fi 'Ouloum Al Hadith, Dr Nûr al-Dîn 'Itr.













L’époque des troubles qui menèrent au meurtre de l'imam martyr 'Uthmân ibn 'Affân, et par la suite de l'imam al-Husayn, qu'Allah soit satisfait d'eux, arriva. Les sectes déviantes apparurent et les innovateurs se mirent alors à chercher des textes religieux en vue de se fonder dessus pour justifier leurs bid'a-s et essayer de gagner plus de partisans autour d'eux. Ils se mirent alors à forger de faux hadiths. C’est à cette époque que l'invention des hadiths débuta.





Les Compagnons désirèrent préserver les hadiths prophétiques et ils firent des efforts en ce sens en suivant dans la mesure du possible les moyens corrects de la recherche et de la vérification. Citons à ce propos leurs efforts suivants :





Premièrement, ils étaient particulièrement soucieux d’examiner les chaînes de transmission des hadiths et la situation des transmetteurs, après avoir accepté sans vérification les hadiths qu'ils avaient entendu des Compagnons, du fait de l’intégrité de ces derniers.


Muhammad ibn Sirîn, qu'Allah lui fasse miséricorde, dit : "Au début, ils n'accordaient pas d'intérêt à la chaîne des transmetteurs, mais lorsque les séditions éclatèrent, ils se mirent à demander les noms des narrateurs des hadiths qu'on leur transmettait, et ils acceptaient ainsi les hadiths dont les transmetteurs étaient des adeptes de la Sunna et du consensus et rejetèrent les hadiths narrés par des innovateurs en religion (Mouslim dans la préface de son livre intitulé Sahîh et al-Tirmidhî dans son livre intitulé 'Ilal-al-djâmi').





Deuxièmement, les oulémas parmi les Compagnons incitèrent les gens à prendre leurs précautions en acceptant les hadiths qu'on leur rapportait et de n'accepter que les hadiths que leur transmettaient les narrateurs fiables, connus pour leur piété, leur scrupule religieux, leur bonne mémorisation et leur exactitude. Ils firent de leur mieux à cette fin, à tel point que la règle suivante se répandit parmi les gens : "Cette science est une religion, vérifiez donc vos références religieuses ".





C'est ainsi que la science de l'évaluation des narrateurs naquit, science nommée en arabe al-Djarh wa-l-Ta'dîl (c’est-à-dire la science de la critique et de la qualification des narrateurs) qui est le pilier de la science du hadith.





Parmi les Compagnons qui s’engagèrent dans la critique des narrateurs figurent 'Abdallah ibn 'Abbâs, 'Ubâda ibn al-Sâmit et Anas ibn Mâlik. Leurs propos à ce sujet étaient rares parce que les narrateurs non fiables étaient alors peu nombreux.





Parmi les Tâbi'în, figurent Sa'îd ibn al-Musayyib, qu'Allah lui fasse miséricorde, mort en l'an 93 de l'hégire, 'Âmir al-Cha'biy, qu'Allah lui fasse miséricorde, mort en l'an 104 de l'hégire, et Ibn Sîrîn mort en l'an 110 de l'Hégire.





Troisièmement : ils n’hésitaient pas à voyager pour entendre le hadith de son narrateur initial et vérifier ainsi son authenticité. Des récits étonnants nous sont ainsi parvenus ; ils étaient prêts à parcourir d’énormes distances en supportant peines et difficultés en quête d'un seul hadith.





Citons à ce propos ce que rapporta l'imam Ahmed d'après Djâbir ibn 'Abdallah, qu'Allah soit satisfait de lui, qui dit : "J'ai eu vent d'un hadith narré par un homme l'ayant entendu du Messager (). J'ai acheté alors un dromadaire, puis je l'ai bâté et j'ai fait un voyage d'un mois pour me rendre chez lui en Syrie. C’était 'Abdallah ibn Unays et, une fois arrivé chez lui, j'ai dit au portier : ' Dis-lui que Djâbir est à la porte '. Il dit : Djâbir ibn 'Abdallah ? Je répondis par l’affirmative. Il sortit en marchant sur son habit dans la précipitation. Puis il m'étreignit et je l'étreignis moi aussi. Je lui dis alors : ' On m'a dit que tu as entendu le Messager () dire un hadith concernant le talion et j'ai peur que tu meures ou que je meure avant de l’avoir entendu de ta bouche. 'Abdallah ibn Unays, qu'Allah soit satisfait de lui, dit alors : ' Le Messager () a dit : ' Les gens seront ressuscités sans vêtements et incirconcis, sans rien avec eux….' et mentionna le hadith ".





Abû Ayyûb al-Ansârî, qu'Allah soit satisfait de lui, fit un voyage pour aller chez 'Uqba ibn ‘Amir et lui dit : ' Rapporte-nous ce que tu as entendu du Messager (), car il ne reste que toi parmi ses Compagnons qui entendirent ses hadiths. Il lui répondit alors : ' J'ai entendu le Messager () dire: ' Celui qui cache les fautes d’un musulman, Allah cachera les siennes dans l’au-delà. '. Puis Abû Ayyûb se dirigea vers sa monture et se mit en route pour regagner son pays. (Ahmed).





Les Compagnons instituèrent ainsi la tradition de faire des voyages pour vérifier l'authenticité des hadiths. Les Tâbi'în leur emboîtèrent le pas et voyagèrent pour rejoindre les Compagnons et les interroger à propos des hadiths. Sa'îd ibn al-Mussayyib, qu'Allah lui fasse miséricorde, dit : "Je voyageais pendant des jours et des nuits en quête d'un seul hadith".





Les oulémas continuèrent à agir de la sorte par la suite, à tel point que le voyage devint indispensable pour l'acquisition de la science.





Quatrièmement, comme moyen de vérifier l'authenticité du hadith et de savoir s'il était inventé ou faible, ils confrontaient le hadith d'un narrateur donné à la transmission d’autres narrateurs fiables connus pour leur bonne mémorisation et leur maîtrise de cet art. Et s'ils ne trouvaient pas un autre hadith en accord avec le hadith donné, ou que la majeure partie des hadiths de ce narrateur n’étaient pas concordants aux hadiths des narrateurs fiables, ils rejetaient ou abandonnaient ses hadiths.





Ils utilisaient également d'autres moyens pour distinguer les hadiths authentiques de ceux qui étaient suspects, et les hadiths sains de ceux qui avaient des défauts.





C'est ainsi que le premier siècle ne se termina pas avant que les hadiths ne soient classifiés de façon globale en deux genres :





Le premier, les hadiths acceptés qui furent nommés par la suite les hadiths sahîh-s et hasan-s.





Le second, les hadiths rejetés qui furent nommés par la suite les hadiths da'îf-s avec leurs nombreuses subdivisions.





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